• Marée noire en Louisiane : revue de presse du 17 juin 2010

    Marée noire : la guerre de la communication

    Crédits photo:  Barack Obama constate les dégâts causés par la marée noire, en Louisiane. (Reuters/Larry Downing)

    Depuis le début de la marée noire aux Etats-Unis, la compagnie BP a mis en place une grande campagne pour protéger son image. Obama, lui, ne lésine pas sur les mots pour exprimer sa colère et accuser la compagnie pétrolière. Les offensives sont lancées. 

    Avec près de 200 kilomètres de côtes souillées et 40 000 barils de pétrole qui se déversent toujours quotidiennement dans le golfe du Mexique, British Petroleum (BP) est d'ores et déjà responsable de la plus grosse catastrophe environnementale de l'histoire des Etats-Unis. En termes d'image, cela lui coûte cher. Le groupe aurait recensé 51 000 plaintes et le PDG, Tony Hayward, est très vite devenu l'homme le plus haï d'Amérique. En cause, ses gaffes à répétition. "Je pense que l'impact sur l'environnement de ce désastre sera très, très modeste", avait-il déclaré le 18 mai.

    BP achète des mots clés sur Internet pour se refaire une image

    Alors pour se refaire une image de marque, l'entreprise britannique n'a pas hésité à investir. En plus des campagnes télévisées (voir la vidéo), des pleines pages dans les quotidiens américains assurant "Nous en viendrons à bout", et des films explicatifs sur le colmatage des brèches; BP s'est payé des mots clés sur Internet.

    Aux 50 millions de dollars de spots publicitaires, l'entreprise ajoute 10 000 dollars par jours en frais de mots clés. Tous les termes liés à la catastrophe, comme "marée noire" ou "golfe du Mexique", sont rachetés aux principaux moteurs de recherche. Pour le porte-parole du groupe il s'agit simplement de :

    "faciliter les recherches des gens qui veulent en savoir plus sur les efforts que nous entreprenons dans le golfe et les renvoyer plus facilement vers les liens qui ont trait aux dépôts de plainte, aux informations sur les plages souillées par le pétrole et aux appels aux volontaires."

    BP espère surtout rediriger les internautes vers le site du groupe afin de focaliser le débat sur ses tentatives de colmatage et non sur les conséquences du désastre.

    Sur la toile, les appels au boycott se multiplient

    Néanmoins, il semble peu probable que BP parvienne à épurer la toile. Sur le Web, on recense de nombreux appels au boycott comme le groupe facebook "Boycott BP" qui a déjà atteint plus de 640 000 membres. Sans compter les chansons réalisées par des internautes.

    De son côté, l'organisation non-gouvernementale (ONG) Greenpeace se mobilise pour que BP ne puisse pas se faire oublier. Fin mai, des activistes britanniques ont escaladé la façade du siège pour y suspendre un drapeau au logo entaché de pétrole sur lequel les initiales "BP" ne signifiaient plus "British Petroleum" mais "British Polluters". L'ONG a également lancé une grande campagne pour redessiner le logo de la compagnie pétrolière et les premiers résultats sont déjà en ligne.

    Selon Sylvain Lefèvre, spécialiste de Greenpeace, l'ONG reste mesurée.

    "Dans le cas de cette marée noire, Greenpeace n'a pas vraiment besoin de mettre la tête de BP sous l'eau car Washington passe déjà ce message. Par ailleurs, les groupes pétroliers sont des cibles parfaites pour Greenpeace. C'est une cause consensuelle et facile. A tel point qu'il ne sert à rien d'enfoncer le clou avec des actions coup de poing."

    Obama ne veut pas endosser la responsabilité de la marée noire

    Effectivement, le Président américain est bien décidé à "botter des fesses." Barack Obama veut montrer qu'il est présent, qu'il est en colère et, surtout, qu'il n'est pas responsable de la catastrophe. Depuis fin avril, il en est déjà à sa quatrième visite dans le golfe du Mexique. Mais rien n'y fait, selon un sondage abc News/Washington Post, 69 % des personnes interrogées pensent toujours que la crise est mal gérée. Bernard Lamizet, professeur de sciences de l'information à l'institut d'études politique de Lyon, n'est pas étonné :

    "Le peuple cherche toujours un responsable et généralement il prend celui qui est le plus visible. Ce sont souvent des personnalités politique et dans ce cas, c'est Obama."

    Mais Barack Obama est déterminé à ne pas endosser la responsabilité des pétroliers. Pour arriver à ses fins, dans une interview au magazine Politico il n'hésite pas à comparer la marée noire à un "11 Septembre écologique".

    "Il fait ainsi appel à la notion de catastrophe, donc comme c'est une catastrophe, elle est au-delà du pouvoir politique. C'est une façon de dire "je ne suis pas l'unique responsable"", explique Bernard Lamizet.

    Avantage à Obama

    Le 15 juin, Obama s'est pour la première fois adressé aux Américains depuis le Bureau oval, cadre généralement réservé aux crises graves. Un discours consacré uniquement à BP et à la marée noire dans lequel il a affirmé qu'il obligerait le groupe à créer un fonds d'indemnisation.

    C'est chose faite. Hier, à l'issue de la rencontre entre Obama et les dirigeants de BP, le groupe s'est engagé à placer 20 milliards de dollars sur un compte bloqué destiné à dédommager les victimes de la marée noire. Pour les ouvriers du pétrole licenciés, BP a également accepté de mettre en place un fonds de 100 millions de dollars. Barack Obama conserve donc l'avantage dans cette bataille de la communication.

    Malgré tous leurs efforts, le groupe pétrolier et les autorités américaines auront bien du mal à faire oublier leur responsabilité dans cette catastrophe. D'autant plus que des journalistes d'Associated Press ont révélé que le plan anti-marée noire de BP pour le golfe du Mexique était truffé d'erreurs. Ce rapport, validée par les autorités américaines, minimise fortement les dangers d'une fuite et exagère la capacité de la compagnie pétrolière à gérer la situation.

