• Xynthia : revue de presse du 22avril

     

     

     

    Ostréiculture: feu vert de Bruxelles pour l'aide Xynthia

    La commissaire euroépenne en charge de la pêche, Maria Damanaki, a donné aujourd'hui son feu vert au plan d'aide de l'Etat aux ostréiculteurs français après la tempête Xynthia. Au lendemain du sinistre, lors d'un déplacement en Charente-Maritime, le ministre de l'Agriculture et de la pêche, Bruno Le Maire, avait présenté un plan de 20 millions pour soutenir la relance de l'activité des professionnels sinistrés par la tempête du 28 février. Il attendait le feu vert de Bruxelles pour le débloquer.  

    Aide aux ostréiculteurs après Xynthia : Bruxelles n'a pas d'objection

    La commissaire européenne en charge de la Pêche, Maria Damanaki, a donné aujourd'hui son feu vert au plan d'aide d'Etat aux ostréiculteurs français après la tempête Xynthia

    Les dégâts après la tempête Xyntia. Photo Dominique Julian

    Les dégâts après la tempête Xyntia. Photo Dominique Julian

     

    La commissaire a signé "une décision de la Commission de ne pas soulever d'objections à l'encontre de l'aide française", indique un communiqué. "Maria Damanaki et ses services, en étroite collaboration avec les autorités françaises, ont tout mis en oeuvre pour que cette décison puisse être adoptée par procédure accélérée, afin que tous ceux qui sont concernés puissent être aidés dans les délais les plus brefs", précise le communiqué.

    Début mars, le ministre français de la Pêche et de l'Agricuture Bruno Le Maire avait présenté un plan de soutien de 20 millions d'euros aux ostréiculteurs victimes fin février de la tempête Xynthia, mais attendait le feu vert de Bruxelles pour le débloquer. Les conchyliculteurs de la région ont subi depuis une nouvelle épreuve, avec une interdiction de la pêche et de la consommation des coquillages, notamment les huîtres et les moules, en provenance du littoral charentais prononcée le 19 mars. Etendue à la pêche de loisir et professionnelle des crustacés, elle a fini par être levée début avril à la suite d'analyses favorables des services de l'Ifremer.

    Après Xynthia, quel avenir pour les digues?

    [VIDEO] Depuis le passage de la tempête, l'entretien des digues revient au centre des préoccupations des habitatnts et des pouvoirs publics

    La digue du Martray en Charente-Maritime a subi les effets du vent
 et de la mer (PHOTO P.COUILLAUD)

    La digue du Martray en Charente-Maritime a subi les effets du vent et de la mer (PHOTO P.COUILLAUD)

     

     

     

     

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  • SAINT-PIERRE-D’OLERON (17). Aménager contre les eaux

    Thierry Sauzeau, chercheur et géohistorien spécialisé dans l'aménagement du littoral, s’intéresse sur l’île d’Oléron à la tanne de la Perrotine, système de digues et de fossés ayant permis aux anciens de gagner de la terre sur l’eau. « Depuis cinquante ans, les générations qui se sont succédé n'ont pas pris au sérieux des ouvrages déjà existants et redoutablement efficaces, » estime-t-il. Selon lui, les conséquences de la tempête Xynthia auraient pu être moindres et démolir les maisons aujourd’hui en sursis est une aberration. « Il faut protéger et revenir à des aménagements de bon sens », dit-il.

     

     

  • Des commerces encore marqués par Xynthia

    Durement touchés par les inondations, de nombreux commerces pansent encore leurs plaies et attendent des aides. Tous n'ont pas eu la chance de rouvrir.

     
  • Pour le patron de Monsieur Meuble, Xynthia se chiffre entre 350 000 et 450 000 euros de préjudices. photo Kharinne Charov
    ( Charov Kharinne)

     
 Pour le patron de Monsieur Meuble, Xynthia se chiffre entre 350 000 et 
450 000 euros de préjudices.  photo Kharinne Charov  || Charov Kharinne
     
 Au Relais des Vignes, les 2 000 bouteilles qui ont pris la vase 
pourraient prochainement être bradées.  PHOTO Kharinne Charov  || Charov
 Kharinne
     

    Bien sûr, il y a les zones littorales qui occupent le devant de la scène. Pourtant, à Rochefort aussi, Xynthia a fait des dégâts le 28 février dernier. Deux mois après, les traces sont encore visibles chez de nombreux commerçants et dans certains hauts lieux culturels comme la médiathèque (1).

    1 Grosses pertes chez Monsieur Meuble

    Le magasin de Bernard Rouet, avenue William-Ponty, avait déjà été inondé, en décembre 1999, mais dans une moindre proportion. « Nous avions quand même dû tout refaire, alors que l'ensemble avait été entièrement rénové trois mois avant. » Xynthia n'a pas épargné Monsieur Meuble : « Je suis venu dès le dimanche matin et tous nos dépôts étaient inondés. L'eau était entrée dans le magasin par le fond et le côté. Du coup, tout le stock du dépôt, c'est-à-dire beaucoup de meubles non montés, a été mouillé, et, dans le magasin, tout ce qui était au sol a été noyé », raconte le PDG.

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    Au départ, le commerçant était anéanti, d'autant plus que son magasin avait été refait en 2007. Et puis, avec son fils et les cinq employés, il a remonté les manches pour, dès le mardi, arracher les moquettes et les parquets, nettoyer, assainir avec des produits spéciaux. « Nous avons dû jeter un bon tiers du stock à la benne et nous liquidons ce qui est encore vendable mais qui a été plus ou moins mouillé. Nous informons les clients qui, du coup, bénéficient de tarifs hors du prix de revient. »

    Malgré cette mésaventure, Bernard Rouet a tenu à poursuivre son activité : pas un seul jour de fermeture, pas un seul chômage technique. Il mène de front la liquidation du 18 mars au 18 mai, les travaux qui commenceront le 26 avril et la vente qui continue.

