• Xynthia, revue de presse du 30 juin 2010

     

     

     

     

    De généreux Savoyards

     6 350 euros pour aider les sinistrés.  photo jean-françois 
crespin

    6 350 euros pour aider les sinistrés. photo jean-françois crespin

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    Vendredi dernier, la fête des écoles de Charron a donné l'occasion de remettre un chèque de 6 350 euros, fruit de la générosité de l'association l'A68 et de l'Amicale des pompiers de Franclens (Haute-Savoie).

    Ce sont M. et Mme Olivier, sinistrés de la tempête, qui sont allés chercher ce chèque. Ils ont été magnifiquement reçus par la population lors d'une soirée organisée aux bénéfice des sinistrés de Xynthia. Les Hauts-Savoyards avaient lancé un appel à plusieurs villages victimes de la tempête et seul Charron y a répondu.

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    C'est ainsi que les écoles maternelle et élémentaire, dirigées par Mmes Faure et Sauvo-Deversanne , assistées de Mme Boutet, chargé des affaires scolaires, ont reçu cet argent. Les directrices ont chaleureusement remercié les donateurs, incluant pour leur solidarité l'Alsace, la Bretagne, la Dordogne, la Charente-Maritime et tous les bénévoles et parents d'élèves, qui ont aidé à la remise en état des locaux et des matériels.

    Reconstruction des digues: une cicatrice à 20 millions d'euros

    La deuxième phase de travaux débute, pour conforter ce qui a été relevé après Xynthia.

     Au Boutillon, dans l'île-de-Ré, une troisième voie de circulation
 est en cours d'aménagement pour limiter l'impact du chantier de la 
digue sur le trafic routier estival.  photo xavier léoty

    Au Boutillon, dans l'île-de-Ré, une troisième voie de circulation est en cours d'aménagement pour limiter l'impact du chantier de la digue sur le trafic routier estival. photo xavier léoty

    Au Boutillon, l'île-de-Ré se resserre en un fin goulet d'étranglement. Ici, Xynthia brisait le lien historique qui reliait Ars-en-Ré et tout le nord du canton insulaire au reste du monde. Quatre mois après la tempête, les engins de chantiers y sont toujours actifs. C'est ce lieu symbolique des efforts à accomplir pour relever et consolider les digues enfoncées de la Charente-Maritime que le conseiller général rétais, Lionel Quillet, choisissait hier pour brosser le panorama de ces travaux herculéens. S'accordant une plongée dans le détail, pour souligner que le niveau 2 de ces interventions programmées en trois temps vient de s'ouvrir.

    Il y avait eu une première phase, celle des travaux d'urgence. Le lendemain du passage dévastateur de Xynthia, les plaies commençaient ainsi à être pansées. En priorité, là où des vies dépendent des ouvrages de défense. Une mise en sécurité hâtée par l'échéance du 31 mars suivant, et un coefficient de marée annoncé de 112. L'État et l'Union européenne ont chacun absorbé 40 % de la dépense, le Conseil général 20 %. C'est alors que l'on a vu les norias de poids lourds chargés de calcaire converger toutes vers le littoral.

    Gare aux marées d'équinoxe

    La phase 2 qui s'ouvre, reste une intervention qualifiée d'urgence. A cette nuance près, qu'il s'agit « de consolider ce qui a été fait », indique l'élu rétais. Quarante-trois digues précisément (lire ci-dessous) que d'autres grandes marées de vives eaux peuvent malmener. Un 112 figure en effet sur le calendrier des marées à la date du 12 août ; mais c'est entre le 8 et le 11 septembre prochain que les marées d'équinoxe réserveront les plus généreuses cotes marines : des coefficients compris entre 103 et 116. Aller vite ne signifie pas que tout sera réglé avant cette échéance. La fréquentation estivale complique la donne, comme l'ont déjà éprouvé ceux qui franchissent le secteur du Boutillon. Pour réduire au maximum les perturbations du trafic routier, une troisième voie de circulation est ainsi en cours d'aménagement en bordure de digue.