    Et pour mémoire, le 31 mars dernier, Barack Obama avait levé un moratoire sur les forages en mer...

     

     

     

     

    Marée noire: Le discours d'Obama fait un flop

    Créé le 16.06.10 à 21h13 -- Mis à jour le 16.06.10 à 21h13

    Barack Obama pendant son discours en direct de la Maison Blanche, 
le 15 juin 2010.

    Barack Obama pendant son discours en direct de la Maison Blanche, le 15 juin 2010. REUTERS/Kevin Lamarque

    POLLUTION - La presse n'est pas convaincue par le grand discours du président américain...

    La marée noire en Louisiane sera-t-elle le Katrina de Barack Obama? Il est un peu tôt pour le dire mais en tout cas, le président américain ne convainc pas grand monde dans sa gestion d’une catastrophe écologique en cours depuis presque deux mois. Etson discours solennel en direct du bureau oval mardi soir n'a pas fait mieux.  Ironiquement, le New York Times titrait mercredi: «Au 56e jour, l'appel à prendre les armes.» Et de développer: «56 jours, des millions de litres de pétrole et des heures à spéculer sur les plateaux de télévisions plus tard, Obama s'est finalement adressé à la nation mardi depuis le Bureau ovale pour déclarer la guerre» à la marée noire, écrit le quotidien de référence.

    Le site Internet Politico se moque également du patron de la Maison blanche: «Le président Barack Obama a déclaré la guerre à la marée noire qui se répand dans le golfe du Mexique mardi. Dommage que ses troupes attendent encore un plan de bataille clair.» En clair, le discours de mardi n’a pas rencontré l’écho qu’il aurait dû. En faisant appel à un champ lexical guerrier – «plan de bataille» pour combattre une marée noire qui «agresse nos côtes et nos citoyens» - Barack Obama voulait montrer qu’il y avait un capitaine à la barre, et combattre l’image d’impuissance qui lui colle aux chaussures alors que le pétrole continue de s’écouler.


    «Termes déconnectés»

    «Le fait qu’Obama ait choisi de faire son discours depuis le Bureau ovale souligne l'ampleur du désastre tant d'un point de vue écologique qu'économique dans la région du golfe», note de son côté le Washington Post. La Maison Blanche «ne veut pas d'une répétition des derniers mois de la présidence de Carter, quand ce dernier était considéré comme prisonnier des crises économiques et internationales qui tourbillonnaient autour de lui», ajoute le quotidien économique.

    Mais c’est pour mieux insister sur le fait que finalement, il «n'a parlé qu'en général, usant de termes déconnectés de la réalité pour appeler le Congrès à voter une réforme de l'énergie cette année».  Il «a consacré le dernier quart de son discours à l'adoption d'une loi sur l'énergie (...) mais il n'a pas exposé les contours spécifiques d'un nouveau texte de compromis et les moyens de le faire voter», renchérit USA Today.

    Publié le 17 juin 2010 à 07h38 | Mis à jour à 07h50

    Une rare victoire pour Obama

     

    Les temps sont durs pour le président américain,... (Photo: AFP)

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    Les temps sont durs pour le président américain, mais il peut désormais revendiquer une -rare- victoire dans sa «bataille» contre la marée noire après avoir obtenu de BP qu'elle place 20 milliards de dollars dans un compte bloqué pour dédommager les victimes de la catastrophe écologique.

    Photo: AFP

    Richard Hétu, Collaboration spéciale
    La Presse

    (New York) Au lendemain d'un discours à la nation qu'a froidement reçu la presse américaine, Barack Obama a pu revendiquer une rare victoire dans sa «bataille» contre la marée noire du golfe du Mexique en annonçant un accord par lequel BP placera 20 milliards de dollars dans un compte bloqué pour dédommager les victimes de la catastrophe écologique.

    Le président a confirmé cette entente après avoir rencontré pour la première fois depuis le début de la crise les dirigeants du groupe pétrolier, dont son président Carl-Henric Svanberg et son directeur général Tony Hayward.

     

    «Ces 20 milliards de dollars vont assurer que les demandes d'indemnisation des habitants et des entreprises seront honorées, a déclaré le chef de la Maison-Blanche aux journalistes. Il est important de souligner que ce n'est pas un plafond. Les gens du Golfe ont ma parole, BP répondra à ses obligations à leur égard.»

    L'entente n'empêchera pas les particuliers ou les entreprises touchés par la marée noire de recourir aux tribunaux pour obtenir des dédommagements.

    Peu après la brève intervention de Barack Obama devant les journalistes, le président de BP a annoncé la décision de son groupe de suspendre le versement de son dividende pour le reste de 2010, une autre demande de la Maison-Blanche. Il a également présenté ses excuses «au peuple américain» pour la catastrophe provoquée par l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon il y aura bientôt deux mois.

    «Cet accident tragique n'aurait jamais dû se produire», a déclaré Carl-Henric Svanberg.

    Le fonds d'indemnisation sera géré de façon indépendante par Kenneth Feinberg, ancien responsable du ministère de la Justice, qui a déjà été chargé par le président de superviser les salaires et primes des dirigeants d'entreprises ayant reçu une aide gouvernementale à la suite de la crise financière de 2008. Ce juriste a également dirigé le fonds d'indemnisation des victimes des attentats du 11 septembre 2001.

    Outre les 20 milliards de dollars que mettra de côté BP pour les victimes de la marée noire (à raison de 5 milliards par année au cours des 4 prochaines années), le groupe pétrolier s'est également engagé à verser 100 millions de dollars pour indemniser les travailleurs de l'industrie pétrolière qui chôment depuis l'annonce du moratoire sur les forages en mer.

