• Saint-Jean-d'Angély et les maisons closes

    Saint-Jean-d'Angély et les maisons closes

    Le rendez-vous

    Ce mercredi 25 mars 2009 plus de soixante personnes avaient acheté leur billet à l'Office de Tourisme de Saint-Jean-d'Angély pour la visite conférence « les maisons closes », animée par Catherine Dumas. (AlCaribou, que le théâtre - seulement - avait conduit à assurer la co-gestion d'une délicieuse maison appelée « les Bambous Fleuris », était le premier arrivé...)

    Un historique des maisons

    Un salon de l'Abbaye Royale a d'abord accueilli tout le monde pour un historique des maisons de prostitution dans notre civilisation occidentale.

    D'abord l'Athènes antique où il fallait occuper les matelots au dikterion, une fois revenus au port ; puis Rome avec sa quarantaine de lupanars.

    C'est au moyen-âge, sous Saint-Louis, que l'on a commencé à contrôler les maisons.  Elles devaient être éloignées des  centres urbains. Il y avait obligation d'une lanterne et d'une inscription pour faciliter le repérage dans les rues et les quartiers spécialisés.

    A la fin du XVIIIe sont apparus les premiers annuaires et almanachs comme « l'almanach des demoiselles de Paris ».

    En 1815, au début du XIXe fut instauré un règlement avec notamment une visite médicale hebdomadaire obligatoire, assortie d'un carnet de visites. Le but était de protéger la population.

    En 1845, création d'un fichier de police. C'est justement grâce à la police départementale et nationale que l'on a des archives.

    Comment s'y prenait-on si on voulait administrer une maison ? Il fallait faire une demande d'ouverture auprès du préfet de police qui « tolérait » cette ouverture après enquête sur la demanderesse et sur son mari... On inspectait aussi le bâtiment pour la solidité, l'hygiène...

    A Paris

    Une maison de luxe célèbre à Paris fut le Chabanais, dans le deuxième arrondissement, ouvert en 1878. Il fut fréquenté par l'aristocratie mondiale (Édouard VII était un habitué).  Les salons, richement aménagés, offraient des ambiances différentes, au gré des envies : 1, 7 millions de francs de l'époque furent dépensés pour la décoration intérieure ! (Un hôtel particulier à Saint-Jean-d'Angély valait autour de 30 000 francs...)

    Un endroit, bien différent, illustre une façon singulière de recevoir : l'hôtel de la Païva. Les femmes y étaient interdites ! sauf la maîtresse de maison qui y admettait les invités qu'elle avait choisi...  (Le lieu est historique et on peut le visiter)

    Les hôtels chics contrastaient avec les bordels ordinaires où les pensionnaires étaient véritablement prisonnières : sans doute nourries et logées ; mais sans salaire, sans vêtements à elles, sans le droit de partir. Il était difficile pour elles de réagir ; on a malgré tout relevé une révolte en 1867 à Parthenay.

     

    Les maisons de Saint-Jean

    L'Alcazar ! La maison chic de Saint-Jean, sur la place de l'hôtel de ville ! Nommée ainsi en référence aux grands cabarets de Paris, comme, également, le Moulin Rouge et le Chat Noir. Elle fut construite dans la première moitié du XIXe siècle mais détruite en 1850. En 1860 elle est remplacée par le Comptoir National des Comptes dont on peut encore voir le sigle  en haut de la façade de ce qui est maintenant une banque.

    En contraste, au fond de l'impasse de la Fourche, non loin de là, quelque part derrière la salle Aliénor d'Aquitaine, on trouve encore les différents corps de logis du bordel qui s'était agrandi au fil des années.
    Il y a les trois entrées d'origine. Les judas dans le mur, bien au-dessus des portes et correspondant à l'étage supérieur. Il n'y a pas de fenêtres donnant sur la rue (les fenêtres pré-existantes avaient été murées). Sept chambres en tout dont une au rez-de-chaussée (pour les handicapés a soufflé quelqu'un ; peut-être que non car elle était meublée plus richement que celles de l'étage...)
    Le numéro actuel est le 18bis. Il y avait là cinq, six ou sept occupantes.
    Nous avons eu la chance de rencontrer le propriétaire actuel des lieux qui nous a ouvert sa porte et nous avons pu voir l'élégant escalier de bois qui menait à l'étage et le joli jardin où les dames pouvaient prendre l'air entre deux rendez-vous.
    Le garage d'en face a été ouvert par un des participants à la visite pour voir quelques inscriptions au crayon sur le mur. C'est là que deux interprétations divergent. Faut-il lire :

    « Coquette a été fessé(e) le... 1926 »
    ou bien :

    « Coquette a été ferré(e) le... 1926 » ?

    Donc : maison ou écurie ?

    Dans les deux cas on remarque qu'il n'y a pas la marque orthographique du féminin. Mais était-ce bien utile car on pouvait vérifier de visu...

    La fermeture

    13 avril 1946 : fermeture des maisons en France (donc à Saint-Jean), à l'initiative de Marthe Richard (elle-même ancienne prostituée). On comptait 1400 maisons closes dans tout le pays.
     

    Les dames en peinture

    Au XVIIIe siècle Hogarth, BoucherGéricault (c'était une autre façon de représenter le nu féminin - différemment du nu des peintures d'histoire)

    Au XIXe et XXe siècles  Degas, Toulouse-Lautrec puis Munch, Picasso
     

    AlCaribou


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