    Après le défilé des assurances, il espère que 90 % des dégâts seront pris en charge. Car refaire le magasin coûte 120 000 euros et le stock détruit avait une valeur de 100 000 euros environ. Bref, avec la perte d'exploitation et autres déficits, Bernard Rouet situe son préjudice entre 350 000 et 450 000 euros.

    2 Biomonde fermé pour inondation

    Alors que le magasin spécialisé dans le bio, impasse Fichemore, avait été racheté, agrandi, refait et rouvert cet automne, Xynthia est passé par là et a anéanti bien des efforts. Aujourd'hui sur la vitrine, on peut lire « Fermé pour cause d'inondation » et c'est le même refrain sur le répondeur téléphonique. Des travaux vont être engagés, mais la date de réouverture n'est pas arrêtée.

    3 Europlat a repris du service

    Ici aussi, avenue du Colonel-Fuller, les lieux ont été inondés et les commerçants ont dû fermer pendant cinq jours. Plus d'électricité, les moteurs des frigos dans l'eau, le stock à jeter. « Nous n'avons toujours pas été indemnisés, mais des réparateurs sont venus relancer nos machines et l'électricité est revenue. » Du coup, le 6 mars, le magasin de plats cuisinés et à emporter rouvrait.

    4 2 000 bouteilles dans la vase

    La cave tenue par Franck et Eleanor Piou a subi l'inondation elle aussi. « En entrant par les égouts et les bouches d'aération, l'eau a poussé les cartons, les a fait chavirer et les bouteilles ont trempé. Face à l'alerte, nous avions pourtant tout rehaussé de 25 centimètres, mais ça n'a pas suffi », raconte Eleanor Piou.

    Du coup, avec les quelque 2 000 bouteilles qui ont pris la vase, les cavistes organiseront une braderie à la fin du mois vraisemblablement. En attendant, après avoir refait le sol, les murs et l'électricité, ils rouvrent totalement leur commerce cette semaine. Car, depuis le 28 février, ils avaient juste maintenu leurs livraisons aux restaurateurs et aux maisons de retraite, par exemple, et la vente du vrac sur place.

    5 Ils attendent d'être indemnisés

    Carrefour Market et Lidl ont été épargnés, sans doute grâce à leur construction légèrement surélevée. Pourtant, outre des pavillons du village Libération dont nous avions parlé, d'autres magasins de ce quartier ont subi les affres de Xynthia : le bar tabac le Forban, le restaurant du Port, le restaurant le Berbère, la station de lavage, le magasin d'électroménager Electro-Choc, la boulangerie, par exemple.

    La plupart ont dû fermer et sont rouverts maintenant. Nul n'a encore été indemnisés.

    (1) Ce soir, l'ordre du jour du Conseil communautaire sera exclusivement consacré aux conséquences de la tempête Xynthia.

    Que les lecteurs rochefortais se rasurent : la médiathèque, fermée au lendemain de la tempête pour cause d'inondation, devrait rouvrir courant mai, le 18 ou le 19. En attendant, il y aura une ouverture partielle pour que les emprunteurs puissent rapporter leurs livres. Du côté du Centre international de la mer (qui englobe la Corderie, l'exposition temporaire et la librairie maritime), la réouverture pourrait avoir lieu le 1er mai. Là aussi, le site s'est retrouvé sous 40 centimètres d'eau. Rappelons que l'« Hermione » et le café des Longitudes sont ouverts.

     

    Journée écocitoyenne au port des Callonges

     

      Des enfants sensibilisés à l'environnement.  photo H. r.

    Des enfants sensibilisés à l'environnement. photo H. r.

    Organisée par la municipalité de Saint-Ciers et par la Communauté de communes, cette opération « Vacances solidaires » a été couronnée de succès.

    Une grande mobilisation des habitants et des associations (Tintamarre, Entre deux Mondes, Surf Rider mais aussi le Foyer d'animation rural de Braud, le Point accueil jeunes de Saint-Ciers et les centres aérés de Braud et de Saint-Ciers). Tout au long de la journée, ce petit monde s'est affairé à ramasser sur les « baux » ce que la tempête Xynthia avait laissé après son passage. Au final, c'est cinq remorques remplies de verre, plastique, métaux divers et un énorme bric-à-brac : deux cumulus, roues de tracteur, réservoirs et calandres de voitures… Le temps clément de cette journée a contribué à ce que l'événement se déroule dans la bonne humeur et la convivialité, le pique-nique du midi en était la preuve.

    Ce passage de la théorie à la pratique a permis aux enfants de juger de l'importance de l'action citoyenne à la préservation de l'environnement, et se disent prêts à recommencer l'expérience.

     

     
     
     
    22 avril 2010 06h00 | Par Marie-Claude Aristégui 1 commentaire(s)

    Le collectif des sinistrés est toujours sur le pont

    Le collectif d'associations de sinistrés s'est réuni hier soir. Il veut maintenir la pression.

      Les présidents des associations se sont réunis hier soir à 
Châtelaillon.  Photo Xavier Léoty

    Les présidents des associations se sont réunis hier soir à Châtelaillon. Photo Xavier Léoty

    Les associations de sinistrés des communes touchées par la tempête Xynthia, désormais intégrées dans un collectif, se sont réunies hier soir à Châtelaillon pour décider de la suite à donner à leur mouvement. Ils vont organiser une « action commune », c'est-à-dire une manifestation, samedi. L'heure et le lieu devraient être annoncés aujourd'hui.

    Leur but est de montrer leur détermination. En fait, les déclarations du ministre Jean-Louis Borloo ne les ont pas rassurés. Ils ont l'impression que le vocabulaire a changé… pour qualifier une situation identique. Les zones noires n'ont pas changé de couleur et les habitants des secteur orange ne savent toujours pas quel sort leur sera réservé.

