• De Rivière-du-Loup à Tadoussac
    en empruntant les traversiers

    Jours 9 et 10 du circuit

    Voir la Google map en ligne

    Nous arrivons le soir à Rivière-du-Loup. Pourquoi ce nom ? Peut-être parce que les loups-marins (les phoques) y pullulaient à une époque. Ou bien parce que Champlain y aurait rencontré la nation indienne des Loups. Ou bien parce que le vaisseau français "Le Loup" y aurait hiberné...

    Quoi qu'il en soit, la vue sur le Saint-Laurent est splendide à la nuit tombante ! L'eau, les nuages, les hauteurs de Charlevoix sur la rive d'en face.

    Encore une belle auberge pour nous accueillir. Le soleil se couche au moment du souper.

    Le lendemain matin, départ pour l'autre rive. Le traversier nous attend. Nous n'avons pas le temps d'essayer de revoir Claude Saint-Pierre, l'indien montagnais, connu comme le loup blanc,  que nous avions rencontré il y a deux ans et qui nous avait gratifié d'une petite danse pour nous encourager à acheter des capteurs de rêves !

    Grand contraste entre les couleurs du soir et celles du matin, une fois que le soleil a déjà progressé dans le ciel.

    On a pris des précautions... et on observe si tout se passe bien...

    Traversier = bac, bateau passeur, ferry-boat pour les Anglais. Il nous emmène jusqu'à Saint-Siméon, après avoir contourné le sud de l'ïle-aux-Lièvres. Petites emplettes-souvenirs rituelles à bord. Nous débarquons. Saint-Siméon, un des ports d'où on peut partir observer les baleines. (Nous avions failli le faire en 2007 mais nous en fûmes découragés et nous ne comprenons toujours pas le pourquoi de la réticence !)

    D'autres sont prêts à embarquer ! Quant à nous, nous devons redescendre un peu le Saint-Laurent par la route jusqu'à Baie-Sainte-Catherine pour atteindre les bords du Saguenay, emprunter un autre traversier, franchir le Saguenay et arriver à Tadoussac, lieu d'une importance historique d'une part et point de départ de notre première croisière aux baleines d'autre part.

    Une cabane (au Canada) au bord d'un des nombreux lacs. Puis descente vers Baie-Sainte-Catherine pour grimper sur le traversier.

    Embarquement, traversée, commentaires, OK. Hein, beau bateau qui s'appelait Armand ! Faut qu'on arrive à l'heure ! On va y arriver à Tadoussac !

    Bel estuaire du Saguenay qui ne sera pas franchi par un pont, en a-t-on décidé. De plus la traversée est gratuite parce qu'elle est sur une route nationale et qu'il n'y a pas la possiblité d'un contournement par ailleurs !

    AlCaribou


  • RIVE SUD

    VERS LE BAS SAINT-LAURENT

    vue satellite par la Google Map 

    Jour 9 du circuit

    Nous quittons le Mont-Albert et le Parc National de la Gaspésie par l’unique route qui permet de rejoindre la rive sud du Saint-Laurent en passant par Sainte-Anne-des-Monts. Son nom vient du nom de la rivière Sainte-Anne (qui elle-même prend sa source au lac Sainte-Anne, au-delà du Mont-Albert) figurant sur les cartes dès 1709.

    Ce nom lui fut donné en référence à la seigneurie de Sainte-Anne-des-Monts concédée à Denis Riverin en 1688. Elle était déjà connue des indiens Micmacs de la côte qui y trouvaient bien avant l’arrivée des européens une source de nourriture essentielle. Les premiers « annemontois », comme on nomme les habitants de Sainte-Anne-des-Monts s'y installent au début du XIXème siècle, principalement pour la pêche au saumon et à la truite. La ville est un haut lieu de pèlerinage au début du XXème siècle. Elle sera détruite par un incendie en 1915. L'église, dont la particularité est d’avoir deux clochers, fut construite avec des roches de plage en 1925 et possède une relique de Sainte-Anne, soit un doigt, donné par Mgr Turgeon en 1843 qui a lui-même signé un testimonial de son authenticité (Sainte-Anne avait beaucoup de doigts…). L’église fut détruite par le feu en 1938.

