L'une des pires marées noires de l'histoire des États-Unis menace les côtes de la Louisiane. Suivez le développement de cette «catastrophe nationale» et ses conséquences désastreuses pour l'environnement. »
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Plateforme pétrolière entourée d'une nappe de pétrole sur le site de la marée noire du Deepwater Horizon, le 16 juillet dernier.
Photo Dave Martin, AP
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Greg Bluestein
Associated Press
La Nouvelle-Orléans
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Alors que la pétrolière BP semble se rapprocher d'une solution définitive pour colmater la fuite dans le golfe du Mexique, des officiels environnementaux ont dû se défendre, dimanche, face à des allégations selon lesquelles ils auraient permis à l'entreprise d'employer des agents dispersants dont les conséquences sur l'environnement sont encore inconnues.
La garde côtière a plusieurs fois permis à BP d'utiliser des milliers de litres de produits chimiques pour briser la nappe de pétrole et ce, malgré une directive émanant du gouvernement fédéral visant à limiter le recours à cette tactique, ont affirmé des enquêteurs du Congrès américain.
Dans une lettre envoyée samedi, le représentant Edward Markey a indiqué que BP avait «bombardé les fonds marins à l'aide de ces produits chimiques avec l'assentiment de la garde côtière».
L'amiral à la retraite de la garde côtière, Thad Allen, a réagi à ces affirmations dimanche, soutenant que les autorités fédérales chargées de la réglementation n'avaient pas ignoré les directives environnementales.
«Certains commandants d'unités avaient l'autorité de permettre aux équipes de nettoyage d'utiliser davantage d'agents dispersants dans certains cas», a-t-il ajouté.
De son côté, le chef des opérations de la société britannique, Doug Suttles, a répondu que l'entreprise avait agi en conformité avec un protocole élaboré conjointement par le gouvernement et par la garde côtière.
De plus, la société a respecté les exigences émises par l'agence de protection environnementale (EPA), a ajouté un porte-parole de BP, Daren Beaudo.
«Les agents dispersants ont été approuvés par l'EPA, et ils sont reconnus comme étant des outils efficaces pour lutter contre les marées noires», a soutenu M. Beaudo.
Plus d'un mois après le début de la fuite de pétrole, le 24 mai, l'agence environnementale et la garde côtière avaient ordonné à BP de réduire de 75 pour cent la quantité de produits chimiques qu'elle utilisait.
Mais dans les 48 jours suivants, la garde côtière a approuvé pas moins de 74 requêtes venant de BP, selon les documents étudiés par les investigateurs. Seules quelques-unes des demandes ont été refusées.
«L'agence n'a pas accepté toutes les demandes de dérogation, a écrit l'EPA dans un communiqué. Par contre, elle estime que l'utilisation d'agents dispersants a été un outil essentiel afin de diminuer l'impact de la fuite de pétrole.»
«Cela a empêché des millions de litres d'hydrocarbures d'atteindre le rivage et de causer encore plus de dommages aux écosystèmes fragiles, aux plages et à l'économie locale», dit le communiqué.
Le dispersant chimique a servi à briser les nappes et à transformer le pétrole en petites gouttelettes.
Malgré ses avantages, le produit pourrait cependant s'avérer létal pour les oeufs de fruits de mer et les larves, selon des experts. Et ses impacts à long terme demeurent inconnus.
Les humains exposés à ces agents chimiques à long terme pourraient souffrir de troubles du système nerveux central, de problèmes sanguins, hépatiques ou pulmonaires, d'après les centres de prévention et de contrôle des maladies.
«La question, c'est de savoir si l'avantage d'utiliser ces produits l'emporte sur les risques potentiels», estime Larry McKinney, directeur exécutif de l'institut de recherche sur le golfe du Mexique de l'Université A & M Corpus Christi, au Texas.
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Dates-clés de la marée noire dans le golfe du Mexique
LA NOUVELLE-ORLEANS (Etats-Unis) - Rappel des dates-clés de la marée noire dans le golfe du Mexique, au moment où doit commencer la cimentation du puits.
--AVRIL 2010--
- 20: Explosion, suivie d'un incendie, sur la plate-forme Deepwater Horizon à 80 km au large de La Nouvelle-Orléans: onze morts.
- 22: La plate-forme, contenant 2,6 millions de litres de pétrole, coule.
- 25: Le groupe britannique BP, exploitant de la plate-forme, annonce que du pétrole s'échappe du puits par 1.500 mètres de fond.
- 28: Découverte d'une nouvelle fuite, portant à 800.000 litres le volume de pétrole se déversant dans la mer chaque jour. Cette estimation sera plusieurs fois relevée.
- 29: Les premières nappes atteignent la Louisiane.
--MAI--
- 8: Tentative ratée de mise en place d'un "couvercle" sur la fuite.
- 16: BP réussit à pomper du pétrole grâce à un tube inséré dans le puits, alors que d'énormes nappes de brut sont découvertes à grande profondeur.
- 20: BP assure pomper 5.000 barils de brut par jour (800.000 litres), mais admet avoir sous-estimé la fuite.
- 29: Echec de la tentative visant à cimenter le puits par l'injection d'un produit épais.
--JUIN--
- 1er: Ouverture d'une enquête judiciaire.
- 3: BP parvient à poser un entonnoir sur le conduit qui permettra de pomper plusieurs milliers de barils de brut par jour.
- 15: BP installe un second dispositif de captage permettant de brûler quotidiennement 10.000 barils de brut.
- 16: Obama obtient de BP la provision de 20 milliards de dollars pour l'indemnisation des victimes.
