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    Planète bleue est aux anges

    La libraire Myriam Barbier a retrouvé tout son sourire depuis que son commerce, Planète bleue, au 54 rue Saint-Nicolas, a rouvert ses portes une fois les dégâts occasionnés par le déferlement de la tempête Xynthia eurent été réparés. Samedi, afin de fêter la reprise effective depuis le 13 mars, la petite boutique accueillait amis et clients, dont « beaucoup m'ont soutenu et s'inquiétaient de l'avenir », indique Myriam Barbier.

    Rappelant que d'autres commerces de la rue ont été frappés de plein fouet durant la nuit de fin février, « dont la librairie Gréfine et la librairie nautique et de livres d'occasions », la patronne de Planète bleue précise qu'elle diversifie son activité avec la part nautique (dont les cartes) que la librairie voisine précitée abandonne. La diversification est logique puisque la Rétaise Myriam Barbier est la petite-fille du gardien de phare des Baleines.

     

    Odette Baudier de retour au conseil municipal

      Odette Baudier siégera de nouveau au conseil municipal.      
photo yvon vergnol

    Odette Baudier siégera de nouveau au conseil municipal. photo yvon vergnol

    À la suite de la démission de Claudine Hamon, élue majoritaire sur la liste du maire Michel Parent (démission pour raisons personnelles liées, entre autres, aux conséquences de la tempête Xynthia), Odette Baudier, suivante sur la liste, fait son retour au Conseil municipal où elle siégea déjà de 1997 à 2008.

    Rappelons qu'Odette Baudier est par ailleurs correspondante depuis dix-sept ans de l'Unicef pour l'île d'Oléron, vice-présidente de l'Association des donneurs de sang bénévoles du Château et de la chorale Chantoléron.

    Ce retour devrait être officialisé mardi, lors du Conseil municipal.

     

    Un après-midi dansant solidaire

      Edmond Duplan chante pour la Croix-Rouge.  Photo Henri Portes

    Edmond Duplan chante pour la Croix-Rouge. Photo Henri Portes

    À l'initiative de la section locale de la Croix-Rouge française, l'après-midi dansant avec la prestation d'Edmond Duplan a rassemblé, au hall de la Maison de tourisme, plus de 70 participants.

    Le chanteur bigourdan, après avoir animé bénévolement le Noël des anciens, lors de l'opération Tous en fête organisée par la Croix-Rouge locale, est revenu apporter son soutien à cette opération humanitaire. L'auteur-compositeur de plus de 200 chansons a amené dans ses bagages l'air pur des Pyrénées, son enthousiasme et partagé son humour avec le public. Les bénéfices de ce moment festif seront intégralement reversés au profit des victimes de la tempête Xynthia.

    La prochaine opération de la Croix-Rouge cazaubonnaise sera une braderie qui aura lieu le jeudi 22 avril, de 9 heures à 12 heures et de 14 heures à 18 heures, au local de la section.

    Les élus votent une légère hausse des impôts

    Lors du dernier conseil municipal, les élus ont voté à l'unanimité des comptes administratifs 2009 : commune, Centre communal d'action sociale (CCAS), eau potable. Le compte administratif de la commune présente un résultat de clôture en fonctionnement de 121 071 euros, en investissement de - 69 697 euros, soit un excédent global de clôture de 69 575 euros.

    Le Conseil a ensuite décidé d'augmenter le taux des 3 taxes (habitation, foncier bâti, foncier non bâti) de 0,5 % à la majorité des voix, moins une voix contre. la taxe d'habitation passe donc de 7,11 à 7,15 ; le foncier bâti de 13,39 à 13,46 et le foncier non bâti de 65,96 à 66,29.

    Pour 2010, le budget de la commune s'équilibre en recettes et dépenses de fonctionnement à 325 892 euros et à l'investissement à 123 393 euros. Il est approuvé par l'assemblée communale.

    Aide. Le Conseil municipal a voté une aide de 250 euros au Centre communal d'action sociale (CCAS) de la Faute-sur-Mer et de l'Aiguillon-sur-Mer, communes sinistrées suite au passage de la tempête Xynthia. Le maire rappelle que les habitants de la commune qui souhaiteraient faire un don par chèque, peuvent le déposer auprès du secrétariat de la mairie. Communauté de communes Val de Garonne. Les élus ont adopté le transfert des charges de voies nouvelles dans l'intérêt communautaire pour les communes de Birac-sur-Trec, Fauguerolles, Gontaud-de-Nogaret, Meilhan-sur-Garonne, Saint-Martin-Petit et Villefranche. CAE passerelle. Le Conseil a décidé d'étendre le contrat d'insertion pour les jeunes de 16 à 25 ans de 20 heures à 32 heures hebdomadaire, depuis le 1er avril et jusqu'au 31 juillet.

     

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  • lundi 19 avril
     
     
    19 avril 2010 06h00 | Par Didier Faucard 0 commentaire(s)

    « L'administration doit faciliter la reconstruction des tonnes »

    La Fédération départementale a tenu son assemblée générale à Saintes. Les dégâts du grand gibier et l'après Xynthia ont été évoqués.

      La Fédération souhaite que l'administration facilite la 
reconstruction des tonnes détruite par la tempête.  Photo / Archives J.L

    La Fédération souhaite que l'administration facilite la reconstruction des tonnes détruite par la tempête. Photo / Archives J.L

    Habituel terrain de jeu des fêtards du week-end, la salle du complexe Vegas accueillait, samedi matin, un tout autre public. La grande famille de la chasse s'est retrouvée, autour de la Fédération départementale, afin de sacrifier à la traditionnelle assemblée générale du dernier exercice d'activités (1er juillet 2008-juin 2009). Le bon moment pour mesurer le poids de cette activité de loisirs qui demeure, malgré une érosion, importante en Charente-Maritime.1 Une formation accélérée
  • On dénombre, ainsi, 22 900 chasseurs dans le département. La baisse par rapport aux années précédentes a été minime, de l'ordre de 0, 6 %. En revanche, la moyenne d'âge des chasseurs, 54 ans, est assez élevée.

    Des efforts ont été faits pour attirer les jeunes et les nouveaux chasseurs : permis à moitié prix ; gratuité de l'assurance lors de la première année de pratique. Dans cette optique, la Fédération veut obtenir, auprès de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), la possibilité de mettre en place une formation accélérée pour l'obtention du permis. Comme cela existe dans d'autres départements. « C'est le cas en Gironde. Ils ont une formation qui sur dix jours. Alors que chez nous, les candidats doivent se rendre à cinq reprises à Saint-Julien-de-L'Escap. C'est beaucoup plus contraignant. Nous voulons obtenir la même chose », explique Jean-Michel Dapvril, le directeur de la Fédération départementale.

    2 La question du grand gibier

    Côté gibier, « nous avons été confrontés au plan national de maîtrise du sanglier, lancé par Jean-Louis Borloo. Le ministre a mis la pression sur les fédérations, en désignant, sans vouloir faire de mauvais jeu de mots, des ''zones noires'' pour limiter la présence des sangliers », indique Jean-Michel Dapvril. « En même temps, il y a une espèce d'incohérence à refuser d'avancer de 15 jours (du 15 au 1er août) l'ouverture de la chasse », poursuit-il. La Charente-Maritime n'était pas dans le top 10 des départements concernés.

    Le plan de chasse lancé par la Fédération avait permis de réguler la population de ces animaux, surtout nombreux à l'Ouest de Saintes, dans l'île d'Oléron et sur l'estuaire de la Gironde. « Nous avons constaté une baisse de 50 % de la destruction des cultures », précise le directeur. Un soulagement pour la Fédération qui doit participer à 50 % de la somme de compensation financière. L'effet de l'augmentation importante du nombre de prélèvements autorisés sur les sangliers. « Plus de 4 700 attributions ont été données, sur lesquelles 75 % ont été effectuées. »

    L'autre souci tient dans les dégâts provoqués par les chevreuils sur les vignes. « Nous n'avons pas été d'accord avec les battues autorisées par l'administration en mai, en pleine période de reproduction. » La Fédération a préféré rechercher avec les viticulteurs des solutions pour trouver des produits de traitement des vignes répulsifs pour les animaux.

    3 250 tonnes à remettre en état

    Le début de l'année 2010 a été marqué par l'interdiction de chasser certaines espèces d'oiseaux en raison de la vague de froid. « Le préfet a plus tenu compte du thermomètre national que du système de mesure mis en place dans le département. »

    Surtout, il y a eu le passage de la tempête Xynthia. Elle a bien évidemment touché l'activité chasse, détruisant 250 tonnes sur le littoral. « Elles font partie du patrimoine, au même titre que les carrelets. Nous souhaitons que les propriétaires puissent les reconstruire et que les démarches administratives soient facilitées pour cela », observe Jean-Michel Dapvril.

    Mais la tempête a, également, touché le gibier, décimant les populations de lapins et de lièvres. « Nous laissons à chaque association toute latitude pour traiter la situation au cas par cas et interdire, le cas échéant, la chasse de certaines espèces sur le territoire, le temps qu'il faudra. »

     

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  • 19 avril 2010 06h00 | Par Marie-Claude Aristégui 0 commentaire(s)

    Les digues à l'ordre du jour

    Le Département envisage de mener sa propre étude pour un plan « digues », afin de bien identifier ce qui est défendable ou non.

      Certains conseillers généraux sont d'avis de diligenter les 
propres experts du Département à propos des digues.  photo pascal 
couillaud

    Certains conseillers généraux sont d'avis de diligenter les propres experts du Département à propos des digues. photo pascal couillaud

  • Et si l'on reparlait de Xynthia ? Il en a été forcément question lors de la session du Conseil général, vendredi. Les sénateurs ont fait état de la mission à laquelle ils participent (lire nos précédentes éditions) et Lionel Quillet (UMP, Ars-en-Ré, et maire de Loix) a lancé le débat en évoquant la venue des ministres jeudi, dont Jean-Louis Borloo : « Soyons positifs mais restons méfiants », estime-t-il.

    À propos de la commission nationale qui va être mobilisée pour établir un plan « digues », Lionel Quillet pense que le Conseil général de la Charente-Maritime doit également diligenter ses propres experts. « Faisons notre propre étude qui nous permettra de savoir ce qui est défendable ou pas, de donner des éléments de discussion à l'État et aux sinistrés qui vont se retrouver un peu seuls au moment des contre-expertises. Nous devons également faire appel à un cabinet extérieur. Je n'ai aucune confiance dans une étude de l'État qui n'a pas connaissance du terrain. »

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    Dominique Bussereau, lui, a répondu que c'était l'État qui finançait, mais il est disposé à voir avec les services du Département « comment réaliser notre propre expertise ».

    Léon Gendre (UMP, Saint-Martin-de-Ré, maire de La Flotte) s'est dit « un peu rassuré » par les déclarations ministérielles mais « pas convaincu » et il se demande quelle « attitude aurait les assurances vis-à-vis de ceux qui auront sauvé leurs maisons ».

    Réponse un peu sèche de Dominique Bussereau : « Jean-Louis Borloo a dit que les assurances prendront en charge sur décision de l'État. Soyez prudent sans être défaitiste. »

    Opposition « vent debout »

    Puis ce fut au tour de l'opposition, avec notamment le socialiste André Bonnin (Rochefort-nord dont Fouras) qui a commencé par parler d'un feuilleton à « épisodes », rappelant le zonage contesté, la visite de Ségolène Royal « que tous les maires ont remerciée pour les aides apportées par le Conseil régional » et, « dès le lendemain », l'arrivée de plusieurs ministres.