    « Iniquité »

    « Nous n'avons pas l'intention de nous laisser faire. On a l'impression qu'il n'y a eu aucune avancée. Nous continuons à dénoncer l'iniquité de ce zonage. Et le manque de transparence des critères choisis pour sacrifier des maisons. »

    La Région a aujourd'hui annoncé que des cabinets d'avocats avaient été choisis pour saisir le juge administratif, afin - justement - d'obtenir communication des pièces en question. « Oui, nous n'avons pas encore pris position à ce propos mais, en effet, l'intérêt est d'avoir ces pièces », répond Jean-Jacques Bégué (Fouras), qui s'exprime en l'occurrence au nom du collectif.

    Un collectif dont les adhérents sont solidaires sans avoir, pour autant, exactement les mêmes problèmes. Les topographies des communes sont différentes, certaines sont classées en orange et noir, d'autres complètement en noir ou en orange… Mais ils ont en commun le sentiment « d'injustice ».

    À Charron

    Par ailleurs, concernant Charron, Thierry Demaegdt a rencontré Gilles Servanton, directeur de la Direction départementale des territoires et de la mer, mardi.

    « Nous avons déposé 27 dossiers de contestation concernant des habitants de Charron qui ont été très peu sinistrés. On lui a demandé d'apporter une dimension humaine. Nous souhaitons que les inspecteurs aillent sur les lieux, avec les sinistrés. Notre demande est très formelle. On va voir… »

    Ténors à la rescousse

    . Me Gilbert Collard défend des habitants, notamment à Charron. La Région mandate Corinne Lepage

      Me Gilbert Collard sera à Charron jeudi prochain.  photo afp

    Me Gilbert Collard sera à Charron jeudi prochain. photo afp

     

    Comme annoncé, Emmanuel Pineau s'est rendu à Paris, pour rencontrer Me Gilbert Collard, qui a accepté de défendre ce marin-pêcheur de Charron ainsi que d'autres victimes de la tempête Xynthia. Une « soixantaine » dans le département de Charente-Maritime, selon l'avocat parisien. Il viendra en Charente-Maritime, à Charron, jeudi prochain.

    « On attaque pour les digues. L'attaque, c'est la meilleure des défenses », commente Emmanuel Pineau. Rappelons que lui-même et son épouse refusent de négocier la vente de leur maison située en zone noire, rue de la Laisse à Charron.

    Me Collard envisage, en effet, de déposer plainte auprès du procureur de la République pour « mise en danger délibérée de la vie d'autrui ». « L'état des digues, leur mauvais entretien » fondent cette démarche.

    Sous réserves toutefois, Me Collard pourrait également déposer plainte pour non-assistance à personne en danger, dans l'hypothèse où toutes les mesures prises pour assurer la sécurité de ses clients, après l'alerte liée à l'arrivée de la tempête, n'auraient pas été prises.

    « Leur cause me touche »

    « Ils ont fait appel à moi, c'est normal que je les défende, ajoute l'avocat. C'est très émouvant, leur cause me touche. Ils sont complètement désorientés. Ils ont peur de perdre leur maison, c'est toute une vie de sacrifices qui est anéantie. En plus, ils se sentent abandonnés.

    On va se battre mais je sais que le combat sera très difficile, on va se heurter à tout un système de pouvoirs. Mais ça vaut la peine de le faire. »

    Corinne Lepage aussi

    De son côté, la Région Poitou-Charentes, présidée par Ségolène Royal, a décidé de mettre à la disposition des sinistrés trois cabinets d'avocats réputés : celui de Corinne Lepage (Huglo-Lepage), Lysias Partners (un cabinet parisien fondé par Me Jean-Pierre Mignard) et le cabinet Pielberg (Poitiers).

    « L'idée était d'adopter une stratégie commune aux collectivités locales et aux associations de sinistrés », explique Françoise Mesnard, vice-présidente de l'assemblée régionale. Hier à Poitiers, elle a présidé une réunion à laquelle assistaient des présidents d'associations de sinistrés ainsi que des représentants des cabinets d'avocats.

    Avant le 8 mai, la Région va saisir le juge administratif, selon la procédure du référé « mesures utiles », afin d'obtenir rapidement la communication des études et des documents ayant conduit à l'établissement du zonage par l'État. « Les demandes d'informations faites par les communes et les associations d'habitants restent à ce jour sans réponses », note-t-on à la Région.

    Par ailleurs, la Région va également confier une mission aux universités de Poitiers et de La Rochelle, plus précisément à l'équipe de Thierry Sauzeau (lire également en pages 12 et 13). L'objectif est de réaliser « des études complémentaires au zonage actuel et aussi une analyse des risques et des mesures préventives appropriées pour assurer la sécurité des habitants ».

     

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    Des paysages trop négligés

    Modifié au fil du temps, le polder de la Perrotine, sur l'île d'Oléron, n'a pu jouer son rôle de rempart. Les explications de Thierry Sauzeau, géo-historien.

      Thierry Sauzeau, chercheur et géo-historien, devant la tanne de 
la Perrotine, à Saint-Pierre-d'Oléron. Autrefois entretenu par les 
anciens, le polder a été négligé au fil du temps.  photo A.L.

    Thierry Sauzeau, chercheur et géo-historien, devant la tanne de la Perrotine, à Saint-Pierre-d'Oléron. Autrefois entretenu par les anciens, le polder a été négligé au fil du temps. photo A.L.

     

    C'est un bout de paysage entre terre et mer, entièrement façonné par la main de l'homme : la Perrotine, à Saint-Pierre-d'Oléron. Situé sur la rive droite du chenal qui mène à Boyardville, le quartier compte une quarantaine de maisons. D'adorables maisons aux volets jaunes et bleus aujourd'hui en sursis.

