Développer « une véritable culture du risque en France », cette proposition des sénateurs membres de la commission Xynthia ressemble en tout point à celle formulée par les députés dans le cadre de la mission qui leur avait été confiée (nos précédentes éditions).
Les sénateurs (la mission est présidée par Bruno Retailleau et le rapporteur est le Girondin, Alain Anziani) viennent donc également de rendre leur rapport. Si eux aussi jugent hâtive la méthode utilisée pour définir les zones de danger après le passage de la tempête, ils sont un peu plus modérés que les députés à l'égard de l'État.
La mission sénatoriale met en évidence les enjeux qui existent sur le littoral (pression démographique, changements climatiques avec élévation du niveau de la mer, ce qui augmente le risque de submersion) et note, comme les députés, la nécessité d'améliorer le système d'alerte des populations en utilisant les technologies actuelles.
De l'avis des sénateurs, il faut « renforcer l'efficacité des règles d'urbanisme et interdire la délivrance d'autorisations d'urbanisme tacites dans les zones couvertes par un PPRN (plan de prévention des risques naturels) ou dans lesquelles un PPRN est en cours d'élaboration ».
Eux aussi évoquent un « plan digue » qu'ils souhaitent voir « élargi à l'ensemble du trait de côte et des ouvrages hydrauliques ». Dans ce cadre, ils considèrent que le régime de propriété doit être précisé et envisagent « un transfert de propriété publique qui permettra de clarifier les responsabilités ».
La gestion locale de proximité leur semble indispensable pour « assurer efficacement la surveillance et l'entretien de ces ouvrages ». Toutefois, les sénateurs (comme les députés) estiment que « l'État doit conserver un rôle dans la prescription de normes et le contrôle régulier des ouvrages de protection contre la mer ».
Ils préconisent un système financier différent, à deux niveaux. National sur le fonds Barnier et local « par le déplafonnement et la modulation de la taxe locale d'équipement (taxe sur les permis de construire) ».
La mission sénatoriale déposera sur le bureau de la Haute Assemblée, dès la rentrée prochaine, une proposition de loi pour concrétiser les dispositions d'ordre législatif qu'elle a préconisées.
Après quatre mois de travaux supervisés par l'architecte Christophe Dumet, la page Xynthia a été définitivement tournée au Relais Thalasso Île de Ré de Sainte-Marie avec, dimanche 4 juillet à 12 heures, la réouverture de l'hôtel l'Atalante et de son restaurant, et lundi 5, dès 9 heures, celle de son espace hydromarin.
« Ce n'était pas gagné d'avance, mais la famille Phelippeau, après le désastre du 28 février, avait un objectif clair, net et précis : se battre pour que puisse redémarrer l'établissement avant la haute saison touristique », rappelle Didier Giraud, directeur des lieux.
Au matin du 1er mars, au sous-sol du bâtiment thalasso, toutes les installations techniques étaient sous les eaux et, côté hôtel, tout le rez-de-chaussée était noyé sous 10 cm à 1,5 mètre d'eau. La réception, le restaurant (à l'exception des cuisines) et 49 chambres étaient particulièrement touchés. « D'ailleurs, sur décision préfectorale, neuf de ces chambres ont été définitivement supprimées », précise Didier Giraud.
Sauver l'outil de travail
« Fort heureusement, l'établissement était très bien assuré. Ce sont également plus de 70 personnes en CDI qui ont pu être indemnisées durant quatre mois. »
Il faut dire que ces quatre mois ne furent pas consacrés au farniente. Dans un vaste élan de solidarité, tout le personnel a répondu présent pour effectuer des tâches autres que les leurs : déblaiement des locaux, aide au gardiennage de l'établissement, remise en état des jardins et des abords.
« Ce fut pour beaucoup une expérience humaine. Dans un établissement qui fonctionne jour et nuit toute l'année, le personnel ne se connaît pas forcément. Xynthia leur aura donné l'occasion de se rencontrer, d'échanger, de découvrir les métiers des uns et des autres. J'en retiens cette formidable solidarité vis-à-vis de l'entreprise et l'objectif, bien sûr, de sauver l'outil de travail. »
Par ailleurs, au cours de ces quatre mois, l'entreprise en a profité pour organiser différentes formations, notamment en qualité d'accueil et de service, de management, de massages, etc. « Nous leur devions bien cela. Ils avaient du temps, ils nous ont aidés, on les a formés ».