    Exaspération de Dominique Bussereau : « Depuis le début, dans cette affaire, je cherche à rendre service. C'est moi qui ai demandé aux ministres de venir. Je veux bien que vous fassiez de la politique, c'est votre problème. Ce sera aussi le nôtre l'an prochain vis-à-vis de vous (NDLR : André Bonnin affrontera, pour les élections cantonales, Sylvie Marcilly, UMP, maire de Fouras et conseillère régionale). »

    André Bonnin poursuit tout de même. Comme d'autres socialistes, Bertrand Lalande ou Denis Leroy notamment, il estime que, dans la gestion de l'après-tempête, il a été fait preuve « de compassion mais pas d'humanité ». « Nous sommes vent debout, dit-il. L'oukase venu de Paris n'est pas supportable. Je rejoins d'ailleurs Léon Gendre, il faut revoir ce zonage, supprimer ces zones. Il est nécessaire, en revanche, de faire un plan de digues et d'accélérer la procédure des PPR. »

    Une aide pour La Rochelle ?

    Jean-Pierre Mandroux (PS, La Rochelle IV) se soucie de l'aide qui pourra être apportée à la Ville de La Rochelle. « Le Conseil général a choisi d'apporter son concours aux villes de moins de 5 000 habitants. Mais face à un événement de cette ampleur, nous estimons que toutes les communes doivent être secourues. La réparation des dégâts va coûter 18 millions d'euros à La Rochelle et nous réparerons sans augmenter les impôts, ce qui impliquera un redéploiement des investissements, plus ou moins important. »

    « Le rapport qui a fixé cette limite, vous l'avez voté, rétorque Dominique Bussereau. Mais la situation est exceptionnelle et nous aiderons toutes les communes, de l'île d'Aix la plus petite, à La Rochelle, la plus grande. D'ailleurs, je suis régulièrement en contact avec Maxime Bono. »

    Charente-Maritime · Ars-en-Ré · politique · Dominique Bussereau · Maxime Bono · Ségolène Royal

     

     

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  • avril 2010 09h19 | Par christiane poulin c.poulin@sudouest.fr 0 commentaire(s)

    CGR apprivoise le Dragon

    Le CGR-Dragon devrait ouvrir début juin, relooké et confortable. Le chantier a pris du retard en raison de la complexité des travaux, comme l'accès des salles aux handicapés.

      Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR, devant une vieille 
affiche. Tout ce qui reste du Dragon aujourd'hui.  photo xavier léoty

    Jocelyn Bouyssy, directeur général de CGR, devant une vieille affiche. Tout ce qui reste du Dragon aujourd'hui. photo xavier léoty

  • Trois lettres en majuscules : CGR. L'enseigne rouge, sur fond gris, soulignée d'un discret « Le Dragon », devrait flotter sur le cours des Dames début juin. Initialement, la réouverture du cinéma du Vieux Port était prévue dans la deuxième quinzaine de mai. C'était compter sans la tempête Xynthia, qui a… fait des vagues et inondé le rez-de-chaussée et le sous-sol. Et sans les difficultés liées à la rénovation d'un immeuble du centre historique.

    Les travaux, dont la durée était estimée à deux mois et demi, se prolongeront de trois semaines. C'est ce qu'a confirmé Jocelyn Bouyssy, directeur général du groupe CGR, à l'occasion d'une visite des lieux sous la conduite du chef de chantier, Joël Portelas.

    La quadrature du cercle

    Chantier est le mot qui convient, en l'état actuel des choses. Pas une petite affaire, cette métamorphose du vieil immeuble en complexe cinématographique moderne et accessible.

    Surtout accessible. Le cahier des charges établi par la Ville, devenue propriétaire du bâtiment, à l'intention du nouvel exploitant, est très clair à cet égard. Il stipule notamment, parmi les conditions indispensables à la reprise du Dragon, l'accès à toutes les salles pour les personnes « à mobilité réduite » (traduisez : en fauteuil roulant). Seulement, voilà : à mesure qu'avançait le chantier consistant à percer une cage d'ascenseur pour desservir, sur différents niveaux, chacune des six salles, la complexité de l'entreprise devenait telle que cela frisait la quadrature du cercle !

    Joël Portelas et Jocelyn Bouyssy se sont arraché les cheveux pendant pas mal de temps. Mais il leur a fallu se rendre à l'évidence. À l'impossible, nul n'étant tenu et, après obtention d'une dérogation de la préfecture, les travaux ont repris, dans une perspective différente. Une fois installé, l'ascenseur desservira la moitié des salles, en l'occurrence les trois plus grandes. Petites ou grandes, les salles du cinéma relooké sont d'ores et déjà très convoitées. Et Jocelyn Bouyssy, dont le téléphone n'arrête pas de sonner, a bien du mal à satisfaire les demandes des organisateurs de festivals.

    Écran blanc dans un écrin noir

    À quoi ressembleront les salles du CGR-Dragon ? Elles auront le look CGR : murs tendus de tissu noir. « Chez nous, toutes les salles sont noires », souligne Jocelyn Bouyssy. Et les fauteuils, sombres. Pour que l'écran blanc prenne toute sa place. Au sol, une moquette beige, et un chemin lumineux pour se déplacer sans trébucher. Dans la grande salle (360 places), les fauteuils, à assise relevable, seront disposés « en gradinage » pour le confort visuel.

    Sur l'écran, une qualité d'image inédite. Les équipements, entièrement revus, permettent d'offrir le meilleur du cinéma numérique et de projeter des films en relief. Le CGR-Dragon devrait ainsi accueillir, fin juin, « Shrek 4 » en relief. Shrek, l'ogre qui a vaincu le dragon !

    « La programmation sera éclectique, assure M. Bouyssy. Dans ce domaine comme dans les autres, je tiendrai mes promesses. » Comme au temps du Dragon, on verra des films grand public, des films d'auteur et en VO. La nouveauté, ce sera les « contenus alternatifs ». Des opéras, par exemple, retransmis en direct depuis Salzbourg ou la Scala de Milan. Bref, encore un peu de patience et, d'ici quelque temps, on devrait découvrir que le projet culturel du groupe est à la hauteur des attentes des Rochelais.

     

     


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    Chronique
    Xynthia, ou la nouvelle guerre de Vendée, par Gérard Courtois
    LE MONDE | 19.04.10 | 14h51  •  Mis à jour le 19.04.10 | 14h51

  • espectons d'abord une minute de silence à la mémoire des 53 victimes de la tempête Xynthia. Chacun a en mémoire les images tragiques de cette nuit sans lune du 27 au 28 février, où la mer, gonflée par une marée monstre et poussée par des vents extrêmes, a dévasté les côtes de Charente et de Vendée, bousculé les digues, submergé les campings, envahi les maisons, ravagé les parcs à huîtres. Respectons une minute supplémentaire de solidarité à la pensée des centaines de familles qui ont tout perdu ou beaucoup.

     

    Cet hommage évitera peut-être au chroniqueur d'être immédiatement lynché dès qu'il aura ajouté ceci : depuis deux mois, ce drame raconte une histoire terriblement française, faite d'irresponsabilités partagées, de tartuferies équitablement réparties, de lutte incessante entre la loi et ses exceptions, entre la règle collective et la liberté individuelle, entre l'Etat, ses ministres, ses préfets - arbitraires, forcément arbitraires - et les citoyens, les villageois, leurs édiles - victimes, forcément victimes. Une histoire qui offre un parfait condensé de la trop fameuse identité nationale.

    Cela commence, évidemment, par l'urbanisation, dévoreuse de côtes sauvages, rampante, foisonnante, irrésistible quand se trouvent réunis mer, plage, soleil et paisible arrière-campagne. Au diable, les zones inondables dûment répertoriées et leurs réglementations tatillonnes !

    Là comme ailleurs, depuis des années, tout le monde y a trouvé son compte. Les ménages et les retraités modestes, mais surtout les candidats aux villégiatures estivales meilleur marché, puisque neuf sur dix des habitations dévastées sont des résidences secondaires. Ajoutons-y les promoteurs de ces charmants petits lotissements dans le style "du pays" - maisons de pêcheurs, de plain-pied, sans étage, dangereusement inondables.

    Et n'oublions pas les maires, en quête d'activités, de services, de tourisme, de taxes, qui ont inlassablement fait le siège des préfectures pour obtenir dérogations et passe-droits afin d'accorder les permis de construire. Mieux, qui, trois mois avant Xynthia, comme à La Faute-sur-Mer, bataillaient encore avec le préfet de Vendée pour retarder la mise en oeuvre d'un plan de prévention des risques.

    Arrive la catastrophe. "Plus jamais ça !", martèle l'Etat. Le 16 mars, à La Roche-sur-Yon, Nicolas Sarkozy tient des propos extrêmement clairs : "La catastrophe n'est pas seulement le produit d'événements climatiques", mais "aussi le résultat d'une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens, de négligences, de prescriptions non respectées, d'expertises négligées".

    Le président de la République tranche donc : l'Etat ne laissera "pas se réinstaller des gens dans des maisons situées dans des lieux où il y a des risques mortels". Conclusion ferme et logique. Au-delà de la prudence élémentaire, le principe de précaution s'applique. Quoi qu'on en pense, la Constitution fait obligation aux autorités publiques, depuis 2005, de "parer à la réalisation d'un dommage", même s'il est incertain. En l'occurrence, il n'y a guère d'incertitude.

    Mais le gouvernement est pour beaucoup un art d'exécution. Munis de la feuille de route présidentielle, les préfets de Charente-Maritime et de Vendée s'exécutent. Ces temps-ci plus que jamais, mieux vaut être le petit doigt sur la couture du pantalon quand on est préfet. Ils font donc diligence : le 7 avril est rendu public le contour des "zones noires", où il sera interdit de se réinstaller ou de reconstruire. Au total, 1 510 maisons, vouées à la démolition.

    Et que se passe-t-il depuis ? Tollé, colère, objurgations et palinodies. Hormis les sinistrés qui ont décidé de quitter le lieu de leur malheur et espèrent surtout une réponse rapide à la question de leur indemnisation, les autres, des centaines d'autres, ont immédiatement hissé le pavillon noir contre ces "zones noires". Tout nourrit leur rage et leur désespoir : l'absence de concertation préalable, "l'arbitraire" des choix préfectoraux, "l'opacité" des critères retenus par les services de l'équipement, "l'absurdité" de décisions qui conduiraient à rayer de la carte telle maison à peine inondée quand telle autre, dévastée, ne le serait pas. Chacun, alors, voit midi à sa porte. Inévitable.

    Plus étonnante et moins glorieuse, en revanche, est l'attitude des maires concernés. Avec une ductilité remarquable, les voilà qui épousent, voire mènent la fronde populaire, comme pour mieux faire oublier leurs responsabilités antérieures. Et qui se posent en premiers défenseurs de leurs administrés contre les "diktats" de l'administration et des"technocrates". Succès garanti !

    Quant à nos éminents ministres, il n'en manque pas pour louvoyer entre compassion et précaution. A peine connues les "zones noires", Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime, tente d'allumer un contre-feu : "Rien n'est encore figé", lâche-t-il. Deux jours plus tard, tandis que le préfet de Vendée a réaffirmé que "la cartographie des zones noires ne changera pas", c'est son ministre de tutelle, Brice Hortefeux, qui glisse qu'il "peut exister des situations individuelles" faisant exception à la règle.

