LA NOUVELLE-ORLEANS (AP) — Inquiétude pour les récifs de corail du golfe du Mexique. La marée noire provoquée par l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon menace certains de ces fragiles écosystèmes, tout comme l'usage de dispersants chimiques contre le pétrole.
La fuite située à 80 kilomètres des côtes de Louisiane a déjà libéré des nappes sous-marines de brut dans une zone abritant des récifs, et les experts craignent maintenant que des courants n'emportent la pollution vers des barrières de corail situées au large de la Floride et du Texas.
La profondeur de la fuite (1.500 mètres) et l'utilisation de 2,1 millions de litres de produits chimiques pour disperser le pétrole ont aidé à maintenir la nappe sous la surface. Ce qui contribue à protéger les espèces vivant en surface et sur les côtes, mais augmente le risque de dommages pour les récifs situés en eau profonde, qui sont des indicateurs-clés de la santé de la mer.
"D'abord, nous nous sommes beaucoup inquiétés pour les animaux de surface comme les tortues, les baleines et les dauphins", souligne Paul Montagna, biologiste marin à l'université A&M du Texas, qui étudie les récifs du golfe. "Maintenant, nous nous inquiétons pour tout."
Dimanche, des chercheurs ont rapporté que selon des modèles informatiques la nappe a rencontré un courant qui pourrait l'emmener vers l'archipel des Keys, troisième plus longue barrière de corail au monde, à la pointe sud de la Floride. Le pétrole se trouve actuellement à la lisière ouest des "Pinnacles, une zone de récifs de 100 kilomètres de long située à 40 kilomètres au nord de l'emplacement initial de Deepwater Horizon.
Les Pinnacles avaient été pressenties pour intégrer un sanctuaire marin envisagé par l'Administration nationale américaine des océans et de l'atmosphère (NOAA) dans le golfe du Mexique. Cette zone protégée aurait permis de restreindre la pêche et l'exploitation pétrolière dans les alentours, mais le projet a été suspendu après les protestations véhémentes de parlementaires républicains, de pêcheurs et de l'industrie pétrolière.
Les nappes de pétrole sous-marines d'une quinzaine de kilomètres de long découvertes sur les lieux de la catastrophe représentent un danger sans précédent pour l'environnement des profondeurs marines, souligne Samantha Joye, professeure de sciences marines à l'université de Géorgie.
Les nappes sont grignotées par des micro-organismes à des centaines de mètres sous la surface, ce qui prive l'eau d'oxygène. "Le corail en eau profonde est abondant dans cette zone du golfe, et il a besoin d'oxygène. Sans cela, il ne peut survivre", explique Mme Joye.
L'injection massive de dispersants chimiques dans les profondeurs de la mer pourrait aider à protéger les zones humides du littoral, mais aussi provoquer des dégâts sur la vie marine, selon les experts.
En faisant couler le pétrole, les dispersants peuvent amener le brut à recouvrir des coraux et d'autres organismes des récifs, et ainsi à les étouffer, souligne Edward Van Vleet, de l'université de Floride du sud. Lorsque le pétrole dispersé est décomposé en gouttelettes plus petites, il est absorbé plus facilement par les petits organismes des récifs et peut ainsi les tuer ou les affecter, ajoute-t-il.
Des études publiées en 2005 par l'Académie américaine des sciences (NAS) ont rapporté que le mélange pétrole-dispersants pouvait endommager la reproduction de certains coraux et provoquer des malformations chez leurs larves. Les travaux avaient conclu que les autorités devaient mener des études plus approfondies avant d'utiliser de quantités massives de dispersants.
Selon les autorités, il est trop tôt pour prédire les dégâts que pourraient subir les récifs et d'autres habitats importants du golfe. A mesure que la nappe augmente, le pétrole se dirige vers d'autres récifs qui s'étendent à l'est, entre le site de la plate-forme naufragée et le Sanctuaire marin des Keys.
Si le pétrole était transporté par le courant jusqu'aux Keys, situés à plus de 700 km, il menacerait alors l'une des zones naturelles sous-marines les plus importantes des Etats-Unis, ainsi que le tourisme, un secteur-clé pour cet archipel qui attire deux millions de visiteurs par an.
