Marée noire: les concurrents de BP enfoncent le groupe pétrolier au Congrès
WASHINGTON - Les concurrents de BP, qui exploitait la plate-forme dont le naufrage a provoqué la marée noire dans le golfe du Mexique, ont clamé mardi lors d'une audition au Congrès américain que la catastrophe aurait pu être évitée si le pétrolier avait suivi les procédures de sécurité.
"Je suis convaincu que l'enquête indépendante montrera que cette tragédie était évitable", a ainsi plaidé John Watson, patron du groupe pétrolier Chevron devant les membres de la commission de l'Energie et du Commerce de la Chambre des représentants.
L'explosion puis le naufrage de la plate-forme Deepwater Horizon fin avril "montrent une nouvelle fois que toutes les compagnies (pétrolières) doivent travailler en suivant les mêmes règles strictes de sécurité et de fiabilité. Il est évident que (ne pas suivre ces règles) a de lourdes conséquences", a poursuivi M. Watson.
Outre le patron de Chevron étaient présents ses homologues d'ExxonMobil, ConocoPhilips, Shell et le chef de BP Amérique Lamar McKay.
"Il est impératif qu'une enquête d'experts, impartiale et complète ait lieu, car cet incident représente une grave entorse aux normes en vigueur en matière de forage en mer", a insisté le patron d'ExxonMobil Rex Tillerson.
Les membres de la commission tentent d'établir les raisons qui ont mené à la catastrophe qui a tué 11 personnes et provoqué la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis.
Mais, selon les parlementaires, le groupe britannique BP n'est pas le seul à avoir manqué à ses obligations. Selon eux, les plans d'urgence concoctés par d'autres compagnies pétrolières sont obsolètes jusqu'au ridicule.
Ainsi, "à l'image de BP, trois autres compagnies pétrolières disent vouloir protéger les morses (dans leurs plans d'urgence). Mais cela fait trois millions d'années qu'il n'y a plus de morses dans le golfe du Mexique", s'est exclamé le représentant Ed Markey.
De son côté, le patron de BP Amérique a tenté de rassurer les élus. "Je voudrais mettre les choses au clair: BP ne connaîtra pas de repos tant que le puits ne sera pas sous contrôle et que nous n'aurons pas compris ce qui s'est passé", a dit Lamar McKay.
Par ailleurs, le directeur général d'ExxonMobil a reconnu que les groupes pétroliers étaient sous-équipés pour faire face à des catastrophes comme celle de la marée noire dans le golfe du Mexique.
"Lorsque ces choses arrivent, nous ne sommes pas bien préparés pour y faire face", a reconnu Rex Tillerson. "C'est pourquoi il faut toujours s'attacher à empêcher que ces choses arrivent, parce que lorsqu'elles arrivent nous ne sommes pas bien équipés pour les traiter", a-t-il dit.
Répondant aux critiques des parlementaires sur les plans d'urgence des compagnies pétrolières, M. Tillerson a aussi estimé qu'il "n'y a pas de capacités de réponse" pouvant garantir que du pétrole n'atteigne pas les côtes du golfe du Mexique dans le cas d'une catastrophe comme celle engendrée par le naufrage de cette plate-forme aux larges des côtes de la Louisiane.
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(©AFP / 15 juin 2010 20h14)
Marée noire : un plan climat permettrait à Obama "de s'en sortir par le haut"
LE MONDE pour Le Monde.fr | 15.06.10 | 18h02
uest : Qu'est-ce que l'opinion publique américaine reproche à l'administration Obama dans cette affaire ?
Corine Lesnes : Ce n'est pas très clair. Les sondages montrent qu'en fait, Obama a perdu des points, mais pas d'une manière très significative. Son taux d'approbation est à peu près inchangé, certains sondages lui donnent 52 % d'approbations, certains autres 47 %. Le sondage quotidien montre une légère baisse. Pourtant, l'humeur du pays est sombre, les commentateurs sont négatifs. Donc le mécontentement est plutôt d'ordre qualitatif, presque symbolique.
Les Américains sont dans une crise de confiance. Il est assez rare et il leur est assez insupportable qu'un problème technique leur résiste. Le fait que 54 jours après le début de la marée noire les télévisions puissent toujours montrer que du pétrole s'écoule au fond de l'océan stresse beaucoup les gens.
Cela leur renvoie le spectacle, comme l'avait fait l'ouragan Katrina, de l'impuissance du gouvernement. Et pour ce qui concerne Obama lui-même, s'ajoute un problème de perception qu'il a depuis longtemps, où il apparaît indécis, manquant de réaction décisive, rapide, spontanée.
On lui reproche de ne pas avoir su faire les gestes de compassion pour les pêcheurs tout de suite et de ne pas avoir montré suffisamment de colère contre BP. C'est la raison pour laquelle il se trouve aujourd'hui obligé, lui qui n'aime pas faire de théâtre comme il l'a dit, d'employer le décor le plus solennel, le bureau Ovale, pour le discours qu'il doit faire ce soir.
Concrètement, ce qu'on peut lui reprocher, c'est de ne pas avoir agi plus rapidement pour forcer BP à prendre des mesures plus énergiques pour arrêter la fuite. On peut lui reprocher d'avoir fait confiance, d'une manière presque naïve, à BP, qui a le monopole des caméras qui sont au fond de la mer, donc de l'estimation de la quantité de pétrole qui s'y déverse.
Guest : Pensez-vous que cette marée noire sous Barack Obama aura les mêmes répercussions politiques que l'ouragan Katrina sous Bush ?
On n'en sait rien encore. C'est toute la question. Evidemment, l'ouragan Katrina est un événement qui se déroule en quelques jours et qui s'arrête ; ici, on n'est pas encore à la fin de la catastrophe, puisque la fuite n'est pas contenue. Elle ne le sera, au plus tôt, que fin août.