    Fait singulier dans une actualité post-tempête marquée par la guerre des nerfs sur la question des zones de solidarité, le sujet de la défense des côtes, force le contraste. Lionel Quillet, qui est aussi maire de Loix-en-Ré - et qui sait justement de quoi il retourne à propos des zones de solidarité - apprécie en connaissance de cause : « avec les digues, il n'y a pas de tensions, comme sur la question des zones. Nous avons des discussions, mais la réflexion est claire. Il y a en a eu par exemple au sujet des réserves naturelles, avec la Ligue pour la protection des oiseaux, avec le Conservatoire du littoral. On commence à se mettre d'accord. »

    La semaine dernière en session départementale des élus de l'opposition déploraient le silence de l'État sur la clé de financement de cette deuxième phase. Lionel Quillet met aujourd'hui tout le monde d'accord, l'État ayant apporté son éclairage la semaine dernière également (comme par hasard) : il poursuit donc à hauteur de 40 % de la facture, au même niveau que l'Europe. Le reste au Département.

    Au total à la fin de l'année, 20 millions auront été consacrés à ces interventions d'urgence. On se projettera alors vers la phase 3, celle de l'analyse en profondeur pour glisser vers ce que Lionel Quillet qualifie d'« approche à la hollandaise ». Ou comment apprécier digue par digue, site par site, les bonnes mesures techniques, le niveau de protection idoine, où l'expansion possible. C'est alors que la mission Littoral lancée par le Conseil général croisera les conclusions du plan digue de l'État. Mais les responsables se projettent à trois ans.

    Les digues à renforcer avant la fin de l'année

    LA ROCHELLE - Rochefort

    Charron. Digue de Charron nord (coût hors taxes 13 750 euros) ; digue ouest (61 600 euros). Esnandes. Digue des Misottes (33 550 euros). Esnandes - Marsilly - Nieul-sur-Mer - L'Houmeau. De coup de vague à la falaise, abords du port du Plomb, anses de la Fertalière et de Pampin (91 000 euros). Aytré - Angoulins. Godechaud/la Colonelle (41 800 euros). Angoulins. La Colonelle (531 800 euros).

    Yves-Fouras. Anse des Boucholeurs et anse de Fouras (243 600 euros). Fouras. Pointe de la Fumée (167 224 euros). Digues de l'Espérance et des Moulins (75 000 euros). Fouras - Saint-Laurent-de-la-Prée. Marais de l'Aubonnière et de Saint-Laurent-de-la-Prée (324 500 euros). Saint-Nazaire-sur-Charente. Digue en terre de fort Lupin (44 000 euros).

    ROCHEFORT - SEUDRE

    Port-des-Barques. Île Madame (66 889 euros). Saint-Froult - Moëze. Digues à la mer de Montportail (110 000 euros). Bourcefranc-le-Chapus. Pointes de Daire et de Mordacq, digues de la baie du Chapus et de Sinche à la plage (400 000 euros). Marennes. Digue chenal de la Badauge (125 410 euros).

    ROYAN - Gironde

    La Tremblade. Pointes aux Herbes et plage de la Cèpe (65 000 euros). Royan. Foncillon : sentier (345 000 euros). Meschers-sur-Gironde - Arces-sur-Gironde. Digue des Six-Barrails (41 800 euros). Talmont. Entre port Maran et Talmont, RD 145 (80 000 euros). Saint-Fort-sur-Gironde - Saint-Sornin-de-Conac. Digues en terre de Port Conac, Port Maubert et Vitrezay (93 500 euros).

    île de ré

    Rivedoux. Site de la corniche (25 100 euros). Sainte-Marie. La Maladrerie et Port Notre-Dame et Pas Montamer (334 500 euros). La Couarde-sur-Mer. Peu Ragot (209 000 euros), Le Goisil (plage) (292 600 euros), Goisil-Bourmonville (58 500 euros). Digues intérieures de la fosse de Loix (la Percotte et digue de la levée du Grouin intérieure) (190 000 euros).

    Loix - Les Portes - Saint-Clément -Ars. Digues intérieures du Fier d'Ars : Clénandré, les Herbiers, le Noureau, la Pierre-Blanche, fiers

    29 juin 2010 06h00 | Par patrick guilloton 0 commentaire(s)

    La tempête et les morts ne font pas de politique

    Le préfet de région était hier aux côtés de Ségolène Royal. Pour une discussion virile mais correcte. Par contre, les prises de bec autour de Xynthia étaient de trop.

