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Xynthia : revue de presse du 11 avril
RTL : des sinistrés vont attaquer l'Etat
Xynthia : « Nous allons nous défendre becs et ongles », promet un habitant de Charron
« Nous allons nous défendre becs et ongles », promet Thierry Demaegdt. A Charron, où 150 maisons devraient être rasées après la tempête Xynthia, cet habitant de la « zone noire » est décidé à y reconstruire, à condition d’être « indemnisé correctement ».
M. Demaegdt, 58 ans, actuellement sans activité professionnelle, a créé l’association « Reconstruire Charron » pour défendre les sinistrés de cette commune de 2.210 habitants avant Xynthia, « moins de 1.700″ depuis, où deux enfants et leur grand-mère ont péri le 28 février. « Ma maison est totalement pourrie, il faut la détruire totalement », explique cet homme originaire de Normandie installé à Charron avec son épouse depuis 2003. Il tape du pied dans les cloisons qui s’effritent, piétine les traînées de boue laissées par les flots, désigne les portes fenêtres éventrées. « On a failli mourir », dit-il, « on était arrimé en pleine mer ».
Sur un terrain de 6.000 m2, il avait rénové son habitation principale de plain pied sur 180 m2 et construit deux logements locatifs de 65 m2. Devant la terre plane à perte de vue, au bout la mer. « Je suis triplement sinistré », dit-il à l’AFP, « nous sommes dans la zone noire c’est-à-dire non réhabilitable », souligne-t-il, « ces logements vont être pris en charge par l’Etat et nous allons être indemnisés pour pouvoir reconstruire ailleurs ».
Cinq semaines après le « cataclysme », sa principale préoccupation, « comme l’ensemble des sinistrés » est désormais de « savoir à quelle hauteur nous allons être indemnisés ». « Il faut absolument que nous soyons indemnisés correctement », lance-t-il.
L’Etat a promis d’acquérir les maisons des zones noires au prix du marché avant la tempête mais « est-ce que l’évaluation du service des domaines sera faite à la véritable valeur du marché? On n’en sait rien ».
Pour le savoir, il a fait évaluer ses biens par son notaire. « C’est tout à fait fiable et non contestable », dit-il, « c’est le point de départ de toutes les indemnisations », estime M. Demaegdt, qui ne souhaite pas dévoiler l’estimation. Mais il évalue à 1.250 euros en moyenne la valeur du m2 avant la tempête.
Il faudra aussi que les assurances fassent « leur métier » et indemnisent les sinistrés « à hauteur correcte » en complément du versement de l’Etat.
M. Demaegdt a d’ores-et-déjà sollicité la chambre des notaires et des experts judiciaires pour la centaine de membres de l’association pour « engager des procédures judiciaires au cas où cela se passerait mal avec les assurances et les services de l’Etat ». Selon lui, « les sinistrés sont dans une extrême tension » avant une réunion d’informations jeudi soir avec le préfet.
« Il faut être bien indemnisé et que ça ne traîne pas », renchérit M. Demaegdt, « conquis par l’aspect rural et maritime » de Charron, où il a décidé de reconstruire ses trois logements. A partir du moment où « les terrains reconstructibles seront définis », « nous nous emploierons à faire accélérer les choses pour que tous les sinistrés qui le souhaitent puissent reconstruire ».
Pour les autres, il appelle à la vigilance. « Si vous refusez de quitter la zone noire et que l’Etat engage un bras de fer, il va y avoir procédure d’expropriation, la valeur deviendra nulle et les indemnisations reportées aux calendes grecques », dit-il.
Et « si on juge que les zones noires ne sont pas justifiées, évidemment nous entamerons une procédure avec nos avocats », promet-il, déplorant d’avoir été « mis de côté » de la procédure de consultation des pouvoirs publics.
Charron (Charente-Maritime), 11 avr 2010 (AFP)
L’après-Xynthia : Corinne Lepage, avocate de l’association des victimes, dit ne pas comprendre les critères des zones noires
samedi 10 avril 2010, par Staff Culturefemme
L’ancienne Vice-présidente du MoDem (parti qu’elle a quitté après la défaite aux régionales) et ex-ministre de l’Environnement est l’avocate de l’Association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer. Comme ses clients, Corinne Lepage a beaucoup de questions au sujet des critères qui ont servi pour la désignation des zones noires, ces zones où les habitations doivent être rasées.
"Jusqu’à maintenant, je ne comprends pas les critères", a déclaré Corinne Lepage, qui était invitée vendredi sur France-2. Selon l’avocate, difficile de comprendre pourquoi certaines maisons inondées ne seront pas rasées, alors que d’autres maisons qui n’ont pas été inondés sont appelées à être démolies.
Evoquant la loi Barnier sur la prévention des risques naturels, pour Corinne Lepage, si on veut appliquer ladite loi, elle "que l’Etat doit justifier qu’on ne peut pas faire autrement que de démolir ces maisons, c’est-à-dire qu’il n’y a aucune mesure de prévention possible ou qu’elles sont beaucoup plus coûteuses que l’expropriation (…) Cette preuve-là, jusqu’à présent, je ne l’ai pas vu apportée".