    Petit retour en arrière. Avant 1820, rien de tout cela n'existait. À la place de ce charmant lotissement, de l'eau et du sable. Puis les anciens ont voulu gagner sur la mer. Ils ont construit une première digue, puis une deuxième en 1880, et ont mis au point un système ingénieux de fossés. Sur l'île, on appelle ça une tanne. Aux Pays-Bas, on parle de polder. Craignant toujours la menace de l'océan, les anciens ont eu l' idée d'édifier leurs maisons sur l'ancien cordon dunaire, légèrement en hauteur.

    Aménagements imprudents

    Pendant des décennies, des familles y vécurent heureuses. Et jamais l'eau ne vint troubler leur sommeil. Jusqu'à ce que passe Xynthia, le 28 février. Cette nuit-là, le système de polder sur lequel les anciens avaient toujours pu compter, n'a pas joué son rôle. Non seulement la mer est venue inonder les maisons mais elle y est revenue à sept reprises pendant quatre jours, à la faveur de la marée haute.

    La faute à qui ? La faute à quoi ? Pour Thierry Sauzeau, chercheur à l'université de Poitiers, géo-historien spécialisé dans l'aménagement du littoral, cela ne fait aucun doute. Depuis cinquante ans, les générations qui se sont succédé n'ont pas pris au sérieux des ouvrages déjà existants et redoutablement efficaces, estime-t-il.

    « Chaque génération a gaspillé le capital qu'on lui avait légué. Cela s'est fait petit bout par petit bout. Comme un tricot qu'on détricoterait sous prétexte que cela fait longtemps qu'il n'y a pas eu un hiver rigoureux », poursuit le spécialiste.

    Le cas du polder de la Perrotine est emblématique : absence d'entretien, réalisation d'une piste cyclable qui a fragilisé la digue, dégradation des vannes au point qu'elles ne servent plus et que plus personne ne savait où elles se trouvaient aux lendemains de la tempête… Idem côté Boyardville. Ces vingt dernières années, l'entrée du chenal n'a cessé naturellement de s'élargir. Tout le monde a pu l'observer. Mais personne n'a rien fait. Conséquence : le 28 février, il y a eu un effet entonnoir. Plus loin, toujours sur le chenal, le pont avec son tablier plat a fait obstacle quand, autrefois, l'ancien pont était tournant. Bref autant d'« aménagements imprudents », juge Thierry Sauzeau qui n'accuse personne en particulier.

    Et après ?

    Depuis quinze jours, l'historien, qui vit à Saint-Pierre-Oléron, travaille jour et nuit sur la question du sauvetage de la Perrotine. Selon lui, démolir des maisons situées en hauteur et entourées de remparts naturels est une aberration. Il faut protéger et revenir à des aménagements de bon sens, et aux coûts raisonnables, martèle-t-il. Inverser la forme du chenal, reconstruire un muret-digue le long du chenal, rénover les vannes pour pouvoir vidanger le polder, surélever les digues…

    « Je ne prétends pas que tout cela aurait pu permettre d'éviter la submersion de la Perrotine et de Boyardville, mais je dis que l'eau serait moins rentrée et, surtout, qu'on aurait été en mesure de la faire ressortir. Il y aurait eu aussi un effet différé de la surcote et donc un laps de temps pour réagir », assure Thierry Sauzeau.

    Un regard d'historien, un certain recul sur les événements, que le chercheur a décidé aujourd'hui de mettre au service des sinistrés

     

     

    Les sinistrés de Xynthia vont manifester

    Les sinistrés de la tempête Xynthia en Charente-Maritime manifesteront samedi leur mécontentement face à la réaction des pouvoirs publics, notamment la destruction programmée des habitations situées en "zone noire", en bloquant l'accès à l'île de Ré. Les victimes dénoncent des procédés "inacceptables, d'une iniquité flagrante, manquant de transparence et d'humanité", dénonce Thierry Demaegdt, président de l'association des sinistrés de Charron, l'une des communes les plus touchées par la tempête du 28 février dernier. Le collectif appelle la population à manifester devant le pont de l'île de Ré à partir de 11 heures et à bloquer l'accès à cette île touristique "un certain temps".

     

    Xynthia : maires et associations menacent l'Etat d'aller en justice

    [ 22/04/10  ]

    Les maires et les associations de victimes de la tempête Xynthia réunis hier à Poitiers ont demandé de nouveau des « justifications » à l'Etat sur le zonage, qu'ils contestent, et ont menacé d'aller en justice s'ils n'obtenaient pas satisfaction. « Les élus, les associations demandent la justification du zonage. Ils ne disposent d'aucun élément d'explication. C'est anormal », a expliqué à la presse M e Alexandre Moustardier, un de leurs quatre conseils. « S'ils n'obtiennent pas les explications demandées, ils iront en justice. On fera un référé pour obtenir les documents qui ont servi à faire le zonage », a souligné l'avocat qui avec ses confrères représentent 33 maires de communes concernées et 8 associations de défense des sinistrés de la tempête du 28 février.

    Les Echos

     

    Tempête Xynthia : indemnités de chômage partiel pour la Gironde et la Loire-Atlantique

    Marika Roche | 22/04/2010 | 15:53 | Droit social

    Cet arrêté fixe à 100% le taux maximal de prise en charge par l'Etat des indemnités de chômage partiel versées par l'employeur pour les conventions signées du 1er janvier au 31 décembre 2010 par les entreprises contraintes de réduire ou de suspendre temporairement leur activité du fait de la tempête Xynthia.
     

    Le taux de prise en charge par l'Etat des indemnités de chômage partiel est déterminé par convention en fonction de la gravité des difficultés constatées, de l'importance de la réduction apportée au nombre des licenciements envisagés et des efforts de réorganisation de l'entreprise dans un but de redressement économique. Ce taux ne peut excéder un maximum fixé annuellement par arrêté conjoint des ministres chargés de l'emploi et du budget.