    Il faudra un coup de gueule du président, une réunion de cadrage à Matignon et une visite sur place de quatre ministres emmenés par l'habile Jean-Louis Borloo pour calmer un peu le climat. Trop tard, cependant, pour éviter que l'affaire ne se politise. Déjà Ségolène Royal, la flamboyante présidente socialiste de la région, a pris la tête de la révolte et demandé au président de la République la suspension du processus et l'ouverture d'expertises contradictoires.

    Nous voilà donc embarqués dans une nouvelle "guerre" de Vendée. Moins cruelle qu'il y a deux siècles, heureusement. Mais non moins révélatrice de la sourde lutte de la "France d'en bas" contre celle d'en haut, des provinces contre le pouvoir central, des libertés et franchises locales contre l'autorité de l'Etat. Toujours, cette lutte se ravive quand l'autorité de l'Etat est affaiblie. Ce qui, comme chacun l'a remarqué, est le cas aujourd'hui.


    Gérard Courtois
    Article paru dans l'édition du 20.04.10
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    Chronique
    Xynthia, ou la nouvelle guerre de Vendée, par Gérard Courtois
    LE MONDE | 19.04.10 | 14h51  •  Mis à jour le 19.04.10 | 14h51

    espectons d'abord une minute de silence à la mémoire des 53 victimes de la tempête Xynthia. Chacun a en mémoire les images tragiques de cette nuit sans lune du 27 au 28 février, où la mer, gonflée par une marée monstre et poussée par des vents extrêmes, a dévasté les côtes de Charente et de Vendée, bousculé les digues, submergé les campings, envahi les maisons, ravagé les parcs à huîtres. Respectons une minute supplémentaire de solidarité à la pensée des centaines de familles qui ont tout perdu ou beaucoup.
    Cet hommage évitera peut-être au chroniqueur d'être immédiatement lynché dès qu'il aura ajouté ceci : depuis deux mois, ce drame raconte une histoire terriblement française, faite d'irresponsabilités partagées, de tartuferies équitablement réparties, de lutte incessante entre la loi et ses exceptions, entre la règle collective et la liberté individuelle, entre l'Etat, ses ministres, ses préfets - arbitraires, forcément arbitraires - et les citoyens, les villageois, leurs édiles - victimes, forcément victimes. Une histoire qui offre un parfait condensé de la trop fameuse identité nationale.

    Cela commence, évidemment, par l'urbanisation, dévoreuse de côtes sauvages, rampante, foisonnante, irrésistible quand se trouvent réunis mer, plage, soleil et paisible arrière-campagne. Au diable, les zones inondables dûment répertoriées et leurs réglementations tatillonnes !

    Là comme ailleurs, depuis des années, tout le monde y a trouvé son compte. Les ménages et les retraités modestes, mais surtout les candidats aux villégiatures estivales meilleur marché, puisque neuf sur dix des habitations dévastées sont des résidences secondaires. Ajoutons-y les promoteurs de ces charmants petits lotissements dans le style "du pays" - maisons de pêcheurs, de plain-pied, sans étage, dangereusement inondables.

    Et n'oublions pas les maires, en quête d'activités, de services, de tourisme, de taxes, qui ont inlassablement fait le siège des préfectures pour obtenir dérogations et passe-droits afin d'accorder les permis de construire. Mieux, qui, trois mois avant Xynthia, comme à La Faute-sur-Mer, bataillaient encore avec le préfet de Vendée pour retarder la mise en oeuvre d'un plan de prévention des risques.

    Arrive la catastrophe. "Plus jamais ça !", martèle l'Etat. Le 16 mars, à La Roche-sur-Yon, Nicolas Sarkozy tient des propos extrêmement clairs : "La catastrophe n'est pas seulement le produit d'événements climatiques", mais "aussi le résultat d'une cascade de décisions litigieuses ou contraires au bon sens, de négligences, de prescriptions non respectées, d'expertises négligées".

    Le président de la République tranche donc : l'Etat ne laissera "pas se réinstaller des gens dans des maisons situées dans des lieux où il y a des risques mortels". Conclusion ferme et logique. Au-delà de la prudence élémentaire, le principe de précaution s'applique. Quoi qu'on en pense, la Constitution fait obligation aux autorités publiques, depuis 2005, de "parer à la réalisation d'un dommage", même s'il est incertain. En l'occurrence, il n'y a guère d'incertitude.

    Mais le gouvernement est pour beaucoup un art d'exécution. Munis de la feuille de route présidentielle, les préfets de Charente-Maritime et de Vendée s'exécutent. Ces temps-ci plus que jamais, mieux vaut être le petit doigt sur la couture du pantalon quand on est préfet. Ils font donc diligence : le 7 avril est rendu public le contour des "zones noires", où il sera interdit de se réinstaller ou de reconstruire. Au total, 1 510 maisons, vouées à la démolition.

    Et que se passe-t-il depuis ? Tollé, colère, objurgations et palinodies. Hormis les sinistrés qui ont décidé de quitter le lieu de leur malheur et espèrent surtout une réponse rapide à la question de leur indemnisation, les autres, des centaines d'autres, ont immédiatement hissé le pavillon noir contre ces "zones noires". Tout nourrit leur rage et leur désespoir : l'absence de concertation préalable, "l'arbitraire" des choix préfectoraux, "l'opacité" des critères retenus par les services de l'équipement, "l'absurdité" de décisions qui conduiraient à rayer de la carte telle maison à peine inondée quand telle autre, dévastée, ne le serait pas. Chacun, alors, voit midi à sa porte. Inévitable.

    Plus étonnante et moins glorieuse, en revanche, est l'attitude des maires concernés. Avec une ductilité remarquable, les voilà qui épousent, voire mènent la fronde populaire, comme pour mieux faire oublier leurs responsabilités antérieures. Et qui se posent en premiers défenseurs de leurs administrés contre les "diktats" de l'administration et des"technocrates". Succès garanti !

    Quant à nos éminents ministres, il n'en manque pas pour louvoyer entre compassion et précaution. A peine connues les "zones noires", Dominique Bussereau, président du conseil général de Charente-Maritime, tente d'allumer un contre-feu : "Rien n'est encore figé", lâche-t-il. Deux jours plus tard, tandis que le préfet de Vendée a réaffirmé que "la cartographie des zones noires ne changera pas", c'est son ministre de tutelle, Brice Hortefeux, qui glisse qu'il "peut exister des situations individuelles" faisant exception à la règle.

    Il faudra un coup de gueule du président, une réunion de cadrage à Matignon et une visite sur place de quatre ministres emmenés par l'habile Jean-Louis Borloo pour calmer un peu le climat. Trop tard, cependant, pour éviter que l'affaire ne se politise. Déjà Ségolène Royal, la flamboyante présidente socialiste de la région, a pris la tête de la révolte et demandé au président de la République la suspension du processus et l'ouverture d'expertises contradictoires.

    Nous voilà donc embarqués dans une nouvelle "guerre" de Vendée. Moins cruelle qu'il y a deux siècles, heureusement. Mais non moins révélatrice de la sourde lutte de la "France d'en bas" contre celle d'en haut, des provinces contre le pouvoir central, des libertés et franchises locales contre l'autorité de l'Etat. Toujours, cette lutte se ravive quand l'autorité de l'Etat est affaiblie. Ce qui, comme chacun l'a remarqué, est le cas aujourd'hui.


    Gérard Courtois
    Article paru dans l'édition du 20.04.10

     

     

     


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    Xynthia : les rachats de maisons dans les zones noires débuteront en juillet ou en août


    TF1 ©

     

    Après le passage de la tempête Xynthia, de nombreuses maisons ont été classées en zones noires. Les premiers rachats de ces maisons devraient commencer en juillet ou en août, selon le préfet de Vendée Jean-Jacques Brot.


    Les maisons qui ont été classées en zones noires après le passage de Xynthia pourront être rachetées dès le mois de juillet ou août, selon les propos du préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, recueillis par le journal La Croix.

    «Les services de France Domaine ont pris l'engagement de procéder (aux) évaluations très rapidement, de sorte que les premières acquisitions pourraient intervenir en juillet ou en août», a-t-il annoncé.
    Il en a profité pour déclarer que 915 maisons étaient concernées dans le département, et que 215 demandes d'évaluation étaient en cours.

    Quant aux particuliers qui refusent de céder leur bien, ils peuvent s'engager dans une contestation devant le juge administratif mais prennent «le grand risque», en cas d'échec, d'obtenir une indemnisation inférieure, selon le préfet.
     

    (19/04/2010)
     
     
     
     
     
    Xynthia: premiers rachats de maisons "en juillet ou en août" en Vendée

    (AFP) – Il y a 1 jour

    RENNES — Les premiers rachats à l'amiable de maisons dans les zones noires destinées à être rasées sont prévus "en juillet ou en août" en Vendée, annonce le préfet Jean-Jacques Brot dans une interview à paraître lundi dans le journal La Croix.

    "Les services de France Domaine ont pris l'engagement de procéder (aux) évaluations très rapidement, de sorte que les premières acquisitions pourraient intervenir en juillet ou en août", a-t-il déclaré au quotidien.

    M. Brot a confirmé que sur les 915 maisons concernées dans le département, le plus touché par la tempête du 28 février avec 29 morts, 215 demandes d'évaluation étaient en cours.

    Vendredi, France Domaine avait indiqué que les premières évaluations pour les résidences principales seraient disponibles "fin mai début juin".

    L'Etat privilégie un règlement à l'amiable dans les zones concernées. Les particuliers qui s'y refusent peuvent s'engager dans une contestation devant le juge administratif mais prennent "le grand risque", en cas d'échec, d'obtenir une indemnisation inférieure, a estimé M. Brot.

     

    Premiers rachats de maisons cet été dans les "zones noires"

    Par TF1 News (D'après agences), le 19 avril 2010 à 08h44, mis à jour le 19 avril 2010 à 08:48

    Dossier : Xynthia, une tempête sur la France

    L'Etat privilégie un règlement à l'amiable dans les "zones noires" définies après le passage de la tempête Xynthia, et selon le préfet de Vendée, les premiers achats devraient avoir lieu "en juillet ou en août".

     

    Après les ravages de Xynthia, la procédure de rachat à l'amiable des maisons sinistrées est lancée en Vendée. Beaucoup de logements concernés sont des résidences secondaires. Ce qui ne facilite pas le dossier : "L'imaginaire du bonheur de notre société est associé à l'eau. On n'en a pas d'autres à proposer. Si les expropriations passent mal, c'est justement qu'elles touchent à notre idée de bonheur. Ces 1500 familles expulsées, il ne suffit pas de leur faire un chèque", a noté le sociologue Jean Viard dans Le Monde. La préfecture, elle, annonce les premiers résultats de ses négociations : le préfet de Vendée Jean-Jacques Brot assure dans une interview que publie La Croix que les premiers rachats à l'amiable de maisons dans les zones noires devraient se concrétiser "en juillet ou en août", en soulignant que "les services de France Domaine ont pris l'engagement de procéder (aux) évaluations très rapidement".

