• Xynthia, revue de presse du 22 septembre 2010

    Xynthia : le consensus introuvable

    Sept mois après la tempête Xynthia les pouvoirs publics et les élus tâtonnent encore pour réorganiser de manière durable les communes sinistrées

    Jean-Louis Borloo a assuré qu'aucune décision ne serait prise sur le seul avis des experts. Photo AFP

    Jean-Louis Borloo a assuré qu'aucune décision ne serait prise sur le seul avis des experts. Photo AFP

     

    Sept mois après la tempête Xynthia qui a fait 47 morts sur la façade Atlantique, les pouvoirs publics et les élus tâtonnent encore pour réorganiser de manière durable, sûre et équitable les communes sinistrées de La Faute-sur-Mer et l'Aiguillon-sur-mer.

    Dernier épisode, comme une redite, le deuxième rapport d'experts ministériels sur les "zones noires" ou "zones de solidarité" - les endroits trop dangereux pour y laisser des habitations - a suscité l'ire des élus et des associations locales, comme l'avait fait le premier, publié le 7 avril. 

    Le nouveau rapport préconise de ramener pour la Vendée le nombre de maisons expropriables à 761, soit une baisse de près de 25% par rapport au chiffrage initial d'avril. En revanche, il rajoute en zone noire onze maisons qui ne s'y trouvaient pas et pose le problème de ceux qui ont déjà vendu leur maison à l'Etat au titre du précédent zonage, et qui découvrent qu'ils n'y étaient pas obligés.

    En outre, bien que les experts ministériels aient rencontré en juin les maires de la Faute et de l'Aiguillon ainsi que des représentants des associations d'habitants et les équipes préfectorales sur place, il leur est reproché de n'avoir pas intégré dans leur rapport une proposition de Philippe de Villiers.

    Ce dernier avait suggéré le 30 avril de créer la catégorie des "maisons à prescriptions" pour les maisons peu ou pas inondées : sous réserve d'aménagement de sécurité, les habitants auraient été autorisés à y demeurer. M. de Villiers a demandé lundi soir à Jean-Louis Borloo et François Fillon de "revoir leur copie" et à ce que le rapport ne soit pas rendu public. Mardi, un communiqué de M. Borloo a souligné qu'aucune décision ne serait prise sur le seul avis des experts.

    "Nous exigeons une concertation immédiate sans délai avec le conseil général, les élus de terrain et les associations concernées pour parvenir à une décision rapide sur une cartographie affinée et resserrée, conforme aux risques réels sur le terrain", a déclaré mardi M. de Villiers lors d'un point de presse avec les maires de L'Aiguillon et La Faute-sur-mer, Maurice Milcent et René Marratier.

    Il a redemandé "un examen au cas par cas de la situation de chaque maison" et "la création d'une nouvelle catégorie de maisons : les maisons à prescriptions".

    Pour la Faute, M. Marratier a jugé que le nombre de maisons à détruire sur sa commune pouvait encore être réduit de 50% par rapport aux propositions du 2e rapport et, pour l'Aiguillon, M. Milcent a estimé qu'hormis la "pointe de l'Aiguillon", à évaluer au cas par cas, aucune maison de l'agglomération proprement dite ne devait être placée en zone noire.

    Compliquant encore la compréhension des "zonages", les projets de plans de prévention des risques d'inondation (PPRI) des deux communes, qui délimitent les zones qui ne seront plus constructibles et où les maisons seront soumises à des aménagements de sécurité obligatoires (baptisées "zones rouges"), ont été rendus publics fin août.

    Pour cette raison, M. de Villiers a en outre exigé "une parfaite cohérence entre le zonage de solidarité et les projets de PPRI. Ces deux documents doivent faire l'objet d'une discussion commune pour éviter toute confusion".

    "J'ai bien l'impression qu'on resigne pour deux mois de tractations", commentait, désabusé, le porte-parole de l'AVIF (Association des victimes de la Faute-sur-mer et de ses environs) Renaud Pinoit, au sortir de la conférence de presse. "On a l'impression qu'on est des pantins", a-t-il ajouté.