C'est donc une nouvelle page de l'histoire du Relais Thalasso Île de Ré qui va désormais s'écrire, avec pour la clientèle une nouvelle décoration, moderne et douce, à la fois ouverte sur l'extérieur tout en conservant une grande intimité intérieure, signée Stéphanie Phelippeau.
Allée Geneviève de Fontenay
Invitée d'honneur de cette renaissance : Geneviève de Fontenay. Une fidèle des lieux pour qui, à cette occasion, le directeur Didier Giraud a baptisé de son nom l'allée allant de l'hôtel au front de mer. « Là, je suis émerveillée par le travail qui a été réalisé. C'est superbe. Comme quoi il y a toujours une part de positif dans le négatif. Mais hélas, encore à ce jour, des familles victimes de Xynthia sont toujours dans la mouise la plus totale. Il reste encore beaucoup à faire pour les aider. »
5 questions après Xynthia
Plus de quatre mois après la tempête, l'île attire toujours les vacanciers. Mais les inquiétudes et les questions persistent.
Christelle, avant de venir sur l'île, a juste envoyé un mail à son camping. Mais d'autres touristes sont allés beaucoup plus loin. Photo Justine Vassogne
Souvenez-vous, il y a quatre mois, vous découvriez l'île de Ré à la télévision. Dans le petit écran, pas de vélos ni de roses trémières, mais une île submergée par les eaux. Des vidéos alarmantes qui ont nui à son image de marque. Et qui ont fait décrocher le téléphone à de nombreux touristes et habitués de l'île, inquiets pour leurs vacances d'été.
Du boulot en plus pour les offices de tourisme rétais. Chrystelle Maitre, à La Couarde, se souvient. « Au moment de la tempête, le téléphone sonnait non-stop. Aujourd'hui, ça s'est calmé, mais les gens continuent à nous poser beaucoup de questions. »
Lesquelles ? Tournée des offices de tourisme.
1 L'île est-elle toujours coupée en trois ?
Cette question est l'une de celles qui est revenue le plus souvent. « Les médias, et en particulier les chaînes de télévision, ont beaucoup insisté sur la division de l'île. Alors, forcément, les touristes se sont inquiétés. Mais, nous, on leur explique que ça n'a duré que trois jours ! », raconte Chrystelle Maitre.
À Loix, Séverine Malichier ne cache pas son agacement. « Dire que l'île de Ré est coupée en trois, c'est revenir sur l'identité de notre pays. C'est en réunissant ces trois parties que l'île est devenue une entité. »
2 Peut-on franchir le pont ?
« En mars et en avril, c'est ce qui inquiétait le plus », entend-on à l'Office de tourisme de La Flotte. « Tout cela est logique. Les vacanciers voulaient être sûrs de pouvoir se rendre dans l'île de Ré sans encombre. »
Séverine Malichier précise : « Bien sûr, on m'a déjà demandé si le pont tenait toujours debout, mais maintenant, c'est fini, les touristes sont rassurés. »
3 Quel est l'état de l'île de Ré ?
Symboles de l'île, les pistes cyclables ont fait l'objet de nombreux questionnements. À La Couarde, Loix et Saint-Martin, tous s'accordent sur ce point. « Les pistes cyclables, en particulier celles qui longent la mer, ont été très touchées par Xynthia », explique Virginie Tallineau, responsable de l'Office de tourisme de Saint-Martin. « Mais aujourd'hui, tout est redevenu normal. Le trajet Saint-Martin - La Couarde est légèrement dévié, mais tout à fait praticable. »
Plus généralement, les touristes voulaient savoir si l'île de Ré était en état de les recevoir. Une inquiétude vite dissipée sur place. Et, pour certains, une déception. « Quelques personnes ont été surprises de ne pas voir les dégâts occasionnés par la tempête. Ils nous demandent où ils peuvent observer les traces de Xynthia, ils veulent ressentir la misère », explique-t-on à l'Office de tourisme de La Flotte.
4 Combien y a-t-il eu de victimes ?
Beaucoup d'interrogations et une pointe de voyeurisme. Parmi les questions les plus posées, celle du nombre de morts. Une demande qui a le don de choquer les membres des offices de tourisme. À La Flotte et à La Couarde, cette question agace. À Loix, Séverine Malichier est carrément outrée. « Je fais un blocage, je n'en peux plus. Ce n'est pas la majorité, mais certaines personnes vont vraiment trop loin. On me demande si ma maison a été touchée et si je peux montrer des photos. Une fois, ça va, mais au bout de la cinquantième, je craque. Moi aussi, j'ai besoin de me reconstruire. »
5 Doit-on s'attendre à une autre tempête ?
« Il y a une semaine, une dame, qui vient pourtant depuis six ans, est venue nous demander si l'orage de la nuit précédente pouvait provoquer une nouvelle tempête », assure Chrystelle Maitre. « On nous demande aussi les dates des grandes marées, car les gens ont peur que la mer déborde une nouvelle fois ! » Alors, dans tous les offices de tourisme de l'île, on écoute, on informe et on rassure. Mais, surtout, on veut passer à autre chose.