    Un arrêté publié au Journal officiel du 22 avril 2010 fixe à 100% le taux maximal de prise en charge par l'Etat des indemnités de chômage partiel versées par l'employeur pour les conventions signées du 1er janvier au 31 décembre 2010 par les entreprises contraintes de réduire ou de suspendre temporairement leur activité du fait de la tempête Xynthia. Cet arrêté est applicable aux communes de la Gironde et de la Loire-Atlantique visées par l'arrêté du 11 mars 2010 (cliquez ici) portant reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

    Consulter l'arrêté

     

    <titre>Chômage partiel et tempête Xynthia : un arrêté définit le taux de prise en charge</titre>

    L'employeur peut obtenir, sous certaines conditions, un remboursement par l'Etat des allocations conventionnelles de chômage partiel qu'il a versées à ses salariés (c. trav. art. D. 5122-41).

    Le taux maximal de prise en charge est de 80 % pour les conventions conclues entre le 1er janvier et le 31 décembre 2010.Ce n'est qu'exceptionnellement, sur décision conjointe du ministre chargé de l'économie et du ministre chargé du budget que ce taux peut être porté à 100 % (arrêté du 9 avril 2010, JO du 14).

    Un arrêté applique ce taux exceptionnel de 100 % de prise en charge par l' État aux indemnités de chômage partiel versées pour les conventions signées du 1er janvier au 31 décembre 2010 par les entreprises contraintes de réduire ou de suspendre temporairement leur activité du fait des événements naturels d'intensité anormale de la tempête Xynthia.

    Sont ici concernées les entreprises situées dans deux des départements (la Gironde et la Loire-Atlantique) frappés par Xynthia (arrêté du 11 mars 2010 portant reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle, JO du 13).

    Arrêté du 19 avril 2010, JO du 22

    EcoLogic pour gère la crise des déchets après le passage de la 
tempête XynthiaEcoLogic pour gère la crise des déchets après le passage de la tempête Xynthia
    La Communauté de Communes de l'Ile d'Oléron a monté, en collaboration avec ses partenaires, une cellule de crise très efficace, et ce, pour faire face à l’afflux important de déchets provoqué par le passage de la tempête Xynthia sur l’Ile d’Oléron le 28 février dernier. Ainsi, des dispositifs de « mini-déchetteries mobiles » ont été mis en place pour soulager les villages sinistrés, en collaboration avec les experts en déchets EcoLogic et PAPREC

    La Communauté de Communes de l'Ile d'Oléron a monté, en collaboration avec ses partenaires, une cellule de crise très efficace, et ce, pour faire face à l’afflux important de déchets provoqué par le passage de la tempête Xynthia sur l’Ile d’Oléron le 28 février dernier. Ainsi, des dispositifs de « mini-déchetteries mobiles » ont été mis en place pour soulager les villages sinistrés, en collaboration avec les experts en déchets EcoLogic et PAPREC.

    La tempête Xynthia est une dépression météorologique majeure qui a balayé plusieurs pays européens entre le 26 février et le 1er mars 2010, causant un épisode de vents violents. Le système, en provenance des régions subtropicales mais de type frontal, a principalement touché l'Espagne (Îles Canaries, Galice, Asturies et Pays basque), le Portugal, la France (Aquitaine, Poitou-Charentes, Pays de la Loire, Bretagne et Normandie), la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne et dans une moindre mesure, le Royaume-Uni, la Scandinavie et les pays bordant la mer Baltique



    Photo  de © dessin de Jak S-K pour Les 
Bacchantes de la Cie Toufik OI

    [ jeudi 22/04 ] La Rochelle - Châtelaillon : Solidarité Xynthia, vernissages, blues, swing, jazz, danse...

    Charente-Maritime - l'après Xynthia : annonces, résistance, manifestations, glissement de vocabulaire, ballet de ministres, nouvelles expertises pour étudier la situation des habitations dans les ex-zones noires transformées la semaine dernière en zones de solidarité, premières évaluations des biens que certains sinistrés seront contraints d'abandonner, entrée en scène de ténors du barreau, l'attente aussi pour de nombreux habitants... Même si la paralysie des aéroports européens a largement mobilisé les médias depuis une semaine, la gestion de l'après-tempête Xynthia fait encore, au quotidien, les gros titres de l'actualité. Cette exposition médiatique ne doit pas faire oublier les actions qui, sur le terrain, contribuent toujours à l'élan de solidarité né au lendemain de la nuit du 27 au 27 février 2010. À Châtelaillon-Plage, la commune du village des Boucheleurs, une grande braderie est organisée à l'Espace Carnot au profit des sinistrés du jeudi 22 au lundi 26 avril de 9h30 à 12h30 et de 14h30 à 17h30. À l'affiche jeudi 22 avril à La Rochelle : vernissage en deux temps en présence du sculpteur et photographe François Méchain dès 15h "in situ" devant le mur érigé en face de la bouée Richelieu au parc d'Orbigny puis à 18h30 à la salle de l'ancien marché de l'Arsenal et au Carré Amelot. Dans le cadre du mois de l'architecture en Poitou-Charentes, aujourd'hui à La Rochelle, un rendez-vous à 18h devant l'attique du bâtiment Meissonier dans la rue éponyme à Mireuil. "Comme une herbe dans le vent" : Alain Trehard expose chez Matlama : vernissage en fin de journée. À 18h30 : la compagnie de danse contemporaine Toufik OI présente à la Chapelle Saint Vincent sa pièce en cours de création Les Bacchantes. Dîner jazz à 20h30 au restaurant Ô5 , une des très belle tables rochelaises, profitez de l'occasion pour (re)découvrir une cuisine très juste qui sait mettre en valeur et respecter de très beaux produits avec une signature personnelle très actuelle. Les guitaristes Karim Duménil et Laurent Lesur, le violoniste Mathias Guerry et Cyril Babin à la contrebasse du Swing d'O Quartet donnent un concert gratuit à 20h30 sous la yourte du collectif des associations de Villeneuve-les-Salines, entrée libre place du 14 juillet. Blues à 21h30 au café-théâtre l'Azile avec Teddy Costa & The Thompsons.