    C’est à Sainte-des-Monts que se termine l’estuaire du Saint-Laurent.

    Sainte-Anne-des-Monts

     

     

    Nous longeons donc la rive droite du Saint-Laurent sur une route en travaux car
    « en Gaspésie, c’est l’hiver ou la saison des travaux… »


     

    Festival vent de la Haute-Gaspésie

    Histoire du Cap-Chat

    Nous passerons par Cap-Chat. Le Cap-Chat, rocher ressemblant à un chat selon certains, serait à l’origine du nom. D'ailleurs, selon une légende, un chat se promenant sur la grève, tuait et dévorait de nombreux animaux. La fée-chat, passant par là, l'accuse d'avoir dévoré sa progéniture et le transforme en rocher pour l'éternité. Par contre, l'hypothèse la plus plausible y voit la déformation du nom d'Aymar de Chaste, lieutenant général de la Nouvelle-France en 1603. Nous sommes en plein festival du cerf-volant et le ciel est rempli de bêtes bizarres (pieuvres, serpents, poissons).

     

    Cap-Chat est aussi un parc éolien important. 

    Le complexe éolien du Nordais est le plus grand du Canada, un des plus grands d’Amérique du Nord. 133 éoliennes. Il est scindé en deux parcs : 76 éoliennes à Cap-Chat, 57 à Matane.

    Cependant, certains spécialistes parlent de « l’effet Chic-Chocs », qui provoque à la hauteur de Cap-Chat une sorte de trou dans les vents qui balaient le golfe  du Saint-Laurent en provenance du nord et de l’est. Les éoliennes ne profiteraient donc pas des meilleurs vents.

    Le parc du Nordais est surtout célèbre pour son éolienne verticale, Éole. L'éolienne verticale de Cap-chat est un élément unique dans le monde : d'une hauteur de 110 mètres, le but de ce prototype construit dans les années 80 était d'être en mesure d'utiliser le vent quelle que soit sa provenance (en plus de développer une puissance supérieure aux autres éoliennes et de ramener le système électrique au sol). Cette éolienne, conçue à but de recherche, ne fonctionne plus depuis une dizaine d'année pour deux raisons : le coût au KW était plus élevé que le prix d'achat; elle n'était donc pas rentable (rappelons que c'est un prototype). Après un contrat d'exploitation d'une dizaine d'année à fin de recherche, l'éolienne fut arrêtée car incapable d'être rentable. Certains lui reprochaient aussi d’être épouvantablement bruyante.

    Par ailleurs, avant l'arrêt, des pertes d'efficacité ont été remarquées, laissant penser que le roulement principal au bas de l'édifice a subi une usure prématurée. Sa remise en fonction nécessiterait donc une intervention majeure (mais faisable sans tout démonter).

    Une autre éolienne de ce type fut installée aux Îles de la Madeleine mais, suite à une mauvaise manipulation lors d'un entretien, elle s'effondra lors d'une tempête ! 

     

    Notre dernière escale sera au centre d’art Marcel Gagnon, à Sainte-Flavie, porte de la Gaspésie.

     

    Peintre, Marcel Gagnon  est sculpteur, peintre et poète. Il a créé une œuvre étonnante faite d’une centaine de statues grandeur nature qui émergent du fleuve Saint-Laurent, « le grand rassemblement »  Voici ce qu’il en dit :

     LE GRAND RASSEMBLEMENT

     L’homme cherche une issue à sa vie

    Il cherche souvent dans un fleuve brouillé par les marées

    Il se fait balloter

    Il marche vers la rive à la recherche d’une indication

    D’une intuition

    Quand il émerge du fond des mers

    Il est illuminé par tant de clarté

    Il pense qu’il a trouvé, mais il réalise vite qu’il a été ébloui

    Même si le soleil luit, dans son cœur c’est nuageux

    Comment comprendre qu’il faut toujours

    Se renouveler et que pour y arriver

    On doit y travailler sans se lasser

    Le salut dans les autres n’est qu’une illusion

    A force de méditation, la liberté, lui seul peut la trouver

    La lumière ne peut plus l’aveugler

    Elle vient de l’intérieur, il en est inondé

    Maintenant il peut flotter au lieu de s’enfoncer

    Il faudra encore ramer, il y aura d’autres marées

    D’autres tempêtes à traverser

    Ce combat, il le mènera avec d’autres humains

    Et ils deviendront tous ensemble

    Un GRAND RASSEMBLEMENT universel

     

