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Marée noire en Louisiane, revue de presse du 12 août 2010
Greenpeace embarque pour le Golfe du Mexique
Créé le 12.08.10 à 16h04 -- Mis à jour le 12.08.10 à 16h04Un membre de Greenpeace dans les marais de Louisiane, le 19 mai 2010. REUTERS/Lee Celano
PLANETE - Une expédition de trois mois prend le large ce jeudi...
La fuite est enfin colmatée, mais la marée noire n’a pas fini de faire des ravages sur les écosystèmes marins. L’organisation écologiste Greenpeace compte bien dresser un inventaire des dégâts causés par la marée noire dans le Golfe du Mexique en envoyant, ce jeudi, une expédition de trois mois en mer menée par des enquêteurs indépendants.
Connaître la véritable étendue du désastre
«Depuis le tout début, la véritable étendue du désastre lié à la marée noire du golfe a été masquée par BP et même notre gouvernement», a déclaré John Hocevar, responsable des océans chez Greenpeace USA. L’ONG compte sur la participation de scientifiques rattachés à des universités spécialisées dans les études océanographiques pour tirer un bilan objectif des conséquences de la marée noire.
«La plus grande pollution en mer de l'histoire et le recours sans précédent aux dispersants chimiques auront un impact sur la vie marine du golfe pendant des années, et des études indépendantes sont cruciales pour garantir que les responsables de BP ne peuvent dissimuler ce qu'ils ont fait ou fuir leurs responsabilités», a ajouté John Hocevar.
BP devant les tribunaux
Cette expédition prend son départ ce jeudi, alors que le gouvernement américain mène une enquête, qui pourrait finir devant les tribunaux, sur l’origine de l’explosion de la plateforme Deepwater le 20 avril. Les autorités américaines n’ont toutefois pas les moyens techniques de rassembler les preuves qui gisent à près de 1.500 mètres de fond, laissant la responsabilité des opérations de récupération à la société Transocéan, qui louait la plateforme à BP.
77 plaintes contre BP ont été déposées auprès d’un tribunal de Louisiane. Emanant de pêcheurs, hôteliers ou restaurateurs ayant pâti de la marée noire, les plaintes seront présentées à un juge unique qui devra décider de l’indemnisation des victimes.
Audrey Chauvet avec AFPLe mauvais temps retarde la dernière étape de colmatage du puits
Le gouvernement américain et BP ont récemment évoqué la possibilité que l'opération «bottom kill» ne soit finalement pas nécessaire, puisque la tête du puits a été scellée avec de la boue et du ciment le mois dernier.
Photo: Mark RALSTON, AFP
Harry R. Weber, Tom Breen
Associated Press
La Nouvelle-OrléansLe mauvais temps force à repousser à la semaine prochaine l'opération visant à colmater définitivement le puits de pétrole endommagé de BP dans le golfe du Mexique, une opération coûteuse que le gouvernement n'est pas certain de savoir comment mener de la meilleure manière.
L'amiral à la retraite Thad Allen, nommé par le gouvernement pour superviser les opérations liées à la marée noire, a néanmoins affirmé que l'opération «bottom kill» devrait avoir lieu au début de la semaine prochaine, si elle a vraiment lieu.
Un bouchon temporaire empêche le pétrole de s'écouler du puits depuis un mois. Les équipes de travail terminent le forage d'un puits de secours qui permettra d'injecter de la boue et du ciment à la base du puits endommagé pour le sceller définitivement.
Le gouvernement américain et BP ont récemment évoqué la possibilité que l'opération «bottom kill» ne soit finalement pas nécessaire, puisque la tête du puits a été scellée avec de la boue et du ciment le mois dernier.
Pendant des jours, M. Allen a insisté pour dire que BP devait réaliser l'opération «bottom kill» même si le colmatage effectué à la tête du puits semble tenir. Mais mardi, puis mercredi, il a affirmé que des tests devaient être menés sur le puits avant qu'une décision finale ne soit prise.
BP et les spécialistes du gouvernement vont vérifier si le ciment injecté par la tête du puits s'est rendu jusqu'au réservoir et est remonté pour combler l'espace entre le tuyau qui entre dans le réservoir et le coffrage extérieur. Si oui, le «bottom kill» pourrait ne pas être nécessaire.
Pendant ce temps, la dépression tropicale qui menaçait de devenir une tempête tropicale dans le golfe du Mexique s'est dispersée mercredi, un jour après que les équipes qui travaillent sur le forage du puits de secours eurent suspendu leurs opérations à cause du mauvais temps.
L'amiral Allen a dit mercredi que la suspension des travaux à la tête du puits en attendant le passage de la tempête durera environ 96 heures, ce qui signifie que l'opération «bottom kill» ne pourra pas être réalisée avant lundi ou mardi.
De fortes pluies sont attendues jusqu'à jeudi dans le golfe du Mexique.