Honneur rendu aux sapeurs-pompiers
Le lieutenant Sébastien Faivre décoré par Michel Parent. photo yvon vergnol
Les élus châtelains, par la voix du conseiller général, maire, Michel Parent ont rendu un hommage appuyé aux sapeurs-pompiers lors de la traditionnelle revue du 14 juillet. Quelque peu gâchée par une pluie incessante, la cérémonie n'en a pas moins tenu toutes ses promesses. Impeccablement alignés devant les véhicules du centre de secours, les hommes du lieutenant Sébastien Faivre ont été longuement applaudis, par une foule sans doute moins nombreuse qu'à l'accoutumée, mais toujours avec la même ferveur.
Après les sonneries interprétées par une délégation de la philharmonique oléronnaise, Michel Parent, en présence de nombreux élus et de représentants des anciens combattants, devait rappeler les très nombreuses interventions des hommes du feu « qui consacrent leur temps et leur disponibilité à assurer la sécurité des biens et de la population, et savent se montrer exceptionnels notamment comme ils l'ont été pendant la tempête de 1999 et plus récemment lors de la tempête Xynthia où ils ont été formidablement présents. »
Ces retrouvailles annuelles auront aussi été l'occasion de remise de diplômes, grades et médailles. Après le salut aux drapeaux, tous été conviés à l'hôtel de ville pour un vin d'honneur.
Les agriculteurs solidaires après la tempête Xynthia
Six camions comme celui-ci sont partis chez les sinistrés du nord du département. Photo Michel Yvonnet
Après la tempête Xynthia, les anciens exploitants du canton de Mirambeau ont constaté les dégâts importants chez leurs collègues éleveurs au nord du département : il n'y avait aucun doute, il fallait les aider.
Denis Plaize a coordonné les différentes phases afin d'obtenir du foin bon marché amené chez des éleveurs de Charron (zone extrêmement atteinte et dévastée).
Suite à l'autorisation exceptionnelle de couper les jachères, des volontaires ont fait don des herbages et l'entreprise Mottât s'est chargée de botteler le foin en bottes cubiques de 500 kg environ.
150 tonnes de foin
L'entreprise de transport Rousseau, de Ferrières-d'Aunis, a mis à disposition six camions pour transporter les 150 tonnes de foin collecté et c'est un chauffeur de la maison Mottay qui a fait les chargements.
Sept agriculteurs ont donné l'herbe : Michel Durand, Monti, Dupont, Octeau, Charly Audard, Frédérique Bouchet et Jean-Claude Denis. Quelques donateurs ont permis de réduire le coût des travaux grâce à leur don en argent : le Lions Club de Jonzac, les anciens exploitants, MM. Bouchet, Bernard Louis-Joseph et Denis Plaize.
Cette opération de solidarité n'est, peut-être, qu'une goutte d'eau pour les éleveurs sinistrés, mais, ce geste doit réconforter les collègues aunisiens qui ont partagé ces 150 tonnes de foin. À noter que la FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) coordonne d'autres collectes de foin dans le département et d'autres aides.
Le sentiment d'insécurité des Oubliés du Blayais
Les habitants des marais du Blayais, excédés par l'état de fragilité des digues qui provoquent des inondations, ont créé une association : les Oubliés du Blayais.
François L'Amouller, président de la nouvelle association près des digues qui inquiètent. photo m.m.
Entre Blaye et l'écluse du Passage (commune d'Anglade), les habitants du marais (1) en ont assez. Assez de voir leurs maisons inondées. Après la tempête de 1999, ils espéraient des mesures des pouvoirs publics mais rien. Oubliés. Avec Xynthia en 2010, les digues ont de nouveau été submergées. À deux endroits dont la digue dite « des quenouilles ».
Une réunion avait été organisée en mars à Saint-Genès-de-Blaye au cours de laquelle des spécialistes avaient affirmé que le mieux était de créer des zones d'expansion (digues moins hautes afin que l'eau se disperse). C'est alors que devant ce que les habitants considèrent comme une aberration, » une thèse farfelue », 72 d'entre eux (sur 80) avaient signé une pétition demandant une action rapide.