    Dans son discours de mardi soir, le président Obama a déclaré que le fonds d'indemnisation allait servir à dédommager «les ouvriers et les entrepreneurs qui ont eu à souffrir de l'imprudence» de BP. Il a également appelé les Américains à rompre avec leur dépendance au pétrole et à se lancer dans une «mission nationale» pour assurer à leur pays un «avenir énergétique propre».

    La plupart des critiques du discours présidentiel ont déploré son manque de détails sur la façon de procéder à la transition vers des sources d'énergie plus propres. Plusieurs des alliés du président lui ont reproché de n'avoir pas prononcé les mots «changements climatiques» ou exposé les contours précis de la loi sur l'énergie et le climat qu'il voudrait voir le Sénat adopter.

    «Le président Barack Obama a déclaré la guerre à la marée noire qui se répand dans le golfe du Mexique mardi. Dommage que ses troupes attendent encore un plan de bataille clair», a écrit le site internet Politico.

    À l'opposé, les républicains ont accusé le président d'exploiter la catastrophe pour faire avancer son programme.

    La marée noire en chiffres 

    > Quantité de pétrole qui s'écoule du puits endommagé: de 35 000 à 60 000 barils par jour, selon les nouvelles estimations que le gouvernement américain a rendues publiques mardi.

    > Quantité de pétrole capté par l'entonnoir installé au-dessus du puits: 15 000 barils par jour, un nombre qui devrait passer à 50 000 barils par jour d'ici à la fin du mois de juin.

    > Nombre de kilomètres de côtes souillées: 190

    > Coût du nettoyage et des indemnisations: 1,6 milliard de dollars en date du 14 juin.

     

     

     

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    Marée noire: le forage des puits de secours prend de l'avance

    WASHINGTON - Le forage des puits de dérivation censés stopper la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique avance plus vite que prévu et pourrait être terminé avant mi-août, date initialement fixée, a indiqué jeudi le commandant des garde-côtes américains, Thad Allen.

    "Mi-août est la date qui a été ciblée, ils sont actuellement en avance sur le calendrier, mais je ne peux pas garantir que ce sera plus tôt", a dit l'amiral Allen, soulignant la complexité de l'opération.

    "Nous devons être très prudents au sujet de dates-butoirs définitives", a-t-il ajouté.

    Le groupe britannique BP, qui exploitait la plateforme qui a explosé le 20 avril, provoquant la pire marée noire de l'histoire du pays, a entrepris le forage de deux puits de dérivation pour stopper définitivement le flux de pétrole. Les autres solutions mises en oeuvre par BP n'ont pour l'instant que permis de limiter l'écoulement.

    L'amiral Allen a également indiqué jeudi que BP sera en mesure de récupérer 28.000 barils de pétrole par jour en début de semaine prochaine, alors que la fuite déverse jusqu'à 60.000 barils chaque jour dans le golfe du Mexique.

    Actuellement, quelque 15.000 barils de pétrole, soit 2,4 millions de litres de brut, sont récupérés chaque jour par BP.

    Par ailleurs, l'amiral Allen s'est rendu au Congrès jeudi pour une réunion d'information bicamérale de près d'une heure sur la marée noire.

    Plusieurs élus ont exprimé leur satisfaction à l'issue de la réunion à l'image du sénateur républicain Lamar Alexander qui a qualifié l'amiral de "compétent" et "direct". "Nous avons de la chance de l'avoir", a ajouté le sénateur, numéro trois de la minorité républicaine.

    Interrogé ensuite par la presse sur des déclarations de Billy Nungesser, le président du comté de Plaquemines en Louisiane, qui demande son départ, l'amiral a répondu: "Je suis dans le service public depuis longtemps, j'ai toujours apprécié les remarques constructives et je sers le président avec plaisir".

    Le comté de Plaquemines est le plus touché par le pétrole qui s'écoule depuis le 22 avril dans le golfe du Mexique.

    Thad Allen a ensuite indiqué qu'il disposait désormais d'estimations plus fines de la quantité de pétrole qui s'échappe du puits, après avoir notamment fait analyser les vidéos dans un centre informatique ultra-sophistiqué et après avoir fait appel à des sonars et engins acoustiques pour évaluer la densité.

    "Nous en sommes maintenant autour de 60.000 (barils par jours) en estimation haute et une estimation basse probablement dans les 30.000", a-t-il dit.

    (©AFP / 17 juin 2010 19h35)

     

     

     

     

    Marée noire  : chronologie des événements

    [ 17/06/10  - 11H43  - Les Echos  - actualisé à 14:44:36  ]

    Tout a commencé le 20 avril avec l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, à 60 km des côtes de Louisiane.

    LES ECHOS

    20 avril 2010 -Une explosion, suivie d'un incendie, se déclare sur Deepwater Horizon, plate-forme de forage semi-submersible (maintenue en place grâce à des hélices), propriété de Transocean mais louée par BP jusqu'en septembre 2013 . L'accident intervient à la suite d'une tentative de déplacement de la plateforme pour effectuer un nouveau forage. Mais la valve de sécurité qui régule la pression du puits d'origine dysfonctionne...

    22 avril 2010 -La plateforme accidentée est située à environ 70 km au large de la Nouvelle-Orléans. Elle coule à 1 500 m de fond. Onze personnes sur les 126 présentes sur la plateforme décèdent. Les familles de deux travailleurs disparus portent d'ores et déjà plainte contre BP et Transocean devant les tribunaux fédéraux et devant les tribunaux de l'Etat de Louisiane ; en cause la négligence et le non-respect des règlements fédéraux.

    26 avril 2010 -La fuite de pétrole détectée est évaluée à 1 000 barils par jour par BP. Elle sera rapidement revue à la hausse. L'accident ravive le débat sur les forages aux Etats-Unis.

    28 avril 2010 -Deux entreprises de pêche de crevettes déposent une class action contre Transocean, BP, Halliburton Energy Services Inc. et Cameron International Corporation. Elles réclament 5 millions de dollars de dommages et intérêts.