     Pendant l'exposé de Bernard Tomasini, hier à Poitiers. On le 
voit, Ségolène Royal a le préfet à l'œil…  photo dr

    Pendant l'exposé de Bernard Tomasini, hier à Poitiers. On le voit, Ségolène Royal a le préfet à l'œil… photo dr

    On s'attend toujours au pire quand Bernard Tomasini, le préfet de la région Poitou-Charentes, débarque au conseil régional, flanqué d'une armada de chefs de service des administrations de l'État venus là pour faire tapisserie et dont on ne peut s'empêcher de penser qu'ils seraient mieux à bosser dans leurs bureaux. Mais après tout, il faut bien faire nombre face aux imposants contingents de fonctionnaires de la région présents à toutes les réunions publiques…

    On s'attend au pire parce qu'avec Ségolène Royal, le préfet est en guerre depuis son arrivée, sans qu'on sache trop qui est responsable de cet état de fait. Ce qui est certain, c'est que Mme Royal n'a jamais fait de cadeau à ce préfet « politique », un reproche qu'elle lui adressait une fois encore hier, face aux caméras de nos amis de France 3, une heure avant l'arrivée de l'escouade préfectorale, une heure avant de recevoir M. Tomasini avec un joli sourire et une franche poignée de main.

     

    Préfet « politique », l'attaque est assez facile puisque dans une autre vie, le préfet, fils d'un baron du gaullisme, a été conseiller général RPR, ce qui, forcément, vous situe un individu.

    Montagne de chiffres

    Reste qu'un préfet, c'est le représentant de l'État et le serviteur de ceux qui tiennent les manettes du gouvernement. À ce titre, il est « politique » et M. Tomasini sait parfaitement faire. Dans le style courtois mais ferme, il a dressé un long bilan du contrat de plan état-Région, indigeste, il en a convenu, mais cela tient à l'exercice. Des chiffres, toujours des chiffres, encore des chiffres pour dire à quel point l'État est beau, grand et généreux avec cette belle région qu'est Poitou-Charentes.

    Il a commencé à titiller la présidente et à montrer que quoi qu'il arrive il ne s'en laisserait pas compter lorsqu'il a sorti une formule empruntée à Pierre Guénant, le président du Comité économique et social régional (CESR), lequel, en réponse au fameux « un euro dépensé doit être un euro utile » de Ségolène Royal, a estimé « qu'un euro dépensé devait rapporter quatre euros utiles » car il estime indispensable un sérieux retour sur investissement !

    Et le préfet de poursuivre sur l'engagement de l'État dans la région qu'il assure avoir vu augmenter de 7,8 % entre 2008 et 2009, avant de préciser que l'État « n'avait de leçon à recevoir de personne ». à ce moment-là, sa voisine bouillait…

    Dans la foulée, il proposait « des états généraux de l'emploi en septembre », manière de bien s'imposer dans la maison tenue par l'un des leaders de la gauche.

    Pas étonnant que la partie de ping-pong se soit vite engagée, d'autant plus que M. Tomasini, tendant sans arrêt la main pour avoir des contacts plus réguliers avec celle qu'il dépeint souvent comme une élue invisible, concluait en lançant qu'il était impossible de demander à l'État de faire plus, sauf à tomber « dans la démagogie et le populisme ». Du style « Suivez mon regard… »

    Un hommage ?

    « À travers votre panorama, vous rendez hommage à l'action de la région dans sa bataille pour l'emploi, l'écologie, la formation, les infrastructures », a débuté la présidente avant d'attaquer très sec sur la politique nationale, la baisse du niveau des retraites, la remise en cause du départ à 60 ans. Et de cogner allègrement sur… le désengagement de l'État, les tribunaux qui ferment, la poste qui n'est plus un service public, les hôpitaux que l'on supprime.

    « Le gouvernement trouve des milliards pour les banques, sur les autres fronts, c'est la rigueur », a conclu Mme Royal, comme dans un meeting. Ses troupes l'ont applaudie… comme la droite l'avait fait en conclusion de l'exposé du préfet.

    De tout cela, on retiendra néanmoins qu'un dialogue véritable s'est établi en public.

    Et on regrettera la polémique entre les deux camps à propos de Xynthia. C'est Françoise Mesnard, petit soldat envoyé aveuglément au front, qui a lancé l'assaut avec un argumentaire préparé de longue date. But de l'opération, montrer que la région avait été remarquable après cette tempête meurtrière, bien plus forte que les autres, l'État comme le conseil général de Charente-Maritime.