Puis la semaine dernière, ils ont décidé d'inviter les élus à s'exprimer sur le sujet à la mairie de Saint-Androny. Devant une cinquantaine de personnes, trois élus avaient répondu présents : le maire de Saint-Genès Claude Farau, le vice-président de la CCB et conseiller général Xavier Loriaud, et un représentant du maire de Saint-Androny.
Préférer la zone noire
Les discussions ont porté sur l'état de dégradation des digues, les ouvrages (écluses par exemple) « qui tombent en ruine » et le sentiment d'abandon et d'insécurité. « Nous aimons notre marais et comptons y rester. Mais la plupart d'entre nous préférerait voir le territoire devenir zone noire et partir », souligne François L'Amouller qui vient de créer une association pour agir contre ces digues qui inquiètent.
Des inquiétudes grandissantes que Xavier Loriaud a tenté de minimiser en affirmant que le plan digues passerait en Conseil des ministres le 13 juillet (lire également en page 16), qu'il n'était pas question de zone noire pour le moment, que dans un premier temps des travaux d'urgence seraient réalisés en attendant un plan sur dix ans.
Les habitants des marais sont restés sceptiques. Certains propriétaires souhaitent réparer eux-mêmes les digues. « Mais c'est impossible, il faut une étude préalable trop onéreuse et les deux syndicats locaux (Petit Marais et des Quenouilles) n'ont plus d'argent », précise François L'Amouller.
Une association
Devant ces incertitudes qui demeurent sur l'avenir, une grande partie des personnes présentes à la réunion ont décidé de constituer une association (2).
Comme elles se sentent délaissées par certains élus et que l'administration ne répond pas à leurs courriers, l'association s'appelle les Oubliés du Blayais.
Les habitants ainsi réunis vont exiger un rehaussement du niveau des digues dans les plus brefs délais (avant la période hivernale) et que ces digues (de Blaye au chenal Saint-Georges) fassent l'objet d'un entretien périodique assuré par une seule entité.
« Des décennies de querelles entre céréaliers, éleveurs, chasseurs, pêcheurs sont à l'origine de la situation actuelle, cela doit finir », note le président.
(1) Les communes concernées par les digues abîmées sont : Blaye, Saint-Martin Lacaussade, Saint-Genès de Blaye, Fours, Saint-Androny. (2) Président de l'association les Oubliés du Blayais : François L'Amouller ; vice-présidente : Dora Vielet ; secrétaire : Jean-Paul Marcaille ; trésorière : Béatrice Chevigny.
Toujours l'après-tempête
Le bilan de la tempête Xynthia s'avère lourd par les dégâts engendrés mais également au niveau des démarches entreprises, les sommes financières, les nombreuses réunions pour constituer les dossiers afin d'obtenir des subventions (Europe, État, Région, Conseil général, CdA) ou les remboursements des assurances.
Une réunion publique s'est tenue le 9 juillet dans la salle de l'Europe pour information.
Les demandes de financements pour les biens non assurables s'élèvent à 444 404 062 euros : digues, protection de la falaise, réensablement, pistes cyclables, sen- tiers.
Les réparations
La commune est toujours en période de reconstruction. Beaucoup de travaux de nettoyage et de sécurisation ont été réalisés au port du Loiron, à la plage et sur la côte afin d'être prêt pour accueillir les estivants.
Les priorités vont à la réfection de routes, la réhabilitation de digues par une surélévation, la maîtrise des entrées et sorties d'eau, la reconstruction de soutènements, d'escaliers, de sentiers, de pistes cyclables à La Platère (demande entre autres de réensablement, 2 743 750 euros), à la Belette et à la Colonelle où la mer a particulièrement pénétrée ; la réhabilitation des belvédères de la Manon et de la Chaume.
Au port du Loiron, projet de réaménagement des mouillages en concertation avec un groupe d'usagers, création d'une charte architecturale pour les cabanes et les espaces, l'État n'autoriserait que des cabanes démontables.
Le centre nautique actuellement fonctionne avec des locaux préfabriqués et sera reconstruit à l'identi- que, malgré un projet d'agrandissement. Concernant les carrelets, le pédagogique sera prêt au printemps 2011 et les privés ne seront pas tous reconstruits mais une demande de mise en sécurité a été déposée. Le tennis club a rouvert ses courts extérieurs et sa salle couverte est en attente d'étude. De même, la salle polyvalente qui ne peut être utilisée, sera-t-elle rénovée ou reconstruite ?
