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Nous souhaitons partager autour de l'Ancien et du Nouveau Monde, avec nos coups de cœur, au gré de nos rencontres et de l'actualité, dans le cadre - ouvert - de la francophonie.

Xynthia : revue de presse du 28 avril

Xynthia, la prime à la casse

Deux mois après la tempête, les épaves continuent à affluer dans les casses auto.

  La casse de Cabariot a reçu 1 300 épaves en deux mois. 40 % de 
son activité annuelle.  photo dominique jullian
La casse de Cabariot a reçu 1 300 épaves en deux mois. 40 % de son activité annuelle. photo dominique jullian

Aujourd'hui, il y a deux mois que Xynthia a balayé le département, que la mer a noyé des quartiers entiers, provoquant la mort de 12 personnes en Charente-Maritime et jetant des centaines de foyers à la rue. C'est naturellement le plus grave.

Au registre des dégâts collatéraux, les automobiles ont payé un lourd tribut. Celles des sinistrés mais également celles qui avaient été garées - bien à l'abri, croyait-on - dans les parkings souterrains privés des quartiers du Gabut, de la Ville-en-Bois et des Minimes à La Rochelle.

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Les dépanneurs, les experts en assurance et les casses automobiles ont vu leur activité croître de façon spectaculaire. « Ne croyez pas pour autant qu'on a fait d'incroyables bénéfices. Certains dépannages étaient particulièrement délicats et prenaient un temps fou. Une journée entière pour quatre voitures bloquées dans un parking de l'île de Ré, ce n'est pas vraiment du rendement. Sans compter les dégâts causés à nos propres véhicules par l'eau de mer. On a dû changer quatre câbles de dépanneuses mangés par le sel », explique Daniel Oriens, directeur de Dompierre Auto Dépannage.

Au moins 3 000

Il n'a pas fait le compte exact des véhicules récupérés : « Disons entre 1 000 et 1 500. Cela représente deux mois d'activités en un. Mais maintenant, ça commence tout de même à se calmer. » Même constat chez Gilles Guymont, à Puilboreau, où l'on a dépanné « entre 1 000 et 1 200 voitures ». Si l'on y ajoute les véhicules tractés par les autres dépanneurs professionnels des agglomérations rochelaises ou rochefortaises et par les compagnies d'assistance (1), cela porte à au moins 3 000 le nombre d'automobiles ou camionnettes sinistrées. Et quasiment autant d'épaves, rares étant les voitures récupérables une fois qu'elles ont pris l'eau.

Destination la casse, une fois que les assurances ont constaté la mort clinique du véhicule. Ou plutôt les casses, chaque compagnie ayant son propre cimetière automobile.

Le bonus de Xynthia

Pour Groupama et la Macif, c'est la casse auto de Cabariot. « Nous en avons reçu 1 300. D'un peu partout dans les zones sinistrées. Ces voitures sont naturellement destinées à être détruites pour qu'on récupère les pièces détachées. Mais il faut attendre pour ça le certificat de cession », explique Stéphane Jammot, le patron de la casse de Cabariot, installée sur 3,5 ha. Il traite habituellement entre 2 800 et 3 500 véhicules par an. Le bonus de Xynthia donne un fameux coup de fouet à l'activité.

« Pour nous, c'est énorme. Nous avons déjà rentré 420 véhicules victimes de la tempête mais il nous en reste plein à aller récupérer. Nous avons beaucoup de retard », ajoute-t-on à l'administration de la société Careco-Proust de Vaux-sur-Mer, agréée Gan, Allienz, Areas.

C'est ce qu'on appelle la prime à la casse.

(1) Assurances qui proposent des contrats de dépannage.

 

8 avril 2010 06h00 | Par A. F. 0 commentaire(s)
De l'aide pour les sinistrés d'Haïti et de Xynthia
Lors du Conseil municipal du lundi 27 avril à Biscarrosse, les élus ont adopté deux subventions exceptionnelles pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre survenu en Haïti le 12 janvier dernier et à celles de la tempête Xynthia des 27 et 28 février. Une enveloppe globale de 12 000 euros avait été réservée dans le budget. Tout en discutant de ces attributions exceptionnelles, les élus se sont aussi penchés sur leur répartition.