    • Les annonces de François Fillon n'ont pas apaisé la colère de ceux qui ne veulent pas quitter leurs maisons, condamnées à la destruction. Beaucoup ne comprennent pas les critères qui ont prévalu au tracé des zones noires. Reportage à la Faute et l'Aiguillon-sur-Mer

    A l'heure qu'il est, selon lui, sur les 915 maisons concernées dans le département, le plus touché par la tempête du 28 février avec 29 morts, 215 demandes d'évaluation sont en cours. L'Etat privilégie un règlement à l'amiable dans les zones concernées. Les particuliers qui s'y refusent peuvent s'engager dans une contestation devant le juge administratif mais prennent "le grand risque", en cas d'échec, d'obtenir une indemnisation inférieure, souligne Jean-Jacques Brot.

    Cacophonie

    Pourtant, déjà traumatisés par les graves intempéries, les sinistrés ont déjà commencé à attaquer en justice la décision de l'Etat, dont ils dénoncent "l'arbitraire". Mardi dernier, François Fillon a longuement justifié la décision de l'Etat de ne pas modifier le périmètre des "zones noires" - rebaptisées "zones de solidarité" -, tout en assurant aux sinistrés qu'il comprenait leur "traumatisme". Au passage, le Premier ministre a contredit le secrétaire d'Etat aux Transports et président du conseil général de Charente Maritime, Dominique Bussereau, qui envisageait de possibles "modifications de telle ou telle zone".

    Mais l'exécutif peine à justifier auprès des sinistrés de la tempête Xynthia la décision de détruire les maisons situées dans le périmètre des "zones noires" défini par l'Etat, malgré une série de recadrages plus ou moins clairs qui ne dissipe pas l'impression de cacophonie. Cacophonie qui a gagné tous les niveaux, puisque, contrairement à Dominique Bussereau, le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers, a "approuvé" le plan annoncé par l'Etat. En embuscade, la présidente PS de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, a soutenu les sinistrés contre l'Etat et le gouvernement, en demandant la "suspension du plan de zonage". En revanche, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, a approuvé "le principe des zones noires". Quant à Jean-Louis Borloo, il affirme qu'il y a eu un "malentendu" concernant les zones noires : "Il ne saurait être question de démolition systématique et autoritaire", a-t-il écrit dans une lettre aux élus concernés de Vendée et Charente-maritime. Pour le secrétaire d'Etat au Logement, Benoist Apparu, c'est "une erreur de communication" qui a conduit beaucoup à penser que "zone noire égale zone de destruction immédiate".

    Dans ce recadrage à plusieurs, la secrétaire d'Etat à l'Ecologie, Chantal Jouanno, a hérité de l'exposé technique. Tout en répétant que les "zones noires resteront telles qu'elles sont", elle a détaillé à La-Roche-sur-Yon les solutions proposées : rachat à l'amiable ou procédure d'expropriation arbitrée par les tribunaux.

    Par TF1 News (D'après agences)le 19 avril 2010 à 08:44
     

     

    Xynthia : cacophonie à droite comme à gauche

    [ 19/04/10  ]

    Alors que l'exécutif, qui a multiplié les mises au point et les déclarations, parfois contradictoires, la semaine passée, peine à justifier auprès des sinistrés de la tempête Xynthia la décision de détruire 1.500 maisons dans le périmètre des « zones noires » défini par l'Etat, la cacophonie est désormais dans le camp de la gauche. La numéro un des Verts, Cécile Duflot, a salué samedi dans le « JDD » le « courage politique » du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo. « Il faut mettre en application des décisions qui auraient dû l'être, pour certaines, avant la construction des maisons. Si ces habitations font toujours courir un risque mortel, il faut avoir le courage de les détruire en expliquant les critères retenus pour définir les zones noires », a-t-elle affirmé. Elle a fermement critiqué la position de Ségolène Royal, qui « consiste à risquer de maintenir des populations dans une situation de danger ». « C'est irresponsable. Je ne comprends pas Ségolène Royal, je réfute le discours de simplicité. Il faut, au contraire, un discours de courage », a-t-elle expliqué. Ségolène Royal a réagi dans un communiqué en s'étonnant « des propos malveillants, politiciens ou immatures tenus par Cécile Duflot », à laquelle elle conseille « vivement de venir voir sur le terrain la réalité de la situation ». « En effet, poursuit-elle, faute de concertation, des endroits sinistrés ne sont pas intégrés dans les zones alors que d'autres y apparaissent sans raison. »

    Les Echos
     

     

     

    Comment Xynthia provoque une tempête entre Royal et les Verts

    Par Violette Robinet, publié le 19/04/2010 à 19:04

    La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène 
Royal, déclarait en 2009: "Je me demande si finalement je ne serais
 pas la meilleure candidate écologiste à l'élection 
présidentielle".

    REUTERS/Charles Platiau

    La présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, Ségolène Royal, déclarait en 2009: "Je me demande si finalement je ne serais pas la meilleure candidate écologiste à l'élection présidentielle".

    La présidente de Poitou-Charentes et la numéro un des Verts, Cécile Duflot, ce sont écharpées ce week-end sur le du plan de zonage des sinistrés de Xynthia. Signe du fossé grandissant entre Europe Ecologie et celle qui dit être la "meilleure candidate écologiste à la présidentielle"?

    La tempête Xynthia a rendu l'atmosphère électrique entre Cécile Duflot et Ségolène Royal. Réagissant aux propos de la présidente PS de la région Poitou-Charentes qui appellait à suspendre le plan de zonage pour les sinistrés, Cécile Duflot gronde la première et fustige une position qui risque "de maintenir des populations dans une situation de danger". "C'est irresponsable. Je ne comprends pas Ségolène Royal", lance-t-elle le 10 avril dans une interview au JDD.

    Ségolène Royal riposte quelques heures plus tard dans un communiqué. Elle dénonce "des propos malveillants, politiciens ou immatures tenus par Cécile Duflot" et invite la responsable des Verts à se rendre sur place pour comprendre "pourquoi les 33 maires des communes concernées et les 8 associations de défense des sinistrés ont demandé à l'unanimité la révision du zonage et non pas, comme elle le laisse croire, la suppression du zonage".

    Simple passe d'armes ou véritable orage?

    Pour Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts, "ces déclarations sur Xynthia ne sont pas le signe d'une dégradation des relations relations entre les Verts et Ségolène Royal mais une dégradation des relations entre Ségolène Royal et l'écologie. Être un responsable, c'est avoir une vision globale, et ne pas construire en zone inondable, c'est une position écologiste. Ségolène Royal a, elle, pris le parti d'écouter les habitants. Ce n'est pas un mal en soi, mais c'est une vision clientéliste de court terme. Elle fait de la politique à géométrie variable, pour plaire à ses électeurs."

    Plus généralement, tout n'est pas rose entre la socialiste et Europe Ecologie ces derniers temps. Durant la campagne des régionales, des dissensions tactiques se sont fait sentir quand deux militants et une conseillère régionale des Verts ont rejoint la liste menée par Ségolène Royal. Et ont été exclus de leur parti.

    Georges Stupar est un des trois ex-Verts dissidents. Il est désormais vice-président du Conseil régional Poitou-Charentes. Il explique son choix: "En 2004, nous avions fait une liste commune. Mais cette année, Europe Ecologie voulait conquérir son indépendance par rapport au PS. J'ai choisi de rejoindre Ségolène Royal parce qu'on est dans l'écologie appliquée depuis six ans."

    "Avant-garde de l'expérience-environnementale"

    Il faut dire que Ségolène Royal joue à fond la carte écolo. A son actif: l'action menée à la tête de la région Poitou-Charentes depuis 2004. "On est à l'avant-garde de l'expérience environnementale", avance-elle. Georges Stupar précise: "900 millions d'euros investis en six ans sur des politiques écologiques transversales: modernisation des TER, lycée Kyoto avec zéro énergie fossile, panneaux photovoltaïques, construction de voitures électriques avec l'investissment dans Heuliez, 17 millions d'euros alloués au fonds régional d'excellence environnementale... Les chiffres parlent d'eux-mêmes!"

    Bruno Rebelle, ex-numéro deux de Greenpeace International et ex-conseiller en environnement de Ségolène Royal durant la campagne présidentielle de 2007 juge ce bilan positif : "Ségolène Royal a mis en place des choses intéressantes au niveau régional : relance de l'agriculture biologique, effort sur les énergies renouvelables...". Avant de nuancer: "Mais d'autres régions s'y mettent, ce n'est pas une exclusivité."

    En revanche, pour Jean-Vincent Placé, numéro deux des Verts, la posture écologiste de la présidente de région est avant tout affaire de communication: "La région Poitou-Charentes n'est pas un laboratoire de l'écologie. Il ya des choses, mais c'est surtout de l'affichage. Elle fait de la com' sur les voitures électriques ou le chabichou. Mais les vrais enjeux, le réchauffement climatique et la crise écologique, sont à échelle planétaire."

    "Meilleure candidate écologiste à l'élection présidentielle"?

    Bien au-delà, l 'ex-candidate socialiste à l'élection présidentielle de 2007 revendique une politique écologiste à échelle nationale, et de longue date. Faisant valoir son bilan au ministère de l'Environnement de 1992 à 1993 où elle a instauré une taxation écologique sur les déchets, elle déclarait même, à l'automne 2009: "Je me demande si je ne serais pas la meilleure candidate écologiste à l'élection présidentielle. Je vais y réfléchir."

    "Royal n'est pas la plus écologiste des candidates", réplique Jean-Vincent Placé. "Elle parle beaucoup d'écologie, mais en fait peu. Elle n'est pas écologiste, elle est socialiste. Elle était en avance par rapport au reste du PS sur l'écologie, mais quand je vois ce qu'elle dit sur la taxe carbone ou sur le plan de zonage, elle prend du retard. Sur la taxe carbone, elle a préféré adopter une position populiste, de court terme", lâche le Vert.

    Avant même la création de la taxe carbone, Ségolène Royal avait dénoncé un "impôt injuste" qui allait "dégoûter les citoyens de l'écologie". Elle avait tenu la même ligne lors de son abandon. "Cette taxe (carbone) était parfaitement injuste et anti-sociale et c'est une bonne chose qu'elle soit retirée". Une position mal comprise par les écologistes, comme l'explique Bruno Rebelle, désormais carté à Europe Ecologie: "Sa posture écologiste n'est pas totalement lisible, par exemple avec ses déclarations sur la taxe carbone."

    Il conclut: "Ségolène Royal a mieux intégré ces questions là que d'autres ténors du PS. Elle a compris qu'il y avait un enjeu écologique majeur. Mais son projet écologique manque de cohérence. Comme les autres hommes politiques de sa génération, elle voit l'écologie comme une composante de la politique - au même titre par exemple que la politique de l'enfance ou la politique du logement - alors que l'écologie doit être structurante du projet politique".