    Zones noires : les experts rebattent les cartes

    Un rapport revoit à la baisse le nombre d'habitations à détruire en Vendée. La Charente-Maritime espère aussi un sérieux élagage du périmètre des « zones de solidarité ».

     Charron, au lendemain de la tempête. La commune compte 187 habitations en zone noire.  ph. « s o »

    Charron, au lendemain de la tempête. La commune compte 187 habitations en zone noire. ph. « s o »

    Sept mois après Xynthia, les zones noires continuent de faire tache. Leur flux et leur reflux au gré des décisions de l'État, ou plutôt de son indécision disent certains, alimentent la polémique en renforçant chez les sinistrés le soupçon tenace d'un zonage partiel et partial.

    Dernier épisode en date, le rapport rendu par les deux « experts indépendants » que le ministère de l'Écologie avait missionnés en Vendée. Il revoit à la baisse le périmètre des zones de solidarité dessiné par les services de l'État au lendemain de la tempête. 761 habitations seraient susceptibles d'être démolies dans les deux communes de La Faute-sur-Mer et L'Aiguillon-sur-Mer, contre 945 dans la première mouture.

    184 maisons sauvées des pelleteuses, c'est encore insuffisant pour Philippe de Villiers, président (MPF) du Conseil général de la Vendée. Il a écrit au Premier ministre pour dénoncer « une conception technocratique et dangereuse du zonage » et lui demande de revoir à nouveau sa copie « pour faire prévaloir enfin une approche humaine et de bon sens ». Bon sens qui veut, selon lui, que les procédures d'expropriation soient réservées exclusivement aux seuls secteurs « où le risque vital est avéré ».

    Hier, le ministère de l'Écologie a voulu calmer le jeu : ce rapport « n'est qu'un des éléments » sur lesquels se fondera le gouvernement pour délimiter les zones à exproprier « après concertation avec les élus ».

    750 habitations menacées

    La Charente-Maritime n'en est pas encore là. Quatorze communes littorales ont été touchées de plein fouet par Xynthia, contre deux en Vendée, et l'expertise sera plus longue. Surtout qu'elle vient tout juste de commencer.

    Les cinq inspecteurs généraux mandatés par le ministère sont arrivés à La Rochelle en début de semaine. Ils rendront leurs conclusions « fin octobre début novembre », assure le préfet, Henri Masse, au terme d'une « large consultation ». Élus locaux et associations de sinistrés en attendent, comme en Vendée, une réduction significative des zones noires établies au printemps. À ce jour, 822 biens immobiliers sont menacés de destructions en Charente-Maritime, dont 750 habitations, résidences principales à 54 %.

    Pour Thierry Demaegt, président du comité de défense de Charron, cette mission survient « après la bataille » : « Des sinistrés placés par erreur en zone noire ont déjà cédé aux propositions de l'État. Ici, sur quelque 185 habitations concernées, nous en avons contesté 27. Il n'y en a plus que 8 aujourd'hui, les autres propriétaires ayant baissé les bras face aux multiples pressions qu'ils ont subies. »

    Dilemme

    Le dilemme est simple : vendre son bien à l'État maintenant avec la garantie d'être correctement indemnisé ; ou prendre le risque d'être exproprié plus tard au terme d'une (longue) procédure judiciaire, à des conditions financières moins intéressantes. Selon les chiffres fournis par la préfecture de la Charente-Maritime, les services des Domaines ont procédé à 443 évaluations et plus de 300 propriétaires ont d'ores et déjà accepté de céder leur bien à l'État.