Les revenus des forages en garantie
Le fonds d'indemnisation de 20 milliards de dollars mis sur pied pour les victimes de la marée noire dans le golfe du Mexique pourrait avoir comme garantie les revenus des forages pétroliers et gaziers de BP, selon des informations diffusées mercredi par la Maison-Blanche.
Le groupe de défense des intérêts des consommateurs Public Citizen a estimé que cette disposition constituait un conflit d'intérêts, faisant valoir qu'elle donne au gouvernement un stimulant financier pour encourager BP à continuer ses forages au large des côtes.
BP a annoncé lundi avoir fait un versement initial de 3 milliards de dollards dans le fonds. L'entreprise doit encore verser 2 milliards d'ici la fin de l'année et poursuivre avec des versements de 1,25 milliards par trimestre, selon les documents diffusés mercredi.
Le fonds en fiducie exige une garantie pour s'assurer que tout l'argent nécessaire sera disponible si quelque chose devait arriver à la filiale de BP qui l'a établi. Les détails doivent être négociés, mais les documents affirment qu'à moins d'un autre accord, BP acceptera, en cas de besoin, de consacrer en priorité au fonds les revenus tirés de la production de pétrole et de gaz.
Le directeur de Public Citizen, Tony Slocum, estime que le fait de garantir le fonds d'indemnisation par les revenus des forages est totalement inapproprié, car cela fera de BP et du gouvernement américain des partenaires virtuels dans la production de pétrole dans le golfe. Selon lui, cela donne au gouvernement un stimulant financier pour devenir un promoteur encore plus important des forages pétroliers dans le golfe du Mexique.
Le fonds en fiducie a été négocié par le département de la Justice. Une porte-parole du département n'a pas retourné les appels l'invitant à commenter l'information.
Le fonds sera administré par deux fiduciaires et les demandes d'indemnisation seront traitées par Kenneth Feinberg, un membre de l'administration Obama qui a géré le fonds d'indemnisation pour les victimes du 11 septembre 2001.
Ecocéane envoie ses navires dépollueurs au large de la Louisiane
[ 12/08/10 - 14H05 - Les Echos - actualisé à 15:15:24 ]
Ce petit chantier naval breton qui a mis au point une gamme innovante de bateaux dépollueurs. Une dizaine de ces navires particuliers ont été exportés aux Etats-Unis afin d'accompagner le géant BP dans la lutte contre la marée noire au large de la Louisiane.
DE NOTRE CORRESPONDANT À RENNES, STANISLAS DU GUERNY
L'impressionnante marée noire au large de la Louisiane a été une véritable aubaine pour ce petit chantier naval installé sur le port de Paimpol, dans les Côtes-d'Armor. Eric Vial, le dirigeant d'Ecocéane qui l'a créé en 2003 avec son beau-père Robert Gastaldi, vient en effet d'expédier aux Etats-Unis 11 de ses bateaux pour aider le groupe pétrolier BP dans la difficile lutte contre cette pollution par hydrocarbures. Afin de décrocher ce marché inespéré pour un chantier composé d'une trentaine de personnes seulement et affichant cette année environ 5 millions d'euros de chiffre d'affaires, Eric Vial a bénéficié des contacts réguliers qu'il entretient avec le ministre Jean-Louis Borloo.« Depuis plusieurs années, il connaît les compétences d'Ecocéane », fait remarquer le dirigeant. Le ministre a donc ouvert son carnet d'adresses et permis à Eric Vial de faire le déplacement, dès le début de la catastrophe, aux Etats-Unis où il a négocié avec des cadres de BP et ses fournisseurs rapidement conquis par le savoir-faire du chantier breton. « Au total, la commande de 2 millions d'euros, continue le dirigeant, comprend l'achat de 10 bateaux dépollueurs, plus la location d'un autre. Ils ont été acquis non pas par BP mais par la société Ashbritt basée à Miami qui intervient pour le compte du groupe pétrolier dans l'élimination des hydrocarbures. » Neuf des 11 navires sont d'ores et déjà sur site. Construits en quelques semaines, ils ont été expédiés par avion au départ de Nantes. Les deux derniers sont en cours de finalisation à Paimpol et seront très rapidement opérationnels. Les personnels nord-américains ont été formés à leur utilisation par les spécialistes d'Ecocéane qui se sont déplacés outre-Atlantique.
Le plus important bateau d'Ecocéane utilisé par les Américains est le « Catamar ».
Ce navire dépollueur de 12 mètres de long, prévu pour intervenir en haute mer, est capable de récupérer 100 mètres cubes de pétrole par heure à la surface de l'eau. Ceux-ci sont ensuite stockés dans des réservoirs flottants transportés à terre par des navires de transfert. « Le "Catamar" peut intervenir par gros temps avec une mer jusqu'à force 5 », précise Eric Vial, qui a fait breveté cette technologie innovante car les navires de la concurrence ne peuvent pas travailler au-delà de force 3 et ne peuvent pas non plus fonctionner en continu comme c'est le cas pour le « Catamar » doté d'un radar de détection des nappes. La commande principale des Américains porte toutefois sur 10 « Cataglop », un modèle de 9 mètres de long qui traite essentiellement les pollutions au bord du littoral.