    29 avril 2010 -Le gouverneur de Louisiane Bobby Jindal déclare l'état d'urgence. Plus de 1 000 membres de la Garde nationale sont dépêchés dans l'Etat de la Louisiane par Barack Obama qui déclare la marée noire «catastrophe nationale».

    30 avril 2010 -Le 30 avril 2010, les premières boulettes de pétrole brut sont repérées sur les plages de Louisiane.

    4 mai 2010 -Les premières estimations des réassureurs font état d'un coût total pour le secteur de 1 à 1,5 milliard de dollars.

    6 mai 2010 -Les sénateurs démocrates déposent une proposition de loi qui porterait de 75 millions à 10 milliards de dollars le seuil des remboursements des dommages que doit payer un pétrolier en cas de marée noire, hors coûts de nettoyage. La future mise en place d'un couvercle sur la fuite est annoncée.

    8-9 mai 2010 -Mise en place du «couvercle» sur la fuite de pétrole, puis retrait du couvercle.

    12 mai 2010 -La commission de l'Energie de la Chambre des représentants auditionne le directeur général de Transocean, le président de BP aux Etats-Unis, et le PDG de Halliburton qui a fourni toute une série de prestations.

    17 mai 2010 -Première victime politique de la marée noire : Chris Oynes, directeur du Mineral Management Service (MMS), organisme fédéral responsable de la délivrance des permis de forage en haute mer, annonce son départ à la retraite, deux jours après les critiques de Barack Obama à l'encontre de cet organisme. Le président américain annonce la création d'une commission présidentielle pour enquêter sur la marée noire dans le golfe du Mexique.

    19 mai 2010 -Obama annoncé la création d'une commission d'enquête indépendante, sur le modèle de celle créée après la catastrophe de Three Mile Island en 1979.

    21 mai 2010 -La fuite plus importante que prévu ? BP indique que sont désormais pompés 5.000 barils de brut par jour du puits situé dans le golfe du Mexique. Le groupe a reconnu pour la première fois que la fuite était plus importante que l'estimation de 5.000 barils avancée jusqu'à présent. L'Agence américaine pour la protection de l'environnement (EPA) ordone à la compagnie pétrolière d'utiliser des dispersants moins toxiques dans un délai de trois jours.

    25 mai 2010 -Les critiques enflent vis-à-vis du pétrolier britannique. BP se voit reprocher son manque d'anticipation vis-à-vis des possibilités d'accidents dans une grande profondeur d'eau. Des représentants Démocrates demandent l'arrêt de sa plate-forme Atlantis en opération dans le golfe du Mexique. Washington presse BP de juguler la marée noire. BP annonce une nouvelle tentative de colmatage baptisée «Top kill».

    27 mai 2010 -BP tente un colmatage à hauts risques. Face à la montée des critiques sur la gestion de la marée noire, l'annonce d'un renforcement des procédures de délivrance des permis de forage en mer est attendue.

    28 mai 2010 -Nouvelle tentative de colmatage. De la boue, des débris sont injectés dans le puits de pétrole pour boucher la fuite à l'origine de la marée noire. BP se laisse 48 heures pour valider les résultats.

    30 mai 2010 -Mais BP est contraint d'annoncer un nouvel échec. «Après trois jours continus d'essais, nous avons été dans l'incapacité de contenir la fuite» reconnaît le directeur général de BP chargé des opérations. Le nouveau revers est qualifié de «navrant» et de «déchirant» par Obama.

    31 mai 2010 -Le «plan B» prévu par BP pour colmater le puits de pétrole endommagé dans le golfe du Mexique pourrait accroître de 20% la quantité de brut qui s'en échappe, fait savoir la Maison blanche.

    1er juin 2010 -Les autorités américaines et BP avertissent que du pétrole pourrait continuer à se déverser dans le golfe du Mexique jusqu'à l'installation de puits secondaires... soit jusqu'en août. Objectif avec ces puits secondaires : atténuer la pression qui s'exerce sur le puits principal pour pouvoir le sceller définitivement et stopper l'écoulement de millions de litres de brut.

    2 juin 2010 -Les échecs répétés de BP alarment sérieusement les investisseurs. Ce jour-là, BP s'effondre à la Bourse de Londres. Depuis le jour de l'accident, la capitalisation boursière est réduite de 70 milliards de dollars. Les Etats-Unis ouvrent une enquête judiciaire au civil et au pénal. Barack Obama promet que les responsables de la marée noire rendront des comptes. Selon les analystes de Credit Suisse, la facture pourrait désormais atteindre 37 milliards de dollars au total, soit trois années de cash-flow net (les coûts de nettoyage pourraient s'élever entre 15 et 23 milliards et les frais juridiques liés aux plaintes pourraient atteindre 14 milliards).

    3 juin 2010 -BP réussit une première opération pour stopper la marée noire. Des robots sous-marins sont parvenus à couper la colonne montante du puits.

    4 juin 2010 -L'entonnoir est désormais posé. La question est de savoir quelle sera l'efficacité du nouveau système. Barack Obama se rend en Louisiane pour tenter d'apaiser la colère des populations locales.

    6 juin 2010 -BP a réussi à capturer plus de la moitié de la fuite mais la diffusion en boucle sur CNN des images de pélicans englués n'arrive pas à dédramatiser la situation. Une première « facture préliminaire » de 69 millions de dollars a été adressée à BP par l'administration fédérale pour couvrir les premiers coûts de nettoyage assumés par le contribuable. BP tient sa première conférence avec les analystes financiers depuis la catastrophe. Le PDG ne se prononce pas sur le dividende. Les autorités locales s'alarment de la décision d'imposer un moratoire sur le forage en eaux profondes et de la fermeture conséquentes de 33 plates-formes exploratoires dans le golfe du Mexique.

    8 juin 2010 -Nouveau « coup de gueule » de Barack Obama. Le président Barak Obama met la pression sur le patron de BP, Tony Hayward, en déclarant, sur la chaîne ABC, savoir parfaitement « quel derrière botter » dans cette affaire.

