• Trois-Rivières

    Trois-Rivières

    Le 13ème jour

    Jacques Cartier a décrit le site en 1535 ; le capitaine Dupont-Gravé va lui donner son nom en 1599 (parce que trois rivières différentes semblaient déboucher au même endroit sur le Saint-Laurent) ; dès 1603 Samuel Champlain avait l'ambition d'y établir une habitation permanente pour faciliter le commerce des fourrures.

    Dans cet esprit ce sera le sieur Laviolette qui fondera véritablement Trois-Rivières en 1634, le 4 juillet, lorsqu'il débarque (ou plutôt qu'il prend ses fonctions de commandant du futur fort) avec des artisans et des soldats, les pères jésuites Jean de Brébeuf et Saint Antoine Daniel et du matériel pour construire une palissade et un fort.

    On ne connaît pas le vrai nom de Laviolette et on ne sait pas ce qu'il a fait après 1636. Peut-être est-il retourné en France (ou pas  !)

    En tout cas il a son monument, sa rue, son pont à Trois-Rivières.

    Introduction du Catalogue des Trépassés : « Messieurs de la Compagnie de la Nouvelle France ayant ordonné qu'on dressa une habitation en ce lieu nommé les Trois-Rivières, Monsieur de Champlain qui commandait en ce pays y envoya de Québec une barque sous la conduite de Monsieur de la Violette, lequel mis pied à terre le quatrième de juillet de l'an 1634 avec quelque nombre de nos Français pour la plupart artisans. Et dès lors, on donna commencement à la maison et habitation ou fort qui se voit en ce lieu. / Le troisième de septembre de la même année, le Révérend Père Paul Le Jeune et le P. Buteux, religieux de la Compagnie de Jésus, partirent de Québec dans une barque et arrivèrent ici le 8 du même mois pour y assister nos Français pour le salut de leurs âmes. / Vers la fin de décembre de la même année, le mal de terre s'étant jeté parmi nos Français, en emporta quelques uns qui ont donné commencement aux chrétiens défunts en ce pays. »

    Transcription complète en français moderne. Source : Catalogue des trépassés au lieu nommé Les Trois-Rivières, Registre de la paroisse Immaculée-Conception de Trois-Rivières, volume 1, 1634-1679, Baptêmes et sépultures, p. 1, copié dans le registre civil 1634-1677, p. 1.

    Plutôt que Québec, c'était vraiment à Trois-Rivières que Champlain voulait s'installer, mais des raisons stratégiques l'ont poussé à fonder Québec, bien que la traite ne se fît pas directement à Québec. Les missionnaires aussi ont été très tôt intéressés par le site. Il faut dire que les contacts avec les Indiens avaient été très bons, que le commerce fonctionnait  bien et donc qu'une évangélisation et un enseignement avaient aussi des chances de réussite. Alors, après les Jésuites, des religieuses Ursulines créaient une première maison d'enseignement en 1697.

    Le couvent des Ursulines
     

    Cadran solaire de type analemme (= la courbe de l'équation du temps selon le méridien et la latitude...) utilisé, plutôt qu'inventé, pour la première fois en France, en 1730, par l'astronome français Grandjean de Fouchy. (Les Anglais nous avaient précédés avec celui du Musée Maritime de Greenwich... et les Hollandais aussi à Amsterdam...)

    Caractéristiques de celui-ci : vertical fixe déclinant, en bois peint, sur un mur du couvent des Ursulines. 1860 : installation ; 1934 : 300e anniversaire de Trois-Rivières.

    Le cadranier est Mgr Charles-Olivier Caron,  évêque de l'église catholique romaine à Trois-Rivières.

    La devise "Dies sicut umbra" (= [nos] jours  [sur  la terre passent] comme une ombre") est inspirée par les Chroniques de la Bible, chapitre 29, verset 15.

     

    A côté du couvent, aux murs peints en blanc, il y a le monastère en briques rouges.

    Chez les Ursulines, outre les bâtiments pour la religion et l'enseignement, il y eut le bâtiment pour l'hôpital dont l'importance fut grande. Il est maintenant reconverti en musée.