    L’abandon

     

    Tout ce que ça prend pour écrire un livre

    C’est une première phrase

     

    Tout ce que ça prend pour peindre un tableau

    C’est un premier coup de pinceau

     

    Tout ce que ça prend pour faire une sculpture

    C’est une petite motte de terre

     

    Et une tonne d’abandon

    La maison, quant à elle, a un air du palais du facteur Cheval… ou de Gaudi, puisque son surnom est le « le Gaudi québécois » : Il joue avec les formes, supprime les angles, défie les centres de gravité. Les personnages du « Grand Rassemblement » nous suivent jusque dans la maison, entièrement transformée en un lieu surprenant.

    Cet endroit est un endroit qui attire les touristes, bien sûr, avec son auberge, son magasin, mais c’est surtout une résidence d’artistes qui se réveille tous les étés après le sommeil de l’hiver (les statues pourraient être endommagées par le gel du Saint-Laurent, et sortent de l’eau à l’automne pour hiberner au sec).

    C’est une affaire de famille. Si Marcel Gagnon en est le concepteur avec sa conjointe Ghislaine Carrier, peintre elle aussi, c’est son fils Guillaume qui la fait vivre actuellement, assisté par sa compagne Annie Lévesque et son frère Jean-Pierre, tous également artistes.

    Reportage de Radio Canada sur Marcel Gagnon

    Sainte-Flavie est également un site paléontologique important. Le musée (que nous ne verrons pas) présente des os de dinosaures, des sections d’arbres fossilisés, des plantes transformées en pierres et des fragments d’animaux et conserve également 400 spécimens de minerais.

    Finie, la Gaspésie. Nous retrouvons la civilisation (réseau Internet et de téléphonie portable). Que de souvenirs resteront de cette péninsule du bout du monde, où les humains vivent en harmonie avec la nature !

    Nous nous dirigeons vers Rivière- du-Loup où nous traverserons le fleuve pour aller vers d’autres aventures.

     

    Flonigogne


  • De Grande-Vallée au Mont-Albert 

    Vers le Parc national de Gaspésie

    Jours 8 et 9 du circuit

    Après avoir quitté le Parc fédéral de Forillon nous allons longer le Saint-Laurent par la rive sud pendant quelques centaines de kilomètres, avec à notre gauche les monts Chic-Chocs (« mur infranchissable » en langue micmac). Nous faisons étape à Grande-Vallée où nous apprenons qu’il y a cinq sites préhistoriques dont quatre dans la plaine alluviale.

    Grande-Vallée

    Loin des rives du Saint-Laurent

    Pourquoi loin des rives du Saint-Laurent ? Le panneau d’information nous dit que c’est certainement lié à « l’histoire post-glaciaire de la Gaspésie. Il y a 14 000 ans, un réchauffement climatique faisait fondre les immenses glaciers accumulés lors d’une longue glaciation qui immobilisa la Gaspésie pendant près de 70 000 ans. La mer de Goldthwait submergea alors la zone côtière de la péninsule.

    A Grande-Vallée cette incursion marine envahit la plaine et la transforme en un vaste estuaire dont le niveau était jusqu’à 13 mètres supérieur à l’actuel lit de la rivière. Il y a au moins 6 000 ans, des chasseurs nomades fréquentent des terrasses aux abords de cet affluent qui abonde en ressources marines. Ils y laisseront quelques outils et des éclats de pierre représentant des traces discrètes de leur passage. »


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    Le bâtiment de la municipalité juste devant l'église...

    L'auberge...

     

    Pourquoi  Grande-Vallée ? Parce que le village est à l'embouchure de la rivière Grande-Vallée qui coule dans une large vallée très fertile

    C'est une ancienne seigneurie concédée en 1691 par le gouverneur de la Nouvelle-France, Frontenac.

    Le pont couvert "Gallipeault" a été construit en 1923 et déclaré monument historique en 1978.

    la Martre

    Encore des kilomètres à faire et nous apercevons le phare de la Martre, construit en bois en 1906, dont la lampe tourne encore grâce à un câble relié à un contre-poids.