Dans le cadre du projet de la modification du plan local d'urbanisme, la commune propose une cote à 4,70 m à l'ouest de la voie ferrée pour la délivrance de permis de construire. Elle ne deviendra officielle que lorsque le plan de prévention des risques littoraux (PLRU) sera adopté, soit dans un délai de deux à trois ans.
Une date butoir pour le plan « digues »
La concertation se poursuivra jusqu'en octobre. Le diagnostic prend fin.
Le processus de concertation doit se poursuivre jusqu'en octobre, suite au « projet de plan de prévention des submersions marines et ces crues rapides », dit plan « digues », présenté le 13 juillet par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie. La préfecture de la Gironde l'a confirmé hier.
Rappelons que notre département compte 433 km de digues, dont une centaine sur l'estuaire. S'y ajoutent des cordons dunaires, ainsi que de nombreux ouvrages de protection disséminés le long du littoral.
Même si la Gironde n'a pas connu les drames de la Charente-Maritime et de la Vendée, la tempête Xynthia du 28 février a montré la fragilité de nombre de ces ouvrages.
Concertation
Le préfet précise que le plan gouvernemental, « soumis à un large processus de concertation, repose sur six axes de travail dans lesquels le département a déjà engagé plusieurs actions qui seront poursuivies au cours des prochains mois ».
D'abord la maîtrise de l'urbanisation : une campagne d'établissement des plans de prévention du risque d'inondation (PPRI) avait été engagée après la tempête de 1999. Ce document couvre aujourd'hui l'ensemble des communes.
Mais la préfecture estime « qu'il convient aujourd'hui de les réviser pour prendre en compte les dernières connaissances, priorité étant donnée au PPRI de l'agglomération bordelaise. Un plan de prévention sera prescrit avant la fin de l'été sur les communes du bassin d'Arcachon.
Le chiffrage des travaux
Quant au renforcement des digues et des systèmes de protection, le diagnostic est terminé et le chiffrage en cours. Les premières opérations de renforcement au niveau national se dérouleront avant la fin de l'année.
Par ailleurs, le Référentiel inondation Gironde (RIG) est aujourd'hui abouti. Il permet reconstitutions et simulations.
Pour chaque ouvrage de protection, les arrêtés de classement sont signés, sauf pour le bassin d'Arcachon dont l'inventaire n'est pas terminé. Ces arrêtés définissent les obligations qui s'imposent au propriétaire.
Enfin, outre « l'amélioration de la chaîne de vigilance et d'alerte », l'information du public sera assurée aussi par la publication d'ici à 2011 de l'ensemble des données concernant les risques naturels en Gironde.
Le nettoyage après la tempête
Des troncs d'arbres ont été enlevés du fond des gorges de Soussouéou. Un exercice périlleux. photo jean toutu
Suite à la tempête Xynthia, la municipalité de Laruns a fait intervenir l'entreprise Juanena Aristeguy, afin de procéder à l'enlèvement des troncs d'arbres au fond des gorges de Soussouéou.
Assistés par des professionnels de la montagne - Nicolas Terrier, président de l'association des professionnels de la descente de canyon, Benoît Dandonneau président du bureau des guides de Laruns et Bernard Pez guide de haute montagne - l'entreprise Aristeguy a, dans des conditions difficiles et périlleuses, nettoyé ces gorges très prisées des amateurs de canyoning.
Pendant la saison estivale, 300 utilisateurs journaliers pratiquent le canyoning dans ces gorges, sous forme de parcours ludique creusé dans les granites avec une succession de toboggans, de sauts et de passages dans les rochers.
Cette opération menée en présence de Robert Casadebaig et de ses adjoints Pierre Mounot et Régis Carrère, a été une réussite et va permettre aux amateurs de canyon de s'adonner à leur loisir favori.
La Faute-sur-Mer se remet de Xynthia, les touristes répondent présent
De Christian GAUVRY (AFP) – Il y a 3 jours
LA FAUTE-SUR-MER (Vendée) — "Je viens toujours ici, c'est ma plage", explique Marie, fidèle visiteuse venue, comme chaque été, à La Faute-sur-Mer, où les professionnels du tourisme s'attendent à accueillir près de 8.000 touristes en moins en raison des hébergements ravagés par Xynthia.
