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Des personnes participent à une chaîne humaine organisée sur la digue du Lay, le 12 août 2010 à La Faute-sur-Mer
Photo : Frank Perry/AFP
Près de six mois après la tempête Xynthia et les inondations meurtrières qui avaient fait 47 morts sur la côte atlantique, dont 29 en Vendée, pour la plupart sur la commune de la Faute-sur-Mer, la préfecture du département a indiqué que "depuis le mois de mars près de 23 millions d'euros sont consacrés aux opérations d'urgence de reconstruction des ouvrages de défense contre la mer", dont plus de la moitié ont été pris en charge par l'Etat.
"Les travaux se poursuivent chaque jour sur l'ensemble du littoral et en particulier sur les abords de l'Estuaire du Lay" et "des aménagements significatifs d'un montant de 900.000 euros viennent d'être réalisés sur la digue Est de la Faute-sur-Mer", précise le communiqué de la préfecture de Vendée, ajoutant que l'Etat a accordé un financement supplémentaire "pour permettre à la commune de la Faute d'effectuer des travaux complémentaires".
Hier, un gros millier d'habitants des communes sinistrées le 28 février dernier avait constitué une chaîne humaine sur la digue en question pour exprimer leurs inquiétudes quant à l'efficacité des travaux en cours.
Se voulant rassurante, la préfecture de Vendée affirme que "l'ensemble des services de l'Etat est mobilisé pour faire face aux grandes marées de septembre et assurer la protection des habitants du littoral".
La catastrophe de février avait résulté de la conjonction de la tempête Xynthia et d'une marée de coefficient 102 sur une échelle de 120, or, avec les grandes marées du 8 au 11 septembre prochain, un coefficient de 116 est attendu.
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Plus de cinq mois que la tempête Xynthia est passée. Mais l'émotion est toujours vivace, à fleur de peau. Et la peur tenaille tout le monde. Car les choses bougent lentement. Au grand dam des habitants de La Faute-sur-Mer et de L'Aiguillon-sur-Mer. Et de l'association des victimes des inondations de La Faute-sur-Mer (AVIF), qui organisait, hier, un rassemblement sur la digue Est, celle de La Faute, qui se trouve en bordure du Lay, ce cours d'eau qui avait gonflé à cause d'une marée de 102 en février.
Une population encore meurtrie
Jeudi, ils étaient plus d'un millier, peut-être 1 500, des habitants à l'année, mais aussi des vacanciers, à se tenir fraternellement la main. Pour s'étonner que les travaux de renforcement de la digue n'aillent pas plus vite. « De qui se moque-t-on, s'emporte Michel Pelletier, un habitant de Luçon, qui possède une maison secondaire, à quelques mètres, juste derrière une portion de la digue qui vient d'être refaite à neuf. On se fait mener en bateau. » Les mots se bousculent.