Patrick Dorville, pour le groupe d'opposition socialiste qui décidait de s'abstenir, aurait « souhaité qu'elle soit plus équitable, une marque égale de solidarité envers tous les sinistrés, car il est difficile de déterminer qui en a le plus besoin ». Pour le maire, Alain Dudon, ce choix s'explique avant tout par la possibilité de savoir à qui ces aides seront attribuées, de pouvoir suivre les familles qui seront soutenues par le Centre communal d'action sociale (CCAS) de La Couarde-sur-Mer, le secteur le plus touché dans l'île de Ré, à qui sera versée la somme de 10 000 euros.

Une marque de solidarité entre deux villes de la côte atlantique, dont l'une se souvient du passage de Klaus en janvier 2009 et l'autre se remet avec difficulté de celui de Xynthia. Des liens ont déjà été noués avec l'adjointe en charge des affaires sociales du maire de La Couarde-sur-Mer, Patrick Rayton. Ce dernier attend la venue, dans la matinée du dimanche 2 mai, d'Alain Dudon et d'une délégation d'élus biscarrossais pour lui remettre le chèque destiné au CCAS.

Des bus toute l'année

Suite au succès du service de transport urbain Bisca-Bus qui fonctionne tous les jours durant la saison estivale et quelques week-ends de juin et septembre, la commune a souhaité développer cette prestation. Le Conseil municipal, qui avait adopté en juin 2009 le principe d'une délégation de service public, a accepté à l'unanimité l'offre de la Régie départementale de transport des Landes (RDTL).

Un réseau de deux lignes qui permet de relier les quartiers du lac sud et la station balnéaire, au bourg, selon un régime différent l'été et l'hiver. Deux jours retenus hors saison : le mercredi pour permettre aux enfants de profiter de leurs loisirs, se rendre à la plage ou au lac par beau temps, et le vendredi qui est le jour de marché au bourg. Une subvention forfaitaire d'exploitation a hauteur de 160 000 euros a été fixée pour ce service de transport.

 

8 avril 2010 06h00 0 commentaire(s)
Pour les agriculteurs sinistrés de Charron
  Avec Jean-Paul Julien, à l'extrême droite, les agriculteurs 
prêts à prendre la route pour Charron.  photo jacky Loussouarn
Avec Jean-Paul Julien, à l'extrême droite, les agriculteurs prêts à prendre la route pour Charron. photo jacky Loussouarn
Jean-Paul Julien, avec Jean-Marc Martin, respectivement responsables locaux des syndicats FDSEA (Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles) et Jeunes Agriculteurs, ont rassemblé leurs adhérents au petit matin, jeudi 22 avril, sur le parking de la coopérative agricole de Beurlay. 24 tracteurs, avec remorques chargées chacune d'environ 8 tonnes de foin en balles rondes, ont ainsi pris la route pour rejoindre Charron, sous l'escorte bienveillante mais surtout sécurisante des gendarmes (notre édition du 23 avril).Herbages détruits par la mer

Pour Jean-Paul Julien, responsable départemental de la commission élevage au sein de la FDSEA : « Nous nous sommes unis pour accomplir cette opération de solidarité en faveur des éleveurs de Charron où, par cette maudite Xynthia, l'océan a recouvert les pâturages. »

L'herbage détruit ne sera reconduit qu'au printemps de l'année prochaine. « Un déficit énorme », précise-t-il, et « ces 200 tonnes de foin seront pour eux une bouffée d'oxygène ! ». Transports et livraisons se sont déroulés sans incident et avec bonne humeur.

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    28 avril 2010 06h00 | Par agnès lanoëlle 0 commentaire(s)
    Le club nautique cherche de nouvelles recrues

    La tempête a fait des dégâts et retardé certaines inscriptions.

      Tous les mercredis, le club nautique propose une initiation pour
 les plus jeunes sur la Charente.  photo Agnès Lanoëlle
    Tous les mercredis, le club nautique propose une initiation pour les plus jeunes sur la Charente. photo Agnès Lanoëlle
     
  • Mille heures de bénévolat auront été nécessaires pour effacer les traces de la tempête. Avec 70 centimètres d'eau dans ses locaux, son informatique inondé, ses archives détruites et un zodiac déchiqueté… le club nautique du Pays rochefortais n'a pas été épargné. Et pourtant. Une semaine après le passage de Xynthia, l'équipe était opérationnelle pour lancer la rentrée des activités. Reste aujourd'hui une petite ombre au tableau : une légère baisse des inscriptions, autre conséquence de la tempête, selon Alain Noël, l'ex-président qui vient de passer la main.