Malgré les dégâts de la tempête du 28 février, visibles seulement dans les quartiers dévastés situés à l'opposé de la très touristique plage, les habitués ont répondu présent.
"Il y a eu beaucoup de solidarité après la tempête, et ça continue: les gens viennent et c'est bien", dit Adeline que sa soeur Marie rejoint chaque année en Vendée depuis l'Espagne où elle vit.
Quatre mois après la catastrophe, la tempête revient sans cesse dans les discussions. Parmi les touristes présents, il y a quelques curieux venus "voir ce qui s'est passé" lors du passage de Xynthia. On les retrouve dans les quartiers dévastés à contempler les maisons abandonnées où 29 personnes ont trouvé la mort, note Florent qui tient une boutique de cadeau.
Un tourisme qui dérange, "mais c'est toujours mieux que de voir le village désert", considère le commerçant.
Avec la disparition du camping municipal, ravagé par la tempête, mais aussi l'abandon de nombreuses résidences secondaires aujourd'hui inhabitables, cette année, "il y aura peut-être 7.000 ou 8.000 personnes en moins" à fréquenter la station balnéaire, estime Marie-Claire Suire, de l'office du tourisme de La Faute-sur-Mer. La station accueille habituellement de 35.000 à 40.000 personnes lors de la saison estivale.
"La saison se présente très bien, les gens ne nous ont pas boudés", assure-t-elle.
"La tempête, ça ne m'empêche pas de revenir, La Faute-sur-Mer j'y ai passé toute ma jeunesse", confirme Didier. A l'ombre de la pinède qui borde la plage, cet habitué qui habite le département voisin des Deux-Sèvres s'offre une pause-déjeuner en famille. Seule entorse à ses habitudes, cette année, il ne viendra pas en location mais fera l'aller-retour plusieurs fois, tout simplement pour cause de budget serré.
Dans les rues de cette station balnéaire populaire et bon enfant, les touristes font du shopping ou s'arrêtent boire un verre sous un soleil de plomb.
"Nous avons beaucoup de clients des Deux-Sèvres qui ont perdu leur résidence secondaire. Alors, ils font des allers-retours dans la journée", regrette le patron d'un hôtel-restaurant du front de mer. Du coup, si la fréquentation du restaurant, "ça va", la fréquentation de l'hôtel, "c'est moins bien".
"La fréquentation pour l'instant, c'est moyen", considère lui aussi Florent, dans sa boutique de cadeaux. Un phénomène qui, selon lui, n'est pas seulement lié au nombre d'hébergements perdus du fait de la tempête, mais aussi à la crise car, "dans d'autres stations du littoral, j'ai des collègues qui galèrent aussi".
Ici comme ailleurs en France, l'hôtellerie de plein air a la cote, en ces temps de rigueur budgétaire. Sur les neuf campings, sept sont ouverts "et sont complets", tout comme les locations en résidence, selon l'office du tourisme. gvy/mcl/ds
Après Xynthia, le sentier côtier réhabilité pour la saison - Saint-Brévin-les-Pins
lundi 12 juillet 2010
Que les Brévinois et les estivants se rassurent. Cet été, ils peuvent profiter des superbes paysages variés qu'offre la belle balade le long du chemin côtier du nord au sud de Saint-Brévin malgré les dégâts engendrés dans la nuit du 27 au 28 février 2010 par la tempête Xynthia. Des travaux d'urgence ont été réalisés fin mai. Montant de cette première phase de travaux : 117 000 €. Le conseil général versera une subvention de 23 400 € à la commune de Saint-Brevin, soit « 20 % de ce montant » divisé entre la réparation du sentier : 69 000 € et des bords de Loire : 48 000 €.
Une seconde étape comprendra: « une étude hydraulique », d'un montant de 60 000 €, « la reconstruction de deux épis » (160 000 €), « le confortement du pied de mur », « la protection des berges de la Loire et la mise en place d'un système de drainage des eaux pluviales » (224 000 €) informe le premier magistrat de Saint-Brevin. « Dans le cadre du contrat de territoire unique 2010-2012, la Région prendra en charge environ 70 % de 444 000 € », précise Paul Cheneau, adjoint, chargé du dossier.