Le ton est plus mesuré chez François Anil, l'un des porte-parole de l'association organisatrice de l'événement. Mais derrière les mots policés, on sent poindre plus que de l'agacement. De la colère et de l'incompréhension. D'autant qu'en face, de l'autre côté du Lay, à L'Aiguillon-sur-Mer, le conseil municipal a fait bâtir, à la hâte, une digue. Depuis quelques semaines, les tractopelles brassent des mètres cubes de terre pour bâtir une protection qui n'existait pas à cet endroit. Et un autre mur est déjà dans les tuyaux. Mais rien de concret à La Faute. « Alors que les rapports se multiplient depuis la catastrophe pour dire qu'il y a urgence à se protéger, observe François Anil. Dès janvier 2010, les travaux commençaient », ironise le même. Quatre ans pour concrétiser les craintes exprimées dans un rapport particulièrement détaillé. Un scénario qui semble se répéter aujourd'hui, pour une population encore meurtrie. Et qui ne se sent pas rassurée. Pour Roger Raiffaud, un septuagénaire qui a aussi sa maison au pied de la digue de La Faute, « l'eau trouvera encore le moyen d'arriver jusqu'à nos maisons. »
Le 13/08/2010 à 07:30 - Mis à jour le 13/08/2010 à 07:34
Nom d’une pipe, ça recommence à fumer sous les crânes des fonctionnaires européens… Après nous avoir fatigués avec l’étanchéité des fosses septiques et tenté de pasteuriser à la hussarde nos fromages au lait cru, voilà qu’ils brûlent de nous imposer… la cigarette anti-incendie. Et ils vont y arriver, les tenaces ! «Sa commercialisation sera possible courant 2011», a acquiescé le porte-parole de British American Tobacco, numéro 2 mondial du secteur. Les autres fabricants devraient suivre, le doigt sur la couture. La bonne nouvelle, c’est que cette nouvelle tige, qui s’éteindra toute seule lorsqu’on oubliera de tirer dessus, évitera à plusieurs dizaines de distraits de mourir grillés chaque année dans leurs draps. La mauvaise, c’est que ces clopes ininflammables seront encore plus imbibées de goudron que les cigarettes classiques. Et qu’elles généreront donc plus de cancers. Misère…
A force de vouloir nous protéger contre tous les risques possibles et imaginables, nos sociétés seraient-elles en train de sombrer dans la paranoïa ? A observer les budgets démentiels brûlés ces derniers mois dans les opérations de sécurité collective, on peut se poser la question. La mise au pas du virus H1N1, responsable d’une vague grippette ? Elle nous aura coûté un bon milliard d’euros. La protection du littoral vendéen, à la merci d’une conjonction de tempête Xynthia et de grande marée une fois tous les millénaires ? L’Etat était prêt à y consacrer plus de 600 millions d’euros, avant de reculer en rase campagne pour cause de désarroi budgétaire. Quant aux cendres islandaises… Imposés contre l’avis des compagnies aériennes (qui s’y connaissent quand même un peu en aviation), les dix jours de fermeture totale de l’espace aérien européen auront saigné de 4 milliards d’euros les économies des pays concernés. «Notre aversion pour le risque est devenue maladive et infantilisante, dénonce le philosophe François Ewald, professeur au Cnam et spécialiste de ces questions. Elle nous conduit à prendre des mesure absurdes, sans aucune analyse coût-bénéfices.»
L'avant-saison. Le printemps n'aurait pas été mauvais selon Joël Giraudeau, hôtelier à Saint-Gilles-Croix-de-Vie. « Notre chiffre d'affaires est en progression sur les mois d'avant-saison. » Directrice de l'office intercommunal du Pays de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Alice Plaud livre une analyse encore plus fine. « Le mois d'avril a été bon. En revanche, mai a connu une baisse sur nos sites touristiques. Le mois de juin a été mou à cause du temps maussade. Au printemps, nous avons bénéficié de l'effet de la course du Vendée-Saint-Pétersbourg qui s'est étalée jusqu'à juin. »
« Le port de plaisance a connu une bonne fréquentation d'escale », poursuit le maire de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, Patrick Nayl. « À cause de Xynthia, les plaisanciers qui vont d'ordinaire vers les Sables et La Rochelle, qui ont souffert de la tempête, ont eu tendance à faire escale à Saint-Gilles. Pour chaque bateau, c'est en moyenne 150 € injectés dans l'économie locale. »
