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Rive Sud vers le Bas-Saint-Laurent
RIVE SUD
VERS LE BAS SAINT-LAURENT
vue satellite par la Google Map
Jour 9 du circuit
Nous quittons le Mont-Albert et le Parc National de la Gaspésie par l’unique route qui permet de rejoindre la rive sud du Saint-Laurent en passant par Sainte-Anne-des-Monts. Son nom vient du nom de la rivière Sainte-Anne (qui elle-même prend sa source au lac Sainte-Anne, au-delà du Mont-Albert) figurant sur les cartes dès 1709.
Ce nom lui fut donné en référence à la seigneurie de Sainte-Anne-des-Monts concédée à Denis Riverin en 1688. Elle était déjà connue des indiens Micmacs de la côte qui y trouvaient bien avant l’arrivée des européens une source de nourriture essentielle. Les premiers « annemontois », comme on nomme les habitants de Sainte-Anne-des-Monts s'y installent au début du XIXème siècle, principalement pour la pêche au saumon et à la truite. La ville est un haut lieu de pèlerinage au début du XXème siècle. Elle sera détruite par un incendie en 1915. L'église, dont la particularité est d’avoir deux clochers, fut construite avec des roches de plage en 1925 et possède une relique de Sainte-Anne, soit un doigt, donné par Mgr Turgeon en 1843 qui a lui-même signé un testimonial de son authenticité (Sainte-Anne avait beaucoup de doigts…). L’église fut détruite par le feu en 1938.
C’est à Sainte-des-Monts que se termine l’estuaire du Saint-Laurent.
Nous longeons donc la rive droite du Saint-Laurent sur une route en travaux car
« en Gaspésie, c’est l’hiver ou la saison des travaux… »
Nous passerons par Cap-Chat. Le Cap-Chat, rocher ressemblant à un chat selon certains, serait à l’origine du nom. D'ailleurs, selon une légende, un chat se promenant sur la grève, tuait et dévorait de nombreux animaux. La fée-chat, passant par là, l'accuse d'avoir dévoré sa progéniture et le transforme en rocher pour l'éternité. Par contre, l'hypothèse la plus plausible y voit la déformation du nom d'Aymar de Chaste, lieutenant général de la Nouvelle-France en 1603. Nous sommes en plein festival du cerf-volant et le ciel est rempli de bêtes bizarres (pieuvres, serpents, poissons).
Cap-Chat est aussi un parc éolien important.
Le complexe éolien du Nordais est le plus grand du Canada, un des plus grands d’Amérique du Nord. 133 éoliennes. Il est scindé en deux parcs : 76 éoliennes à Cap-Chat, 57 à Matane.
Cependant, certains spécialistes parlent de « l’effet Chic-Chocs », qui provoque à la hauteur de Cap-Chat une sorte de trou dans les vents qui balaient le golfe du Saint-Laurent en provenance du nord et de l’est. Les éoliennes ne profiteraient donc pas des meilleurs vents.
Le parc du Nordais est surtout célèbre pour son éolienne verticale, Éole. L'éolienne verticale de Cap-chat est un élément unique dans le monde : d'une hauteur de 110 mètres, le but de ce prototype construit dans les années 80 était d'être en mesure d'utiliser le vent quelle que soit sa provenance (en plus de développer une puissance supérieure aux autres éoliennes et de ramener le système électrique au sol). Cette éolienne, conçue à but de recherche, ne fonctionne plus depuis une dizaine d'année pour deux raisons : le coût au KW était plus élevé que le prix d'achat; elle n'était donc pas rentable (rappelons que c'est un prototype). Après un contrat d'exploitation d'une dizaine d'année à fin de recherche, l'éolienne fut arrêtée car incapable d'être rentable. Certains lui reprochaient aussi d’être épouvantablement bruyante.
Par ailleurs, avant l'arrêt, des pertes d'efficacité ont été remarquées, laissant penser que le roulement principal au bas de l'édifice a subi une usure prématurée. Sa remise en fonction nécessiterait donc une intervention majeure (mais faisable sans tout démonter).
Une autre éolienne de ce type fut installée aux Îles de la Madeleine mais, suite à une mauvaise manipulation lors d'un entretien, elle s'effondra lors d'une tempête !
Notre dernière escale sera au centre d’art Marcel Gagnon, à Sainte-Flavie, porte de la Gaspésie.
Peintre, Marcel Gagnon est sculpteur, peintre et poète. Il a créé une œuvre étonnante faite d’une centaine de statues grandeur nature qui émergent du fleuve Saint-Laurent, « le grand rassemblement » Voici ce qu’il en dit :
LE GRAND RASSEMBLEMENT
L’homme cherche une issue à sa vie
Il cherche souvent dans un fleuve brouillé par les marées
Il se fait balloter
Il marche vers la rive à la recherche d’une indication
D’une intuition
Quand il émerge du fond des mers
Il est illuminé par tant de clarté
Il pense qu’il a trouvé, mais il réalise vite qu’il a été ébloui
Même si le soleil luit, dans son cœur c’est nuageux
Comment comprendre qu’il faut toujours
Se renouveler et que pour y arriver
On doit y travailler sans se lasser
Le salut dans les autres n’est qu’une illusion
A force de méditation, la liberté, lui seul peut la trouver
La lumière ne peut plus l’aveugler
Elle vient de l’intérieur, il en est inondé
Maintenant il peut flotter au lieu de s’enfoncer
Il faudra encore ramer, il y aura d’autres marées
D’autres tempêtes à traverser
Ce combat, il le mènera avec d’autres humains
Et ils deviendront tous ensemble
Un GRAND RASSEMBLEMENT universel
L’abandon
Tout ce que ça prend pour écrire un livre
C’est une première phrase
Tout ce que ça prend pour peindre un tableau
C’est un premier coup de pinceau
Tout ce que ça prend pour faire une sculpture
C’est une petite motte de terre
Et une tonne d’abandon
La maison, quant à elle, a un air du palais du facteur Cheval… ou de Gaudi, puisque son surnom est le « le Gaudi québécois » : Il joue avec les formes, supprime les angles, défie les centres de gravité. Les personnages du « Grand Rassemblement » nous suivent jusque dans la maison, entièrement transformée en un lieu surprenant.
Cet endroit est un endroit qui attire les touristes, bien sûr, avec son auberge, son magasin, mais c’est surtout une résidence d’artistes qui se réveille tous les étés après le sommeil de l’hiver (les statues pourraient être endommagées par le gel du Saint-Laurent, et sortent de l’eau à l’automne pour hiberner au sec).
C’est une affaire de famille. Si Marcel Gagnon en est le concepteur avec sa conjointe Ghislaine Carrier, peintre elle aussi, c’est son fils Guillaume qui la fait vivre actuellement, assisté par sa compagne Annie Lévesque et son frère Jean-Pierre, tous également artistes.
Sainte-Flavie est également un site paléontologique important. Le musée (que nous ne verrons pas) présente des os de dinosaures, des sections d’arbres fossilisés, des plantes transformées en pierres et des fragments d’animaux et conserve également 400 spécimens de minerais.
Finie, la Gaspésie. Nous retrouvons la civilisation (réseau Internet et de téléphonie portable). Que de souvenirs resteront de cette péninsule du bout du monde, où les humains vivent en harmonie avec la nature !
Nous nous dirigeons vers Rivière- du-Loup où nous traverserons le fleuve pour aller vers d’autres aventures.
Flonigogne
Tags : Sainte-Anne-des Monts, Cap-Chat, Sainte-Flavie, Marcel Gagnon