    9 juin 2010 -Washington somme BP de clarifier ses plans Face à l'avalanche de critiques d'experts sur la gestion de la crise par BP, les autorités fédérales ont sommé hier le groupe pétrolier de clarifier ses plans pour limiter la fuite. Face au navire qui récupère déjà quelque 15.000 barils de brut par jour, le corps des gardes-côtes met en demeure BP, dans une lettre rendue publique de « faire état de ses plans concernant ses initiatives parallèles, continues et alternatives de récupération du pétrole, dans les soixante-douze heures ».

    10 juin 2010 -Pour l'Agence internationale de l'énergie, la marée noire peut « changer la donne dans le domaine de la production pétrolière ». Les experts de l'Agence estiment que cet accident pourrait éliminer jusqu'à 300.000 barils équivalent pétrole de production offshore dans le golfe du Mexique à l'horizon de 2015. Une estimation fondée sur une hypothèse simple : un retard de un à deux ans pour tous les nouveaux projets offshore dans la région.

    11 juin 2010 -Londres monte au créneau pour soutenir BP dans la presse.

    12 juin 2010 - Entretien téléphonique Obama-Cameron. Le président américain assyre au Premier ministre britannique David Cameron qu'il n'a «aucun intérêt à saper» la valeur boursière de la compagnie BP après la marée noire qui souille le golfe du Mexique.

    13 juin 2010 -Barack Obama va réclame aux dirigeants de BP la mise en place d'un fonds qui sera destiné à régler les dommages et intérêts qui seront réclamés par les particuliers et les entreprises affectés par la marée noire qui touche le golfe du Mexique, rapporte une source proche du dossier. Le dividende de BP est également dans le collimateur du président américain.

    14 juin 2010 -BP annonce que la marée noire lui a déjà coûté 1,6 milliard de dollars et qu'il va commencer à mettre en place un nouveau mécanisme pour récupérer davantage de pétrole brut de son puits endommagé. Le groupe précise avoir reçu 51.000 demandes de dédommagement et avoir déjà effectué plus de 26.500 versements, représentant plus de 62 millions de dollars. Obama entame sa 4e visite dans le Golfe du Mexique. L'accident du golfe du Mexique « aurait pu être évité », affirme le patron de Chevron, le deuxième pétrolier américain,

    15 juin 2010 -Alors que doit témoigner devant une commission d'enquête parlementaire américaine, Lamar McKay, le patron de BP America, deux des membres de la commission expose dans une lettre les principales conclusions de leur enquête. Ils estiment notamment que des précautions ont été négligées par souci d'économie et de gain de temps. L'agence Fitch abaisse de six crans la note de BP en raison de la hausse du coût estimé pour l'indemnisation des victimes. Barack Obama intervient en prime time à la télévision pour évoquer la marée noire.

    16 juin 2010 -Les dirigeants de BP, Carl-Henric Svanberg, président non-exécutif et Tony Hayward, directeur général, sont reçus avec quelques autres responsables à la Maison Blanche. BP s'engage à bloquer 20 milliards de dollars sur plusieurs années pour indemniser les victimes.

    Consulter le diaporama Marée noire

     

     

     

     

    Marée noire: "personne ne connaît exactement" la quantité de pétrole en fuite, selon le président de BP

     

    STOCKHOLM (AP) — "Personne" ne connaît "exactement" la quantité de pétrole s'échappant du puits en fuite à 1.500m de profondeur au large de la Louisiane, a affirmé le président de BP Carl-Henric Svanberg dans une interview diffusée jeudi par la télévision suédoise.

    Les estimations précises sont difficiles à établir, explique le président suédois du groupe pétrolier britannique. "Ce dont nous disposons sont ces vidéos (sous-marines de la fuite, NDLR), et nous avons des images satellite pour voir comment évolue la fuite de pétrole. Et à partir de là vous faites une évaluation, et bien sûr personne ne peut dire exactement la quantité (de pétrole) en fuite", a-t-il ajouté.

    M. Svanberg estime que la fuite provoquée par l'explosion le 20 avril de la plate-forme Deepwater Horizon sera comblée "d'ici la fin de l'été". Le président de BP a été critiqué pour son silence durant la crise, et pour avoir affirmé, mercredi, que le groupe pétrolier se souciait des "petites gens" du Golfe du Mexique.

    Selon des documents récemment révélés, dont l'Associated Press a pu prendre connaissance, BP estime que jusqu'à 9,5 millions de litres de pétrole par jour pourraient se répandre dans le Golfe du Mexique, un chiffre beaucoup plus élevé que les estimations faites publiquement par le groupe pétrolier. Cette estimation semble avoir été réalisée en mai.

    D'après les chiffres communiqués mardi par une commission scientifique gouvernementale, la fuite atteint entre 5,56 et 9,54 millions de litres par jour, plus que les dernières estimations, et jusqu'à 439 millions de litres pourraient déjà s'être répandus dans le golfe du Mexique.

    BP a commencé mercredi à faire brûler du pétrole siphonné du puits, avec pour objectif d'incinérer entre 800.000 et 1,6 million de litres de brut chaque jour une fois que le système sera complètement opérationnel. Un puits secondaire, en cours de forage, doit être installé pendant l'été afin de faire cesser totalement la fuite. AP

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    Le poisson pancake victime de la marée noire

     

    Créé le 17.06.10 à 17h07 -- Mis à jour le 17.06.10 à 17h07

    Le platax à lèvres rouges, proche cousin du poisson pancake.

    Le platax à lèvres rouges, proche cousin du poisson pancake. Hal Beral KCA/SUPERSTOCK/SIPA

    MAREE NOIRE - A peine découvert, il pourrait déjà disparaître...