Mercredi, le gouvernement a désigné les zones qui présentent un danger de mort avéré (zones noires), celles qui doivent retourner à l’état naturel (zones oranges qui nécessitent une expertise complémentaire pour être classées noires ou jaunes) et celles exposées aux risques, mais qui peuvent être protégées (zones jaunes). Selon cette distinction, ce sont près de 600 maisons qui doivent être rasées en Charente-Maritime, près de 800 en Vendée.
Du côté des habitants, la contestation s’organise aussi, et plusieurs propriétaires de maisons appelées à être rasées, se sont déjà réunies en association, et comptent saisir la justice : les tribunaux administratifs, pour contester les avis de destructions ; les tribunaux pénaux, pour mise en danger de la vie d’autrui. ©Culturefemme.com
10/04/2010 20:26 RENNES (AFP) - Xynthia: plus de 500 personnes réunies à la Faute-sur-mer
Plus de 500 personnes, selon la gendarmerie, se sont réunies samedi après-midi à la Faute-sur-mer (Vendée) pendant plus de trois heures pour envisager les actions à venir après la tempête Xynthia à l'initiative de l'association de victimes (AVIF) de la commune.
"On a balayé tous les sujets: le zonage, les expropriations, les indemnisations, les délais" en matière juridique, a expliqué à l'AFP Me Hervé Cassara, avocat au cabinet de l'ancienne ministre de l'Environnement Corinne Lepage, invité par l'association.
"Les gens sont déconcertés sur cette histoire de zonage. Il y a un sentiment d'incompréhension face à des décisions que certains d'entre eux qualifient d'arbitraires. Ils reprochent aux services de l'Etat un manque de concertation", a souligné l'avocat.
Les préfets de Vendée et de Charente-Maritime, les deux départements particulièrement touchés par la tempête, ont présenté ces derniers jours une cartographie des zones sinistrées, avec en particulier des "zones noires", habitées jusqu'à présent et d'où toute habitation sera désormais bannie. Mais "ce zonage peut être soumis à un juge" dans un délai de deux mois, a estimé Me Cassara.
"J'étais là pour leur indiquer ce qu'ils peuvent faire. On peut, selon les sujets, agir à titre individuel ou mener des actions collectives. Il y a beaucoup de recours possibles", a-t-il dit, évoquant également la volonté des personnes présentes de "comprendre les responsabilités", a-t-il dit.
De premières actions seront vraisemblablement menées devant le tribunal administratif pour contester le zonage mais des actions au pénal sont également en réflexion parmi les familles qui ont perdu des proches.
Cette réunion, qui a débuté par une minute de silence en hommage aux victimes, était également l'occasion d'une prise de contact directe entre les nombreux propriétaires de résidences secondaires, venus de toute la France, qui avaient fait le déplacement, a indiqué Renaud Pinoit, l'un des co-fondateurs de l'AVIF.
L'association, qui devrait tenir très prochainement son assemblée générale constitutive, va commencer à regrouper les dossiers par thème. Elle a fait circuler des questionnaires lors de la réunion pour faire l'inventaire des problèmes posés, a précisé M. Pinoit.
Vingt neuf personnes ont trouvé la mort en Vendée lors de cette tempête.
Zones noires : un maire fait de la résistance
Le maire de Charron Jean-François Faget (à gauche) a interpellé le préfet de Charente-Maritime, Henri Masse, avant la réunion publique présentant aux habitants les zones noires de la commune. Entre 150 et 180 maisons doivent être rasées. Photo AFP
Deux jours après l’annonce par l’Etat des zones noires déclarées inhabitables, les sinistrés de la tempête Xynthia poursuivent leur mobilisation. Un maire refuse même de signer les arrêtés interdisant l’accès aux maisons.
<texte>Le maire de Charron, commune de Charente-Maritime touchée par la tempête Xynthia fin février, ne veut pas signer l’ensemble des arrêtés interdisant l’accès à « 150 ou 180 maisons de la localité promises à la démolition : je suis en désobéissance, oui, je le reconnais », a déclaré Jean-François Faget, hier sur RTL. Face à ce qu’« on vit actuellement, comment voulez-vous que je puisse être impressionné par une quelconque mesure de révocation ? »
« Ma position est très claire, à savoir que nous demandons de nous mettre autour d’une table pour revoir le zonage annonçé par les autorités », a-t-il expliqué. « Il y a eu des concertations mais avec des a priori très clairs, à savoir que l’Etat nous a dit dès la deuxième semaine qui a suivi la tempête : voilà les critères qui vont être retenus pour déterminer les zones noires […]. Ces critères ne sont pas négociables. »
Or, « ce qui a motivé ma réaction, c’est que ces critères, je sais qu’ils sont négociables. Quand on constate dans les autres communes que des zones qui avaient été pressenties pour être noires ne le sont plus, là, je me dis : où est l’égalité ? où est l’équité ? », a-t-il souligné.