     

     

     

     

     

    Flash actualité - Politique


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    Xynthia: Villiers à Matignon pour plaider un "plan digues" pour la Vendée

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    </btn_noimpr> 19.04.2010, 20h09

    Le président du conseil général de Vendée Philippe de Villiers s'est entretenu lundi avec François Fillon d'un plan de renforcement des digues de son département après le passage de la tempête Xynthia, qu'il chiffre à 100 millions d'euros.
    "Le Premier ministre m'a répondu que l'Etat était prêt à financer 40% du projet, 10% devant provenir de fonds européens", a assuré l'élu vendéen à l'AFP à l'issue de la rencontre. <btn_noimpr></btn_noimpr> Son département et la région Pays de la Loire contribueraient au reste du financement, à hauteur de 25% chacun.
    Selon Philippe de Villiers, 75 km de digues servant à protéger les exploitations agricoles - "il ne s'agit en aucun cas de digues immobilières" - doivent être renforcées, soit parce qu'elles ont été endommagées soit qu'elles risquent de l'être lors d'une prochaine tempête.
    L'élu a également répété au Premier ministre qu'il "soutenait" le plan d'action mis en place par l'Etat après la tempête malgré les violentes critiques qu'il suscite de la part de certains sinistrés, notamment en ce qui concerne les "zone noires", sur lesquelles des habitations vont être rasées.
    Il a également plaidé pour que ces terrains, une fois rendus inconstructibles, redeviennent des "zones agricoles, c'est-à-dire ce qu'ils étaient il y a cinquante

     

    Xynthia : Un éclaircissement important

    Lundi, 19 Avril 2010 12:30 | 

    Par la bouche du ministre Jean-Louis Borloo, le gouvernement a fait jeudi un ajustement de sa politique vis-à-vis  de zone classées « noires » sur le littoral charentais. Les élus et les habitants  semblent donc avoir fait entendre leur voix face à une politique qui avait peut-être été un peu rapidement  définie comme non-discutable.

    Mercredi 13 avril, encore, le Premier ministre rappelait la politique du gouvernement. « François Fillon a réaffirmé que le devoir du Gouvernement est de tout faire pour qu'une telle catastrophe ne se reproduise pas. Et d'ajouter : "nous n'avons pas le droit de prendre le risque de laisser des personnes se réinstaller dans des zones où elles pourraient courir un danger mortel ». Concernant le zonage, le Premier ministre a précisé que "les critères qui ont été mis en œuvre par l'Etat pour [le] définir sont des critères objectifs, basés sur des observations concrètes, précises, et ils n'appellent pas de remise en cause, en tout cas pas dans la phase actuelle ».

    Jeudi, deux jours après, changement de ton. En visite en Charente-Maritime et en Vendée pour rencontrer les élus des communes concernées, le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo a évoqué jeudi «un malentendu» sur le zonage établi par l'Etat à la suite du passage dévastateur de la tempête Xynthia.  «Il y a un malentendu, les zones évoquées sont des zones de solidarité, ce sont des zones de rachat, ce ne sont pas des zones de destructions massives», a déclaré devant la presse le ministre qui devait rencontrer les élus des communes concernées à la préfecture de La Rochelle (Charente-Maritime), puis à La Roche-sur-Yon (Vendée). «Donc, il y a un malentendu sur lequel il faut qu'on s'explique, et puis on va travailler avec eux». La veille mercredi, les élus des communes sinistrées par la tempête Xynthia en avaient appelé directement au président de la République Nicolas Sarkozy après la fin de non-recevoir opposée par François Fillon à des aménagements sur les «zones noires». Dans un courrier adressé aux élus, le ministre indique qu'il «ne saurait s'agir de démolition systématique et autoritaire», et confirme qu'il s'agit d'un «malentendu», estimant qu'à «l'intérieur de ces zones qui sont reconnues comme des zones de risque anormal, et où le danger pour la vie est avéré et dont l'appellation la plus exacte serait zones de solidarité, l'Etat apporte immédiatement une solution pour les personnes qui décident de quitter leur habitation.»

    Il indique qu'«il n'est pas question d'exproprier sur la totalité de ces zones et immédiatement les habitations. Cette analyse se fera dans un second temps, au terme d'une expertise parcellaire, c'est à dire de chaque habitation. Toute expropriation se fait sous le contrôle du juge.»
     

    Mis à jour (Lundi, 19 Avril 2010 12:37)

     

     

     

     

     

     

     

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    Allocation temporaire de l'Unedic pour des salariés d'entreprises victimes du "nuage"

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    </btn_noimpr> 19.04.2010, 20h28

    Patronat et syndicats ont négocié lundi un accord pour une allocation temporaire de l'Unedic aux salariés d'entreprises dont l?activité pâtit directement de la paralysie aérienne due au nuage de cendres, et ne pouvant bénéficier du chômage partiel, ont-ils annoncé à l'AFP.
    L'accord prévoit une allocation forfaitaire de 3,31 euros par heure (16,55 euros par jour) pour les salariés des entreprises contraintes de cesser temporairement leur activité en raison de l'interruption du trafic aérien liée au nuage de cendres sur l'Europe résultant de l'éruption d'un volcan islandais. <btn_noimpr></btn_noimpr>
    L'assurance chômage va ainsi compléter une allocation versée par l'Etat pour couvrir notamment "les salariés des zones aéroportuaires (avitailleurs, duty shops, etc)", a-t-on expliqué au Medef, où l'on comptait sur la signature de tous les syndicats.
    L'allocation exceptionnelle sera versée par Pôle emploi, pour le compte de l'assurance chômage, "pour tous les jours chômés et dans la limite de 42 jours", selon le texte de l'accord, dont l'AFP a eu copie.
    L'accord ne s'applique que si "cette cessation d'activité est directement liée à l'interruption du trafic aérien" et que si "les entreprises concernées ne remplissent pas les conditions pour bénéficier des dispositions de l'accord national interprofessionnel sur l'indemnisation du chômage partiel".
    L'attribution de l'allocation exceptionnelle est "subordonnée à ce que les salariés se trouvent placés en chômage sans rupture de leur contrat de travail et bénéficient de l'allocation spécifique de chômage partiel", versée par l'Etat.
    Le Medef a précisé que cela serait "dans les mêmes conditions qu?en cas de catastrophe naturelle", comme récemment à la suite des conséquences de la tempête Xynthia.
    Le but est d'"aider les entreprises, directement affectées par les conséquences du nuage et n'ayant pas droit au chômage partiel, à passer la période difficile pour éviter qu'elles ne licencient leurs salariés", a déclaré Maurad Rabhi (CGT), soulignant "le cadre strict et temporaire" d'application.
    La CFTC a signé cette "mesure exceptionnelle" car "il y a urgence pour permettre à des salariés, dont l'activité est arrêtée à la suite du nuage de cendres, de pouvoir bénéficier du chômage partiel", a dit Gabrielle Simon, membre du bureau confédéral.
    Une fois signé par les partenaires sociaux, l'accord devra recevoir l'agrément de l'Etat avant de pouvoir s'appliquer.

    C
     
     
    hronique - Overdose de précautions
    Gérard Carreyrou 19/04/10 à 18h59
    Le principe de précaution est un bon principe mais comme de toutes les bonnes choses il ne faudrait pas en abuser. Or on constate depuis six mois une forme de dévoiement de ce principe lorsqu’il est poussé à l’extrême ou appliqué de manière excessive.

    – Ce fut le cas avec l’épidémie de grippe H1N1 où sous la pression des experts le gouvernement français déclencha de lourdes et coûteuses procédures de vaccination qui ne servirent à rien sinon à donner bonne conscience à tous les responsables.
    – Ce fut le cas avec les suites de la tempête Xynthia. Avec la précipitation d’un autoritarisme étatique et préfectoral on établit des « zones noires » et on décide sans concertation de raser 1.500 maisons dites à risque par précaution !
    On entendait déjà le fracas d’une Panzer division de bulldozers lorsque la résistance des habitants et des élus força le gouvernement à envoyer un missi dominici, le ministre Jean-Louis Borloo pour rectifier le tir et annoncer des négociations au cas par cas.
    – C’est actuellement l’affaire du nuage volcanique islandais qui a forcé des centaines d’avions européens à rester au sol, supprimé 80.000 vols et handicapé des millions de voyageurs européens au nom du sacro-saint principe de précaution. Avant que l’on ne redécouvre tardivement les mérites de la méthode expérimentale et que l’on procède à des essais tardifs qui ont démontré qu’il n’y avait aucun dommage sur les appareils. Essais qui auraient pu d’ailleurs être effectués en amont puisqu’il y avait eu des cas analogues d’éruptions volcaniques notamment aux Philippines en 1991 et au Mexique en 1997.
    La morale de ces trois histoires c’est que la société sans risques n’existe pas, que le risque fait partie depuis la nuit des temps de l’aventure humaine, que l’homme ne peut se substituer à Dieu ou aux caprices de la nature. Certes la prudence fait partie de l’art de gouverner, le risque doit être étudié, il peut être calculé, anticipé, réduit mais il ne peut être éradiqué. Ne succombons pas comme le rappelle Jean d’Ormesson à l’ubris, « l’orgueil des hommes ivres de leur génie et de leur puissance ».

     

     

    Xynthia, suite et pas fin !

    lundi 19 avril 2010 par Georges Vallet


     

    Le Gouvernement a rendu public, pour les zones sinistrées, le tracé de « zones noires », zones déclarées inhabitables, où les habitations seront détruites.

    La FNE soulève des questions pertinentes


    1°) L’Etat oublie les zones rouges et bleues !


    Ce mécanisme des « zones noires » est un critère nouveau. Il existe déjà des mécanismes pour délimiter les zones non constructibles : les zones « rouges » et « bleues » incluses dans les plans de préventions des risques naturels prévisibles.

    À la différence des « zones noires », décidées par le Préfet, donc l’Etat, les plans de prévention des risques naturels prévisibles sont élaborés à partir d’une concertation avec les communes et la population, notamment via des enquêtes publiques

    Pourquoi avoir créé un nouvel outil autoritaire, plutôt que d’utiliser ceux existants, ouverts à un esprit de concertation donc d’explication ? La concertation ne signifie pas absence de fermeté, quand des vies sont en jeu.


    La brutalité des annonces, à partir de nouvelles bases imposées, non expliquées, jugées parfois incohérentes, ne peut pas être comprise. La population concernée, certes insouciante, est doublement victime : à la fois de la négligence, de la tolérance inadmissible et intéressée, de l’irrespect de la loi, et en plus, de la tempête ! Elle est en même temps jugée coupable, puisque punie par la destruction de sa maison ! On comprend les actions en justice !

    Si l’Etat était intransigeant avant, il n’aurait pas à l’être après !

    2°) Et le reste des côtes ?

    Benoit Hartmann, coordinateur du pôle Aménagement Durable du Territoire de FNE, pointe une autre faille : « La tempête Xynthia aurait pu frapper 10 kilomètres plus haut ou plus bas. Protéger les seules zones sinistrées n’est pas suffisant, il faut anticiper les dégâts humains et matériels tout le long du littoral, et également dans les zones de submersion moins évidentes, plus à l’intérieur des terres ! » Toujours au coup par coup !


    3°) Nécessité d’aménager la loi Littoral


    Raymond Léost, administrateur et responsable du réseau juridique de FNE. « Il est notamment urgent d’étendre la loi Littoral aux berges des rus, des étiers et des chenaux. En cas de tempête et de remontée du niveau marin, les inondations s’étendent via ces ruisseaux et canaux. L’eau de mer ravage des terres loin à l’intérieur du littoral. »

    • Il faut supprimer tout droit à construire sur les rives des chenaux et étiers, voies de pénétration des eaux marines à l’intérieur des terres.
    • La bande littorale de 100 mètres, inconstructible à partir du bord de mer, doit être étendue pour prévenir les risques de submersion marine.
    • Les documents d’urbanisme doivent délimiter les espaces non urbanisés soumis à des risques de submersion marine et y interdire, sur le terrain,, et non seulement dans les textes, toute urbanisation.
    • Il faut étendre des mesures similaires à toutes les zones rurales et urbaines, en bordure des rivières, déjà inondées ou susceptibles de l’être, du fait du bétonnage grandissant. Les lotissements protégés par des digues symboliques en terre, en bordure de « gave », sont nombreux dans notre région !
    • Il faut définir les objectifs de réhabilitation des zones abandonnées, les rendre à la nature, prés-salés éventuels ; les prédateurs sont aux aguets !
    Une fois de plus, en s’inspirant de M. Serres, dans la gestion des rapports de l’homme et de l’eau, la nature n’est jamais invitée !