Pour William Hogarth, de l'université de Floride du Sud, le courant ne devrait pas amener de pétrole sur les plages, mais il l'admet: "Nous sommes très inquiets pour les Keys." AP


Lueur d'espoir dans le golfe du Mexique. BP a indiqué ce lundi qu'il avait repris le pompage du pétrole s'échappant de la plate-forme Deepwater, qui a sombré le 22 avril dernier suite à une explosion. Le groupe britannique assure pouvoir récupérer jusqu'à 1.000 barils par jour grâce à un tube de 15cm de diamètre relié à un pétrolier en surface.
Cela représente environ un cinquième des quelques 800.000 litres de pétrole se déversent chaque jour dans le golfe du Mexique, selon les estimations de BP. "Il y a toujours du pétrole qui sort", a reconnu un responsable du groupe. "Mais on espère pouvoir augmenter la quantité récupérée dans les prochaines 24 heures".
Cependant, plusieurs experts parlent d'une quantité 5 à 20 fois plus élevée. La découverte d'importantes nappes de pétrole en profondeur laisse en effet à penser que BP a sous-évalué l'ampleur de la fuite. Ces nappes, épaisses d'une centaine de mètres, s'étendent sur 16 km de long et sur 5 km de large et menacent de tuer la majorité de la faune marine dans les "deux mois", a expliqué ce week-end une scientifique au New York Times.
Pour autant, seules quelques galettes de pétrole ont jusqu'à présent touché les côtes américaines, alors que les autorités ont décidé d'augmenter le débit du fleuve Mississippi en détournant des dizaines de canaux afin de repousser le pétrole des rivages. De nouvelles galettes ont cependant été repérées ce samedi en Louisiane et au Mississippi.
latribune.fr

Dimanche, les équipes ont posé un tube de 1,6 km de long pour collecter, d’abord lentement puis en quantités de plus en plus importantes, le pétrole que crache le puits depuis l’explosion le 20 avril de la plate-forme de forage, catastrophe qui a fait onze morts.
L’objectif est de récupérer plus de 1000 barils par jour (près de 159 000 litres) sur un navire-citerne, a déclaré aujourd’hui Doug Suttles, directeur des opérations de BP, l’exploitant du puits, sur la chaîne NBC. Depuis vendredi, les techniciens s’employaient à placer le conduit dans un tuyau d’un peu plus de 50 cm, au moyen de robots sous-marins télécommandés, à près de 1500m de profondeur.
Après deux revers, le système a fonctionné, mais la solution définitive réside dans le forage d’un puits secondaire, qui devrait prendre plus deux mois.
De façon sporadique, des boulettes d’hydrocarbures ont échoué sur des plages de plusieurs États, dont le Mississippi, mais jusqu’à présent, le pétrole n’a pas atteint le rivage en grandes quantités.
En revanche, le golfe du Mexique est déjà fortement pollué. Le gouvernement américain a évalué à près de 800 000 litres la quantité de brut s’échappant chaque jour du puits, mais certains scientifiques redoutent que la fuite ne soit en réalité beaucoup plus importante.
Des nappes de pétrole sous-marines ont été découvertes ces derniers jours, qui menacent d’empoisonner et d’asphyxier la vie sous-marine en frappant la chaîne alimentaire. Il faudrait au moins une décennie pour réparer les dégâts.
D’après Samantha Joye, professeur en sciences marines à l’Université de Géorgie, le brut pourrait se révéler toxique pour les poissons, tandis que les microbes mangeurs de pétrole absorbent de grandes quantités d’oxygène, phénomène accéléré par le fait que les microbes se nourrissent aussi des dispersants. Baleines, dauphins et thons sont notamment menacés.
Par ailleurs, William Hogarth, de l’University of South Florida, craint que le pétrole ne dérive vers l’Est. Un modèle informatique montre selon lui que le pétrole a déjà atteint le «loop current», un «courant en boucle» susceptible de pousser le brut dans l’océan Atlantique, tandis que d’après un second modèle, du pétrole se trouve à moins de 5km du courant. «Nous sommes préoccupés par ce qui se produit dans les Keys», cet ensemble d’îles situées à l’extrémité sud de la Floride, explique le chercheur.
Il note qu’il est encore trop tôt pour savoir combien de pétrole dérivera, et quels dégâts cette avancée est susceptible de causer dans les Keys ou sur les plages de la côte atlantique de la Floride. «Plus vite ils reboucheront (la fuite), mieux ce sera» mais l’impact sur l’environnement est déjà «énorme», observe Paul Montagna, de l’Université Texas A&M.