De nombreux dégâts causés par Xynthia
Dans la nuit du 27 au 28 février 2010, Saint-Brevin, comme de nombreuses communes aux alentours, a été touchée par la tempête Xynthia. Ses fortes vagues conjuguées à une élévation importante du niveau de la mer et une marée haute ont mis à mal le sentier côtier de la commune. Ce sentier est situé derrière le mur de défense de côte. Des enrochements assurent sa protection, elle-même complétée par une structure d'épis dont le rôle est de maintenir le sable sur les plages. Déjà affecté lors d'une autre tempête (10 mars 2008), le mur de défense de côte avait été intégralement restauré fin 2009. Malgré tout, « Xynthia a tout de même causé de nombreux dommages » : démolition partielle d'épis, déchaussement du pied de mur, dégradations du sentier côtier... Efficacement protégée, par le mur de défense de côte sur la façade ouest, aucune habitation n'a cependant été inondée. La façade nord « plus vulnérable » a été mise à mal. La maison de retraite de Mindin a été inondée. Les bords de Loire et des pêcheries aux carrelets ont subi des dégradations. Le montant total des dégâts a été évalué à 600 000 €. L'état de catastrophe naturelle a été reconnu le 11 mars sur la commune. Une expertise est en cours pour estimer le montant de l'indemnisation.
Communiqué
Xynthia / Bruno Retailleau et Alain Anziani en grande partie satisfaits du plan gouvernemental
Sénat - 16/07/2010 20:15:50
Bruno Retailleau et Alain Anziani, Président et Rapporteur de la mission commune d'information sur les conséquences de la tempête Xynthia, sont en grande partie satisfaits du plan gouvernemental de prévention des submersions marines et des crues rapides, qui reprend une majorité de ses préconisations.
Bruno Retailleau (NI, Vendée), Président de la mission commune d'information du Sénat sur les conséquences de la tempête Xynthia, et Alain Anziani (Soc, Gironde), se félicitent du plan de prévention des submersions marines et des crues rapides annoncé ce jour (15 juillet 2010) par le Gouvernement.
Les propositions avancées par ce plan rejoignent pour la plupart celles que la mission d'information a formulées dans son rapport final. C'est notamment le cas concernant le renforcement des règles d'urbanisme sur les zones à risque ou encore l'amélioration des dispositifs de prévision.
I) Tout d'abord, concernant l'urbanisme, le gouvernement a rallié les positions de la mission sur plusieurs points :
- l'intensification du contrôle de légalité dans les zones exposées à des risques naturels et la mise en place d'un véritable contrôle de conformité pour apprécier la légalité des constructions nouvelles ;
- la création d'un référentiel des normes de construction visant notamment à réduire, par l'imposition d'aménagements spécifiques, la vulnérabilité du bâti existant face aux risques d'inondation ;
- la mise en place de projets d'aménagement du territoire intégrant les risques naturels :
- le renforcement du « porter à connaissance » assuré par les préfets, qui doit devenir plus interactif et servir de base à une vision de l'urbanisme soucieuse de prendre en compte les risques naturels ;
- l'affirmation nette de la primauté des plans de prévention des risques (PPR) sur les documents locaux d'urbanisme (PLU et POS, notamment).
- enfin, la volonté de mieux associer les collectivités territoriales à la gestion des risques naturels.
II) Ensuite, s'agissant de la chaîne prévision, vigilance et alerte, la mission apprécie très favorablement la mise en place d'un volet « fortes vagues - submersions marines » de la vigilance météorologique à la fin 2011, ainsi que l'affinement des modèles de prévision océanographiques, comme elle l'avait préconisé. Elle souscrit également à la volonté du Gouvernement d'accroître la couverture des communes en plans communaux de sauvegarde (PCS), élément sur lequel elle avait longuement insisté.
Cependant, Bruno Retailleau et Alain Anziani estiment que, dans le cadre des consultations et de la concertation qui vont être menées, ce plan doit être précisé sur deux points : la gestion des digues et l'amélioration des dispositifs d'alerte.
I) Concernant le volet « digues et systèmes de protection », si ils se félicitent que soit retenue en la matière une approche globale intégrant d'autres dispositifs - notamment les cordons dunaires - de défense contre la submersion, ils estiment que, dans le cadre des consultations et de la concertation qui seront menées, certaines postions doivent être retenues :
- garantir la gestion de proximité, qui est la seule qui permettre d'assurer une véritable efficacité dans l'entretien des ouvrages ;
- la création d'un financement robuste et pérenne, avec un double mécanisme financier national et local :
- national sur le fonds Barnier ;
- local, par le déplafonnement et la modulation de la taxe locale d'équipement (taxe sur les permis de construire) ;
- surtout, ce plan doit éviter deux écueils importants :
- il ne doit pas écarter systématiquement du financement de l'Etat les ouvrages de protection des zones d'intérêt économiques ;
- il ne doit pas conduire à alourdir les procédures de confortement des ouvrages, mais au contraire les alléger.