    Le préfet avait dans sa besace tout le tableau récapitulatif des sommes engagées après cette catastrophe. Pour dire que lui aussi, du moins l'État, avait énormément fait et qu'il n'avait de leçon à recevoir de personne.

    Ceux qui écoutaient ces deux monologues surréalistes n'ont pu s'empêcher de penser que Xynthia n'était la faute ni à la droite ni à la gauche même si des élus de tous bords ont certainement autorisé des constructions qui n'auraient pas dû l'être.

    Il existe des sujets qui ne devraient pas susciter de polémiques politiques. Et il serait de bon ton qu'enfin, ceux qui aspirent à occuper à tous niveaux les postes que la démocratie a enfantés fassent définitivement preuve d'une totale retenue avec le malheur des autres.

    9 juin 2010 11h00 | Par Marie-Claude Aristégui 1 commentaire(s)

    Un courrier du préfet met en colère les sinistrés de la tempête Xynthia

    Par courrier, le préfet laisse entendre aux sinistrés que sur un plan financier, ils ont intérêt à vendre dès maintenant.

     Michel Le Bozec dénonce le courrier du préfet.  PHoto « SO »

    Michel Le Bozec dénonce le courrier du préfet. PHoto « SO »

    Michel Le Bozec, président de l'association de sauvegarde des Boucholeurs (Yves et Châtelaillon), juge « inhumaine » la lettre adressée par le préfet aux sinistrés des nouvelles zones de solidarité (ex-noires), en fin de semaine dernière. Quelques lignes en particulier interprétées comme une incitation à céder au plus vite les maisons inscrites dans ce périmètre, choquent les habitants qui souhaitent rester chez eux.

    Dans cette lettre, Henri Masse souligne la « mesure exceptionnelle de solidarité nationale » mais rappelle toutefois aux habitants concernés qu'ils ne sont pas obligés de vendre aux Domaines. Il explique à nouveau que les refus entraîneront la mise en œuvre d'une déclaration d'utilité publique pour raison de sécurité. Et que dans ce cadre, sera effectuée une expertise « contradictoire, au cas par cas, de chaque parcelle, donc de chaque habitation, pour en évaluer les risques ». Au terme de cette procédure, les juridictions compétentes se prononceront « sur une éventuelle expropriation et, le cas échéant, sur une valeur d'indemnisation » des logements en question, au prix du marché « avant la manifestation du risque justifiant l'expropriation ».

    Le préfet précise également, et c'est ce paragraphe qui suscite l'agacement : « Ceci étant, ce montant pourrait se trouver en décalage, compte tenu de l'évolution des prix de l'immobilier, avec un bien qu'une personne sinistrée pourrait souhaiter acquérir à l'issue de la procédure judiciaire d'expropriation ». Les habitants comprennent qu'on leur conseille de vendre au plus vite, s'ils ne veulent pas perdre d'argent. En effet, les procédures risquent de prendre beaucoup de temps, des années éventuellement.

    « Ne vendez pas »

    Les sinistrés entrés en résistance craignent que certains de leurs voisins plus hésitants ne soient influencés par ce courrier. D'autant que les prix proposés sont attractifs. Ainsi pour une maison de 36 m² avec un jardin pouvant accueillir une table et quatre chaises, avec vue sur mer certes, la somme de 250 000 euros a été proposée, par écrit. Voilà qui doit faire réfléchir.

    Cela dit, rien n'est simple. Il commence à se dire que, entre les évaluations orales et les propositions concrètes écrites, il existe parfois des différences significatives. En tout état de cause, l'association conseille aux habitants de ne « pas vendre aux Domaines ». Jean-Louis Léonard et Yves Roblin, respectivement maire de Châtelaillon et Yves, avaient fait de même, voilà quelques jours.

    À noter également, que certains destinataires de ce courrier ont été surpris de l'être : il s'agit notamment du propriétaire de la brasserie place André-Hesse, de quelques ostréiculteurs, de la propriétaire du salon de coiffure. Celle-ci ne dort pas sur place, les autres non plus.