    4°) FNE demande donc aux députés et au Gouvernement : de tirer toutes les conséquences du drame et de profiter du vote du Grenelle II en mai pour prendre deux mesures :

    1. Intégrer, dans la loi Littoral, un troisième pilier, la prévention des risques naturels
    2. Généraliser les plans de préventions des risques sur l’ensemble du territoire, DOM-COM compris, dans un délai de deux ans, faute de quoi des sanctions financières devront être prises.
    - Par Georges VALLET
     
    LA PASIONARIA DES SINISTRÉS DE XYNTHIA
    Son visage s'affiche sur toutes les télés. Marie-Olivia Rocca, préside l'association de défense des sinistrés d'Aytré. Son profil est atypique
    19.04.2010
    Stéphane URBAJTEL | s.urbajtel@charentelibre.fr

    «Pour le rendez-vous, c'est d'accord mais je peux juste samedi à 10h30 précise. J'ai un agenda de ministre». Marie-Olivia Rocca est surbookée et s'en excuse. Depuis une dizaine de jours, le visage de la présidente de l'association défense des intérêts des victimes de Xynthia (Adivx) à Aytré, en Charente Maritime, s'affiche sur tous les écrans de télé. On l'a vu au 13h de France 2 avec Elise Lucet. Sur le plateau de «C'est dans l'air» sur France 5, interviewée par Yves Calvi. Elle a répondu aux micros de TF1, de M6, de RTL. S'est exprimée dans les colonnes du Monde et du Point.

    Samedi après-midi, elle a sauté dans un train, direction Paris, pour affronter, avec décontraction mais pugnacité, les caméras de «Revu et corrigé», l'émission de décryptage de l'actualité présentée par Paul Amar.

    Un peu comme ils l'avaient fait au plus fort de la crise d'Heuliez avec le cfdétiste Emile Bregeon, ou lors des démêlées des «Conti» avec le cégétiste Xavier Mathieu, les médias ont fait de cette jeune mère de famille de 26 ans (maman d'une petite fille de cinq mois), la figure emblématique des sinistrés. Le porte-voix des victimes de Xynthia.

    Et pas seulement pour son joli minois. Marie-Olivia Rocca le sait, elle dénote à côté de ses compagnons d'infortune, engagés, comme elle, dans le combat de l'après tempête. Par son style: quand de nombreux sinistrés issus de vieilles familles picto-charentaises arrimées dans la région offrent une image un peu rustre, elle est plutôt écharpe burberry, look tantôt moderne, tantôt strict et maquillage soigné. «Les autres responsables associatifs sont tous des mecs et l'ambiance générale est, c'est vrai, plutôt celle des manifs syndicales».

    « Bonne cliente »

    Par son parcours: journaliste de formation, passée au Dauphiné Libéré, elle a beaucoup écrit pour des magazines dédiés aux voyages. A passé quelques années sous le soleil de la Polynésie, avant de venir poser ses valises à Aytré avec son mari, pilote de ligne. «Nous avons tout perdu dans la tempête, il y a eu deux mètres d'eau dans notre maison dont le mur d'enceinte venait à peine d'être terminé, mais je sais que d'autres sont plus à plaindre que nous».

    Si elle attire les médias, c'est aussi parce que, admet-elle, «je suis une bonne cliente». Discours fluide et percutant, elle sait jouer avec les caméras. «Comme je suis journaliste, je sais quelles sont les attentes des télés. Quand une équipe me demande de faire plusieurs fois la même scène, par exemple marcher sur une dune, je m'exécute sans difficultés».

    Mais si Marie-Olivia Rocca se concentre sur la forme et se pose en as de la com', c'est pour s'ingénier à parler du fond. Après la tempête, après les scènes de désastres et la polémique sur les «zones noires», elle ne veut pas que les flashs des photographes se détournent trop vite de la côte atlantique. «C'est maintenant que le combat commence vraiment. Les sinistrés constituent leurs dossiers pour être dédommagés. Les habitants de la route de la plage étaient encore chez moi samedi». Ils peuvent compter sur la jeune femme pour continuer à jouer les porte-voix.


  • Un p'tit tour en Islande ?

    Un p'tit tour en Islande ?

    Il y a aussi un volcan sous nos pieds, à quelques encablures d'ici, qui titille le sol de temps en temps...

    18/04/2005 : séisme d'Oléron (Charente-Maritime)
    Le 18 avril 2005 à 06h 42mn 50s Temps Universel (soit 08h 42mn 50s en heure locale) a eu lieu un séisme de magnitude locale ML = 4.7 dans l'Ile d'Oléron, à environ 10 km à l'Ouest-Sud-Ouest de Saint Pierre d'Oléron (Charente Maritime), à la latitude de 45.92 N et la longitude de 1.42 W.

    Scoop : La révolution française de 1789 serait due à une éruption volcanique en Islande. A lire sur LePost


  • Xynthia : revue de presse du 18 avril

    Xynthia: premiers rachats de maisons "en juillet ou en août" en Vendée

    RENNES — Les premiers rachats à l'amiable de maisons dans les zones noires destinées à être rasées sont prévus "en juillet ou en août" en Vendée, annonce le préfet Jean-Jacques Brot dans une interview à paraître lundi dans le journal La Croix.

    "Les services de France Domaine ont pris l'engagement de procéder (aux) évaluations très rapidement, de sorte que les premières acquisitions pourraient intervenir en juillet ou en août", a-t-il déclaré au quotidien.

    M. Brot a confirmé que sur les 915 maisons concernées dans le département, le plus touché par la tempête du 28 février avec 29 morts, 215 demandes d'évaluation étaient en cours.

    Vendredi, France Domaine avait indiqué que les premières évaluations pour les résidences principales seraient disponibles "fin mai début juin".

    L'Etat privilégie un règlement à l'amiable dans les zones concernées. Les particuliers qui s'y refusent peuvent s'engager dans une contestation devant le juge administratif mais prennent "le grand risque", en cas d'échec, d'obtenir une indemnisation inférieure, a estimé M. Brot.

    Xynthia: Voynet critique l'"extrême rigueur" de l'Etat pour les zones noires

    (AFP) – Il y a 9 heures

    PARIS — L'ex ministre de l'Environnement Dominique Voynet (Verts) critique "l'extrême rigueur" de la décision de l'Etat de détruire environ 1.500 maisons dans le périmètre des "zones noires" défini après la tempête Xynthia, dimanche dans un entretien au Parisien.

    "Entre l'extrême laxisme d'hier et l'extrême rigueur d'aujourd'hui, il y a certainement une troisième voie, évitant de détruire des milliers de maisons", déclare l'élue de Seine-Saint-Denis, sénatrice-maire de Montreuil.

    "Dans certains endroits, on peut construire un étage supplémentaire, dans d'autres installer des dispositifs d'alerte", suggère-t-elle.

    "Quel est le meilleur choix compte tenu des moyens financiers dont on dispose?" interroge Mme Voynet, en rappelant le coût de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1... "Je ne suis pas convaincue que c'était +la+ priorité de santé publique pour laquelle il fallait dépenser 800 millions d'euros", dit-elle.

    Concernant les "zones noires", très contestées par certains habitants de Vendée et Charente-Maritime, la numéro un des Verts Cécile Duflot avait salué samedi dans le JDD le "courage politique" du ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

    "Il faut mettre en application des décisions qui auraient dû l'être, pour certaines, avant la construction des maisons. Si ces habitations font toujours courir un risque mortel, il faut avoir le courage de les détruire (...) en expliquant les critères retenus pour définir les zones noires", avait-elle affirmé, critiquant au passage les prises de position de Ségolène Royal (PS).

     

    SUD OUEST

     
    18 avril 2010 06h00 | Par Pierre-Marie Lemaire    

    Zones noires : le dessous des cartes

    L'administration s'est appuyée sur quatre critères officiels pour délimiter les zones noires, jaunes, orange. Plus un, officieux : l'argent.

      Aux Boucholeurs, comme ailleurs sur le littoral de 
Charente-Maritime, les sinistrés contestent le tracé jugé arbitraire des
 zones noires. Ici, lors d'une manifestation le 10 avril.  photo xavier 
léoty

    Aux Boucholeurs, comme ailleurs sur le littoral de Charente-Maritime, les sinistrés contestent le tracé jugé arbitraire des zones noires. Ici, lors d'une manifestation le 10 avril. photo xavier léoty

     

    Le père Dubois est connu comme le loup blanc dans le village des Boucholeurs, au sud de La Rochelle. Voilà plus de soixante ans qu'il vit dans la même maison, à deux pas de la mer. Le 28 février, il a dormi sur ses deux oreilles, les pieds au sec. « Je n'ai pas eu un centimètre d'eau chez moi. Je n'ai rien eu à déclarer à l'assurance ! » Des tempêtes, ce marin pêcheur retraité en connut d'autres, et des plus sauvages. Mais si Xynthia est restée poliment à sa porte, aujourd'hui c'est l'État qui veut l'enfoncer : sa maison est en zone noire, c'est-à-dire menacée de destruction.

    Depuis jeudi et la venue du ministre Jean-Louis Borloo à La Rochelle, on sait que les bulldozers ne raseront pas les Boucholeurs demain. Ceux qui veulent partir partiront, aux meilleures conditions, et les autres auront droit à une analyse de leur cas au coup par coup. Des procédures d'expropriation, il y en aura sûrement, mais plus tard et en respectant les formes légales. Le préfet, qui avait demandé aux maires des communes sinistrées de signer eux-mêmes des arrêtés de péril pour chasser les habitants des maisons condamnées, a essuyé un refus indigné et unanime. Tous rebelles !

    Des milliers de maisons

    Sur le fond, cependant, rien n'a changé. Les zones noires sont maintenues telles quelles, avec leur périmètre « arbitraire » et leurs « incohérences », dénoncés par une majorité des sinistrés et des élus. Cinq semaines ont suffi à l'administration pour colorier sa carte des risques en jaune, orange ou noir, selon le degré de dangerosité. 1 510 habitations ont été marquées de noir, 915 en Vendée, 595 en Charente-Maritime. Avec les zones orange, sur lesquelles pèse toujours un point d'interrogation en attendant « des expertises complémentaires », ce sont des milliers d'habitations qui sont concernées sur le littoral.

    Officiellement, le découpage a obéi aux règles de l'art. Il s'est appuyé sur quatre critères : la hauteur et la vitesse de l'eau constatée pour chaque zone lors de la tempête ; la proximité d'un endiguement ; la topographie des lieux, surtout s'ils forment une cuvette ; enfin la possibilité de se protéger.