Il va donc falloir pendant deux mois gérer les répercussions des images sur l'opinion publique, sachant qu'on entre dans la saison des ouragans et qu'il y a forcément un moment où, à cause des fortes tempêtes, BP devra suspendre le dispositif actuel qui permet de récupérer le pétrole, car ce serait trop dangereux de garder des bateaux par gros temps. Cela veut dire que le pétrole s'écoulera, pendant des jours probablement, sans aucun contrôle.
Il est clair pour l'instant qu'il y aura des conséquences sur les élections générales de novembre 2010. Cela aura-t-il des conséquences à plus long terme sur l'image d'Obama ? C'est tout l'enjeu aussi d'un discours comme celui de ce soir, qui présente beaucoup de risques.
Damien : Pourquoi Obama ne prend-il pas les choses en main ? Pourquoi ne pas envoyer tous les ingénieurs civils et/ou militaires pour arrêter ce désastre immédiatement ? Et envoyer la facture à BP par la suite bien évidemment...
Mais il a pris les choses en main, on ne peut pas lui reprocher d'avoir sous-estimé l'ampleur de la catastrophe. Dès le deuxième jour, il y a eu une réunion à la Maison Blanche. Mon impression est qu'ils ont laissé BP agir parce que dans le contexte américain actuel, où beaucoup reprochent à Obama de vouloir agrandir les prérogatives du gouvernement, ils ne voulaient pas mettre le gouvernement en première ligne, et trouvaient probablement intéressant politiquement de mettre en première ligne une compagnie et de faire la démonstration que la régulation, c'est important, et que donc le gouvernement a de l'importance.
Je pense que c'est pourquoi ils ont laissé BP en première ligne pendant plusieurs semaines. Ensuite – d'ailleurs Obama le dit : "les gens qui me reprochent le "big government" sont les mêmes que ceux qui maintenant me disent : "que fait le gouvernement ?". Depuis longtemps, ils ont fait travailler des ingénieurs, le secrétaire à l'énergie, prix Nobel de physique, ils ont mobilisé plusieurs milliers de personnes (20 000 actuellement). Donc toutes les divisions concernées du gouvernement travaillent sur cette question.
Il n'a pas été question que l'armée intervienne, car elle n'a pas les équipements nécessaires pour plonger à 1 500 mètres à profondeur.
Tim : Pourquoi a-t-il déclaré "assumer la responsabilité finale" de cette catastrophe ?
C'est la tradition aux Etats-Unis : le président est responsablein fine.
Warren : De quelle manière les Républicains s'expriment-ils sur cette marée noire ?
Thomas : Les républicains ne devraient-ils pas être davantage gênés par cette catastrophe ? Après tout, ce sont eux les amis et premiers soutiens des compagnies pétrolières...
Tout le monde est pris en porte-à-faux par cette marée noire. Obama parce qu'il venait de donner son accord pour lever le moratoire sur les forages offshore ; et les républicains parce qu'ils ont fait des forages en mer l'un de leurs arguments de campagne. Ils sont donc assez discrets.
Sarah Palin a été extrêmement discrète. On l'entend peu. Au niveau local, les républicains dénoncent la suspension des forages en eau profonde qui a été décrétée pour six mois par Barack Obama trois semaines environ après le début de la marée noire.
Au niveau national, les républicains modérés ont essayé de relancer un projet de loi sur l'énergie qui ne mettrait pas de prix sur le carbone, ni par une taxe ni par des permis d'émission. Et les républicains les plus radicaux sont assez discrets.
Guest : Est-ce que Barack Obama peut "profiter" de la catastrophe du golfe pour relancer son grand plan énergétique ? Il doit en parler ce soir pendant son allocution mais est-ce que le congrès va le suivre sur ce terrain alors que les mid terms elections (élections à mi-mandat) se rapprochent ?
C'est toute la question. Il essaie de mettre la crise à profit. Le soutien de l'opinion aux forages en mer a nettement diminué, alors que deux tiers des Américains y étaient favorables il y a six mois. Maintenant, c'est moins de la moitié.
Donc le terrain est favorable, mais il n'est pas forcément favorable au système qu'on appelle "cap and trade" (les marchés d'émissions). Le climat n'est pas forcément plus favorable à ce système, mal perçu aux Etats-Unis, qui est très efficacement présenté par les républicains comme une taxe qui risque de pénaliser l'emploi.
Donc l'un des enjeux du discours de ce soir, c'est de savoir si Barack Obama va mentionner le prix du carbone comme quelque chose qu'il souhaite voir dans la prochaine législation. Les démocrates sont en train de réfléchir à transformer peut-être les projets qui étaient en cours pour les centrer, par exemple, sur la promotion des énergies nouvelles.
On parle aussi d'une loi cadre pour le golfe du Mexique qui tenterait de résoudre en profondeur la question de la vulnérabilité de la Louisiane et de la Nouvelle-Orléans, en corrigeant les modifications qui ont été faites au cours des années sur le Mississippi.
Ce grand plan pourrait être financé en partie par l'industrie pétrolière qui actuellement fait le dos rond. Ce serait un moyen pour Obama de rebondir et de s'en sortir par le haut. Mais rien n'est décidé là-dessus pour l'instant.
Tim Tim : Avez-vous une idée de ce que Obama doit annoncer ce soir ?
Plus de régulation pour l'industrie pétrolière. Concernant BP, il a été question depuis deux jours d'un compte séquestre sur lequel BP verserait plusieurs milliards. On ne sait pas combien, mais les démocrates voudraient 20 milliards. Ce compte servirait à indemniser les personnes lésées et les industries. Il va essayer aussi de ressusciter la législation sur le climat.
Guest : La marée noire et ses conséquences sur le golfe captent toute l'attention du public et des médias et par conséquent celle des politiques. Quels vont être les conséquences sur les réformes en cours ? En particulier pour celles qui s'annonçaient difficiles avant la crise comme la réforme du système bancaire par exemple. Ne risquent-elles pas d'être enterrées ?