    Il n’est pas très photogénique et se cache dans les profondeurs du Golfe du Mexique. Le poisson pancake, nommé ainsi à cause de sa forme plate et ronde, pourrait être une victime méconnue de la marée noire qui touche la Louisiane. Selon les scientifiques, le pétrole qui se dépose en profondeur pourrait faire disparaître ce poisson, qui joue un rôle important dans la chaîne alimentaire.

    Des pancakes avec des pieds

    D’aspect étrange, ce poisson se déplace en utilisant ses petites nageoires, ressemblantes à des pieds, pour ramper sur les fonds marins. Prosanta Chakrabarty, professeur en biologie marine à l’Université de Louisiane, a eu la chance d’en croiser quelques spécimens lors d’une exploration en eaux profondes à l’automne dernier: «Ils ressemblent à des pancakes avec des pieds. Ils sont bizarres par leur apparence et par la manière dont ils se comportent».

    A peine découvert par les biologistes, le poisson pancake n’a pas encore été répertorié en tant qu’espèce. On ignore combien de spécimens existent et quel rôle ils jouent exactement dans la chaîne alimentaire. Il semblerait que les thons et les marlins s’en nourrissent. Le poisson pancake serait lui friand de petits invertébrés qui peuplent les fonds marins, dont la disparition causée par la marée noire pourrait remettre en cause son existence.

    Pas encore répertorié, déjà disparu

    Les chercheurs sont d’autant plus exaspérés par les conséquences de la marée noire qu’ils estiment que 98% de la vie marine du Golfe du Mexique est encore inconnue, et pourrait bien l’être pour toujours: «L’ensemble de la vie sur Terre est un grand livre. Toutes les espèces disparues sont des pages arrachées de ce livre qui façonne notre histoire» déplore Prosanta Chakrabarty.

    Le biologiste américain est actuellement en train de rédiger la description du poisson pancake, dont l’espèce devrait être officiellement reconnue en Août prochain. Peut-être comme une espèce disparue...

     

     

     

    Barack Obama et Tony Hayward englués dans la marée noire
     

    L’audition, jeudi, de Tony Hayward au Congrès fait figure de test pour le directeur général de BP, mais aussi pour le président américain. Les deux hommes ont été pris de court par la marée noire. Leur stratégie les a menés au centre des critiques.

    Par Sébastian SEIBT (texte)
     

    L’un est devenu le roi de la communication maladroite, l’autre se voit reprocher de ne pas en faire suffisamment. Pour le directeur général de BP, Tony Hayward, et le président américain Barack Obama, la marée noire n’est pas seulement une catastrophe écologique. Alors que Tony Hayward s’apprête jeudi à faire face à la colère du Congrès américain, la gestion de la crise par les deux hommes est de plus en plus pointée du doigt.

    Dès le départ, le spectre de l’ouragan Katrina est, très vite, venu s’installer au-dessus de la tête de Barack Obama. Georges W. Bush s’était rendu trop tard à la Nouvelle Orléans ; l’actuel président américain aurait-il commis le même faux pas après la marée noire ? Il n’est allé en Louisiane que 10 jours après la catastrophe. Certes, l’administration démocrate va déployer dans la première quinzaine de mai 22 000 personnes sur place, mais pour l’essentiel, la direction des opérations est laissée à BP.

    Une erreur. Le groupe pétrolier britannique non seulement multiplie les échecs sur le terrain, mais ses relations publiques font flop sur flop. La faute à Tony Hayward. "Il a été totalement incapable de réagir vite et bien", confirme à France24.com le britannique Khalid Aziz, auteur de 'Gérer sa communication de crise'". Au fil des jours et des semaines, ses interventions publiques vont donner lieu à des "best of" de ses bourdes. Ses premières sorties, fin avril, sur "l’impact limité" de la marée noire et sur son désir "de retrouver sa vie d’avant" restent encore en travers de la gorge des habitants de la Louisiane.

    Réunion de crise

    Il faudra près d’un mois à la Maison Blanche pour comprendre que l’opinion publique associe le sort de l’autorité fédérale aux maladresses du pétrolier pollueur. Mi-mai, des sondages publiés par CBS et CNN montrent qu’une majorité d’Américains jugent dorénavant de manière négative l’action de Barack Obama. Ou plutôt son inaction. En effet, le principal reproche adressé au président américain est de ne pas en faire assez. Le 25 mai, la Maison Blanche tente de rectifier le tir. Une réunion de crise est organisée dans le Bureau ovale pour ajuster son discours et prendre ses distances avec BP.

    Barack Obama organise une conférence de presse trois jours plus tard, sa deuxième seulement depuis juillet 2009, et décide de se rendre pour la deuxième fois en Louisiane. Il muscle son discours et s’autoproclame "responsable en chef" des opérations sur place. De son côté, BP aussi tente de réagir à son déficit d’image. Le géant britannique engage une nouvelle chargée des relations publiques et axe davantage son discours sur la détresse des victimes. Il va même jusqu’à acheter des mots clefs sur Google pour améliorer la visibilité de son message…

    "Virer Tony Hayward"

    Problème pour Tony Hayward : le président américain a décidé de sortir la grosse artillerie contre le groupe pétrolier. Les conservateurs ont, en effet, mis à contributiontous leurs flingueurs politiques pour brocarder Barack Obama et invoquer une supposée collusion avec BP… Ainsi Sarah Palin s’étonne-t-elle du manque de réactivité de la Maison Blanche et demande à ce que son locataire l’appelle pour qu’elle lui donne des conseils… Même des démocrates pressent le président de prendre des mesures concrètes.

    Ce dernier décide donc de taper sur BP : "Il faudra que BP paie", "si Tony Hayward avait été dans mon administration, il aurait été licencié". La charge est claire et éloignée des déclarations de début mai, lorsque Barack Obama expliquait que BP "faisait tout ce qu’il pouvait".