Quant aux propos du préfet de Vendée – autre département sinistré – qui affirme que la cartographie des zones noires « ne bougera pas » et a été établie « pour la sécurité des personnes », Jean-François Faget a précisé qu’il ne voulait pas porter de « jugement sur la responsabilité de d’Etat. Je dis simplement qu’elle n’est pas prise de façon équitable », a-t-il dit.
<intertitre>Plainte</intertitre>Jean-François Faget s’élève contre la démolition programmée de « 150 ou 180 maisons » sur sa commune. « Comment voulez-vous que je signe un arrêté, et que j’aille le porter dans une maison où il n’y a pas eu un centimètre d’eau ? »
Déclarant ne pas avoir « encore eu le temps de faire un comptage », le maire de Charron a cependant estimé qu’« on pourrait peut-être descendre en dessous d’une centaine d’habitations promises à la démolition. » Par ailleurs, les sinistrés de la tempête Xynthia ont poursuivi leur mobilisation hier. Un habitant de l’Aiguillon-sur-mer a annoncé avoir déposé plainte contre le maire et la municipalité pour « mise en danger des habitants et des habitations » lors de la tempête. D’autres envisagent des plaintes contre l’Etat pour contester le zonage décidé par les pouvoirs publics.
</texte>Publié le 11/04/2010
Photo : DR
Xynthia : les «zones noires» au cœur de la polémique
11/04/2010 | Mise à jour : 21:15 Réagir
Manifestation d'habitants des Boucholeurs (Charente-Maritime), ce dimanche. Ils réclament notamment la construction de nouvelles digues plutôt que la destruction de leurs résidences. Crédits photo : AFPÉlu local et membre du gouvernement, Dominique Bussereau veut tenir compte des «situations locales» pour les destructions de maisons.
Le bras de fer s'organise entre l'État et les sinistrés de la tempête Xynthia. Résolus à contester les «zones noires» présentées la semaine dernière par les préfets de Vendée et de Charente-Maritime, les habitants de plusieurs communes ont manifesté ce week-end, affirmant clairement sur leurs banderoles leur exigence de «rester», de refuser les «destructions massives et arbitraires» et encore de «sauver leur beau village». Leurs communes, lors du passage de la tempête Xynthia sur la France le 28 février dernier, avaient été le théâtre de spectaculaires inondations qui ont fait 53 morts, pour la plupart des habitants noyés dans leur propre maison. Plusieurs maires, notamment celui de Charron (Charente-Maritime), entendent obtenir une modification de la carte des zones rendues inhabitables. Aux Boucholeurs (Charente-Maritime), une banderole réclamait la construction de digues plutôt que la destruction des maisons. Enfin, à La Faute-sur-Mer (Vendée), une réunion organisée par l'association des sinistrés avait pour but d'expliquer quels étaient les recours.
Des tonalités politiques et judiciaires ont toutefois fait leur apparition dans la polémique au cours du week-end. Le 16 mars, venu sur place, Nicolas Sarkozy avait assuré «qu'[il] ne laisserait pas se réinstaller des gens dans des maisons situées dans des lieux où il y a des risques mortels». «Je préfère assumer la colère» de certains habitants, avait-il alors souligné. Face à la grogne montante des populations concernées, une marge de négociation semble désormais envisagée. Elle s'est exprimée ce dimanche par la voix du président du conseil général de la Charente-Maritime, par ailleurs secrétaire d'État aux Transports. Dominique Bussereau a estimé que si «la position numéro 1» demeurait naturellement d'«empêcher les gens de mourir», il fallait aussi «tenir compte de situations locales». «On fait des tracés vite, parfois très vite, a-t-il argumenté sur RTL, il y a peut-être des moments parfois où le rouleau compresseur de l'administration est passé un peu vite.» Il a par ailleurs souligné : «Le préfet obéit aux ordres des membres du gouvernement et je suis membre du gouvernement. Quand les élus disent qu'il y a doute, il faut écouter les élus.»
Cette déclaration est intervenue alors que le préfet de Vendée, Jean-Jacques Brot, venait de souligner dans les colonnes du «Journal du dimanche» que «la cartographie établie par les différents ministères concernés (…) ne bougera pas». Le représentant de l'État a précisé que les propriétaires concernés avaient, comme pour toute décision de l'État, la possibilité de recours devant le tribunal administratif.
Passes d'armes judiciaires
Après les préfets et les élus, ce sont en effet les avocats qui entrent en scène. À La Faute-sur-Mer (Vendée), où le débat sur les 29 morts de la tempête est loin d'être terminé, les passes d'armes sont devenues judiciaires. L'association des victimes des inondations de La Faute s'est adjoint les conseils de Corinne Lepage tandis que Me Didier Seban défend le maire et que la commune en elle-même est désormais représentée par Olivier Metzner.
Les élus des communes inondées risquent de faire face à des plaintes pour «mise en danger de la vie d'autrui». C'est sous cette qualification pénale qu'un habitant de L'Aiguillon-sur-Mer (Vendée) a déjà décidé d'attaquer. Il estime que sa mairie, alertée des risques, est restée sourde aux avertissements, notamment à ceux que les services de l'État avaient délivrés.
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