Non, la réforme du système bancaire n'est pas enterrée, elle se déroule tranquillement, avec moins d'enjeux médiatiques. Ils en sont à la fin du processus. Ca peut être fait très rapidement.
On est toujours ici un peu entre l'enfer et le paradis : en fait, Obama a réussi la réforme de la santé, il est en voie de passer la réformer de la régulation financière. Quel que soit le fond de ces lois, qui ne sont pas les révolutions énormes qu'aurait voulu la gauche du parti, c'est déjà un résultat extraordinaire dans le paysage politique actuel.
S'il arrivait à passer une loi sur le climat, ce serait une sorte de Grand Chelem. Certains pensent que les démocrates pourraient profiter de la session qu'on appelle "lame duck" (canard boiteux) pour faire passer sa législation sur le climat. Cette session est celle qui interviendra après les élections de novembre. Il s'agit du Congrès, encore en fonction jusqu'en janvier, alors que de nouveaux membres ont été élus en novembre. C'est donc un moment – entre novembre et janvier – où on peut essayer de faire passer des mesures difficiles.
En revanche, ce qui pâtit, c'est toute la politique internationale. Obama est pratiquement obligé de rester aux Etats-Unis pour le moment. Il a dû annuler encore son voyage en Indonésie. Il peut difficilement entreprendre un voyage à l'étranger qui ne soit pas lié à l'économie internationale.
Obama a besoin de montrer que le gouvernement peut agir, qu'il fait quelque chose. La prérogative de l'exécutif, c'est de prendre des mesures, d'essayer de régler les problèmes.
uest : Qu'est-ce que l'opinion publique américaine reproche à l'administration Obama dans cette affaire ?
Corine Lesnes : Ce n'est pas très clair. Les sondages montrent qu'en fait, Obama a perdu des points, mais pas d'une manière très significative. Son taux d'approbation est à peu près inchangé, certains sondages lui donnent 52 % d'approbations, certains autres 47 %. Le sondage quotidien montre une légère baisse. Pourtant, l'humeur du pays est sombre, les commentateurs sont négatifs. Donc le mécontentement est plutôt d'ordre qualitatif, presque symbolique.
Les Américains sont dans une crise de confiance. Il est assez rare et il leur est assez insupportable qu'un problème technique leur résiste. Le fait que 54 jours après le début de la marée noire les télévisions puissent toujours montrer que du pétrole s'écoule au fond de l'océan stresse beaucoup les gens.
Cela leur renvoie le spectacle, comme l'avait fait l'ouragan Katrina, de l'impuissance du gouvernement. Et pour ce qui concerne Obama lui-même, s'ajoute un problème de perception qu'il a depuis longtemps, où il apparaît indécis, manquant de réaction décisive, rapide, spontanée.
On lui reproche de ne pas avoir su faire les gestes de compassion pour les pêcheurs tout de suite et de ne pas avoir montré suffisamment de colère contre BP. C'est la raison pour laquelle il se trouve aujourd'hui obligé, lui qui n'aime pas faire de théâtre comme il l'a dit, d'employer le décor le plus solennel, le bureau Ovale, pour le discours qu'il doit faire ce soir.
Concrètement, ce qu'on peut lui reprocher, c'est de ne pas avoir agi plus rapidement pour forcer BP à prendre des mesures plus énergiques pour arrêter la fuite. On peut lui reprocher d'avoir fait confiance, d'une manière presque naïve, à BP, qui a le monopole des caméras qui sont au fond de la mer, donc de l'estimation de la quantité de pétrole qui s'y déverse.
Guest : Pensez-vous que cette marée noire sous Barack Obama aura les mêmes répercussions politiques que l'ouragan Katrina sous Bush ?
On n'en sait rien encore. C'est toute la question. Evidemment, l'ouragan Katrina est un événement qui se déroule en quelques jours et qui s'arrête ; ici, on n'est pas encore à la fin de la catastrophe, puisque la fuite n'est pas contenue. Elle ne le sera, au plus tôt, que fin août.
Il va donc falloir pendant deux mois gérer les répercussions des images sur l'opinion publique, sachant qu'on entre dans la saison des ouragans et qu'il y a forcément un moment où, à cause des fortes tempêtes, BP devra suspendre le dispositif actuel qui permet de récupérer le pétrole, car ce serait trop dangereux de garder des bateaux par gros temps. Cela veut dire que le pétrole s'écoulera, pendant des jours probablement, sans aucun contrôle.
Il est clair pour l'instant qu'il y aura des conséquences sur les élections générales de novembre 2010. Cela aura-t-il des conséquences à plus long terme sur l'image d'Obama ? C'est tout l'enjeu aussi d'un discours comme celui de ce soir, qui présente beaucoup de risques.
Damien : Pourquoi Obama ne prend-il pas les choses en main ? Pourquoi ne pas envoyer tous les ingénieurs civils et/ou militaires pour arrêter ce désastre immédiatement ? Et envoyer la facture à BP par la suite bien évidemment...
Mais il a pris les choses en main, on ne peut pas lui reprocher d'avoir sous-estimé l'ampleur de la catastrophe. Dès le deuxième jour, il y a eu une réunion à la Maison Blanche. Mon impression est qu'ils ont laissé BP agir parce que dans le contexte américain actuel, où beaucoup reprochent à Obama de vouloir agrandir les prérogatives du gouvernement, ils ne voulaient pas mettre le gouvernement en première ligne, et trouvaient probablement intéressant politiquement de mettre en première ligne une compagnie et de faire la démonstration que la régulation, c'est important, et que donc le gouvernement a de l'importance.
Je pense que c'est pourquoi ils ont laissé BP en première ligne pendant plusieurs semaines. Ensuite – d'ailleurs Obama le dit : "les gens qui me reprochent le "big government" sont les mêmes que ceux qui maintenant me disent : "que fait le gouvernement ?". Depuis longtemps, ils ont fait travailler des ingénieurs, le secrétaire à l'énergie, prix Nobel de physique, ils ont mobilisé plusieurs milliers de personnes (20 000 actuellement). Donc toutes les divisions concernées du gouvernement travaillent sur cette question.