    Nous arrivons à Sainte-Anne-des-Monts, nous tournons à gauche à angle droit pour prendre la route du Parc national de la Gaspésie.

    Le Parc national de Gaspésie

    Nous nous enfonçons dans les terres. Nous arrivons au Centre de Découvertes et de Services d’où partent nombre de sentiers de randonnées. Nous aurons deux heures le lendemain matin pour regretter n'être que de passage !

    Nous choisissons un parcours vers la rivière Sainte-Anne (encore une rivière à saumons !) avec une chute d'eau, un "saut".

    Après la rivière, une grimpette jusqu'au belvédère de la Lucarne qui permet de mieux voir les montagnes environnantes.

    Nous n’avons pas vu le troupeau de caribous des bois ! Il aurait fallu partir au moins pour la demi-journée.

    Il y a neuf sous-espèces de caribous dont sept sont encore vivantes.

    Le caribou des bois tangifer tarandus est la seule sous-espèce présente au Québec. Cette sous-espèce est elle-même subdivisée en trois types : le caribou toundrique, forestier et montagnard. Le caribou de la Gaspésie est du type montagnard.

    Les quelques 175 caribous du troupeau de la Gaspésie vont-ils survivre ?

    Les amérindiens ont chassé le caribou pour sa viande, sa peau, sa graisse, ses tendons. Ensuite les colons s'en sont nourris. Puis il y a eu une "chasse sportive"...

    De nos jours la "chasse photographique" est seule pratiquée dans le parc de Gaspésie. Où aller pour observer les troupeaux ? Sur le Mont Jacques-Cartier (5 heures de marche aller-retour...)

     

    Le gîte du Mont-Albert est au milieu de nulle part mais très confortable. Pourquoi le Mont-Albert ? Eh bien parce qu'il était le mari de la reine Victoria et qu'il fallait bien être aimable avec lui qui n'était que le prince consort !

     

    AlCaribou


  • LE PARC NATIONAL DE FORILLON

    vue satellite par la Google map

    Jour 8 du circuit

    Forillon est une péninsule montagneuse située au nord-ouest de la Gaspésie, entre la baie de Gaspé et l’estuaire du Saint-Laurent. Le parc national Forillon, situé sur la pointe nord-est de la péninsule gaspésienne, est en fait une presqu'île s'avançant dans la mer. La chaîne des Appalaches termine ici son long périple. Les montagnes viennent s'y précipiter dans les eaux du golfe du Saint-Laurent. Falaises sculptées par la mer, anses, plages de galets et caps donnent au paysage une allure de «bout du monde». Le parc national de Forillon, d’une superficie de 244,8 km2 a été créé en 1970 dans le but de protéger les monts Notre-Dame, extrémité nord des Appalaches, collines et plateaux de 600 à 700 mètres d’altitude au pied des montagnes Chic-Chocs.

    Le nom « Forillon » provient des débuts de la colonie. Une des premières mentions est faite en 1626 par Samuel de Champlain qui écrit que « une lieue du Cap de Gaspey, est un petit rocher que l'on nomme le forillon, éloigné de la terre d'un jet de pierre ». Forillon serait une déformation du portugais farilhom lui même emprunté de l'italien faraglioni les deux signifiant « rocher » ou « écueil dans la mer » (source : Wikipédia).

    La région, considérée comme le berceau de l’Amérique française, est chargée d’histoire et de traditions tournées vers la mer. Des fouilles archéologiques récentes ont révélé que les premiers amérindiens campaient sur le versant nord de la péninsule, de l’anse au Griffon à la pointe de Penouille, il y a près de 9000 ans. Depuis des siècles, les anses et les graves de Petit-Gaspé jusqu’au Cap-Gaspé ont su séduire les Micmacs ou premiers Gaspésiens, les pêcheurs saisonniers puis les pêcheurs sédentaires. Au sud de la péninsule, les plus grandes anses telles l'anse aux Amérindiens, l'anse Saint-Georges et la Grande Grave regroupaient près d'elles des villages. Les plus petites anses accueillaient des établissements domestiques.