     

    Point de vue
    Principe de précaution et principe de réalité, par Christian Morel
    LEMONDE.FR | 22.04.10 | 18h51


    gnorer les probabilités des événements indésirables est une source répétée de fixation absurde des priorités. Bien qu'il ne soit pas facile de calculer de façon précise les probabilités d'accidents et de catastrophes, on peut dégager des ordres de grandeur, en recoupant des informations provenant de plusieurs sources. Pour fixer les idées, voici les probabilités de décès relatives à un certain nombre de risques :

     

    Alpinisme himalayen : 1/100
    Chirurgie : 1/250 à 1/1 000
    Anesthésie années 1980 : 1/10 000
    Randonnées hivernales en montagne (avalanches) : 1/25 000 à 1/10 000
    Circulation routière : 1/10 000
    Anesthésie années 2000 : 1/150 000
    Transport aérien, grandes compagnies : 1/1 000 000

    Les pouvoirs publics devraient méditer ces ordres de grandeur et le grand public y être sensibilisé. Cela permettrait de relativiser davantage les aléas dans un certain nombre de débats et de décisions. Il serait intéressant par exemple de rapprocher le risque zéro recherché pour une tempête du type de Xynthia de la probabilité de mourir d'une intervention chirurgicale. La probabilité de retour, sur les zones déclarées noires, du centre d'une dépression exceptionnellement creuse à l'instant de la pleine mer d'une grande marée doit être très faible, sans doute de une par siècle, peut-être moins (la tempête de 1999 n'a pas provoqué un danger mortel de même intensité sur cette zone). Or la probabilité de mourir d'une intervention chirurgicale est de 1 pour 1 000. L'Etat décide donc une solution radicale concernant les zones noires où le risque mortel est très faible. Par ailleurs, alors qu'une étude internationale récente a démontré que la check-list de bloc opératoire permettait de diviser par deux la mortalité des interventions chirurgicales, l'Etat ne l'a pas rendue obligatoire. Un résident d'une zone noire a considérablement plus de "chances" (au sens statistique du terme) de mourir d'une intervention chirurgicale que d'une nouvelle tempête Xynthia.

    La comparaison des risques et de leur évolution montre aussi l'efficacité des politiques de réduction de l'aléa (mitigation) sans viser le risque zéro. La probabilité de décès lors d'une anesthésie est passée de 1 pour 10 000 dans les années 1980 à 1 pour 150 000 dans les années 2000 grâce à des solutions simples comme la check-list spécifique des actes anesthésiques. Cela veut dire que le nombre de décès a été divisé par un facteur 10. Les autorités suisses ont mis au point une méthode à destination des randonneurs à ski pour évaluer le risque d'avalanche (méthode Munter) en acceptant un risque résiduel. Ce qui a permis de produire une solution simple et pratique. Grâce à quoi le nombre de randonneurs tués par avalanche dans la confédération helvétique a été divisé par 5 à 10. Pourquoi, au lieu de viser le risque nul, n'a-t-on pas envisagé la mitigation de l'aléa dans les zones touchées par la catastrophe Xynthia ? On peut réduire le risque mortel de l'inondation en limitant la hauteur d'eau à laquelle les résidents sont soumis en jouant soit sur la hauteur des protections, soit sur celle des habitations.

    La prise en compte des probabilités peut même conduire à accepter sciemment un risque mortel infime. Ainsi le transport aérien est confronté à un risque très rare : la perte simultanée de tous les circuits redondants de direction de l'avion. Les pilotes ne peuvent plus actionner ni les ailerons, ni la gouverne de direction, ni la gouverne de profondeur. Dans l'histoire de l'aviation civile, cela est déjà arrivé trois fois. Dans ces cas-là, la seule solution est de tenter de diriger l'appareil en dosant la puissance des réacteurs. C'est très délicat. Sur les trois cas, seul un équipage est parvenu à poser l'appareil sans pertes humaines. A la suite de ces catastrophes, un système a été mis au point pour aider les pilotes à diriger l'appareil à l'aide des réacteurs en cas de panne totale de direction. Mais les compagnies ne l'ont pas installé sur les avions en raison d'une probabilité d'accident très faible et de la complexité induite toujours porteuse d'inconnu. Ici risque faible admis et certainement compris, là risque zéro imposé et incompris.

    Il peut être rétorqué que la réflexion probabiliste ne peut pas être introduite dans le débat public parce qu'elle est trop complexe et difficile à rendre palpable. Pourtant les randonneurs suisses ont parfaitement accepté une méthode de prévention du risque d'avalanche qui exclut explicitement le risque zéro comme postulat de départ et qui tire son efficacité de son ambition réaliste. D'ailleurs cette méthode est appelée "méthode de réduction du risque" et non "méthode de protection", ce qui est tout un symbole. Il n'est plus exceptionnel aujourd'hui que le chirurgien informe son patient de la probabilité d'événements indésirables lors de l'intervention (1 pour 100 en général) et discute avec lui des inconvénients et avantages de l'opération au regard de ce risque. Le principe de précaution a beaucoup à s'enrichir du principe de réalité.

    Christian Morel est sociologue.

     

     

    A La Faute-sur-Mer, une enveloppe de 500 000 euros pour réparer la voirie après Xynthia

    Urbanisme jeudi 22 avril 2010
    • Le conseil municipal s’est réuni mercredi soir, pour la seconde 
fois après Xynthia. La tempête a encore été au cœur des conversations.