Il n'a pas été question que l'armée intervienne, car elle n'a pas les équipements nécessaires pour plonger à 1 500 mètres à profondeur.
Tim : Pourquoi a-t-il déclaré "assumer la responsabilité finale" de cette catastrophe ?
C'est la tradition aux Etats-Unis : le président est responsablein fine.
Warren : De quelle manière les Républicains s'expriment-ils sur cette marée noire ?
Thomas : Les républicains ne devraient-ils pas être davantage gênés par cette catastrophe ? Après tout, ce sont eux les amis et premiers soutiens des compagnies pétrolières...
Tout le monde est pris en porte-à-faux par cette marée noire. Obama parce qu'il venait de donner son accord pour lever le moratoire sur les forages offshore ; et les républicains parce qu'ils ont fait des forages en mer l'un de leurs arguments de campagne. Ils sont donc assez discrets.
Sarah Palin a été extrêmement discrète. On l'entend peu. Au niveau local, les républicains dénoncent la suspension des forages en eau profonde qui a été décrétée pour six mois par Barack Obama trois semaines environ après le début de la marée noire.
Au niveau national, les républicains modérés ont essayé de relancer un projet de loi sur l'énergie qui ne mettrait pas de prix sur le carbone, ni par une taxe ni par des permis d'émission. Et les républicains les plus radicaux sont assez discrets.
Guest : Est-ce que Barack Obama peut "profiter" de la catastrophe du golfe pour relancer son grand plan énergétique ? Il doit en parler ce soir pendant son allocution mais est-ce que le congrès va le suivre sur ce terrain alors que les mid terms elections (élections à mi-mandat) se rapprochent ?
C'est toute la question. Il essaie de mettre la crise à profit. Le soutien de l'opinion aux forages en mer a nettement diminué, alors que deux tiers des Américains y étaient favorables il y a six mois. Maintenant, c'est moins de la moitié.
Donc le terrain est favorable, mais il n'est pas forcément favorable au système qu'on appelle "cap and trade" (les marchés d'émissions). Le climat n'est pas forcément plus favorable à ce système, mal perçu aux Etats-Unis, qui est très efficacement présenté par les républicains comme une taxe qui risque de pénaliser l'emploi.
Donc l'un des enjeux du discours de ce soir, c'est de savoir si Barack Obama va mentionner le prix du carbone comme quelque chose qu'il souhaite voir dans la prochaine législation. Les démocrates sont en train de réfléchir à transformer peut-être les projets qui étaient en cours pour les centrer, par exemple, sur la promotion des énergies nouvelles.
On parle aussi d'une loi cadre pour le golfe du Mexique qui tenterait de résoudre en profondeur la question de la vulnérabilité de la Louisiane et de la Nouvelle-Orléans, en corrigeant les modifications qui ont été faites au cours des années sur le Mississippi.
Ce grand plan pourrait être financé en partie par l'industrie pétrolière qui actuellement fait le dos rond. Ce serait un moyen pour Obama de rebondir et de s'en sortir par le haut. Mais rien n'est décidé là-dessus pour l'instant.
Tim Tim : Avez-vous une idée de ce que Obama doit annoncer ce soir ?
Plus de régulation pour l'industrie pétrolière. Concernant BP, il a été question depuis deux jours d'un compte séquestre sur lequel BP verserait plusieurs milliards. On ne sait pas combien, mais les démocrates voudraient 20 milliards. Ce compte servirait à indemniser les personnes lésées et les industries. Il va essayer aussi de ressusciter la législation sur le climat.
Guest : La marée noire et ses conséquences sur le golfe captent toute l'attention du public et des médias et par conséquent celle des politiques. Quels vont être les conséquences sur les réformes en cours ? En particulier pour celles qui s'annonçaient difficiles avant la crise comme la réforme du système bancaire par exemple. Ne risquent-elles pas d'être enterrées ?
Non, la réforme du système bancaire n'est pas enterrée, elle se déroule tranquillement, avec moins d'enjeux médiatiques. Ils en sont à la fin du processus. Ca peut être fait très rapidement.
On est toujours ici un peu entre l'enfer et le paradis : en fait, Obama a réussi la réforme de la santé, il est en voie de passer la réformer de la régulation financière. Quel que soit le fond de ces lois, qui ne sont pas les révolutions énormes qu'aurait voulu la gauche du parti, c'est déjà un résultat extraordinaire dans le paysage politique actuel.
S'il arrivait à passer une loi sur le climat, ce serait une sorte de Grand Chelem. Certains pensent que les démocrates pourraient profiter de la session qu'on appelle "lame duck" (canard boiteux) pour faire passer sa législation sur le climat. Cette session est celle qui interviendra après les élections de novembre. Il s'agit du Congrès, encore en fonction jusqu'en janvier, alors que de nouveaux membres ont été élus en novembre. C'est donc un moment – entre novembre et janvier – où on peut essayer de faire passer des mesures difficiles.
En revanche, ce qui pâtit, c'est toute la politique internationale. Obama est pratiquement obligé de rester aux Etats-Unis pour le moment. Il a dû annuler encore son voyage en Indonésie. Il peut difficilement entreprendre un voyage à l'étranger qui ne soit pas lié à l'économie internationale.
Obama a besoin de montrer que le gouvernement peut agir, qu'il fait quelque chose. La prérogative de l'exécutif, c'est de prendre des mesures, d'essayer de régler les problèmes.
Chat modéré par François Béguin
En Louisiane, les Cajuns broient du noir
Par Philippe Coste, publié le 15/06/2010 à 17:00
REUTERS/Sean Gardner
A Grand Isle, depuis la marée noire, 107 chalutiers dorment sous leurs filets en berne. Certains pêcheurs, privés de boulot, pensent à tout lâcher.