    Qu'à cela ne tienne. Fort d'une quarantaine de jeunes inscrits aux cours du mercredi et du samedi, le club nautique offre un large choix de possibilités pour petits et grands. Initiation pour les plus jeunes (à partir de 8 ans), compétition pour les plus aguerris, stages de 3 à 5 jours pendant les vacances… l'école de voile dispose d'une flotte d'Optimist, de dériveurs, de planches à voile et d'habitables. Et même si la couleur de la Charente ne provoque pas immédiatement l'envie folle d'y faire des ronds dans l'eau, le fleuve révèle rapidement ses charmes.

    « La Charente est une très bonne école pour la navigation », confirme Audrey, monitrice et chef de base.

    Pour son plan d'eau lisse et sans vague. Ce qui rassure les jeunes matelots et leurs parents. Avec des courants qui changent à chaque marée, la Charente peut être également un terrain de jeu idéal pour les plus expérimentés.

    Souplesse

    Autre atout : la volonté de partager une passion sans forcer la main et d'écouter les envies de chacun. Ici, les débutants peuvent choisir de naviguer seul ou à deux, et restent le temps qu'ils veulent sur leur dériveur. « C'est souple. Ils choisissent leur façon de naviguer. S'ils veulent passer 10 minutes à naviguer puis me rejoindre sur le Zodiac, c'est possible », confirme Audrey, qui embarque toujours avec elle son chien, Willow, un golden.

    Ouvert de mars à novembre, le club nautique du Pays rochefortais accueille aussi les scolaires et propose des formations au permis bateaux.

    Les petits (à partir de 5 ans) peuvent également s'initier sur le lac du camping, juste à côté.

    Pratique. Club nautique du Pays rochefortais, rue des Pêcheurs d'Islande, à Rochefort. Tél. 05 46 87 34 61. Site Internet : www. clubnautiquerochefortais.blogspot.com

     

    mercredi 28 avril
     
     
     
    28 avril 2010 08h17 | Par Christophe Galichon 0 commentaire(s)
    Submersions marines, la grande enquête historique

    L'histoire des submersions en Charente-Maritime reste inédite. Une équipe rochelaise s'est attelée à en reconstituer la longue série.

      Doctorante en histoire, Marie Dussier participe au groupe de 
recherche sur les vimers.  Photo AGNèS Naveaux
    Doctorante en histoire, Marie Dussier participe au groupe de recherche sur les vimers. Photo AGNèS Naveaux
    Le saviez-vous ? En 1352, l'île de Ré fut en grande partie inondée. Le 10 août 1518, la mer déborda à La Rochelle, causant « une perte incroyable, gâtant toutes les vignes et les champs ». En 1646, l'Aunis subit une « si horrible tempête que de mémoire d'homme, il ne s'en ouï parlé d'une semblable ayant […]. Chose inouïe que la mer a été tellement agitée que ses flots ont emporté des bourgs entiers, quantité de maisons, tant à La Rochelle, Ré, Oléron, Arvert, Marennes, Saint-Seurin, Saujon, Saint-Jean d'Angles et autres lieux dans les îles. » Ainsi de suite en 1682, 1702, 1711, 1743, 1753, 1763, et bien sûr février 1788, quand une tempête balaie le littoral maritime par une nuit de pleine lune. Grande marée, vents de sud-ouest, très basse pression atmosphérique… « La mer s'est considérablement élevée et a fait de grands ravages sur les côtes submergées en plusieurs endroits », a relevé à l'époque la chronique locale.