    Pour ce qui est de la religion, si vous sentez la vocation venir, vous serez peut-être une Ursuline; quant à l'enseignement, l'école fonctionne toujours !

    Trois-Rivières étant la deuxième plus ancienne ville du Québec, il y a d'autres constructions d'époques diverses avec le bois des débuts, la pierre des Français, la brique des Anglais.

     

    Voir taille réelle (Chapelle Saint-James)

    On repart vers l'eau.
     

    Le port est essentiel à Trois-Rivières. Cependant il a fallu attendre le début du XIXème siècle pour qu'il y ait un véritable port avec des quais qui servent au trafic de voyageurs et de marchandises sur le Saint-Laurent.

    Sur la rivière Saint-Maurice il y eut les chargements de fourrures, puis de bois de sciage, puis de bois de papeteries, puis de grains. A propos de fourrures, un rappel : la vie aventureuse de Pierre-Esprit Radisson (représenté sur le vitrail ci-dessus) qui avait commencé sa carrière canadienne à Trois-Rivières chez sa demi-sœur. Avec Médard Chouart Des Groseillers, son beau-frère, il fit une belle carrière de coureurs des bois, de traiteurs et d'explorateurs (pour leur propre compte et pour celui des Anglais !)

     

    Il y a un monument, appelé monument De La Verendrye,  à la gloire des découvreurs trifluviens, dont Pierre-Esprit Radisson et Desgroseillers.

    Au niveau de Trois-Rivières, ce sont les traversiers qui ont longtemps fait la liaison entre les deux rives du Saint-Laurent ; cela jusqu'en 1967. Le pont Laviolette est encore le seul franchissement du Saint-Laurent entre Montréal et Québec. Belle structure essentiellement métallique ; 2 kilomètres 3/4 de long  ; 55 mètres de tirant d'air au  plus haut. Dans les premiers temps de la colonie on franchissait le Saint-Laurent en rabaska (canot d'écorce) en été et en raquettes (c'est loin l'autre rive !) en hiver... Nous ne le franchirons pas mais ferons un tour en car, non prévu, sur un circuit automobile (le deuxième de notre circuit aprè Montréal). Et Montréal, justement, sera notre dernière étape !


    Voir taille réelle

    Auparavant lisez "Le Trésor des Poulin", cette légende qui évoque un aspect de l'histoire industrielle de Trois-Rivières sur la rivière Saint-Maurice (une richesse et une autre source de pollution)

    AlCaribou

    Le Trésor des Poulin

    A la fin du XIXe siècle, les demoiselles Poulin des Trois-Rivières avaient hérité du plus beau "circuit en bois debout" qui existait entre Québec et Montréal. Les forges du Saint-Maurice nécessitant cependant beaucoup de charbon de bois pour faire fondre le fer, tous les chênes de la région avaient été coupés afin d'alimenter le grand fourneau. Sans avertissement, les Bell des Forges se mirent donc à faire abattre les beaux grands arbres des demoiselles Poulin, prétextant qu'ils étaient propriétaires de ces terres à bois.

    Commença alors l'un des plus longs procès qui se soit déroulé au Québec. Si bien qu'en plus d'avoir perdu leurs arbres, les demoiselles se ruinèrent à payer les avocats qui les défendaient.

    Cependant, dit-on, lorsque la dernière en vie des Poulin sentit arriver sa fin et qu'elle réalisa que la justice allait faire saisir un trésor familial conservé depuis toujours dans un grand coffre et transmis d'un descendant à l'autre, elle le fit charger sur une barque qui les conduirait, elle et son coffre, au milieu du ruisseau de la Pinière. "Tiens, dit-elle en jetant le coffre au fond de l'eau, je le donne au diable".

    Depuis ce jour, plus d'un chercheur de trésor a tenté de le récupérer. Mais le diable en a la garde, et que quelqu'un soit près de le découvrir, il en change lui-même la place.

    In "Légendes de l'Amérique française" Jean-Claude Dupont - Editions J.-C. Dupont © 1985


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