La catastrophe pétrolière prive les pêcheurs du delta d'une ressource vitale. Un désastre qui, pour le petit peuple des bayous, signe peut-être la fin d'un monde.
Avec Katrina, on croyait avoir touché le fond. Mais là, c'est une toute autre histoire", confie "Chu Chu" dans son drôle d'anglais rocailleux. Les colosses qui l'entourent approuvent en silence. Des mégots s'agitent sur les lèvres et il y a même des yeux humides sous les visières des casquettes défraîchies; la faute aux bières et à la chaleur folle de juin, cette touffeur écoeurante venue des bayous, les marais du nord, qui, selon les gens d'ici, vous fait suffoquer "comme l'haleine d'un vieux chien".
Puisqu'on parle de chômage, de maisons impayées, de vies suspendues ou à reconstruire, la langue de connivence, ce français houleux des pionniers acadiens de Louisiane, s'invite timidement dans la conversation. A l'ombre des piliers du Bridgeside Landing, la buvette-bazar de Mme Elnora, à deux heures au sud de La Nouvelle- Orléans, Chu Chu, Harry Cheramie de son vrai nom, raconte: "L'"huile", elle est arrivée très vite dans les bayous. A la mi-mai, trois semaines après l'"accident", elle remontait la baie Timbalier au-dessus des fonds à huîtres et des anses à crabes", se souvient ce doux barbu de 59 ans, privé de mer comme 4000 autres pêcheurs de Louisiane. Même dispersé en couches infimes, le pétrole a pourri le pactole que représentent les "chevrettes", les crevettes d'ici, dont la saison devait commencer et assurer en deux à six mois les revenus de toute une année.
Une facture colossale
A raison de 4 millions de litres par jour, au moins 240 millions de litres de pétrole se sont déversés dans le golfe du Mexique depuis la catastrophe du 20 avril. C'est la pire marée noire de l'histoire des Etats-Unis. En 1989, l'Exxon Valdez avait répandu 42 millions de litres en Alaska.
Depuis l'explosion de sa plate-forme Deepwater Horizon, British Petroleum a engagé 1,01 milliard de dollars dans les travaux de réparation. 1400 kilomètres de barrières flottantes ont été installés dans le golfe du Mexique. Mais le pétrole jaillit toujours. La facture devrait s'élever à 12 milliards de dollars (9,8 milliards d'euros) sur l'année 2010, sans compter les condamnations pour dommages et intérêts attendues en 2011. Environ 200 procès civils ont déjà été intentés contre la compagnie pétrolière britannique.
Le manque à gagner pour les professionnels de la pêche de Louisiane, fournisseurs de 40 % des poissons et fruits de mer américains, se chiffre à 2,4 milliards de dollars.
Maintenant, la marée noire vire vers l'est et arrive ici, à Grand Isle, en langues brunâtres mouchetées de pélicans mourants. Il a fallu fermer la plage pour laisser les armées de British Petroleum racler le sable; juste au moment où tout le peuple cajun devait rappliquer en 4x4 bondés d'enfants pendant les week-ends d'été. Sur les 800 000 habitants de Louisiane dotés de noms français, un petit tiers parle un peu la langue. Ceux-là ont des racines dans l'herbe des bayous; un frère, un oncle, un grand-père pêcheur resté dans la paroisse de La Fourche, au bord des canaux de Golden Meadow, de La Rose, et même de Houma, le gros bourg à 100 kilomètres au nord. S'ils cessaient de venir, c'en serait fini de Grand Isle, un banc de limon aux confins des marais, dernière terre sous l'horizon du golfe. Car, sur l'autre versant de l'île, celui de la pêche et des lagunes, 107 chalutiers dorment sous leurs filets en berne. Peut-être pour toujours.
"Ici, comme dans tout le delta, la flotte a diminué d'un bon tiers depuis l'ouragan Katrina, en 2005, rappelle Clint Guidry, directeur d'une ligue locale de crevettiers. Ceux qui ne pouvaient reprendre un crédit ont quitté la profession pour devenir mécaniciens, couvreurs, ou s'employer dans les conserveries et le pétrole. Maintenant, quoi ? Des milliards de dollars de fruits de mer et de crevettes se sont volatilisés et nous en avons pour des mois, voire des années, de décontamination avant de reprendre le travail. C'est la fin d'un mode de vie. La mort d'un monde."
Faute de boulot à Grand Isle, certains pensent déjà à tout lâcher; à aller pêcher au Texas ou se fondre dans l'immense Amérique. Et tout le monde va échafauder l'avenir chez Chris Camardelle, sur la Route No. 1, devant sa boutique d'appâts et de crevettes en gros, assis entre de grandes poubelles débordant de canettes vides. Chu Chu, le copain Tookie, le grand-père Tillman... Même Barack Obama, lors de sa deuxième visite sur l'île, le 28 mai, s'est arrêté au magasin, parce que Chris est le cousin débonnaire du maire et une figure influente du port. "Il a promis de ne pas nous laisser tomber, raconte Chris, et nous lui avons demandé de ne pas trop taper sur l'industrie pétrolière." Surprise?
REUTERS/Petty Officer 2nd Class John D. MillerUS Coast Guard/Handout
Depuis le 20 avril, au moins 240 millions de litres de pétrole se sont déversés dans le golfe du Mexique, un désastre pour la faune et la flore.
Le moratoire de six mois imposé par la Maison-Blanche aux nouvelles explorations dans le golfe afin de contrôler la sécurité de toutes les plates-formes, inquiète autant les Cajuns que l'interdiction des campagnes de pêche. En un siècle de traque des riches gisements du delta, "Big Oil" a exproprié, arnaqué, exploité les humbles descendants des Acadiens, mais l'industrie pétrolière fournit aujourd'hui autant d'emplois que la mer. 30 000 jobs. Rares sont les mareyeurs et les crevettiers qui, l'hiver venu, ne louent pas leurs services à Port Fourchon, la base arrière des plates-formes, une ville chaudron d'où cingle, jour et nuit, l'armada des barges et des remorqueurs.