     

    Coupures téléphoniques prévues à Boyardville et Saint-Georges d'Oléron (17)

    Aujourd'hui mercredi, demain et le 5 juillet, des coupures de 2 à 3 minutes se produiront sur les lignes téléphoniques (et internet) des

    Aujourd'hui mercredi, demain et le 5 juillet, des coupures de 2 à 3 minutes se produiront sur les lignes téléphoniques (et internet) des clients France Télécom.

    L'opérateur procède en effet au basculement de lignes des centraux téléphoniques provisoirement installés sur des semi-remorques vers les centraux enfin réparés suite aux dégâts causés par Xynthia.

    France Télécom indique aux habitants de ce secteur "de ne pas se signaler en cas de dérangement, cette gêne momentanée est normale et courte."

    Dépression, infarctus: les contre-coups de Xynthia

    mercredi 30 juin 2010
    • 4 mars à La Faute-sur-Mer : quatre jours après le désastre, les 
sinistrés sont dans l'action. Ils nettoient, trient les objets et les 
meubles, récupèrent tout ce qui peut être sauvé.

      4 mars à La Faute-sur-Mer : quatre jours après le désastre, les sinistrés sont dans l'action. Ils nettoient, trient les objets et les meubles, récupèrent tout ce qui peut être sauvé.

      Thomas Bregardis

    Quatre mois après, la tragédie est comme une bombe à fragmentation qui continue de faire des dégâts dans les têtes et les coeurs. Témoignages des habitants et d'un psychiatre.

    Reportage

    Certains se réveillent toutes les nuits à 3 h. Comme si leur horloge interne restait bloquée à cette heure tragique, celle de Xynthia. D'autres racontent le mutisme de leurs enfants ou petits-enfants depuis cette nuit du 27 au 28 février.

    Un garçon de 9 ans a mis deux mois avant d'évoquer la tempête, alors que, avec son papy, ils ont failli mourir. « Nous ne savions pas comment lui en parler », témoigne sa grand-mère. Une adolescente refuse obstinément de rencontrer un psy, ce qui ne rassure pas ses parents, persuadés qu'elle y pense encore à ce cauchemar.

    Là où fut leur bonheur

    Certains sont incapables de retourner sur les lieux, dans les quartiers les plus endeuillés de La Faute-sur-Mer notamment. D'autres reviennent où fut leur bonheur.

    C'est le cas de Michel et Renée Chiron. Ils ont beau savoir qu'ils ne vivront plus ici, « trois à quatre fois par semaine », il faut qu'ils revoient leur pavillon. Pourquoi ce pèlerinage ? Renée tente un début d'explication patinée par l'évidence : « Parce que c'est notre maison. » Michel, lui, évite de trop chatouiller les entrailles de son inconscient : « C'est comme ça. » Pas bien longtemps, « dix minutes, une demi-heure, parfois une heure », mais cette visite est comme une bouffée d'oxygène.

    Ils savent bien que cela ne durera pas. Ils ont accepté la transaction avec l'État et partiront. Sans doute en septembre. Ce sera aux Sables-d'Olonne où ils vont aussi plusieurs fois par semaine respirer le parfum iodé des projets à venir. « Mais cette histoire, on y pensera encore dans vingt ans », sait d'avance Michel, qui admet « quelques coups de blues de temps en temps ».Il avait bâti la maison de ses mains.

    « La scène en flash-back »

    Il n'est pas le seul à ressasser le drame. Le bilan officiel de Xynthia est de 47 morts, dont 29 en Vendée. Ce chiffre ne dit rien des blessures psychiques que les médecins appellent « les traumatismes psychologiques ». Impossible de dire combien sont « blessés » ou le seront. Non, Xynthia n'a pas fini d'éroder les têtes et les corps.

    Yves Bescond, psychiatre, animait une réunion à L'Aiguillon, le 22 juin. Une soixantaine d'habitants y participaient. Selon le médecin, « 10 à 15 % de la population pourrait être atteint de troubles psychiques et/ou organiques, avec des troubles cardio-vasculaires pouvant aller jusqu'à l'infarctus ». D'où l'importance majeure de la prévention. En Vendée, « cinq ou six infarctus ont été comptabilisés dans les quelques jours, parfois les quelques heures, qui ont suivi la catastrophe ». Dont trois ou quatre affectant des personnes qui n'étaient pas prédisposées à déclencher cette réaction.