    Reste à trouver d’où ils venaient : de Mongolie ou de Sibérie ou de Sibérie en empruntant le détroit de Béring ?  Ou bien du nord de l’Espagne ? D’autres hommes vivaient-ils déjà sur le continent avant leur arrivée ?

    Qui étaient les premiers habitants de l'Amérique ? 

    Ce qui est certain c’est qu’il a fallu exproprier 225 familles pour créer le parc. Heureusement, la création du parc a eu un retentissement économique certain sur toute la région avec la venue de nombreux touristes chaque année.

    Site patrimonial de Grande-Grave

    Nous y découvrons le magasin général William Hyman and sons. William Hyman, juif russe arrivé en Gaspésie en 1843 après avoir fui le régime des stars, s’intéressa au commerce de la morue, et fera l’acquisition d’un établissement de pêche qu’il fera prospérer jusqu’à sa mort, en s’associant avec ses fils. Il travaillait pour le compte des compagnies de Charles Robin et John LeBouthillier dont nous avions fait la connaissance à Paspébiac.

    Le magasin général était le seul commerce. On achetait le moins possible (le thé et le café, la farine, le sucre, les épices, des outils et ustensiles domestiques, de la vaisselle « du dimanche », du savon, de l’huile, des allumettes,

    des chaussures, quelques vêtements « du dimanche » ou pour aller à la pêche à la morue, ou de quoi les confectionner, quelques remèdes.

    On avait tout : la viande (chasse, un peu d’élevage), le poisson (la morue). On récoltait le plus possible (fruits) ; en été, on cultivait des légumes. On faisait des conserves et des confitures. Le bâtiment était la résidence de William Hyman, construite en 1864 et don le rez-de-chaussée a été aménagé en magasin général en 1918. Des tarifs donnent une idée des prix pratiqués.

    Des recettes de cuisine nous informent sur les modes alimentaires (recette de « pouding au suif», de pâtes…).

    Les livres de comptes nous donnent des indications aussi sur les provenances des produits (Espagne, Terre-Neuve, Labrador, Norvège, Canada) et même sur les noms des bateaux (Favorite, Emile, Mathilde, Christophe Colomb…) et sur le poids de leurs cargaisons.

    A l'étage, l'exposition « Vivre au rythme des saisons » aborde les tâches qui incombaient aux familles pour assurer leur subsistance étroitement reliée aux ressources naturelles du milieu. A dix-douze ans, les petits garçons commençaient à embarquer avec leurs pères durant la campagne de pêche. Ils n’allaient donc à l’école que durant l’hiver, contrairement aux filles, qui la fréquentaient plus assidûment.

    Grande-Grave se prêtait bien à la transformation de la morue à cause de la grave (plage de galets), des vents dominants qui en favorisaient le séchage et de la proximité d'un ruisseau d'eau douce, primordial pour tous.

    Au printemps, les travaux de la terre se font à la hâte et on se prépare pour la compagne de pêche (vérification et réparation des bateaux et des filets).

    L’été était essentiellement consacré à la pêche et à la transformation de la morue en produit séché (la fameuse « Gaspé Cure » était massivement exportée en Italie, en Espagne et aux Antilles).

    A l’automne, une fois la dernière goélette rentrée, les pêcheurs halaient les bateaux sur la plage, remplissaient les caves de légumes et se préparaient pour les longs mois d’hiver.

    En hiver, le rythme de vie ralentissait. C’était le temps des visites entre voisins, des mariages, les veillées durant lesquelles on jouait aux cartes et on dansait.

     L’Anse-Blanchette

    Tandis qu'à la « grande-grave» des centaines d'hommes engagés par les compagnies s'affairaient dans un incessant travail à la chaîne, plusieurs familles installées à proximité des petites anses réalisaient à moindre échelle toutes les étapes de capture et de transformation de la morue qu'elles allaient ensuite livrer aux compagnies. Hommes, femmes et enfants contribuaient à ce gagne-pain collectif et complétaient leur subsistance par un peu d'agriculture et d'élevage.

    L'Anse-Blanchette propose une visite de la maison familiale meublée dans le style des années 1920, de la grande-étable, du hangar à poisson, du hangar à bois, du chafaud (grenier à foin) et des installations liées à la production de poisson séché.

    Nous y rencontrerons même une poule.