--JUILLET--
- 4: Après avoir touché la Louisiane, le Mississippi, l'Alabama et la Floride, la marée noire atteint le Texas.
- 12: Nouveau moratoire sur les forages jusqu'au 30 novembre, après l'annulation par la justice d'un précédent décrété par Obama.
- 15: BP réussit pour la première fois à arrêter l'écoulement de pétrole à l'aide d'un entonnoir.
- 27: Annonce du départ le 1er octobre du patron de BP, Tony Hayward, remplacé par l'Américain Bob Dudley.
BP, qui a mis de côté une charge de 32,2 milliards de dollars, annonce une perte trimestrielle de 16,9 milliards de dollars.
--AOUT--
- 2: BP annonce que l'opération "static kill", censée condamner pour de bon le puits par l'injection de liquides, de matières solides, puis de ciment, commencera le 3 août.
Les autorités américaines évaluent à 4,9 millions de barils, soit 780 millions de litres, le volume de brut et de gaz échappés du puits, dont 800.000 barils (127 millions de litres) ont été récupérés.
(©AFP / 03 août 2010 16h09)
C’est peut-être le début de la fin de la marée noire dans le Golfe du Mexique. BP lance, ce mardi, son opération de colmatage de la fuite de pétrole, plus de trois mois après l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon. Une opération baptisée “static kill” qui consiste, si elle réussit, à injecter du ciment dans le puits pour arrêter l’hémorragie de brut.
Cette marée noire est considérée comme la pire catastrophe accidentelle de l’histoire. Elle est près de 20 fois plus importante que celle provoquée par l’Exxon Valdez sur le littoral d’Alaska en 1989.
780 millions de litres se sont échappés, dont un sixième seulement a pu être récupéré.
La faune et la flore sont les premières à en payer le prix. Le pétrole s’est infiltré partout, c’est le constat dressé par Ocean Futures Society, une association fondée par le fils de Jean-Yves Cousteau.
“Lorsque nous avons mené des recherches sur les côtes, on a trouvé des petits trous dans le sable. Si vous marchez sur le sable juste à côté, c’est spongieux, et du pétrole commence à sortir”, explique Matt Ferraro, plongeur en chef de l’association. En voici la démonstration sur les côtes de Louisiane.
BP est également très critiquée pour l’utilisation massive de dispersants, répandus pour dissoudre le pétrole.
Le directeur d’exploitation de la compagnie pétrolière s’est montré confiant. “Je mangerai du poisson issu du Golf du Mexique”, a déclaré Doug Suttles.
La Louisiane a rouvert de larges zones à la pêche la semaine dernière, après des tests probants selon les autorités.
Cette catastrophe a déjà coûté à BP et à l‘économie locale plusieurs milliards de dollars.
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Louisiane : mais où est passée la nappe de pétrole ?
mardi 03 août 2010
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Les nappes géantes se sont transformées en milliers de tachesde pétrole.
Reuters
La pollution déversée dans le golfe du Mexique n'est quasiment plus visible en surface.Grâce à l'action commune des dispersants, de la météo et de bactéries voraces. Mais tout n'est pas réglé.
À l'intérieur des avions qui survolent le golfe du Mexique, scientifiques et garde-côtes scrutent la surface de la mer à la recherche d'une nappe de pétrole brut digne de ce nom. En vain. « On peut seulement voir des milliers de tâches très dispersées », confiait, la semaine dernière, l'amiral Thad Allen, chargé de la lutte contre la marée noire par le gouvernement américain. Sur certaines plages, on se baigne comme si rien ne s'était passé. En Louisiane, la pêche a été rouverte sur de larges zones.
Alors où est passé ce fichu pétrole ? « D'abord, cette nappe n'est plus alimentée, explique Georges Peigné, directeur adjoint au Cedre (le centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux. La fuite est, pour l'instant, stoppée avant le rebouchage définitif du puits. D'autre part, les quantités énormes de pétrole qui se sont déversées (entre 400 et 700 millions de litres) ont fait l'objet de nombreux traitements en mer. »
Entre deux eaux
411 incendies ont été allumés pour brûler le pétrole, des centaines de bateaux écumeurs ont ratissé la zone et l'utilisation massive de dispersants chimiques a contribué à l'éclatement de la nappe composée d'un hydrocarbure très léger.
Les fortes tempêtes qui ont secoué la zone ont également eu un effet de brassage du brut. « Un autre élément naturel a aussi joué un rôle important, poursuit Georges Peigné. Il existe des bactéries capables de digérer le pétrole, elles se sont multipliées sur la zone. » Voraces, elles ont apprécié l'arrivée massive et inopinée de cette manne. Dans l'eau, le pétrole « sert parfois d'engrais » et peut même favoriser la prolifération de certaines espèces.
Alors tout est réglé ? Pas vraiment. L'utilisation massive de dispersants, composés notamment de solvants, n'est pas sans conséquences pour l'environnement. Les pêcheurs sont inquiets pour le devenir des larves de crevettes et de crabes, dont dépend leur prochaine saison de pêche.Dans les bayous de Louisiane, souillés par le pétrole, on s'inquiète du temps qu'il faudra pour nettoyer. Enfin, si la pollution n'est plus visible en surface, cela ne signifie pas qu'elle a complètement disparu. Pour certains chercheurs et océanographes, elle peut stagner entre deux eaux. Des analyses plus poussées vont être menées par l'Agence océanique et atmosphérique américaine.
Aujourd'hui, BP doit lancer son opération Static kill. Destinée à condamner le puits endommagé, pour l'instant coiffé d'un dôme, elle va consister à injecter de la boue et du ciment. Mais il faudra ensuite boucher le fond du réservoir.
Philippe LEMOINE.