Juillet. Pour Joël Giraudeau, vice-président de l'établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), « l'hébergement s'est globalement trouvé en situation de suroffre en juillet. Ce n'est plus le cas en ce début du mois d'août. » En tant que professionnel, il a enregistré une baisse sur ce mois. Il note« la concurrence de l'hôtellerie de plein air, et un marché du locatif plutôt tiré vers le bas. »
Selon Alice Plaud, « juillet tient quand même ses promesses avec une stabilité de la fréquentation au vélo-rail, mais des chiffres en retrait de 5 % au moulin des gourmands. La tendance, ce sont aussi des locations meublées qui trinquent. »
Le touriste de 2010. Les professionnels du tourisme sont confrontés à de nouveaux comportements des vacanciers. Des tendances qui se confirment : « Ce sont d'abord des séjours de plus en plus courts, même en août », note Joël Giraudeau. Une étude de 2006 pointait « un temps moyen de séjour de 11,6 jours », rappelle Alice Plaud. Un chiffre certainement revu à la baisse aujourd'hui estime Joël Giraudeau. « Les gens sont toujours attirés par le bord de mer, mais les séjours sont de plus en plus courts : 4-5 jours, voir même 2-3 jours. Les professionnels sont obligés de s'adapter, y compris dans le locatif. »
Les réservations de dernière minute sont monnaie courante. « Ces demandes sont majoritairement fédérées par des gros opérateurs sur le web. » Le maire de Saint-Gilles, Patrick Nayl, évoque une restauration traditionnelle« qui souffre. » Pour lui, « nous sommes chers. Attention à veiller au rapport qualité-prix. Les clients recherchent le bon et pas cher. Et cela peut fonctionner comme les offres de moules à volonté... »
Un berger piqué par une vipère en pleine estive, près du col d'Aran à Sarrance, un touriste victime d'un malaise cardiaque, près de la cabane de Bonaris à Lescun : le tout à plusieurs heures de marche. Pourtant, ces deux personnes ont rapidement été secourues par le PGHM (Peloton de gendarmerie de haute montagne) d'Oloron, grâce à l'efficacité d'un système d'alerte. Les relais radio du pic de Sesques et du Soum Couy permettent, en effet, aux bergers d'être directement connectés avec le Sdis (service départemental d'incendie et de secours), ainsi qu'avec leur domicile et avec l'IPHB (Institution patrimoniale du haut Béarn) basée à Oloron. « Il y a de plus en plus de bergers avec leurs familles et des petits enfants, on peut même avoir des bergères enceintes. Les bergers peuvent aussi communiquer entre eux. C'est un véritable lien social, une rupture de l'isolement », estime Didier Hervé, directeur de l'IPHB.
Les méfaits de XynthiaMais en janvier dernier, Xynthia a sévi sur les vallées. Et les installations du pic de Sesques ont beaucoup souffert. Dès que la fonte des neiges l'a permis et dès que le PGHM a pu dégager le reste de neige, les constats ont été accablants. « Tous les panneaux solaires étaient détruits et toutes les batteries étaient mortes », décrit le directeur de l'IPHB.
La quête de fonds publics a commencé. « Il y en avait pour 50 000 €, mais le fonds de solidarité qu'on pensait obtenir n'a pas marché. Il a fallu se tourner vers la Région et le Département qui sont intervenus chacun à hauteur de 40 %, soit 20 000 € chacun. Les 10 000 € restants ont été pris en charge par les utilisateurs. » La gendarmerie, le Parc national, la Dira (Direction régionale des routes d'Aquitaine) et l'IPHB, qui utilisent tous ce relais, ont donc apporté 2 500 € chacun.
Des installations plus fiablesLe comité de gestion consultatif des installations du pic de Sesques a décidé d'effectuer les travaux, dont la société Talazac de Montauban-de-Luchon (31) a été chargée. Et la mise en place s'est faite dès que le temps l'a permis, les samedis 24 et dimanche 25 juillet.
Des panneaux solaires biverres et un portique en acier galvanisé ont permis de consolider l'ensemble. Depuis, ces radios ont montré leur utilité.
« Quelques bergers sont restés sans connexion jusqu'à cette installation. Heureusement, rien de grave ne s'est produit au début du mois de juillet », souligne Didier Hervé, coordonnateur du comité de gestion.
« L’île mystérieuse » de Jules Verne pourrait bien être apparue il y a un peu plus d’un an, près de l’estuaire de la Gironde. Mais une fois passé le charme de la découverte, ce petit bout de terre sorti des eaux voit son fragile habitat de plus en plus menacé.
