Nous souhaitons partager autour de l'Ancien et du Nouveau Monde, avec nos coups de cœur, au gré de nos rencontres et de l'actualité, dans le cadre - ouvert - de la francophonie.
D’après la conférence de
Christian Gensbeitel,
A l’Eldorado de Saint-Pierre d’Oléron,
dans le cadre de l’Université du Temps Libre de Marennes-Oléron
le lundi 9 janvier 2012
La pierre sculptée d’images est une des caractéristiques des églises romanes. Les maçons ont monté les murs ; les charpentiers ont assemblé les toitures ; les sculpteurs ont la mission d’évoquer des thèmes et de raconter des histoires, grâce aux images de pierre.
Ces images ne venaient pas de la seule imagination du sculpteur. Elles étaient principalement inspirées d’œuvres écrites gréco-latines, on les trouvait dans des ouvrages copiés, recopiés, transcrits, et souvent (mais pas toujours) enluminés.
Nous allons reprendre les grandes lignes de la conférence de Christian Gensbeitel, avec quelques illustrations.
Christian Gensbeitel nous précise que, pour les bestiaires, l'ouvrage de base est :
D’autres ouvrages importants :
« Etymologiae » d’Isidore de Séville (au VIIème siècle). Œuvre divisée en 20 livres, citant 154 auteurs, aussi bien païens que chrétiens.
« De Rerum Naturis » (aussi connu sous le nom de « De Universo ») de Raban Maur (fin IXème siècle). Encyclopédie de 22 livres, en partie inspirée des Etymologies.
« Liber monstrorum de diversis generibus » (anonyme du VIIIème siècle). C’est un inventaire des excès.
Fallait-il sculpter les pierres ? Bernard de Clairvaux vitupère contre ce qu’il voit dans les églises à cause du IIème commandement : « Tu ne te feras point d'image taillée, ni de représentation quelconque des choses qui sont en haut dans les cieux, qui sont en bas sur la terre, et qui sont dans les eaux plus bas que la terre. »
Quoi qu’il en soit, les sculpteurs s’en sont donné à cœur joie pendant moult siècles !
Son rôle symbolique est ambigu et interchangeable. (C’est la bête le plus souvent représentée, de pair avec l’oiseau.) Son sens est positif ou négatif : c’est le Christ ou le Malin. Nous n’avons jamais le mode d’emploi pour être sûr de l’interprétation à donner. Exemples :
« Daniel dans la fosse aux lions » préfigure le Christ. Exemples :
Le lion peut représenter le Mal :
En revanche Saint-Marc est représenté sous l’aspect d’un lion : auréole, ailes emplumées et livre.
La connotation était très positive jusqu’à l’ère chrétienne, négative ensuite.
Leur valeur est positive.
Races d’oiseaux :
L’aigle à Haimps
Le phénix à Notre-Dame de Saintes (on se réfère à la tradition littéraire)
Le pélican
La chouette à Saint-Thomas de Conac ; à Saint-Andèche (Saulieu, Côte-d’Or). La connotation est négative, à l’inverse de la connotation antique.
Etres à corps d’oiseaux à Saintes
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LES ELEPHANTS
C’est la force tranquille !
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LE CHAMEAU
La sobriété : c’est positif !
LE SERPENT
C’est le Mal rampant
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LE SINGE
Donne une image négative : les excès de l’homme
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Saint-Augustin distinguait les êtres « rationalia et mortalia », proches des hommes, et les « magis besta quam homines », plus proches des bêtes. Il était alors nécessaire de discuter de l’existence de l’âme chez ces êtres-là.
[Rappel : symbolon = ce qui rassemble / diabolon = ce qui divise]
Le poil est l’attribut du diable !
Les animaux musiciens (on se moque un peu des clercs !...) :
(Ils font partie de peuples qui viennent de contrées lointaines.)
Exemples (notamment à Vézelay) :
(Ce sont des Humains mais pas tout à fait des Humains. Cela entretient des controverses...)
LES MONSTRES HYBRIDES A COMPOSANTE HUMAINE
Les sirènes ailées et les harpies :
Les sirènes poissons :
Sphynx ou sphynge :
Les cynocéphales :
Le basilic : tête de coq et queue de serpent.
Le dragon et ses variantes :
Les griffons :
Etc… !
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Sur la voussure supérieure du portail sud de Saint-Pierre d’Aulnay, on peut voir toutes les catégories de péché. Exemples : l’âne qui joue de la lyre, le cyclope, la chouette, l’archer centaure, un personnage à trois pieds, des sirènes oiseaux, des sirènes poissons.
Il n’y a pas de tortues. [Heu... à Champagne ?...] Tout ce qu’on voit n’est pas forcément roman. Le XIXème siècle a eu quelques rêveries et il est allé chercher bien loin ses références, alors que l’héritage est avant tout grec, romain ou au plus loin autour des rives de la Méditerranée.
La liberté dans la création ?
Il y a un toujours un commanditaire pour un projet précis. Ensuite le sculpteur interprète et adapte au volume qu'il a à sculpter.
Messages ?
Ce n’est pas vraiment un livre d’images pour tout le monde. Les images s’adressent d’abord aux lettrés.
Alors les images ?
Le côté didactique est très important.
Il faut se méfier des images mais elle peuvent être utiles à l’éducation. (Voir les libri carolini)
Le clergé ?
A la fin du XIème siècle, le clergé se pose comme intermédiaire entre Dieu et les hommes et c’est l’Eglise qui est le lieu où cela se passe.
Les marges ?
La notion de marges : les parties de l'église moins accessibles. Les illustrations qu'on y trouve sont aussi codifiées : on peut installer ici des sculptures qu'on ne peut pas installer ailleurs (mais ce n'est pas à l'insu du commanditaire).
Le sens ?
Les images peuvent changer de sens. C’est le contexte qui renseigne.
D'autres images et des liens viendront s'ajouter à cet article.
AlCaribou