    Les sources ne manquent pas : elles relaient au fil des siècles les plus ou moins terribles submersions qui assaillent de loin en loin les fragiles rivages des pertuis, situés entre l'estuaire de la Gironde et la baie de l'Aiguillon. Des historiens comme Albert-Michel Luc ont déjà commencé d'appréhender l'histoire de ces fameuses « vimers » (1). Les vimers ? Le terme, d'origine rétaise, désigne les submersions marines résultant de la combinaison d'une tempête avec des marées de vives eaux. Des phénomènes exceptionnels que les spécialistes différencient des vimers « atypiques » qui frappèrent aussi la Charente-Maritime, non liées cette fois à la météorologie mais à des conséquences sismiques. Les mentions des unes et des autres abondent, mais au manque de précision s'ajoute l'enjolivement des auteurs successifs : « On ne connaît les vimers que par le récit des historiens qui ont souvent dramatisé le récit de leurs prédécesseurs », note d'ailleurs Albert-Michel Luc.

    Un recensement précis

    Avec lui, différents historiens, scientifiques et universitaires ont choisi d'y voir plus clair, de dresser avec le maximum de rigueur le recensement de ces événements. « Xynthia révèle combien les leçons de l'histoire ont été souvent négligées », estiment certains d'entre eux, consternés d'observer combien l'État, dans la précipitation du zonage, n'a pas non plus pris le temps d'inscrire ses décisions… dans le temps. Pluridisciplinaire, le groupe de travail réunit Albert-Michel Luc, mais aussi Frédéric Surville (coordinateur de l'ouvrage « Climat et révolutions autour du journal du négociant rochelais Jacob Lambertz » (2), Emmanuel Garnier (historien du climat), Philippe Bleuse (directeur de Météo France à La Rochelle), Sylvie Denis (directrice des Archives municipales), Jeanne Bernard-Grit (Archives départementales), Jacques Vialle (spécialiste en astronomie), Clément Poirier (doctorant en géologie à l'université du Littoral) ou encore Marie Dussier (doctorante en histoire). Objectif : proposer une communication à l'occasion du colloque « Les littoraux à l'heure du changement climatique », organisé à La Rochelle à l'automne prochain par Emmanuel Garnier et le géologue Éric Chaumillon. Un colloque qui tombe à pic, mais qui ne doit pourtant rien à la tempête de février : il est en préparation depuis un an…

    « Un devoir d'oubli »

    Spécialisée en histoire maritime et en histoire de l'aménagement du littoral, Marie Dussier, 26 ans, se charge pour sa part de la période contemporaine, qui court de 1850 à nos jours. Elle travaille par exemple sur cette vague de 8 mètres décrite en 1892, déferlant sur le littoral, ou sur la tempête du 16 février 1941, qui succède au raz-de-marée du 16 novembre 1940. Elle en est encore aux prémices de ses recherches, mais parle à son tour de travaux plutôt épars sur la question. Les vimers, comme les vimers atypiques, sont-elles décidément méconnues ? C'est une évidence, et l'historienne ne s'en étonne pas. « Les événements collectifs comme les guerres appellent un devoir de mémoire, associé au sentiment national. Dans le cadre d'une catastrophe naturelle, il me semble que c'est différent : on sait qu'on ne peut pas lutter, au mieux qu'il faut tenter de se protéger. Il y a presque un devoir d'oubli, c'est une question de survie. » Après la tempête de 1999, Xynthia devrait sérieusement infléchir la règle.

    (1) « Gens de Ré au XVIIIe siècle », Éditions du Croît-Vif, 2008.

    (2) Éditions du Croît-Vif, avril 2010.

     
     
     
    28 avril 2010 08h45 | Par Christophe Galichon 4 commentaire(s)
    De zone orange à zone noire, les familles consternées

    La zone orange de Nieul-sur-mer a viré au noir. Deux mois après Xynthia, les 12 foyers concernés par la nouvelle « zone de solidarité » ne comprennent pas cette décision.

    Annie Manac'h, à l'initiative d'une nouvelle association. Photo 
Christophe Galichon
    Annie Manac'h, à l'initiative d'une nouvelle association. Photo Christophe Galichon
     

    Le préfet ni l'État n'auront décidément le zonage facile. Et le défaut d'argumentaire accompagnant les premières décisions concernant les zones orange ne devraient pas contribuer à apaiser les rancœurs, en attendant que le sort des Boucholeurs, de la pointe de la Fumée ou même de la micro-zone d'Aytré ne soit réglé dans les prochaines heures.