    Les effets secondaires peuvent aussi survenir longtemps après. « Jusqu'à plusieurs mois, alors que tout semblait aller à peu près, assure le psy. Les gens revivent la scène traumatique, ont des flash-back. » D'AZF au 11-Septembre en passant par les attentats du métro Saint-Michel à Paris, les guerres, les tremblements de terre ou les cyclones, le même phénomène a été observé. Il provoque parfois des « lésions » psychiques très tardives. Pas rassurant, mais utile à savoir quand Xynthia hante encore des nuits.

    Philippe ÉCALLE.
     

    Conseil municipal : suites de la tempête Xynthia - La Tranche-sur-Mer

    samedi 26 juin 2010


    Plusieurs mois après son passage, la tempête Xynthia ou ses effets collatéraux continuent à s'inviter dans les séances du conseil municipal de la Tranche-sur-Mer.

    Travaux sur les plages. La municipalité et le centre technique municipal n'ont pas ménagé leurs efforts pour que la saison touristique ne soit pas impactée par les effets de la tempête. Il ne reste à ce jour que 4 descentes à la mer fermées. Pour ce qui concerne les travaux autorisés par la DDTM et engagés par des particuliers, ils devront être terminés ou suspendus le 30 juin. Les personnes ayant engagé ces travaux ont la charge de remettre les plages en état et de sécuriser leur chantier.

    Embarcadère. Une réflexion s'est engagée il y a quelques jours avec le Conseil Général (propriétaire de l'ouvrage) pour étudier la reconstruction du ponton. Il sera reconstruit avec une hauteur supérieure de 1 m. Le tablier reposera sur une double rangée de pieux au lieu d'une simple rangée actuellement. Le financement sera assuré à 65 % par le conseil général et 35 % par la municipalité. Des subventions et la prise en charge par les assurances seront demandées.

    Bibliothèque médiathèque. Suite aux restrictions sévères d'octroi de permis de construire sur les zones en front de mer (conséquence de la tempête), le permis de construire concernant la bibliothèque sur le site de la maison Guieau n'est toujours pas accordé, ce qui semble compromettre le projet en l'état. Deux solutions de « replis » sont étudiées. La première sur l'emplacement du Relais Fleuri, la seconde, qui semble recueillir les faveurs de l'ensemble du conseil, sur un terrain communal dans le secteur proche du Pôle culturel des Floralies.

    X ynthia, un trop bel emblème

    mercredi 30 juin 2010

    Il faut dire haut et fort que des espaces naturels fragiles, indispensables aux complexes équilibres des écosystèmes, sont menacés par un urbanisme soumis à la dictature du profit.

    La tempête qui s’est abattue sur la Vendée et la Charente-Maritime a été l’occasion de mettre en cause la politique immobilière sur le littoral. L’État a répondu à l’émotion par des expropriations, mais celles-ci ne sont pas fondées pour autant.* Les appétits des spéculateurs immobiliers sur le littoral doivent être dénoncés sans relâche.

    Il faut tirer les conséquences des modifications climatiques – largement provoquées par des activités humaines –, notamment la montée inexorable du niveau des océans, et se préparer à abandonner des territoires.

    La tempête Xynthia vient à point nommé illustrer ces excellentes thèses ? Oui et non ! C’est bien le problème avec les situations concrètes, elles ne se conforment pas toujours complètement avec des idées, aussi nobles soient-elles, que celles des Verts ou autres défenseurs de la nature parfaitement respectables.

    Et parfois, croyant défendre une juste cause, on apporte son soutien à une décision politique qui en est bien éloignée.

    Rappel rapide des faits

    Le 28 février à 4 h 30, la tempête Xynthia atteint le littoral des départements de Vendée et de Charente-Maritime, submergeant de vastes territoires et provoquant le décès de 53 personnes. Sarkozy, surfant sur l’émotion, comme à son habitude, survole les lieux en hélicoptère et déclare qu’il ne permettra pas qu’on revienne s’installer dans ces zones « mortifères ». C’était censé être percutant, radical, courageux, etc. Ensuite, bricolage hâtif d’un zonage coloré, avec tous les bidouillages qu’on devine. Jamais une opération de délocalisation d’une telle ampleur et menée avec une telle célérité n’a été entreprise par l’État. Le nombre de biens visés, porté au 27 avril 2010 à 1 531, dépasse largement le chiffre de l’ensemble des propriétés indemnisées par le fonds Barnier depuis sa création.