"Pour BP, on n'a pas de haine, assure Chris en anglais haché de cajun. Ils ont fait une bêtise, c'est tout." Depuis l'"accident", la firme verse jusqu'à 5000 dollars (environ 4100 euros) d'indemnité à chaque pêcheur au chômage. Elle engage aussi mille bateaux et leurs équipages -20 % de la flotte de Louisiane- à 2000 à 3000 dollars (1600 à 2400 euros) par jour, pour aller poser des barrières flottantes à l'orée des bayous. Mais ce n'est pas assez.
A Pointe aux Chênes, 9 marins sur 10 restent à quai. A La Rose, Paul Cheramie, une montagne de 150 kilos, a fait irruption dans une réunion d'information de BP pour clamer la rage des exclus. "Ceux qui ont leurs entrées, qui connaissent le nom des recruteurs, ils gagneront un quart de million pendant cette marée noire, hurle-t-il. Les autres n'auront pas même un pot pour pisser!" La tension monte. A Grand Isle, où 20 navires travaillent au nettoyage, on peste contre les "dispersants", les produits chimiques utilisés pour dissoudre le pétrole en mer, que les marins engagés doivent répandre sans protection. En Louisiane, 70 personnes se disent déjà malades. Lors d'un meeting au Bridgeside Landing, le 7 juin, Clint Guidry, furibond, se lève au milieu du public. "Je suis cajun, comme vous autres, et je refuse de me faire gruger par une boîte dont le nom commence par "British"."
Pour ces damnés de la mer, la peur de l'anéantissement ravive des douleurs vieilles de deux siècles et demi: le souvenir, atavique, d'une épopée commencée par un quasi-génocide -"le grand dérangement", comme disent les Cajuns. En 1755, les Acadiens de la Nouvelle- Ecosse refusent de prêter allégeance à la couronne d'Angleterre. Les Anglais les jettent par milliers à fond de cale dans des bateaux en partance pour les quatre coins du monde. Les cargaisons humaines, ravagées par les maladies, sont expédiées vers Jersey, les Açores, la Virginie ou les Antilles. En 1765, un peu plus de 200 survivants arrivent à La Nouvelle-Orléans et sont vite envoyés par les hobereaux corrompus de la Louisiane coloniale vers les confins des marécages pour y faire de l'élevage ou y crever.
Ces descendants de Bretons et de Normands descendent aussi vers la côte. Pour ces déracinés, mués en parias du Sud anglophone, la pêche offre le salut et une digne indépendance, autant que la chance de vivre parfois correctement sans avoir à quitter des communautés rurales chaleureuses, ni à renoncer à une culture très typique. Le miracle aura duré longtemps.
"A bord, avec ma femme, nous sommes nos seuls patrons, confirme Jesse Verdin, un crevettier de Cut Off, petit bourg de l'intérieur des bayous. Et je ne pourrais pas vivre une autre vie." Son bateau, le Lady Catherine, est amarré sur le canal, devant sa bicoque de la Route 308. Chaque été passé dans les lacs salés voisins pouvait lui rapporter 40 000 dollars, assez pour tenir l'année en misant, à 57 ans, sur l'appoint des vacations dans les chantiers navals ou à bord des remorqueurs. La liberté a pourtant son revers. A Grand Isle, Chu Chu navigait à 4 ans, confiné sur le pont arrière, pendant que ses parents hissaient les filets. Son éducation s'est arrêtée à l'école primaire. Trop tôt pour imaginer aujourd'hui, si la mer était condamnée, le moindre avenir professionnel différent.
L'accent si particulier des Cajuns de la mer, ces cascades de "De" ou "Da" raillées par les anglophones, et leur incapacité de prononcer le son "th", acquis au berceau par les Américains, signent leur insularité ou leur illettrisme. Le français? Il reste le ciment identitaire des Cajuns quadra et quinquagénaires. "Mais c'est une langue que l'on ne déballe qu'en confiance, confie Paul Chiquet, directeur de la bibliothèque publique de Galliano, un ancien supermarché Walmart mué en centre culturel. C'est l'emblème d'un peuple pauvre que l'on a trop longtemps maltraité." Un peuple qui devra retourner à terre.
Le sol s'enfonce au rythme de 1 centimètre par an
A Grand Isle, Christopher Hernandez, cajun et directeur de la voirie, redoute la saison des ouragans qui approche. "Le pétrole est dans la mer et, si celle-ci venait à nous envahir, l'île serait contaminée. On ne nous laisserait jamais revenir." A Saint-Charles, l'îlot qui jouxte Pointe aux Chênes, à l'ouest, Theo Chaisson, chef local de 200 Indiens francophones Houma et patron de l'épicerie, enrage : "Le pétrole va tuer les plantes qui retiennent encore la terre. Et c'en sera fini de la côte."
La marée noire, avec la mort de la pêche, pourrait également hâter l'autre malédiction des Cajuns. Depuis les grands travaux de 1927, les digues qui domptent le Mississippi jusqu'à La Nouvelle-Orléans retiennent les limons du fleuve. Les anciens sédiments du delta se tassent, l'extraction de l'eau et du pétrole affaisse la croûte terrestre et la mer monte avec le réchauffement planétaire, arrachant à la Louisiane, chaque année, une surface équivalant à celle d Manhattan.
Lorsqu'il était gamin, Théo, 60 ans aujourd'hui, allait à l'école en pirogue. Il lui faudrait maintenant une demi- heure de hors-bord s'il ne prenait la route, menacée d'immersion, pour rejoindre le continent. Dans les années 1950, Leeville était un village de bonne taille. Maintenant, ce n'est plus qu'une langue de terre dérisoire, occupée par une station-service et trois entrepôts. Le sol, ici, s'enfonce au rythme fou de 1 centimètre par an. L'immense pont enjambe des marais à perte de vue, qui étaient voilà un demi-siècle les pâturages légendaires de Golden Meadow. "Au moins, Grand Isle retenait encore son monde, se désole Paul Chiquet. Voilà cinquante ans que les Cajuns, faute de place, remontent de la côte. De Leeville vers Galliano, puis Cut Off, puis La Rose." Au-delà du bayou, maintenant, commence pour eux l'autre Amérique. Et une toute autre histoire.