    « L'étude a été conduite par des ingénieurs et techniciens de la Direction départementale des territoires et de la mer, renforcés par 14 experts nationaux, précise la préfecture. Elle a été complétée par des visites de terrain et plusieurs échanges avec les maires. »

    « Incompétents »

    Des experts ? Quels experts ? « Ici, on n'a vu personne », affirme Michel Le Bozec, président de l'association des sinistrés des Boucholeurs. « Si, moi j'ai vu trois personnes, une fois, une heure, se souvient Henri Lambert, maire de Nieul-sur-Mer. Des gens charmants mais totalement incompétents. Ils ont constaté que l'eau était passée et puis c'est tout. » « Il faut des années pour établir un plan de prévention des risques, renchérit son collègue de La Flotte-en-Ré, Léon Gendre. Et eux, il ne leur aurait fallu que quelques semaines ? Ce n'est pas sérieux. »

    Les sinistrés restent persuadés que la cartographie a été bâclée dans l'urgence, dans quelque bureau de La Rochelle ou de Paris, par quelque technocrate pressé qui a rayé d'un coup de plume des centaines de maisons. Mais ce qui les choque le plus, c'est l'incohérence du résultat final, son iniquité aussi. Le cas du père Dubois n'est pas isolé. Les associations de victimes ont toutes leurs « aberrations », ces habitations épargnées coloriées en noir ou ces maisons voisines qui affichent des couleurs différentes.

    Pourquoi pas l'île de Ré ?

    Aux quatre critères pris en compte, disent-ils, s'en ajoute un cinquième, tout aussi objectif mais plus difficilement avouable : l'argent. « Tout le monde n'a pas été traité de la même façon, s'énerve Jean-François Faget, maire de Charron, où une grand-mère et ses deux petits-enfants ont trouvé la mort le 28 février. Je connais un lotissement à Saint-Clément-des-Baleines [dans l'île de Ré] qui a été inondé et qui échappe à la zone noire. » Idem aux Portes-en-Ré, ajoute Léon Gendre, qui s'interroge, faussement naïf : « Les propriétaires des villas à 2 ou 3 millions d'euros bénéficieraient-ils d'un traitement de faveur ? »

    La réponse est oui. Dans ce canton nord de l'île de Ré, prolongement balnéaire de l'axe Auteuil-Neuilly-Passy, la logique financière a prévalu.

    « Le vrai critère, c'est combien ça coûte… » confirme un fin observateur des choses rétaises. « Du côté de La Patache ou de Trousse-Chemise, tout le monde sait que ça prend l'eau, mais ce sont des propriétés à plusieurs millions d'euros. Les exproprier plomberait vite fait le budget d'indemnisation. Pour une villa des Portes, vous rasez tout les Boucholeurs ! »

    Le lobby du 16e (arrondissement) aurait-il fait le siège des ministères ? « Pas besoin. Cette donnée a été intégrée d'emblée. C'est pour la même raison, et aussi pour l'emploi, que la thalasso de Sainte-Marie-de-Ré, qui baignait dans près de 2 mètres d'eau, a été épargnée, de même que la zone artisanale de La Couarde ou l'hôtel-restaurant 4 étoiles Les Mouettes, à Aytré, seule tâche orange au milieu du noir. »

     

     
     
    18 avril 2010 06h57    

    La perte et le chagrin

     

    Jean-Claude Guillebaud (Photo David Le Déodic)

    Comme tout le monde, j'entends depuis plusieurs semaines cet immense bavardage national au sujet de la tempête Xynthia en Charente-Maritime. Longtemps, ce bavardage fut principalement chiffré. C'est fou ce qu'on nous aura assommés de chiffres et d'évaluations ! Tant de victimes, tant de millions de mètres cubes d'eau de mer, tant de milliards pour réparer les dégâts, tant de maisons partiellement ou totalement détruites, tant de kilomètres de lignes électriques, etc. À chaque occasion, on nous proposait des modes d'évaluation complémentaires. Il y a évidemment les manques à gagner de l'industrie touristique, la facture probable à la charge des assureurs, le montant des aides de l'État, etc. Nos médias ont finalement ressemblé à un immense tableau de comptes, une leçon d'arithmétique.

    Lisant, et écoutant tout cela, je me demandais s'il n'y avait pas, quelque part, un malentendu. Ce dernier vient d'apparaître en pleine lumière avec les protestations des habitants dont les maisons sont promises à la démolition. La peine des hommes, on le comprend mieux maintenant, ne se réduit pas à des chiffres, ni même à des raisonnements rationnels. Le regard des habitants de Charron, de Fouras ou de La Faute-sur-Mer n'en finit pas de s'attarder sur ces coins de dunes ou de marais submergés. Ils comprennent que ce qu'ils risquent de perdre, ce n'est pas seulement un « bien immobilier ». À côté de l'idée de perte, il faut prendre en compte ce que faute de mieux on appellera le « chagrin ». On devine ici et là des larmes difficilement contenues. On note des silences qui dissimulent d'inexprimables désespérances. On voit même, cela arrive, de vraies larmes perler dans les yeux des personnes âgées.

    Or tout cela, savez-vous, n'a rien à voir avec les chiffres. Ce n'est pas une « perte » quantifiable que pleurent en silence ces hommes et ces femmes que l'on décide d'exiler loin de « chez eux ». C'est le deuil d'un paysage familier ; c'est la privation subite de quelques points de repère ; c'est une blessure de l'âme dont aucun expert ne saurait évaluer l'intensité. Ainsi, pensent-ils, voilà détruit ce que nous pensions immobile ! Ainsi, voilà pulvérisés des horizons modestes, des refuges symboliques, qui nous consolaient des sauvageries du monde ! Écoutant s'exprimer ce chagrin et cette colère, je pense assez bizarrement à ces beaux vers d'Aragon : Odeurs de myrtilles/Dans les grands paniers/Que demeure-t-il/De nous au grenier ?

    Tous ces gens ont bien compris que, au nom de la sécurité et de la « précaution », c'est du grenier de l'âme qu'on a décidé de les expulser à la va-vite. La plupart d'entre eux sont des retraités. Or, passé un certain âge, on ne reconstruit pas si facilement son paysage intérieur.

    Tout se déroule comme si, passé les premières urgences et les solidarités instinctives, c'est aujourd'hui qu'ils prennent la vraie mesure de leurs blessures. Elles les touchent aux tréfonds d'eux-mêmes. Elles les précipitent dans une tristesse légitimement coléreuse.

    Partir ? Aller ailleurs ? Elles les plongent dans une deuxième peine aussi douloureuse que la première. Certes, on tente de les raisonner et de les consoler en faisant valoir qu'ils bénéficieront de dédommagements généreux. Mais ce n'est plus vraiment aux « pertes » sonnantes et trébuchantes qu'ils songent. C'est à ces dévastations immatérielles, qu'ils ont du mal à accepter.

    Ne connaissant pas tous ces dossiers par le menu, je suis incapable de dire si l'évacuation des « zones noires » est justifiée. Je ne sais pas non plus si d'autres solutions de sauvegarde étaient possibles.

    Je sais simplement que ces chagrins-là méritent - méritaient - d'être pris en compte avec la plus grande attention. Il faudrait être sûr de ce que l'on fait et veiller - avec une générosité minimale - à la cohérence de ces décisions qui ont eu l'air de tomber du ciel.

    Sommes-nous bien sûr que cela a été le cas ?

    jean-claude guillebauD


  • Un ascenseur sur le pont transbordeur

    Bonjour tout l'monde !

    Vous ne le saviez sans doute pas. Un ascenseur a été installé sur le pont transbordeur de Rochefort.

    Pour en savoir davantage, rendez-vous sur le blog...

    Flonigogne


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  • Le Pont transbordeur de Rochefort

    UN ASCENSEUR SUR LE PONT DE MARTROU


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    Le pont de Martrou est le dernier pont transbordeur français, Il fait de la résistance à Rochefort. Martrou signifie « trou de mer », bien que ce géant d’acier enjambe du haut de ses 50 mètres un fleuve, la Charente. 50 mètres de haut pour laisser passer les mâts des bateaux.

    Ferdinand Arnodin est né en 1845 à Sainte-Foy-lès Lyon, dans le Rhône. Son père, spécialiste des ponts métalliques, était chef de chantier dans la compagnie Seguin. Enfant, le jeune Ferdinand observe la nature et les chantiers dans lesquels son père travaille. Il deviendra ensuite inspecteur des ouvrages de la Société Générale des Ponts à Péage (ex compagnie Seguin frères) avant de monter sa propre entreprise de constructions métalliques. S'inspirant des cordages des mariniers, il invente un câble plus résistant à torsion alternative, et la poutre dite « Arnodin ».

     


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    On est en pleine révolution industrielle. Le métal est à la mode. Gustave Eiffel vient d’ériger sa célèbre tour pour l’exposition universelle de Paris.

    Arnodin sera le concepteur de nombreux ponts métalliques, et on le considère comme l’inventeur des ponts à transbordeur dès 1888. On lui attribue celui de Bilbao en 1893, construit en collaboration avec l’ingénieur espagnol Alberto de Palacio (les deux hommes, sans doute complices, ont d’ailleurs déposé leur brevet le même jour à la même heure chacun dans son pays)...


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    ... puis les ponts de : Bizerte (Tunisie, 1898) qui sera d’ailleurs démonté puis remonté à Brest...


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    Rouen (1899)...


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    Rochefort-Martrou (1900)...

    Nantes (1903)...


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    Marseille (1905)...


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    Newport (Pays de Galles, 1906) qui ressemble étrangement à celui de Rochefort...

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    Bordeaux (inachevé, 1910). Il en reste toujours les piles, témoins d'un projet inachevé :


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    Le principe du pont transbordeur.

    On devrait plutôt dire à transbordeur. « Le principe du pont transbordeur consiste à faire croiser une voie fluviale fréquentée par des navires à fort tirant d'air (voiliers notamment) par une voie terrestre fréquentée par des véhicules, et ceci dans une région où le relief plat ne facilite pas l'implantation d'un viaduc classique. La nacelle du pont transbordeur est en fait une sorte de bac suspendu en l'air, au-dessus de la rivière, par des haubans qui le relient à un chariot mobile sur un tablier placé très haut ».

    (Source : http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?ID=s0000109)


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    La notion de  « transbordeur » s’applique dès lors qu’il y a transfert, par des moyens mécaniques - bateau, téléphérique etc., de marchandises ou de passagers,  d’une rive d’un cours d'eau ou d'un fleuve vers l'autre bord. Les ponts à transbordeur, conçus à la fin du XIXème siècle répondirent à plusieurs impératifs, là où d’autres moyens de communication (ponts traditionnels, tunnels, etc.) avaient rapidement trouvé  leurs limites :

    • permettre la traversée d’estuaires ou de passes maritimes soumis à des conditions climatiques difficiles.
    • Autoriser le passage de bateaux de grande taille  dont les mâts pouvaient dépasser plusieurs dizaines de mètres.

    Un pont transbordeur est un pont enjambant un port, un canal ou un fleuve, pour faire passer les véhicules et les personnes d'une rive à l'autre dans une nacelle suspendue à un chariot roulant sous le tablier. La traction, par câble commandé depuis la rive, fut d'abord assurée par une machine à vapeur puis, très vite, par un moteur électrique. Le tout est monté et reste démontable, à la façon d’un immense Meccano.


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    Enclavée dans l'un des méandres de la Charente, la ville de Rochefort ne s'ouvrait sur la région sud de Marennes et de l'île d'Oléron que par la passe de Soubise.


