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Le rôle du coton dans le développement économique de l'Afrique par Michel Braud
Par le traversier dans Au fil des jours à Saint-Jean-d'Angély (et alentours) le 19 Novembre 2008 à 17:23Tout sur le rôle du coton dans le développement économique de l’Afrique.
par Michel Braud
Il ne suffit pas qu’une ville de Charente-Maritime soit jumelée avec une ville africaine (Tombouctou) pour que ses habitants s’intéressent au développement de l’Afrique. Seulement une vingtaine de participants, auxquels s’étaient joints une dizaine d’amis de Saint-Jean d’Angély, a participé à ma conférence du jeudi 10 novembre !
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En plaçant cette intervention sous le chapeau général du développement durable, j’ai fait rappel :
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- la plante de cotonnier et ses principales espèces cultivées : le coton américain (Gossypium hirsutum) et égyptien (Gossypium barbadense) ;
- l’histoire de son introduction en Afrique, d’abord par les caravanes qui venaient d’Égypte et du Soudan et par les bateaux qui pratiquaient la traite des esclaves, puis ensuite à l’époque coloniale, en particulier sous l’impulsion de Félix Eboué. <o:p></o:p>
Pour évoquer l’ère moderne de ce développement, assez spectaculaire, depuis la période 1946-1960, avec la création de l’IRCT en 1946 (Institut de Recherche sur le Coton et les Textiles) et de la CFDT en 1949 (Compagnie Française pour le Développent des Textiles) jusqu’au tournant des indépendances, avec une prise en main progressive du développement et de la rechercher par les nouveaux états indépendants en présentant les principaux résultats : <o:p></o:p>
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l’évolution de la production de coton-graines. Un exemple emblématique : en 1966, la Haute-Volta a produit environ 10 000 tonnes ; 40 ans plus tard (2006) : 740 000 tonnes ! Qui dit mieux ?<o:p></o:p>
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l'évolution des rendements : de quelques centaines de kg on est passé à plus de la tonne et dans certaines situations à 3 tonnes ;<o:p></o:p>
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l’évolution du rendement égrenage (la quantité de fibre produite pour 100 kg de coton-graines : des 35 % de l’époque coloniale ont est passé à 44 – 45 %, produit direct de la recherche ;<o:p></o:p>
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et la résultante : l’évolution de la production de fibre et son poids relatif sur le marché mondial : près de 15 % au début des années 2000.<o:p></o:p>
Les facteurs de ce succès ont été présentés, en insistant sur le niveau du paysan. En 1985, à l’occasion de la crise mondiale du marché du coton provoquée par un décollage spectaculaire de la Chine, devenu le premier producteur avec 32,5 % de la production mondiale, la culture cotonnière a été reconnue comme le véritable moteur du développement économique de l’Afrique, passant de l’image de la "culture du commandant" de l’époque coloniale à celle de la "culture du paysan ", grâce aux effets conjugués de ce tandem recherche-développement, IRCT-CDFDT, considéré comme remarquable. Côté développement, la CFDT a mis en place un dispositif, en particulier par l’alphabétisation des paysans en langue vernaculaire, mais aussi par la formation des forgerons de villages, qui a conduit à une véritable responsabilisation du monde paysan, tant au niveau des villages que national voir international, puisqu’on a vu leurs responsables participer récemment aux sommet de l’OMC ! L’accent a été mis sur le côté sécurisant de cette culture, à tous les niveaux, mais particulièrement à celui du paysan.
Un aspect particulier de la recherche sur le coton a été évoqué : " le coton qui se mange ", par la création de variété de cotonniers sans gossypol, pigment toxique pour les monogastriques, dont l’homme. Ce résultat aurait pu avoir des conséquences énormes pour la lutte contre la faim. Malheureusement, sans doute sous la pression du lobby soja, ces résultats ont été anéantis !
Un éclairage a été donné sur la situation actuelle. Les U.S.A., par Banque mondiale et F.M.I. interposés, ont détruit le beau modèle de développement que nous avions construit. Les paysans africains sont maintenant abandonnés à eux-mêmes. La situation est grave car ils n‘ont pas d’autres alternatives.
C’est la raison pour la quelle, un certain nombre d’images fausses ont été combattues :
- le cotonnier est bien surtout une culture industrielle, mais paysanne, sans rapport avec d’autres cultures industrielles comme le palmier à huile ou l’hévéa propriétés de grandes multinationales qui servent à enrichir leurs actionnaires. Mais le cotonnier est aussi une plante alimentaire, car les graines, protéagineuses, produisent de l’huile et des tourteaux de grande qualité.<o:p></o:p>
- il y a un effet de synergie entre culture cotonnière et cultures vivrières et non de concurrence ;<o:p></o:p>
- les cultures vivrières ont bénéficié d’une recherche beaucoup plus importante que la culture cotonnière, mais sans doute mal orientée ;<o:p></o:p>
- le procès de l’aide alimentaire a été présenté, qui fait de celle-ci l’un des grandes responsables de la crise alimentaire actuelle ;<o:p></o:p>
- le détournement scandaleux de l’aide au développement a été évoqué ;<o:p></o:p>
- l’absence cruelle de l’organisation des filières de cultures vivrières a été présentée ;<o:p></o:p>
- une alternative aux subventions agricoles a été évoquée : la réappropriation de la valeur ajoutée.<o:p></o:p>
En conclusion, les paysans africains sont tout à fait capables de développer les cultures vivrières au profit de la population de leurs pays, comme ils l’ont fait pour la culture cotonnière. Pour cela, il faudrait que le monde occidental accepte de mettre en place un système socio-économique favorable. En d’autres termes, il faut développer le concept de souveraineté alimentaire.
Rendez-vous est pris pour présenter le même exposé devant les élèves du Lycée agricole de Saintes, les acteurs de demain.
Résumé par Michel Braud lui-même de sa conférence du 13 novembre 2008, salle Saintonge à Saintes.
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Tags : coton, Michel Braud