    Dans la foulée, s’est constituée une douzaine d’associations de victimes atterrées, subissant une sorte de double peine, d’abord la tempête ensuite une condamnation à la délocalisation vécue comme absurde par un grand nombre d’entre elles.

    Les élus locaux de la majorité présidentielle et départementale, Bussereau, président du conseil général et ministre des Transports, Léonard, député-maire de Châtelaillon, et deux ou trois maires et conseillers généraux chevauchent vaillamment la mobilisation des associations de victimes de leurs communes et département, jusqu’à provoquer ce déplacement surprise d’une partie du gouvernement à La Rochelle et à La Roche-sur-Yon, Borloo, Jouanno, Apparu et Bussereau, pour une fumeuse mise au point, qui maintient le zonage mais rebaptise les zones noires « zones de solidarité et de rachat ».

    Les associations ne désarment pas. Le 24avril, elles bloquent notamment le pont de l’île de Ré, exigent la communication des études qui fondent le zonage (au vu des expériences connues, il est impossible en un délai aussi court que des experts désignés aient pu rendre un rapport circonstancié pour conduire l’État à justifier les mesures prises) et en appellent aux tribunaux administratifs. Un premier jugement positif a été prononcé.

    À gauche, le député-maire de La Rochelle, Maxime Bono, dont la ville a curieusement été épargnée par le zonage, a tout de suite jugé celui-ci globalement positif. Pour les Verts, Xynthia est un trop bel emblème. Ils soutiennent Borloo et approuvent ses décisions « courageuses ».

    Ségolène Royal, présidente de la région Poitou-Charentes, a choisi de prendre la tête de la révolte des victimes, elle leur apporte des moyens juridiques et subventionne leurs associations.

    Quelques remarques
sur la situation concrète

    Si on regarde l’événement d’un tout petit peu plus près, on s’aperçoit qu’on a affaire à une submersion très peu probable, résultat de la conjonction de trois facteurs : un fort coefficient de marée, une dépression importante provoquant une surcote et la coïncidence exacte entre le passage de la tempête et l’heure de la marée haute. Autant dire qu’un événement comme celui-ci est à peu près aussi fréquent que la chute d’un astéroïde. Et raser la zone d’impact parfaitement absurde.

    Quand bien même il s’agirait d’une tempête à retour fréquent, il est bien évident que la prévention concerne l’ensemble du littoral ; il est vrai qu’alors ce n’est pas 1 500maisons qu’il faudrait détruire, en suivant les mêmes principes, mais des dizaines de milliers. C’est quand même beaucoup plus simple de s’en tenir à la zone déjà atteinte et puis tellement plus percutant pour un « coup médiatique », avec parfum de sacrifice et victimes expiatoires… (à la prochaine éruption volcanique, on jettera les sinistrés dans le cratère).

    Une autre remarque  ? Si les Verts ont cru que les zones débarrassées de leurs habitations allaient devenir ou redevenir des zones naturelles, qu’ils lisent la lettre de Borloo aux élus : ils verront qu’on s’y intéresse aux « capacités d’utilisation à des fins d’activités économiques » (de ces territoires). Alors, à quand les zones de loisirs (marchands) et autres marinas ?

    Allez, une troisième remarque, pour la route : la composition sociale d’une zone noire. Par exemple la route de la plage à Aytré (agglomération de La Rochelle) comporte environ 30 % de propriétaires résidents permanents dans des habitations diverses, de modestes à plus…, 30 % de résidences secondaires plutôt modestes, et pour le reste des locataires, notamment des étudiants, qui trouvent là des loyers moins chers qu’en ville, dans des mobil-homes. Ce n’est donc pas tout à fait l’image de nantis, les pieds dans l’eau.

    Cela dit, l’événement a utilement attiré l’attention sur un certain nombre de réalités du littoral : les problèmes d’urbanisme, de dégradations de certains milieux naturels, de carences d’entretien des protections, de faiblesse des systèmes d’alerte, de retards considérables dans la mise en place de Plans de prévention des risques (PPR).

    Et prendre ces réalités à bras-le-corps est évidemment indispensable. Ce n’est pas le premier des soucis de Sarkozy.