Marée noire : BP colmate... de son mieux
Malgré la dernière technique de récupération du brut s'échappant du puits hors de contrôle, le pétrole continue de s'échapper et de souiller les côtes de la Louisiane, de l'Alabama et de la Floride. Pendant ce temps, une enquête parlementaire met gravement en cause BP.
Cent neuf personnes auraient été intoxiquées par le pétrole en Louisiane, rapportait ce matin la presse de cet Etat. Beaucoup sont des travailleurs œuvrant au nettoyage des côtes. En Louisiane, en Alabama et à la Floride, les régions côtières vivent au rythme des afflux de pétrole qui viennent souiller ici ou là les roches, les plages, les mangroves ou les récifs. Hier, c'est la baie de Barataria, célèbre pour ses flibustiers aux XVIIIe et XIXe siècles mais aussi aujourd'hui pour ses crevettes grises, qui a accueilli le brut échappé du puits foré par la plate-forme Deepwater Horizon, qui a sombré le 22 avril dernier.
Le 3 juin, BP a essayé un nouveau dispositif, consistant en un couvercle installé au niveau des tubes prolongateurs (ou risers), l'ensemble formant le lower marine riser package, ou LMRP, par lequel transite le brut sortant du puits. Auparavant, un prolongateur avait été sectionné pour canaliser au maximum la fuite à un endroit précis.
Robinet définitivement fermé en août ?
Aux dernières nouvelles, cette installation parvenait à récupérer 7.720 barils en 12 heures (le 13 juin), soit environ 12.300 litres (un baril contient 159 litres). En fait, la quantité ainsi captée et envoyée au navire de surface varie selon les jours. Le 12 juin, le communiqué de BP annonçait 15.000 barils dans les 24 heures. Pour mémoire, le 20 mai, une autre technique (un tuyau enfoncé dans le puits), abandonnée depuis, récupérait 3.000 barils par jour. La fuite était alors estimée à 5.000 barils quotidiens (800.000 litres), un chiffre largement revu à la hausse depuis.
Le débit exact de la fuite, lui, reste toujours inconnu. Mais il est clair qu'une grande partie s'échappe dans le golfe du Mexique au gré des courants. BP envisage d'améliorer son système avec des structures « plus flexibles », censément plus efficaces. Pendant ce temps, le forage d'un second puits, débuté le 2 mai et considéré comme la solution définitive, se poursuit. La durée est estimée à trois mois, ce qui amène à début août la possible fin de l'écoulement.
Les seuls chiffres actuellement fournis par BP sont ceux des millions de dollars que l'entreprise multinationale dépense pour endiguer la fuite et réparer les dégâts, lesquels s'étendent de jour en jour. Plages souillées, animaux mazoutés, mangroves engluées et personnes intoxiquées font la Une des journaux, tandis que Barack Obama se démène, politiquement et médiatiquement, par exemple en se déplaçant plusieurs fois sur les côtes touchées, en convoquant le président de BP à la Maison Blanche ou encore en parlant de « 11 septembre écologique ».
Une enquête officielle, menée par deux sénateurs, Henry Waxman et Bart Stupak, sur l'origine de la catastrophe montre des négligences de la part de l'encadrement. D'après leur épais rapport, des courriers internes semblent prouver que le forage de Deepwater Horizon a rencontré des difficultés, notamment à cause de l'ouragan Ida. Mais les contraintes financières ont poussé les équipes à réduire les retards et à travailler un peu trop vite...
La marée noire repérée le 12 juin par le satellite Aqua, de la Nasa, et son instrument Modis (Moderate Resolution Imaging Spectroradiometer). L'image montre la partie nord-est du golfe du Mexique. La Floride est à droite, avec, en bas, l'archipel des Keys. On distingue le pétrole sur les côtes nord-ouest de la Floride et, à gauche, sur celles de l'Alabama. © Nasa
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Cuba se prépare à l'arrivée éventuelle de la marée noire sur ses côtes
LA HAVANE - Cuba prend toutes les mesures pour faire face à une possible contamination de ses côtes par la marée noire s'écoulant depuis deux mois dans le golfe du Mexique, ont annoncé mardi les autorités cubaines.
"Nous nous préparons, nous prenons toutes les mesures... la préparation est continue tout comme la vigilance (...) pour la population vivant dans les zones pouvant être affectées", a déclaré à la presse le chef de la Défense civile, le général Ramon Pardo.
En marge d'une conférence internationale sur les Désastres naturels, le général cubain a souligné que si les courants marins déviaient, les côtes cubaines pourraient être affectées par la marée noire, deux mois après le naufrage d'une plate-forme pétrolière exploitée par la compagnie britannique BP au large de la Louisiane.
Qualifiée par le président Barack Obama de pire catastrophe écologique de l'histoire des Etats-Unis, la marée noire souille une partie des côtes méridionales des Etats-Unis et des boulettes de goudron ont été retrouvées sur des plages de Floride, à environ 170 km au nord des côtes cubaines.
"A Cuba, il y a déjà eu de petites fuites provenant de tankers, mais nous n'avons aucune expérience pour une fuite de cette ampleur", a déclaré le vice-ministre de la Défense, le général Ramon Espinosa, également membre du Bureau politique du Parti communiste.
Le général Pardo a souligné l'aide technique apportée à l'île communiste par la compagnie pétrolière d'Etat vénézuélienne PDVSA pour faire face à cette possible marée noire.