      Le conseil municipal s’est réuni mercredi soir, pour la seconde fois après Xynthia. La tempête a encore été au cœur des conversations.

    Réuni hier soir, le conseil municipal de La Faute-sur-Mer a officialisé le lancement de nombreux « travaux d’urgence », rendus nécessaires après le passage de la tempête Xynthia. Une délibération qui prévoit trois sommes distinctes pour un même budget : 502 320 € pour réparer la voirie, 200 000 € pour le port et 65 000 € pour l’accès à la plage. « Ces travaux seront réalisés dans les secteurs où il y a eu le plus de dégâts et où le trafic est le plus important », expliquait le maire René Marratier.

    Dans ce planning, « la route de la pointe d’Arçay, où des améliorations étaient déjà programmées, fera partie des priorités ». La Ville espère un lancement des travaux imminent, au plus tard « fin avril, début mai », afin de pouvoir bénéficier de subventions. Le Conseil général, le Conseil régional et l’État vont être sollicités.

    Rétablissement de la liaison Bordeaux-Nantes

    Par Ph.L./AFP  

    La liaison entre Rochefort et La Rochelle, sur l'axe Bordeaux-Nantes, va rouvrir ce vendredi à midi.

    La liaison ferroviaire entre La Rochelle et Rochefort en Charente-Maritime, interrompue depuis le 28 février en raison des dégâts causés par la tempête Xynthia, doit reprendre vendredi à 12h00, a annoncé jeudi la direction régionale Poitou-Charentes-Aquitaine de la SNCF.

    "Les deux premières semaines, les trains criculeront à 40 km/h sur les zones remaniées" sur cette portion accueillant TER et trains Intercité (axe Bordeaux-Nantes), précise la SNCF dans un communiqué.

    Les travaux, aux abords de la commune de Châtelaillon-Plage, au sud de La Rochelle, "ont permis de reconstruire, sur près de 4 kilomètres, les deux voies détruites à plusieurs endroits" et de remplacer "la totalité des circuits électriques et informatiques nécessaires à la signalisation", indique-t-elle.

    Depuis le 28 février, date des inondations provoquées par la tempête Xynthia, un système de substitution par autocars a été mis en place entraînant une "perte d'environ 50 % de la fréquentation", selon la SNCF.

     

     

     

     

    Lutte Ouvrière n°2177 du 23 avril 2010

    Charente-Maritime et Vendée : zones noires de Xynthia : pavillons rasés, villas préservées
     

    Les manifestations de colère d'habitants menacés d'expulsion en Charente-Maritime et en Vendée ont obligé une brochette de ministres, autour de Jean-Louis Borlo, à se rendre sur place, mais sans rien promettre d'autre qu'un examen au cas par cas.

    Outre le mépris du gouvernement, qui n'a daigné consulter ni les habitants ni les maires des communes concernées pour définir les zones noires où les maisons doivent être détruites, les sinistrés dénoncent aussi l'inégalité de traitement dont ils sont victimes. La délimitation des zones noires d'expropriation ne semble pas en effet obéir qu'à des critères topographiques, comme l'altitude des terrains par rapport à la mer : elles épousent parfois des frontières de classe.

    Ainsi l'île de Ré, pourtant largement inondée, et même coupée en trois îles comme au Moyen Âge, est quasiment exempte de zone noire, et de grands travaux sont en cours pour la protéger par des digues. Dans un même temps, des zones moins inondées sont vouées à être rasées. Les habitants n'ont obtenu que de fausses explications, comme une prétendue volonté d'éviter des zones « peaux de léopard ». Une habitation entourée de maisons inondées doit être rasée, même si elle a été épargnée par les flots. Mais en quoi cela justifie-t-il que des zones entières de riches villas sur l'île de Ré soient exemptées ?

    Dominique Bussereau, intervenu sur France 3 le 14 avril pour nier tout favoritisme dans la définition des zones noires, dut cependant reconnaître que « les choses sont très différentes » selon qu'il s'agit d'un terrain coûtant 1 million d'euros les 3 500 mètres carrés sur l'île de Ré ou de terrain à 3 euros le mètre carré.

    En fait, nul besoin de piston pour pareille injustice. On trouve une explication dans une loi faite sur mesure pour protéger les plus riches. Selon une circulaire de février 2005, on ne peut procéder à une expropriation que si « le coût estimatif de l'acquisition est moins élevé que celui des autres moyens envisageables de sauvegarde et de protection des populations ». C'est parfaitement clair : un lotissement de modestes pavillons situé sur une zone où le terrain est bon marché sera détruit, car une digue coûterait plus cher que leur rachat. Mais construire une digue pour protéger de riches villas, même peu nombreuses, sera jugé valable si ces villas coûtent plus cher que la digue.

    Les plus riches protégés, les plus modestes chassés : voilà le tracé des « zones de solidarité », nouveau nom dont le gouvernement vient de rebaptiser les « zones noires ».

    Correspondant LO

    2/04/2010 à 10h47

     

     

     

    17 000 communes en danger

     
    Lothar, une des catastrophes les plus coûteuses, en 1999. Archives 
AFP

    zoom

    Lothar, une des catastrophes les plus coûteuses, en 1999. Archives AFP

    La France a subi de nombreuses calamités, et près d’une commune sur deux est menacée par une catastrophe naturelle.

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    Depuis 1999, l’Hexagone est abonné aux catastrophes. Lothar et Marti, puis Klaus, et ensuite Xynthia représentent une bande inorganisée dont les méfaits sont lourds sur les finances publiques et privées. La barre du milliard d’euros a été dépassée à chaque fois, avec un record pour Lothar : sept milliards d’euros.