II) Enfin, concernant les mécanismes d'alerte, Bruno Retailleau et Alain Anziani rappellent avoir préconisé l'envoi de messages plus clairs et personnalisés aux élus locaux pour que le risque soit mieux caractérisé, ainsi qu'une meilleure information de la population par des moyens tels que sirènes et SMS groupés.
S'ils approuvent les propositions tendant à accroître la connaissance des milieux marins et à intégrer le retour d'expérience de la tempête Xynthia, Bruno Retailleau et Alain Anziani insistent une fois de plus sur la nécessité impérieuse de renforcer une culture du risque quasi inexistante aujourd'hui dans notre pays, en prévoyant à cet effet des actions concrètes et aisément réalisables.
A cette fin, les propositions retenues dans le rapport final de la mission d'information feront l'objet d'une proposition de loi déposée dès la rentrée au Sénat.
PARIS (AP) — L'Etat a apporté "des réponses précipitées, incomplètes et parfois absurdes" au passage de la tempête Xynthia sur le littoral français, estime la mission d'information de l'Assemblée nationale dans son rapport rendu public mercredi, regrettant notamment la manière dont les "zone noires" ont été définies.
La mission, présidée par le socialiste Maxime Bono, et dont le rapporteur est l'UMP Jean-Louis Léonard, tous deux députés de Charente-Maritime, souligne le "véritable traumatisme" subi par les populations victimes de Xynthia.
"La gestion post-catastrophe par les pouvoirs publics ne semble pas avoir tenu compte de ce choc en menant 'au pas de charge' et de façon discutable une opération de délimitation des zones considérées comme présentant un danger extrême, quasi immédiatement après la catastrophe alors que les populations concernées et leurs élus se relevaient difficilement de l'épreuve", souligne le rapport.
"Une communication confuse et parfois même brutale sur les 'zones noires' présentées comme exigeant le déplacement à court terme des habitants (l'administration emploie le terme de 'délocalisation'), donc des destructions massives, a suscité le désarroi, l'angoisse et souvent la colère", notent les parlementaires.
La mission consacre ainsi un chapitre entier aux "réponses précipitées, incomplètes et parfois absurdes" apportées par l'Etat après la catastrophe.
"Les préfets se sont trouvés condamnés à agir dans la précipitation, chargés de responsabilités écrasantes dans des matières techniques", souligne le rapport.
En ce qui concerne la délimitation des "zones noires", les députés déplorent notamment "une démarche choquante aux effets peu compréhensibles: certains oublis persistent dans les zonages alors que des approximations et des erreurs d'appréciation flagrantes ne sont pas corrigées du fait d'un entêtement administratif sans équivalent".
"Le sort des 'zones noires' s'est, en réalité, joué en moins de dix jours pour la quasi-totalité des communes concernées, en dehors de toute véritable concertation avec les élus", ces derniers ayant été "traités de façon méprisante et montrés du doigt par les services de l'Etat", constate le rapport, qui souligne aussi "des contradictions permanentes entre les discours et des pressions inadmissibles sur les propriétaires".
Parmi ses 22 propositions, la mission d'information suggère notamment d'établir un meilleur zonage en faisant intervenir des "experts indépendants (français et étrangers), professionnellement reconnus pour leur compétence dans la gestion et la protection des zones littorales. Le recours à des tiers arbitres (...) rétablirait une indispensable sérénité à un processus techniquement mal assuré et dont l'opacité relève de pratiques administratives d'un autre âge".
En ce qui concerne la gestion des digues -dont certaines ont cédé lors de la tempête- le rapport souligne que "l'ensemble des ouvrages de défense contre la mer, qui constitue un dispositif complexe, souvent hérité d'un lointain passé, fait l'objet d'un encadrement juridique et administratif confus qui explique sans doute des négligences ou des carences".
Jugeant la nécessité d'un "plan digues" comme "largement admise", la mission parlementaire ajoute qu'un tel dispositif "devra aussi s'accompagner d'une profonde refonte des textes législatifs et réglementaires" sur le sujet.
Elle propose la création d'une "agence indépendante de l'administration centrale, dépositaire de la doctrine de gestion des digues sans assumer directement les interventions de construction et de surveillance".
Le passage de Xynthia, dans la nuit du 27 au 28 février, a causé la mort de 53 personnes en France. AP
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