    A la date du 22 mai, où en est-on ?

    Les procédures de « rachat » des habitations sinistrées sont enclenchées : les services de France Domaines réalisent des estimations afin de procéder à des propositions de rachat. Les préfectures communiquent beaucoup et très vite sur le nombre de ces estimations (en le gonflant allègrement, par une confusion volontaire entre le nombre de gens qui s’informent et celui des personnes, qui, légitimement, veulent quitter un site où ils ont vécu une épreuve traumatisante). Les préfets envoient ainsi un signe à ceux qui s’opposent à leur expulsion : « vous êtes de moins en moins nombreux ! »

    De « bonnes » propositions de rachat auraient été faites, mais curieusement, aucune des personnes « satisfaites » n’a souhaité en divulguer le montant.

    Des travaux d’urgence de réparation des digues, commencés dès le lendemain de l’événement pour parer aux marées d’équinoxe de fin mars, ont été réalisés par des entreprises de travaux publics. Le 5 mai, le ministère des Finances n’avait toujours pas honoré ses factures1.

    Alors la suite ? Nous attendons, d’ici la fin du mois, des réponses aux requêtes déposées par les associations et les communes, devant le tribunal administratif de Poitiers.

    Des commissions sénatoriale et parlementaire poursuivent leurs travaux d’audition ; certaines recommandations, venant des sénateurs, pointent en filigrane les incohérences de l’État.

    Au-delà, que peut-il se passer ?

    Pour les personnes entrées dans la procédure de rachat de leurs biens par l’État, même si les premiers paiements intervenaient rapidement, on peut craindre qu’il se passe beaucoup de temps avant que les opérations soient achevées. Et le maintien d’un niveau de rachat équitable n’est pas assuré non plus sur la durée. Il faut se souvenir d’événements comparables comme en 1999, dans la vallée de l’Aude, par exemple. Dix ans après, on est très, très loin du compte.

    Le temps peut jouer en faveur de ceux qui refusent la procédure « amiable ». En effet, l’État peut abandonner son projet d’expropriation, surtout si les premières décisions des tribunaux sont favorables aux requérants. Il se peut aussi qu’on entre dans une bataille judiciaire de dix ans... avec éventuellement d’autres interlocuteurs au pouvoir.

    Quant à la part qui revient aux assurances, d’ores et déjà des difficultés sont signalées.

    Les associations restent mobilisées : dans tous les cas de figure, elles sont indispensables, pour la centralisation des informations, l’organisation des recours judiciaires ou les possibilités d’expression publique.

    Simone Grange

    * Au moment où nous imprimons, il semblerait que l’état fasse marche arrière sur les démolitions.

    à suivre…

    1. L’hebdomadaire “Le phare de Ré titrait“, dans son édition du 5 mai, L’État défaillant.

    La Roche-sur-Yon

    Le plan digues de l’État annoncé dès le 7 juillet selon Bruno Retailleau

    Faits de société mercredi 30 juin 2010
    • La digue de la pointe de L'Aiguillon, balayée par la puissance des
 éléments, dans la nuit du 27 au 28 février.

      La digue de la pointe de L'Aiguillon, balayée par la puissance des éléments, dans la nuit du 27 au 28 février.

      OUEST FRANCE

    Attendu plutôt pour la mi-juillet, le plan digues serait présenté dès le 7 juillet, lors du prochain conseil des ministres, par Jean-Louis Borloo, le ministre de l’Ecologie. C’est Bruno Retailleau qui l’affirme. Le sénateur et vice-président du conseil général tient l’information du Premier ministre François Fillon, qu’il a rencontré dans le cadre de la mission Xynthia qu’il conduit. Selon l’élu vendéen, ce plan « ne se réduira pas à la seule question des digues » et comportera aussi « un volet relatif à la prévention et au système d’alerte des submersions marines et des crues ». Ce plan, ajoute encore Bruno Retailleau, sera doté, « sur la période 2011-2016, de 500 millions d’euros, que l’État envisage de financer sur le fonds Barnier », les fonds européens étant également sollicités « pour accompagner l’effort de l’État ». Une consultation publique devrait être ouverte jusqu’en octobre prochain, « afin de recueillir les avis des maîtres d’ouvrages, des populations et des collectivités concernées ».


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