    EDF, qui avait particulièrement souffert du passage de l’ouragan Klaus, en janvier 2009, avait pourtant lancé dès 2001 un plan de renforcement de ses pylônes. Cela lui coûtera, jusqu’en 2017, date de fin des travaux, 2,4 milliards d’euros. D’autres investissements en matière de sécurisation ont été programmés. Ils coûteront 2,6 milliards d’euros l’an prochain au premier électricien de France, qui peine à enterrer ses lignes, par exemple.

    11 millions d’euros à cause du froid

    Les intempéries n’épargnent pas la SNCF. Le coup de froid de décembre dernier a coûté 11 millions d’euros à la société. Cette facture était loin d’atteindre celle de 2008, quand un incendie dans le tunnel sous la Manche avait coûté 250 millions d’euros.

    D’autres secteurs professionnels souffrent aussi. En 2009, le passage de Klaus sur le Sud-Ouest a détruit 45 millions de mètres cubes de bois, soit 300 000 ha de forêts dévastés, notamment dans les Landes.

    En Vendée et Charente-Maritime, Xynthia a noyé 45 000 ha de terres sous l’eau salée en mars dernier.

    La sécheresse, un phénomène de plus en plus fréquent chez nous, creuse un peu plus le déficit lié aux catastrophes naturelles. Selon le Conseil de l’Europe, celle de 1999 aurait généré en France, tous dommages confondus, 2,6 milliards d’euros de pertes. La lutte contre les feux de forêt coûte annuellement à la France 150 millions d’euros.

    Enfin, pour mesurer l’ampleur du danger qui pèse sur la France, le ministère de l’Environnement estime que 17 000 communes, sur les 36 000 que compte l’Hexagone, sont « menacées par un ou plusieurs risques naturels ». Entre 1982 et 1996, toujours selon ce chiffrage, 30 000 communes ont été déclarées en situation de catastrophe naturelle, dont 10 000 d’entre elles à trois reprises.

     

    Société

    La facture des catastrophes est de plus en plus lourde à supporter

    La 
tempête Xynthia coûtera 1,5 milliard d’euros aux assureurs.  AFP
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    Le monde est de plus en plus touché par des catastrophes qui, elles-mêmes, déclenchent des séismes économiques. Cette facture catastrophique, dans toute l’acception du terme, risque d’augmenter dans les prochaines années.

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    Le début de l’année a été particulièrement tumultueux en France. La tempête Xynthia, qui a touché la côte atlantique, a été suivie du nuage émis par le volcan islandais Eyjafjöll. Si on y ajoute les épaisses couches de neige hivernales qui ont coincé des trains sous la Manche et quelques autres coups de tabac, la facture s’annonce salée alors que nous ne sommes qu’en avril. La colère de Xynthia coûtera 1,5 milliard d’euros aux assureurs, selon les chiffres avancés par le président de la Fédération française des sociétés d’assurances. Cinq cent mille dossiers attendent les assureurs, a expliqué leur président, pour qui les dégâts causés par l’invasion des terres par l’eau salée expliquent cette facture énorme.

    Les fumées du volcan islandais ont déjà coûté quelque 200 millions d’euros à la France, mais le total de cette catastrophe naturelle est loin d’être établi.

    Les tempêtes Lothar et Martin, qui avaient ravagé la France en décembre 1999, étaient parties vers l’Europe de l’Est, laissant derrière elles un monceau de débris chiffré à sept milliards d’euros. On pourrait dresser une liste très longue des événements calamiteux qui ont ravagé notre pays ces dernières années, tout en sachant que bien des experts s’attendent à voir ces tristes records battus.

    « Il faut se préparer à des dommages plus élevés »

    Pour une fois, assureurs, banquiers, économistes et écologistes sont d’accord : le pire en matière de catastrophes, donc de coûts économiques, est devant nous. Le principal économiste du groupe de réasssurance Swiss Re se montrait particulièrement pessimiste dans le dernier rapport publié par ce géant mondial de l’assurance. « Le secteur ferait bien de se préparer à des dommages beaucoup plus élevés » que ceux enregistrés l’an passé, voire depuis le début de l’année. « En 2005, les dommages assurés sont montés en flèche à 120 milliards de dollars, établissant un nouveau record. Je ne serais guère surpris que ce record soit battu dans un futur proche ». Pour Swiss Re, l’année 2009, n’a pas été particulièrement noire. Et pourtant, on a enregistré 15 000 décès dans le monde, et les assureurs ont payé 26 milliards de dollars d’indemnités. Pour l’assureur suisse, « l’événement le plus coûteux a été la tempête hivernale Klaus qui a frappé la France et l’Espagne en janvier, causant des dégâts assurés à hauteur de 2,35 milliards d’euros ». Cette prévision s’appuie sur une observation méthodique des catastrophes naturelles ou industrielles depuis trente ans.

    Selon le réassureur allemand Munich Re, le coût des catastrophes naturelles s’est accru de 11 % par an depuis 1980. La facture globale de tous ces événements s’élèverait à 1600 milliards de dollars en 28 ans. Entre 2000 et 2008, le monde a déboursé 750 milliards de dollars pour panser ses plaies.

    80 000 morts par an dans le monde

    La Croix-Rouge complète la dureté de ces chiffres par l’horreur du bilan humain : dans les années quatre-vingt-dix, chaque année, 80 000 personnes sont mortes des suites d’une catastrophe naturelle dans le monde.

    Depuis 2002, à la suite des inondations qui avaient ravagé l’Europe centrale et de l’Est, l’Union européenne a créé un fonds de solidarité annuellement doté d’un milliard d’euros. C’est dire que les pays européens ont à leur tour pris conscience qu’ils allaient devoir souffrir des dérèglements climatiques, coûteux en vie et de plus en plus lourds pour l’économie.

     

    <texte> <signature>Dossier réalisé par Raymond Couraud</signature></texte>

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