    Pourquoi Blanchette ? La poule ? Une morue ? Non ! À l'est de Grande-Grave s'installait en 1901 Xavier Blanchette, pêcheur indépendant, agriculteur, éleveur et bûcheron.

    Un joli petit sentier côtier au-dessus de la falaise nous permettra par ailleurs de profiter d’un paysage à couper le souffle sur l’anse et la plage de galets. Les pêcheurs y ont construit des descentes équipées de cabestans et de palans afin de transporter le matériel de pêche et de chasse et de remonter les embarcations et les prises de la journée. C’est là que les Appalaches terminent leur voyage, les pieds dans l’Atlantique.

    Le mont Saint-Alban

    Nous pique-niquerons au pied du mont Saint-Alban, puis entreprendrons une petite randonnée de montagne (pas facile, la rando, ce ne sont pas les marais charentais, ni même les vals saintongeais… des cailloux qui vous glissent sous les pieds à chaque pas, des escaliers, une pente plutôt raide…Pas les Alpes, mais 283 m quand même !) pour avoir vue grandiose sur le cap des rosiers. Pas mal, quand même !

    Le cap des rosiers Fréquenté depuis le XVIIème siècle par des pêcheurs, le nom apparaît pour la première fois sous la forme de Cap Rozier sur la carte de Champlain en 1632. Le nom du Cap des Rosiers vient d’une grande quantité de rosiers qu’on y trouva lors des premières expéditions.

    C'est ici que les Français aperçoivent la flotte du général Wolfe se dirigeant vers Québec en 1759. Cet endroit est le témoin de nombreux naufrages dont celui du Carrick où périssent plus de 130 immigrants irlandais. Le phare, d'une hauteur de 37 mètres, est construit en 1858 et demeure le plus haut du Canada.

     

    Le naufrage du Carrick.

    En avril 1847, le Carrick, un voilier transportant des immigrants irlandais, parti du port de Sligo en Irlande, est surpris par une tempête dans le golfe Saint-Laurent. Poussé par de très forts vents, il fait naufrage sur un récif situé un peu au sud du phare de Cap-des-Rosiers (inexistant à cette époque). Il y a 48 survivants sur un total de 180 passagers. On retrouve 87 corps sur les rives. On les enterre dans une fosse commune.

    En 1968, on retrouve par hasard, la cloche du Carrick à Blanc-Sablon sur la Basse Côte-Nord. Elle se situe maintenant à côté du monument en mémoire des naufragés à l'est du village.

    Bataille du Saint-Laurent - 1942-1945

    La bataille du Saint-Laurent se résume à une série d’événements militaires survenus dans le fleuve et dans le golfe du Saint-Laurent. En effet, la présence de sous-marins allemands dans le Saint-Laurent et leurs actions sur les navires alliés ont amorcé cette bataille dans les eaux canadiennes. Principalement entre 1942 et 1944, les submersibles allemands ont attaqué les navires marchands (hollandais et anglais) chargés de réapprovisionner en vivres et en matériel la Grande-Bretagne, en plus des navires de guerre canadiens chargés d’escorter les convois ravitailleurs. Ceci se passait dans l’anse entre le cap des rosiers et le cap Bon-Ami.

    Plus pacifiquement, l’endroit où nous nous sommes posés s’appelle le cap Bon-Ami. Ce site est un paradis pour les oiseaux marins… et les phoques, paraît-il, mais nous n’en verrons pas. Par contre, nous pourrons admirer une colonie importante de cormorans, accrochés à la falaise. L’anse du cap Bon-Ami est une plage de sable qui rejoint le cap de Gaspé.

    Nous terminerons notre halte au Parc de Forillon en retrouvant le Saint-Laurent, que nous n’avions plus vu depuis notre entrée en Gaspésie. Il est bien là, ou du moins son estuaire, 120 km de large.

    Mais nous restons encore en Gaspésie, et nous dirigeons vers le centre de la péninsule, au Mont-Albert.

    Ce sera l’objet du prochain article.