    L’offensive de la Maison Blanche n’a pas encore inversé la tendance dans l’opinion. Un sondage d’Associated Press du 15 juin montrait que 52 % des Américains demeuraient critiques à l’égard de l’action présidentielle. Est-ce que le fait qu’il a obtenu l’assurance que BP paiera 20 milliards de dollars aux victimes pourra infléchir la tendance ? En tout cas nul doute, dans cette atmosphère, que Tony Hayward ne va pas être épargné au Congrès ce jeudi.

     

    EMMANUEL GRASLAND

    Marée noire, le Tchernobyl de l'industrie pétrolière ?

    [ 16/06/10  - 01H00  - Les Echos  - actualisé à 00:36:59  ]5 commentaire(s)

    EMMANUEL GRASLAND EST JOURNALISTE AU SERVICE INDUSTRIE DES « ECHOS ».

    Le 20 avril, l'explosion puis le naufrage de la plate-forme de pétrole Deepwater Horizon ont entraîné les Etats-Unis dans une crise politique et écologique d'un nouveau genre. L'accident du golfe du Mexique est différent des marées noires précédentes pour deux raisons : il s'inscrit dans la durée et dresse un constat d'impuissance de la technologie.

    Jusqu'à présent, les marées noires étaient essentiellement liées aux naufrages de cargos pétroliers. L'accident durait quelques jours. Mais le volume de pétrole rejeté à la mer était fini. Ici, chaque jour qui passe accroît l'ampleur de la catastrophe. En 1989, le naufrage de l' « Exxon Valdez » a rejeté 257.000 barils de pétrole. Au cours du mois de mai, le puits endommagé au large de la Louisiane dégorgeait ce volume en l'espace de six à douze jours, selon les dernières estimations.

    Pour mettre un terme à la marée noire, BP a tout tenté. Une cloche de confinement aux allures de prototype, un tube aspirant conçu dans l'urgence, une injection de boue et de ciment sous très haute pression… La dernière méthode, le cisaillement du tube d'évacuation et la mise en place d'un caisson sur la tête de puits, permet désormais de récupérer l'équivalent de 15.000 barils de pétrole par jour. La capacité de collecte de BP va quasiment doubler d'ici à la fin juin. Mais, pour véritablement colmater la fuite via une injection de ciment, il faudra attendre le mois d'août et la réalisation de deux puits de secours.

    Ce constat d'impuissance est particulièrement choquant pour l'opinion publique américaine parce qu'il va à l'encontre d'une culture qui a toujours célébré la toute-puissance de la technologie. Au pays de la mission Apollo 11 et de la Silicon Valley, le volontarisme tient lieu de valeur clef. Comment, dès lors, accepter l'impuissance de BP alors même que le pétrolier dispose d'énormes moyens financiers ? BP a dégagé 17 milliards de dollars de profit en 2009 et investit chaque année 20 milliards de dollars. Ebranlée dans sa vision des choses, l'opinion publique américaine risque fort d'aboutir à une conclusion simple : le groupe britannique est incompétent. Une idée qui ne déplairait ni à un président Obama soucieux de trouver un bouc émissaire, ni à des pétroliers américains désireux de se distinguer de BP.

    Pourtant, ce constat d'impuissance n'affecte pas seulement BP mais l'industrie pétrolière tout entière. La plupart des grandes compagnies ont fourni des équipements ou délégué des experts auprès de BP. Mais aucune n'a de solution miracle. Les technologies de captage de pétrole ne sont pas matures à cette profondeur. L'industrie n'a pas anticipé ce type d'accident, même si plus d'un professionnel se doutait qu'il arriverait un jour avec le développement de l'offshore profond.

    Les moyens de lutte contre la pollution relèvent aussi de l'expérimentation. L'utilisation massive de produits dispersants à la source de la fuite a limité l'afflux de pétrole à la surface mais a créé des nappes sous-marines de pétrole dégradé, dont l'impact sur l'écosystème s'avère inconnu.

    Enfin, BP a beau concentrer les critiques, on peut se demander ce qui se serait passé si l'opérateur avait été un acteur de second rang comme les américains Anadarko, Murphy ou Hess. Voire une petite société. L'offshore profond n'est pas l'apanage des grands. Fin 2010, le britannique Tullow va débuter l'exploitation de l'énorme gisement de Jubilee, au large des côtes du Ghana. La société compte 670 employés dans le monde. En cas de souci, qui interviendra ? L'armée ghanéenne ?

    BP mettra probablement un terme à l'éruption du puits au mois d'août. Quelles seront les conséquences de cette tragédie pour l'industrie ? Après ses marchés financiers, l'Amérique va réglementer sa production offshore. L'administration va scinder l'attribution des licences d'exploration et les contrôles de sécurité, et revoir les règles en vigueur. Ce durcissement va entraîner une augmentation des coûts opératoires. Le plafond des sommes susceptibles d'être payées en plus des coûts de nettoyage sera revu à la hausse. Ce qui favorisera les poids lourds du secteur.

    Mais l'offshore profond va continuer de se développer. Compte tenu de l'ampleur des enjeux financiers, le coup de frein ne sera que temporaire. A l'instar de ce qui s'est déjà produit dans le passé. Aux yeux des pétroliers, l'ampleur de la catastrophe s'apparente au naufrage de la plate-forme Piper Alpha en 1988 en mer du Nord. L'accident, qui avait fait 167 morts, avait entraîné une redéfinition de la réglementation britannique avec l'implémentation de plus d'une centaine de nouvelles procédures de sécurité et de maintenance. Mais il n'avait pas freiné le développement de la mer du Nord. Dans le nucléaire non plus, la catastrophe de Tchernobyl n'a pas entraîné la fermeture de toutes les centrales et n'empêche pas, vingt-quatre ans plus tard, qu'on en construise d'autres… Mais les dégâts et le traumatisme ont été suffisamment grands pour amener les industriels de l'atome à repenser leurs pratiques, enterrant au passage le mythe de l'infaillibilité technologique… Face à la marée noire, une remise en question de ce type s'impose aujourd'hui à tous les acteurs du secteur pétrolier.