    Xynthia: Jean-Louis Borloo ne prendra pas de décision sur le seul avis des experts

    Le ministère de l'Ecologie a réagi au rapport des experts indiquant à la baisse le nombre de maisons à démolir en Vendée après Xynthia, en raison des risques d'inondation

    Jean-Louis Borloo a invité les élus à une réunion de concertation "avant toute décision". Photo archives Xavier Léoty

    Jean-Louis Borloo a invité les élus à une réunion de concertation "avant toute décision". Photo archives Xavier Léoty

    Le rapport des experts mandatés par l'Etat après la tempête Xynthia "n'est qu'un des éléments" qui permettra au gouvernement de prendre sa décision sur les expropriations, "après concertation avec les élus", ont déclaré mardi les services du ministre de l'Ecologie, Jean-Louis Borloo.


    Le rapport réalisé par les experts sur les communes de l'Aiguillon-sur-mer et la Faute-sur-mer "est un rapport d'expertise qui doit éclairer le gouvernement sur les décisions qui seront prises après concertation avec les élus", indique le cabinet de M. Borloo. "Ce rapport n'est qu'un des éléments permettant au gouvernement de prendre sa décision" concernant les parcelles qui seront soumises au processus d'expropriation, poursuit-il.

    Le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers, et les élus "seront invités à Paris dans les meilleurs délais pour une réunion de concertation avant toute décision", ajoute-t-il.

    Selon Le Figaro, dans son édition de mardi, ces experts ont revu à la baisse le nombre de maisons à démolir en Vendée en raison des risques d'inondation. Or, d'après le journal, une vingtaine d'habitations échappant finalement au zonage auraient d'ores et déjà fait l'objet d'une promesse de vente

    Selon le quotidien, dans les deux villages de l'Aiguillon-sur-mer et La Faute-sur-mer, les experts "recommandent de soumettre 761 habitations à une procédure d'expropriation. Initialement, 945 maisons devaient être concernées".

    A La Faute-sur-mer cependant, "onze maisons qui n'étaient à l'origine pas menacées de destruction sont désormais incluses dans la zone noire". 

    Dans cette dernière commune, "472 habitations sont désormais susceptibles d'être visées par une procédure d'expropriation" contre plus de 600 initialement. A l'Aiguillon-sur-mer, "ce sont 289 maisons qui sont concernées, elles étaient 337 avant l'été".

    "Ce revirement risque de susciter un nouvel épisode de confusion, alors que l'Etat a racheté plusieurs dizaines de maisons ciblées par la première cartographie et que de nombreuses promesses de vente ont été signées", commente le Figaro.

    "De source proche du dossier, on confie ainsi qu'une vingtaine d'habitations échappant finalement au zonage auraient d'ores et déjà fait l'objet d'une promesse de vente", ajoute le journal.

    Lundi soir, le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers, avait jugé "inacceptable" ce rapport des experts non encore rendu public.

    "J'ai lu attentivement ce rapport et je souhaite vous faire part sans tarder de mon appréciation: ses conclusions sont inacceptables", a écrit M. de Villiers dans un courrier adressé au Premier ministre François Fillon et au ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo.

    La tempête Xynthia le 28 février dernier a causé la mort de 47 personnes sur la façade Atlantique.

    Xynthia. Les nouvelles "zones noires" peuvent encore évoluer  

    Un nouveau rapport d'experts mandatés par l'Etat vient d'arriver au ministère de l'Ecologie. Ce ne seraient donc plus "que 761 maisons", au lieu de 945 prévues initialement, qui se trouveraient désormais dans les fameuses zones noires définies après la tempête Xynthia Dès lundi, Philippe de Villiers, le président du conseil général de Vendée, a jugé ce nouveau tracé "inacceptable". De son côté, Jean-Louis Borloo a tenu à préciser dès hier que les décisions sur les expropriations seraient prises uniquement après "concertation avec les élus".