Le passage en janvier 2009 de l’ouragan « Klaus » sur le sud-ouest de la France, la plus importante tempête de la décennie, a laissé place quelques mois plus tard à l’éclosion d’une île, résultat de l’accumulation de couches sédimentaires sur plusieurs hectares. Située à proximité du phare de Cordouan, elle se situe en lieu et place d’une autre île engloutie il y a des centaines d’années : l’île de Cordouan, cadeau de l’occupation anglaise durant la guerre de Cent ans et qui avait finalement disparu en raison de l’érosion côtière. La naissance de cette île, un phénomène d’ailleurs extrêmement rare, a rapidement attiré les curieux. « Ca devient presque un lieu à la mode. Deux cents personnes sont venues faire la fête sur l’île début septembre » note Jean-Marc Thirion, écologue et président de l’association Obos (Objectifs biodiversité).
C’est bien là que se situe le problème de cet engouement soudain : l’écosystème de cette île mystérieuse, jeune et donc fragile, risque de ne pas tenir le choc. « Ce qui est remarquable avec cette île, en dehors de sa soudaine apparition, est qu’elle restée intacte dans cet environnement maritime violent et hostile » rapporte Guy Estève, un géomorphologiste de la région à la retraite. Pour l’heure la biodiversité du lieu, bien qu’encore peu fournie, survit ici presque par miracle. « Nous avons enregistré l’apparition de douze espèces différentes de plantes et celle de trente invertébrés, parmi lesquels environ un tiers existent de manière durable sur la surface de l’île » estime M. Thirion.
Unique en son genre
Mais les dangers ne manquent pas de guetter. En février dernier le cyclone « Xynthia » a ainsi eu des conséquences désastreuses pour cet écosystème en formation. Sa composition a été rudement atteinte par les vents, la surface de l’île s’est même réduite mais étonnamment, elle est toujours sur place – ce qui n’a pas manqué de subjuguer les observateurs. Preuve en est que cette soudaine émergence n’est pas que mystérieuse, mais aussi durable… et toujours aussi unique puisqu’aucun cas similaire à celui-ci n’a été recensé en Europe, en dehors de quelques îlots surgis grâce à l’activité volcanique, comme l’île de Surtsey en Islande en 1963.
L’inexistence officielle de l’île n’a toutefois pas qu’un côté charmant, mais aussi handicapant. Pas encore cartographiée, pas mieux reconnue, elle ne peut en conséquence pas être protégée comme elle en aurait besoin. Et il n’y a pas que les fêtards qui profitent du lieu : « L’autre jour, elle a servi de terrain d’atterrissage à un groupe de parachutistes. Or, c’est un lieu sensible au surpiétinement » se rappelle M. Thirion. Mais les choses pourraient rapidement être amenées à changer et sans surprise, le seul moyen de protéger cette île est d’en limiter l’accès aux curieux : « le temps en juin était très mauvais et les virées publiques sur l’île étaient devenues impossibles » note le député-maire de Royan, Bernard Giraud. « Résultat, nous avons découvert que les oiseaux y avaient fait leur nid. Mais en juillet les conditions étaient redevenues bonnes, les voyageurs sont revenus et les nids ont été abandonnés ».
La reconnaissance officielle de « l’île mystérieuse » semble maintenant être le seul moyen de protéger efficacement cette terre sortie de la mer. Malgré les efforts de MM. Giraud et Thirion, l’état français semble sourd à leurs requêtes répétées. « Personne n’a l’air de prendre tout cela sérieusement » note M. Thirion. « Ils n’ont pas encore compris que c’est une île, pas une banque de sable ». L’espoir viendra alors peut-être d’un projet gouvernemental de longue date qui prévoit de faire de l’estuaire de la Gironde partie intégrante d’une zone maritime protégée. Et, si officialisation il y a, alors viendra le temps de nommer « l’île mystérieuse »… « Je l’appelle toujours « l’île », mais nous y travaillons » s’amuse M. Giraud.