Quant aux Etats-Unis, qui avaient rapporté en mai avoir des contacts "de travail" avec Cuba sur la marée noire, "il se peut que certaines de nos organisations leur aient demandé des informations", a dit le général Espinosa sans plus de précisions.
Les deux pays n'ont plus de relations diplomatiques formelles depuis 1961.
Les côtes septentrionales de Cuba sont le berceau d'un écosystème fragile et abritent des stations balnéaires attirant de nombreux touristes, source de revenus essentielles pour l'île communiste.
<org idsrc="ISIN" value="GB0007980591">BP</org>
(©AFP / 15 juin 2010 20h11)
lundi, 14 juin 2010
Marée noire et fonds de pension
A l’heure où nous interrogeons sur la réforme de notre système de retraites, l’affaire BP est éclairante. La menace brandie par l’administration américaine de demander la suspension du versement des dividendes, voire sa mise sous séquestre afin d’alimenter un fonds dédié à la dépollution, affole le gouvernement britannique en plus d’inquiéter la bourse. Car les retraites des britanniques pourraient en pâtir.
Faire dépendre la subsistance des retraités de la performance des entreprises dans lesquelles leur épargne a été investie est chose périlleuse. Si on peut se laisser aller à jouer sa prime au casino, on hésite normalement à y risquer son salaire…
Ce sont ces mêmes fonds qui, désireux de diversifier leurs actifs, ont contribué à développer le private equity (investissement dans le capital de sociétés non cotées) en plaçant leurs liquidités au sein de fonds d’investissement.
Mais comment en vouloir aux paisibles retraités de l’autre bout du monde ? Si votre entreprise, placée sous LBO (en passant, les fonds de LBO devraient verser une rente aux descendants de Reagan pour avoir largement pesé dans la déductibilité fiscale des intérêts et avoir ainsi promu les montages à effet de levier, mais bref), se restructure pour générer un résultat à deux chiffres, ils n’y sont pour rien, directement. Mais ils en profitent, indirectement.
On dira qu’il faut bien des actionnaires, et que d’autres agiraient de même. Pas évident. Encore une fois, si le rendement dégagé par ces actifs n’était pas destiné à assurer la subsistance de retraités mais seulement à permettre aux riches de le devenir davantage (et ils le deviennent effectivement : d’après un article récent des Echos, le nombre de millionnaires a cru de 14 % dans le monde depuis l’année dernière, ceci faisant dire au BCG qu’un remarquable « come-back de la richesse privée » était à l’œuvre…), nous aurions moins de réticence à leur faire payer l’addition.
Toute l’essence du capitalisme est là : dans le choix impossible auquel il nous confronte dans cette affaire comme dans toutes les autres. Faut-il saigner BP et léser d’innocents retraités ? Mais les enfants de Louisiane, qui auraient bien aimé se baigner cet été, ne le sont-ils pas, innocents ? Et la faune aquatique ?
Dans d’autres situations, d’autres dilemmes : faut-il accepter de diminuer nos salaires ou de fermer notre usine ? Faut-il préserver l’environnement ou l’emploi ?...
Dans quelle mesure ces dilemmes sont-ils construits ? Je n’en sais rien pour être honnête, mais en tout cas, ils nous privent de nos choix.
BP engage des conseillers, dément l'option d'une faillite
Marée noire aux États-Unis
L'une des pires marées noires de l'histoire des États-Unis menace les côtes de la Louisiane. Suivez le développement de cette «catastrophe nationale» et ses conséquences désastreuses pour l'environnement. »
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Le gouvernement met la pression sur BP pour qu'il paie non seulement le nettoyage du littoral mais indemnise également tous les travailleurs de la région du Golfe du Mexique.
Photo: AP
Agence France-Presse
New York
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Le géant pétrolier britannique BP a engagé les banques Goldman Sachs et Credit Suisse ainsi que le fonds d'investissement BlackStone pour le conseiller face aux pressions auxquelles il est soumis depuis la marée noire, ont rapporté lundi le New York Times et la chaîne Fox Business.
Un porte-parole de BP aux États-Unis n'a pas confirmé à l'AFP cette information, affirmant que le groupe ne souhaitait pas dévoiler «qui le conseille ni sur quoi».
Une source proche du dossier a confirmé que le fonds Blackstone avait été retenu par BP. Des porte-parole de Blackstone, Goldman Sachs et Credit Suisse n'ont pas commenté ces informations.
Le New York Times indique dans sa version en ligne que les trois groupes ont été engagés notamment pour aider BP à gérer «les responsabilités financières croissantes» qu'il pourrait être tenu d'assumer dans le sillage de la marée noire.
Les plaintes se multiplient et le gouvernement américain met la pression sur BP pour qu'il paie non seulement le nettoyage du littoral mais indemnise également tous les travailleurs de la région du Golfe du Mexique dont l'emploi est menacé à cause de la catastrophe.
Le groupe a déjà dépensé 1,6 milliard de dollars depuis le naufrage de la plateforme Deepwater Horizon le 22 avril, et pourrait avoir à s'acquitter de plusieurs autres milliards de dollars.
La chaîne spécialisée Fox Business écrit sur son site que les deux banques et le fonds d'investissement ont été retenus pour contrer une éventuelle tentative de prise de contrôle hostile de BP alors que la chute de son action en Bourse le rend vulnérable.
Le porte-parole de BP aux États-Unis a assuré que c'était faux. «Il n'y a aucune vérité dans les propos qui disent que nous avons engagé des banques avec pour mission de nous défendre» contre d'éventuels raid boursiers hostiles, a-t-il affirmé à l'AFP.
Fox Business affirme aussi que «l'option d'un dépôt de bilan n'est pas totalement hors de question».
Une porte-parole du siège britannique de BP a démenti, rappelant qu'en «mars une présentation de BP indiquait que les entrées et sorties de liquidités de BP étaient équilibrées avec un baril pétrolier à 60 dollars». Le baril valait environ 75 dollars mardi à New York.
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