    Lire également :

    >> Le dossier de la rédaction sur les conséquences de la tempête Xynthia
    >> 
    Obscures zones noires

    472 maisons à la Faute-sur-Mer et 289 autres à l'Aiguillon-sur-Mer seraient donc désormais menacées par le nouveau rapport d'experts transmis vendredi dernier à Jean-Louis Borloo, au ministère de l'Ecologie, rapportait hier matin Le Figaro. Les conclusions de ce nouveau rapport d'experts auraient été transmises, lundi, aux élus locaux qui ont donc appris à cette occasion que ce ne sont donc plus 945 mais 761 maisons qui se trouvent désormais dans le périmètre de ces "zones noires" - désormais appelées "zones de solidarité" -, où les constructions humaines doivent désormais disparaître pour éviter que ne se reproduise une catastrophe comme celle vécue par la côte vendéenne les 27 et 28 févriers derniers.

    Trois mois d'études
    Le rapport en question, réalisé par un nouveau groupe d'experts mandatés par l'Etat, est le résultat de trois mois de travail. Ces experts auraient notamment réalisé des levées topographiques et rencontré sur place les maires et les associations de victimes afin d'affiner le périmètre des zones les plus menacées. Ces analyses auraient été faites quartier par quartier en tenant compte des projets de sécurisation des municipalités.

    195 maisons de moins sur la liste
    Au vu de ces analyses, le groupe d'experts a donc revu à la baisse les estimations initiales. A la Faute-Sur-Mer, ce sont désormais 472 maisons qui sont maintenant menacées et 289 autres à l'Aiguillon-sur-Mer, soit au total 195 de moins que ce qui a avait été défini après le passage d'un autre groupe d'experts, car onze maisons non citées auparavant font en revanche leur apparition sur la liste. Rappelons qu'initialement 1.510 logements avaient été inscrits en zones noires ou oranges par les services de l'Etat. 

    Un nouveau tracé jugé "inacceptable" par Philippe de Villiers
    Ce nouveau rapport apporte encore un peu plus de confusion dans ce lourd dossier. Pour La Faute-sur-Mer, le maire René Marratier a jugé que le nombre de maisons à détruire sur sa commune pouvait encore être réduit de 50% par rapport aux propositions du deuxième rapport et, pour l'Aiguillon-sur-Mer, Maurice Milcent a estimé qu'hormis la «pointe de l'Aiguillon» à évaluer au cas par cas, aucune maison de l'agglomération proprement dite ne devait être placée en zone noire. 

    Philippe de Villiers, président du conseil général de Vendée, a indiqué lui que ce nouveau tracé était tout simplement "inacceptable". Il a indiqué avoir envoyé un courrier au Premier ministre pour déplorer le fait que ces experts n'aient pris contact "ni avec le conseil général, ni même avec les conseillers généraux directement concernés ou les partenaires qui ont été consultés et encore moins écoutés", rapporte Le Figaro.

    Un document de travail
    Voyant la polémique enfler, la cabinet de Jean-Louis Borloo a rapidement réagi après ces annonces en précisant dans un communiqué que ce rapport n'était qu'un document de travail destiné à "éclairer le gouvernement sur les décisions qui seront prises après concertation avec les élus. "Ce rapport n'est qu'un des éléments permettant au gouvernement de prendre sa décision" concernant les parcelles qui seront soumises au processus d'expropriation, poursuit-il. Mais les décisions seront prises "après concertation avec les élus", tient-il à préciser.  

    Des dizaines de maisons déjà expropriées
    France Info rappelait également hier matin que sur la base d'un précédent rapport d'experts, plusieurs dizaines d'habitations avaient déjà été expropriées et que des promesses de vente ont été signées, notamment pour des maisons qui ne figurent plus désormais sur la liste des maisons menacées. Le sénateur de Vendée Bruno Retailleau (non inscrit) , également  président de la mission d'information du Sénat sur la tempête Xynthia, estime à ce sujet que le rajout de ces onze maisons "crée de la confusion" et qu'elles "doivent être retirées du nouveau périmètre. Le sénateur de Vendée suggère en outre que "les propriétaires des maisons qui sont sorties du nouveau périmètre conservent le choix, soit de confirmer leur vente à l'Etat, soit de revenir en arrière si au contraire ils souhaitent conserver leur maison".

     


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