L'expertise du Cèdre
Pour mettre au point ses navires et tester leurs réelles capacités d'intervention, l'équipe d'Ecocéane s'est adressée au laboratoire de renommée internationale, le Cèdre. Situé à Brest, celui-ci a été créé après la pollution des côtes bretonnes par l'« Amoco Cadiz ». Il intervient partout dans le monde pour aider à l'élimination du pétrole. La Marine nationale a aussi accompagné Ecocéane pour lui faciliter la concrétisation de son projet, soutenu financièrement par Oséo Bretagne et le Conseil régional de Bretagne.
A ce jour, une cinquantaine de bateaux sont sortis du chantier d'Ecocéane. Hors quelques unités vendues en France, les principaux clients sont situés au Maghreb, en Italie, en Espagne, en Australie, en Turquie et au Brésil. Eric Vial n'en poursuit pas moins ses innovations pour rester au tout premier rang sur ce marché de niche. Son bureau d'études vient de sortir un nouveau modèle, le « Work Glop ». Ce bâtiment de 9 mètres de long en aluminium « est destiné aux grands pétroliers qui pourront l'embarquer afin de traiter la nappe le plus rapidement possible », affirme le chef d'entreprise.
Nouvelle menace pour le golfe du Mexique
Le 12 août 2010 par Valéry Laramée de Tannenberg
Eau, Pollution des eaux, Sites & Sols, Faune et flore, Littoral, Mer et océan, Politique & Société, Recherche, BiodiversitéLes zones anoxiques du Golfe s'étendent sur 20.000 km2.Après la marée noire, ce sont les algues nourries par les résidus agricoles qui polluent le golfe du Mexique.
La partie américaine du golfe du Mexique n’en a pas fini avec lapollution. A peine dissipées les craintes d’une marée noire persistante, voici que survient une nouvelle menace : les « zones mortes ». Le phénomène n’est pas nouveau. Tout au long de l’année, les milliers de tonnes de nitrates et de phosphore véhiculées par le puissant Mississipi se déversent dans l’Océan.
Mais au début de chaque été, sous l’effet de la chaleur, ces nutriments provoquent l’apparition de blooms algaux, grands consommateurs de l’oxygène de l’eau de mer. De nombreuses zones du Golfe deviennent ainsi totalement anoxiques : chaque litre d’eau contient moins de deux milligrammes d’oxygène. Outre la pollution générée par les algues vertes, cette désoxygénation a de piètres conséquences. Une bonne partie de la faune marine s’asphyxie ou s’éloigne de ces « dead zones », comme les surnomment familièrement les pêcheurs du Golfe.
Cette année, le phénomène est particulièrement virulent. Selon une étude réalisée par Nancy Rabalais, du Louisiana Universities Marine Consortium, pour le compte de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA, l’administration américaine de la météorologie et de la gestion des océans), ce sont près de 20.000 kilomètres carrés (deux fois la superficie du département de la Gironde) qui manqueraient d’oxygène, au large des côtes de Louisiane. Soit 33 % de plus que la surface moyenne observée depuis 1985.
Sans l’affirmer avec certitude, Nancy Rabalais estime que c’est l’importance des épandages d’engrais agricoles qui est responsable de ce surplus de pollution. Quelle qu’en soit la cause, le phénomène n’est pas du goût des professionnels de la mer, dont les activités dans la région représentent un chiffre d’affaires annuel de 2,8 milliards de dollars (2,1 milliards d’euros). Déjà pénalisés par les conséquences de la marée noire, les pêcheurs de crevettes ne sont pas à la fête. Le volume de leurs prises est inférieur de 70 % au tonnage habituel, hors période estivale.
Quelle sera l’évolution des zones anoxiques du Golfe ? Bien malin qui peut répondre à la question. Certains scientifiques estiment qu’elles se disperseront rapidement du fait des tempêtes. Sous le double effet des vagues et des vents, l’eau s’agite, diluant les zones anoxiques. Or, à en croire les prévisionnistes de l’université du Colorado, la saison cyclonique 2010 s’annonce comme l’une des plus actives depuis des années sur larégion. D ’autres, à l’instar de Robert Diaz, professeur d’écologie marine au College of William & Mary de Gloucester Point (Virginie) rappelle que l’hypoxie peut se produire en très peu de temps, une fois les conditions réunies.
Pour dépolluer le Golfe, il faudra donc non seulement enlever le pétrole de BP, mais convaincre aussi les fermiers du Midwest de réduire leurs épandages d’engrais.
Tags : marée noire, louisiane