    Ainsi donc, la tonalité est à l'assouplissement du côté de Loix ou de La Flotte-en-Ré, tandis que Nieul-sur-Mer vire au noir (notre édition d'hier). En fait de « zone de solidarité », 11 maisons comprises entre la rue du Port et celle du Vieux Pont surplombant le Gô, et dont les experts de l'État ont avéré l'extrême dangerosité.

    Le seul renfort des Scouts...

    S'il n'était catastrophé par cette nouvelle, Patrick Baillargau pourrait en rire : construite en 2001, munie d'un étage et surélevée d'un mètre selon les recommandation du POS, sa maison, hormis dans la cave, n'a pas reçu une goutte d'eau lors de la tempête. Les photos qu'il a prises à 4 h 24 cette nuit-là illustrent d'ailleurs un très modeste spectacle : l'eau du Gô, le ruisseau voisin, vient à peine affleurer son portail, au pied du jardinet...

    Jamais ce technicien d'ERDF n'aurait donc imaginé qu'on le pousse, quelques semaines plus tard, hors de son logis : « Dès le matin du 28, j'ai donné un coup de main dans la rue du Port, puis j'ai passé quinze jours sur l'île de Ré à remplacer - à tour de bras - des compteurs. J'ai été aux Portes, à La Couarde où certaines maisons avaient eu 1,50 m d'eau. Ils ont mis cinq jours à faire partir l'eau, il y avait les pompiers, la Sécurité civile, le génie... Nous, à Nieul, où il n'y a eu fort heureusement aucune victime, l'eau était repartie avec la marée, dès le petit matin. Et les seuls renforts que l'on a eu ici, ce sont les... Scouts, une semaine après ! Eux n'ont rien et nous nous sommes en noir ? Il y a deux poids et deux mesures, ce qui arrive est tout simplement dément ! »

    Avec 20 centimètres d'eau dans son salon, son voisin Lucien Seguinot, 76 ans, ne s'estime pas non plus, dans sa maison, en situation de grand péril. Son père et, avant lui, son grand-père vivaient ici, et les caprices du Gô, voire ses colères, appartiennent à l'ordre des choses parfaitement assimilées. « Nous ne sommes pas dans une cuvette, l'eau arrive avec la marée, elle repart aussitôt », précise-t-il.

    Les injonctions de l'État n'impressionnent pas cet ancien artisan, qui affirme qu'il ne « bougera pas ». « S'ils veulent tant nous protéger, qu'ils commencent à curer le Gô qui est sale, pourri, qu'ils posent deux écluses libres pour réguler les marées, qu'ils nettoient le marais et qu'ils aggandissent le vieux pont pour que l'eau circule mieux... » De l'autre côté du fameux Gô, Katia Abadie et Éric Veillon tombent également des nues, peinent à comprendre la logique d'un découpage qui met leur maison en noir et leur jardin en jaune, qui épargne les uns et condamne les autres.

    « C'est du n'importe quoi », lâchent-ils, visiblement ébranlés. Eux partiront, à une seule condition : que l'État rachète leur bien 250 000 euros, « le prix qu'elle valait avant ». « Sinon, on se battra. »

    « On a rendu l'injustice »

    Loin d'être la plus atteinte, Nieul-sur-Mer a pourtant franchi,hier, un palier décisif. Son maire, Henri Lambert, n'en revient toujours pas : « Très honnêtement, jamais je n'aurais imaginé une seule seconde que nous basculerions en zone noire », affirmait-il.

    « L'expert est venu discuter une heure dans mon bureau, puis on a passé un quart d'heure sur place. Il a travaillé sur plans, depuis Paris, où il avait sans doute déjà son idée. Les maisons en question ont eu entre 0 et 80 cm d'eau, quand d'autres ont eu 1,50 m et ne sont même pas en jaune. On n'a pas rendu la justice, on a rendu l'injustice : où est l'équité ? »

    Scandalisé d'une telle décision alors même que les missions parlementaires sont en cours, Henri Lambert parle d'un « manque total d'humanité, d'études insuffisantes et d'une absence d'équité, bref un fiasco ». Il réunira jeudi les familles concernées, alors qu'une nouvelle association vient de voir le jour à Nieul (1). Car, jusqu'ici, les riverains n'en voyaient pas l'utilité...

    (1) Lancée à l'initiative d'Annie Manac'h.

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