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    A Rochefort, le bac qui relie Rochefort au village de Martrou, du côté d’Échillais, ne suffit plus. Il reste encore des traces des cales de ce bac :

    Côté Rochefort…


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    Vu d'en haut...


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    Côté Échillais…


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    Et vu d'en haut...


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    Rochefort est un arsenal maritime ; il faudra donc gérer à la fois le flux routier, de plus en plus dense, et la navigation maritime. Un concours avait été organisé pour résoudre le problème du franchissement de la Charente assez large à cet endroit. Ferdinand Arnodin obtenu le premier prix Des projets divers de ponts suspendus ou tournants avaient alors été évoqués. On a même envisagé un tunnel sous la Charente. Quand on sait qu’à cet endroit la vase s’enfonce jusqu’à 50 mètres de profondeur, on imagine la difficulté que cela aurait représenté, sans parler du coût de l’opération : de six millions de francs de l’époque contre 586.500 francs pour le Pont Transbordeur qui a finalement été réalisé.


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    C’est finalement le projet de Ferdinand Arnodin qui est retenu en 1887. Il s’agit d’un pont à transbordeur, le transbordeur étant la nacelle. Les pylônes culminent à 60 mètres de haut, le tablier à 50 mètres des plus hautes eaux (enfin, quand une tempête comme Xynthia ne s’en mêle pas…).


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    La nacelle mesure 11 mètres sur 14 mètres. Elle peut accueillir :


    • 150 piétons
    • ou 9 voitures attelées
    • ou 12 voitures automobiles
    • ou 2 autobus

    La traversée dure 4 minutes, contre 75 secondes à l’époque (mais l’embarquement était plus long). Le prix de la traversée est de 1 € 30 pour l’aller simple, 2 € 20 pour l’aller-retour.

    HISTORIQUE DU PONT DE MARTROU

    • 1887 : Dépôt du brevet de pont transbordeur par Ferdinand Arnodin.
    • 1898 : Début des travaux de construction du pont pour remplacer le bac devenu insuffisant pour assurer le trafic (à noter qu’il y avait un bac entre Port-Neuf à Rochefort et Échillais, un autre entre Rochefort et Soubise, plus en aval)
    • 1900 : Mise en service du pont transbordeur le 29 juillet
    • 1900 : 27 mois après le début des travaux, inauguration du pont.
    • 1912 : L'aviateur Lucien Deneau passe sous le tablier avec son avion.
    • 1927 : Électrification de la nacelle, qui fonctionnait jusque-là à la vapeur.
    • 1933 : la traversée, gratuite jusque-là, devient payante.
    • 1933 - 1934 : Les poutres du tablier et la suspension sont remplacées et modifiées.
    • 1960 : le câblage est refait (câbles porteurs et câbles de retenue)
    • 1966 : Le pont sert de décor au film de Jacques Demy «les demoiselles de Rochefort". Jacques Demy, Nantais, avait connu de transbordeur de Nantes, parti à la ferraille en 1938. Le réalisateur aurait voulu que le pont soit repeint en rose, ce qui lui fut refusé.

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    • 1967 : Fin de service. Le pont transbordeur est abandonné au profit d'un pont à tablier levant inauguré le 30 avril
    • 1976 : Le pont est classé Monument historique 30 avril
    • 1990 - 1994 Travaux de réhabilitation du pont transbordeur.
    • 1991 : Mise en service du viaduc de la Charente et destruction du pont à travée levante. Un projet de restaurant panoramique est abandonné parce que jugé trop onéreux (et peut-être trop exposé à Éole qui s’en donne à cœur joie à cet endroit-là). Le pont à travée levante est démonté en juillet 1991. Ce qu’il en reste côté Échillais a été réaménagé en belvédère.
    • 1994 : Fin de la réhabilitation du pont transbordeur et réouverture uniquement aux piétons et aux cycles (ou exceptionnellement à des voitures anciennes ou hippomobiles).
    • 2000 : Le pont fête ses 100 ans. Une fête grandiose va illuminer le transbordeur de mille feux.
    • 2009 : début de la restauration des têtes de pylône et des selles de câbles.

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    En 1931, on a recensé le passage de :

    • 19 000 piétons
    • 300 000 cyclistes (hommes + vélo)
    • 8 000 bêtes
    • 23 000 motos
    • 6 000 camions
    • 85 160 voitures automobiles
    • 18 000 camions
    • 5 000 autobus

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    Le pont transbordeur fut en activité jusqu’en 1967. On dit que lorsqu’il était fermé, certains n’hésitaient pas à grimper jusqu’au tablier, le vélo sur l’épaule, afin de traverser la Charente.


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    Le pont transbordeur fut remplacé en 1967 par un pont à travée levante, inauguré par Michel Debré. Ce pont était fermé à la circulation automobile pour laisser le passage à la navigation maritime durant vingt minutes chaque marée, ce qui entraînait des embouteillages parfois sur plusieurs kilomètres et durant plusieurs heures, surtout lorsque le tablier se coinçait, mémoire de cigogne ! Il fallait alors faire le tour par le pont de Saint-Clément sur la route de Saintes.


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    En 1991, pendant trois mois, Rochefort s’est même vu doté de trois ponts…


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    Le viaduc, construit dans la foulée du pont de l’Ile de Ré par la Société Bouygues, enjambe la Charente à 30 mètres au-dessus des plus hautes eaux. Il voit passer chaque jour 40 000 véhicules en basse saison, 44 000 en saison estivale (capacité maximale supportée). Ce viaduc, inauguré il y a moins de vingt ans, voit donc déjà ses limites…


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    À sa fermeture en 1967, le pont transbordeur était promis à la ferraille. Sur le haut de celui de Marseille (que les Allemands avaient essayé de faire sauter en 1944 pour boucher le port, et qui s’écroula complètement en 1945 suite à sa mise à feu),  il y avait un restaurant de poissons où la bouillabaisse et les langoustes étaient au menu. Ceux de Nantes, Rouen, Bordeaux, Cherbourg avaient d’ores et déjà été démontés.


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    En 1976, le pont de Martrou est classé monument historique. Il est restauré entre 1990 et 1994, date à laquelle il reprend du service, mais uniquement pour les piétons et cyclistes.


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    Actuellement, trois nacelliers sont chargés de transborder les voyageurs. Récemment, Mallory Mathurin est arrivée, première et unique nacellière dans ce métier d’hommes.


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    Le transbordeur est en cours de restauration. Il faut gravir 300 marches (comme la Tour de Pise, Big-Ben ou encore l’Arc de Triomphe pour avoir une idée), pour accéder au sommet du tablier.


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    Un bel ascenseur rouge et blanc a donc été installé à gauche du pylône côté Échillais.


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    Les travaux commencés en janvier étaient prévus pour environ six mois et se terminer en juillet afin de renforcer le tablier et les suspentes. Au départ, les haubans (verticaux) étaient obliques. Les têtes de pylône et les selles sur lesquelles les câbles reposent avaient besoin d’une sérieuse restauration. Elles supportent l’équilibre du pont et reposent sur neuf rouleaux qui subissent le vent, le sel, les différences de température. Ces rouleaux, de 68 mm de diamètre et d’un mètre de longueur, pèsent 60 kg.


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    Ces pièces d’origine (110 ans) étaient attaquées par la corrosion et finissaient pas bloquer le système. On les nettoie à la brosse et ils seront protégés par un mortier de calage de haute performance pour les protéger d’une nouvelle corrosion. Ce nouveau mortier a la particularité de ne pas rétrécir en séchant et de résister à la corrosion. On le dit passivant. Il est capable de supporter 1 000 tonnes au cm².


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    31 mars 2010 – 08h00 : un « coup de feu » retentit côté Rochefort, au massif d’ancrage. La nouvelle tombait dans la presse le 1er avril et on a pu croire à un super poisson d’Avril : Le pont de Martrou risquait de s’effondrer, et un câble capable de couper une maison en deux se balançait dans les airs. Mais ne n’était pas un poisson ! Une pièce de 15 kg (appelée « épingle » sans doute en raison de sa forme rappelant celle d’une épingle à nourrice), sous une tension de 22 tonnes, supportant le câble le plus haut, vient de se casser.


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    La pièce cassée est propulsée dans l’air et s’enfonce profondément dans la terre un peu plus loin. Les six familles résidant sur place sont évacuées le temps de sécuriser la zone (sauf deux résidants qui devront signer une décharge). De gros étaux sont installés. Les treuils supportent 35 tonnes.


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    Les 23 autres attaches sont donc en cours de contrôle, des deux côtés de la Charente. Seuls les riverains sont autorisés à approcher le secteur du chantier. Il faudra attendre au moins six semaines avant de pouvoir reprendre les travaux.

    On espère toutefois pouvoir rouvrir le transbordeur le 24 juin comme initialement prévu, au moins pour le temps de saison estivale.


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    La Société Baudin-Châteauneuf spécialiste des ponts suspendus, mais aussi des éoliennes et de l’entretien des ascenseurs de la Tour Eiffel est chargée des travaux. La petite histoire veut que Basile Baudin, ingénieur travaillant pour Arnodin, ait racheté son entreprise. À la mort de Ferdinand Arnodin en 1924, Basile Baudin, fabriquant de charpentes métalliques (pylônes, grues…), reprend la construction des ponts.


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    La nacelle d’origine a été dynamitée par les Allemands en 1945 et tombe dans l’eau. Elle est refaite en 1945, puis abandonnée en 1967 à la fermeture du transbordeur. Trop rouillée, elle sera démontée et refaite au moment de la restauration à l’identique de celle de 1900. Il s’agit donc de la troisième nacelle. Elle est empruntée à 95 % par les touristes, à 5 % par la population locale (échillaisiens voulant faire leurs courses sur Rochefort, collégiens souhaitant rentrer chez eux à vélo sans avoir à monter sur le viaduc).


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    Le pont subit actuellement un traitement anticorrosion. En ce moment est menée une campagne de mise en peinture des entrecroisements.

    Le pont transbordeur appartient à l’État ; il est géré par la DRAC (direction régionale des affaires culturelles) qui en a donné la gestion à la Communauté du Pays Rochefortais. Les travaux sont payés par l’État et leur coût est équivalant à celui de construction d’un rond-point. L’entretien courant est fait par la ville de Rochefort, tous les lundis et jeudis matins. Les Bâtiments de France interviennent également.


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    Sur chaque rive les anciennes cales du bac sont toujours visibles au pied du pont transbordeur. La Maison du Transbordeur, côté Échillais, était un dépôt de marchandises faisant face à un relais de poste, aujourd’hui racheté par un particulier.


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    Quel avenir pour le pont transbordeur ?

    Dans un premier temps, les visites costumées devraient reprendre tous les jeudis à partir de juin (sous réserve de réouverture durant la saison estivale) avec départ de la Maison du Transbordeur à Échillais et arrivée à Rochefort à la guinguette du transbordeur.


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     Classement au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO :

    Il reste 8 ponts transbordeurs de par le monde. Le pont de Bilbao est déjà classé depuis 2006 au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Un projet est de classer tous ces ponts transbordeurs. 


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    Flonigogne

     

    PS : Un article pour le 20e anniversaire du viaduc dans l'Hebdo de Charente-Maritime :

    "Rochefort - Vingt ans et en pleine forme"