    Flonigogne

     

    Parc national de Forillon

    L'histoire du parc national de Forillon

     


  • GASPÉ

    Jour 8 du circuit

               Nous nous éloignons de Percé et de son rocher percé, pour faire une halte dans la baie de Gaspé, à l’endroit où un certain Jacques Cartier atterrit le 24 juillet 1534, au cours de son premier voyage officiel au Canada. Il fit élever une croix ornée du blason royal de François 1er : trois fleurs de lys sur fond d'azur, ce geste symbolique étant assorti d'une prise de possession du territoire au nom roi de France. Nous n’aurons pas le temps de visiter le musée de la Gaspésie, et ne verrons pas l’endroit exact où Cartier planta cette croix, et les suppositions abondent.

    Un lien : Où Jacques Cartier a-t-il planté sa croix ?

               Il était parti de Saint Malo le 20 avril 1534 avec deux bateaux : la Petite Hermine d’une capacité de 60 tonneaux et l’Emérillon d’une capacité de 40 tonneaux, avec à leurs bords 61 hommes. Il n’avait que 23 ans. Il dédaigna Terre-Neuve, qu’il connaissait déjà pour y être venu lors de campagnes de pêche à la morue et d‘exploration avec Verrazzano, et qu’il qualifia de « terres que Dieu donna à Caïn » en raison de son aridité, accosta aux Îles-de-la-Madeleine, puis à l’Île-du-Prince-Édouard, croyant par deux fois avoir atteint le continent américain ; sa mission était de trouver un passage pour rejoindre la Chine. Il s’engagea dans la Baie-des-Chaleurs, jusqu’à Port-Daniel, d’où il rejoignit Percé en barque avant de s’enfoncer au fond de la baie de Gaspé où il trouvera refuge lors d’une tempête comme la Gaspésie sait en réserver.

               Gaspé est un mot d'origine micmac (Gespeg) qui signifie le bout de la terre, là où finit la terre (Finistère en français traduit de Penn-Ar-Bed en Breton ; Jacques Cartier était de Saint-Malo, ne n’oublions pas).

               Jacques Cartier rencontra les Iroquois, qui se montrèrent très aimables et enclins à troquer de la verroterie contre des peaux de castor et d’orignal, mais leur chef Dannacona n’apprécia guère l’arrivée de cette croix sur son territoire. Il accepta toutefois de laisser partir deux de ses fils, Domagaya et Taignoagny, vers le Vieux-Continent. Quand ils revinrent, ils avaient appris le Français, mais également compris la valeur des fourrures revendues à prix d’or en France.

               Un monument rend hommage à Jacques Cartier à Gaspé. Œuvre des sculpteurs de la famille Bourgault-Legros, le monument, réalisé en 1977, est composé de six stèles de fontes inspirés des galets gaspésiens, des montagnes du parc Forillon vers lequel nous nous dirigeons, et des menhirs bretons en hommage à la Bretagne natale de Jacques Cartier.

    Les textes qui y sont gravés sont tirés du journal de voyage de l’explorateur et des récits du père Chrestien LeClerq, missionnaire franciscain qui fut chargé par Monseigneur de Laval de l’évangélisation des Micmacs entre 1673 et 1680. Des motifs désignent l'arrivée de Jacques Cartier à Gaspé, la rencontre avec les Amérindiens et l'érection de la croix au nom de la France, avec des citations au verso de chaque stèle.

     

             Avec une population de près de 17 000 habitants, Gaspé regroupe aujourd’hui plus de 17 villes et villages et s'étend sur 975 km², ce qui en fait une des plus grandes villes en superficie au Québec. Trois rivières débouchent sur Gaspé: York, Dartmouth et Saint-Jean.

              Elle fête cette année le 475ème anniversaire de l’arrivée de Jacques Cartier.

           Par ailleurs, la flamme olympique est en route pour Vancouver, passera par Gaspé le 10 novembre prochain. Elle traversera tout le Canada avant de rejoindre la côte pacifique.

    Flonigogne

     

    Pour aller plus loin, voici quelques liens :

    Jacques Cartier

    Les voyages de Jacques Cartier

    Jacques Cartier : trois voyages au Canada

    Les voyages de Jacques Cartier (2)

    Encyclopédie canadienne : Jacques Cartier

    Jacques Cartier : explorateur et découvreur du Québec

    Gaspé

    L'agriculture en Gaspésie de 1534 à 1939

    Les Iroquois





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