     

    Avec la marée noire, une polémique sur l'extraction du gaz de roche enfle

    LONDRES - Dans le contexte de la marée noire, défenseurs de l'environnement et producteurs de gaz s'affrontent au sujet du gaz de roche, une énergie en plein essor aux Etats-Unis, défendue comme une source alternative plus propre que le pétrole, mais critiquée pour les risques sur les nappes phréatiques.

    "Le développement du gaz de roche associe des techniques de forages horizontaux à la fracturation de la roche par un mélange d'eau et de produits chimiques. L'opinion publique (américaine) est-elle actuellement en état de soutenir ces méthodes +on shore+, si elles posent problème?", s'interroge Paul Horsnell, analyste chez Barclays Capital, dans une note consacrée à l'impact de la marée noire du golfe du Mexique.

    Enfermé dans des couches de schistes, le gaz de roche (ou de schistes) était il y a encore quatre ans une source d'énergie confidentielle. Mais l'apparition de nouvelles technologies a révolutionné le paysage américain et même mondial de l'énergie: les Etats-Unis ont récupéré 20 à 30 ans de consommation de gaz et pourraient, à court terme, voler à la Russie leur titre de premier producteur mondial, selon le rapport Cyclope, supervisé par Philippe Chalmin, professeur d'économie à Paris-Dauphine.

    Selon l'agence américaine de l'énergie, 7,6 trillions de mètres cubes de gaz non conventionnel resteraient à découvrir aux Etats-Unis.

    Mais tandis que les techniques non-conventionnelles gagnaient en importance, "les questions environnementales qui les entourent ont suivi la même tendance", a souligné récemment dans une étude Daniel Yergin, président du cabinet IHS Cera et auteur d'un best seller sur l'histoire du pétrole (The Prize).

    L'extraction du gaz de schistes soulève en effet deux problèmes liés à l'eau: le danger que le mélange d'eau et de produits chimiques injectés dans la roche ne s'infiltrent dans les nappes d'eau potable et la gestion des eaux usées une fois que le gaz a été récupéré.

    Alerté par les défenseurs de l'environnement, le Congrès américain a commandé à l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA) une étude complète sur l'impact environnemental de ces forages.

    L'inquiétude sur ces forages s'est accrue début juin après une explosion dans le gisement de Marcellus, en Pennsylvanie.

    En un ralliement opportuniste aux idées écologistes, le patron du géant gazier russe Gazprom - qui défend son marché - a récemment souligné la dangerosité pour l'eau potable de l'extraction du gaz de schistes.

    Mais la marée noire apporte aussi de solides arguments au lobby des producteurs de gaz.

    Face aux côtes souillées de la Louisiane et aux dégâts massifs et durables que causera la marée noire du puits BP de Macondo, les risques liés à l'exploitation terrestre du gaz de schistes semblent un moindre mal.

    Et à l'heure où le président Obama entend faire basculer le pays dans les énergies "propres", le gaz naturel apparaît comme une source d'énergie abondante, bon marché et émettant moins de CO2 que le pétrole.

    A terme, les atouts du gaz naturel devraient largement l'emporter sur les risques environnementaux liés à son extraction, estime ainsi Laurent Key, analyste à la Société Générale.

    "Des fonds importants sont actuellement consacrés à la conversion de flottes de transport du pétrole vers le gaz naturel", souligne-t-il.

    Le potentiel de ce nouveau type d'énergie n'a pas non plus échappé aux géants du secteur: fin mai, le groupe anglo-néerlandais Shell a annoncé l'acquisition de la société américaine East Ressources pour près de 5 milliards de dollars.

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    (©AFP / 17 juin 2010 17h42)

     

    Glee - " Over the Rainbow " contre la marée noire  : une vidéo

    L'ONG américaine, "The Environnemental Defense Fund" (EDF) vient d'obtenir l'autorisation par la Fox d'utiliser la chanson du générique de la série à succès Glee pour nous alerter sur les ravages que cause la marée noire sur les côtes de la Louisiane.

    Glee le meilleur moyen pour sensibiliser les adolescents

    David Yarnold, le directeur de « The Environnemental Defense Fund » explique qu'il a eu l'idée d'associer la chanson « Over the Rainbow » de la série Glee en rentrant d'une inspection dans la Golfe du Mexique. 

    « La chanson « Over the rainbow » de la série Glee est une très belle chanson. En y associant les images terribles de cette catastrophe je veux rappeler à tous que nous devons lutter pour laisser à nos enfants un monde meilleur » a déclaré David Yarnold sur son blog.

    D'autres infos Peoples et marée noire

    Ian Somerhalder veut plus d'argent pour la marée noire

     

    Aux Etats-Unis les stars s'impliquent de plus en plus pour récolter des fonds pour lutter contre la marée noire qui ravage les côtes du Golfe du Mexique.

    Si un téléthon va être organisé la semaine prochaine sur les grandes chaines nationales du pays, certaines vedettes regrettent l'absence d'autres stars.

    C'est le cas de Ian Somerhalder, la star de « Vampire Diarie » et de Bone dans la série « Lost », qui se demande pourquoi Hollywood ne fait pas plus pour la protection des côtes de la Louisiane.

    Mais où sont Brad Pitt et Léonardo di Caprio ?
    Dans une interview, Ian Somerhalder, voudrait bien savoir ou est passé Brad Pitt et Léonardo di Caprio que l'on entend peu sur ce sujet.
    Ian Somerhalder estime tout de même que le téléthon, animé par Larry King est un bon moyen pour lever des fonds et agir pour la biodiversité locale.


    Ian Somerhalder qui vient d'ailleurs d'enregistrer un spot télé pour attirer l'attention du public sur le sort des pélicans bruns dont les nids et les aires de reproductions sont affectés par le pétrole


    D'autres infos people et Marée noirée :

    La série à succès Glee pour sensibiliser les ados aux ravages de la marée noire.

    David Charvet s'engage auprès de "Blue Seal".

     

     

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