• Xynthia, revue de presse du 24 août 2010

     

    Toujours motivés

    Dans plusieurs communes, les sinistrés de la tempête Xynthia vendent leurs biens. À Châtelaillon et Yves, ils ne sont qu'une minorité à faire ce choix.

     

     Aux Boucholeurs, les maires de Châtelaillon et Yves ont exhorté les habitants à ne pas vendre.  photo xavier léoty

     

    Aux Boucholeurs, les maires de Châtelaillon et Yves ont exhorté les habitants à ne pas vendre. photo xavier léoty

     

     

    Une dizaine de propositions chiffrées du côté de Châtelaillon et une seule, a priori, côté Yves. Sachant que, dans ce village des Boucholeurs, 107 maisons sont situées en zone noire et donc susceptibles d'être vendues à l'État, on mesure la capacité de résistance des habitants. Les mois passent mais les sinistrés campent sur leurs positions. Ils ont envie de rester dans leur village. Point final. D'autant plus que ceux situés dans le secteur dit de solidarité, dans la fameuse « zone des 50 mètres », n'ont pas tous été très sérieusement touchés et que l'eau a été évacuée assez rapidement, alors que ce n'est pas forcément le cas ailleurs.

     

    « Ils attendent le projet de défense de côte et le bon sens prévaudra car, ainsi, nous serons protégés », commente le maire d'Yves, Didier Roblin. Et d'ajouter : « De toute façon, si les estimations des Domaines étaient trop importantes, cela modifierait les bases d'imposition et, dans ces cas-là, moi j'attaquerai. »

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    Pour ce village, les maires, Jean-Louis Léonard à Châtelaillon et Didier Roblin à Yves, ont exhorté à ne pas vendre. Et le président de l'association des sinistrés, Michel Le Bozec, est sur la même longueur d'ondes. C'est le moins qu'on puisse dire.

    « Aubaine »

    Quand il a appris que les services des Domaines proposaient 750 000 euros pour une maison et 900 000 pour une autre de quelque 120 mètres carrés (avec piscine et vue sur mer), Michel Le Bozec est devenu nerveux. « Cela finit par devenir des propositions de complaisance, voire d'aubaine », estime-t-il. Et d'ajouter : « En plus cela crée des discordes, des zizanies au sein des familles, entre ceux qui veulent vendre et ceux qui refusent. »

    Nouveau recours

    Il comprend que certains soient tentés mais l'essentiel, à son avis, c'est de rappeler que pour la grande majorité des habitants de ce village (à cheval sur les communes de Châtelaillon et Yves), le seul objectif est de reconstruire. D'ailleurs, avant dimanche dernier, un nouveau recours en suspension et annulation du zonage devait être déposé par une vingtaine d'habitants conseillés par Me Bernard-Frank Macera. L'association a également saisi le tribunal, avec Me Pielberg (de Poitiers) dans le même but.

    Michel Le Bozec ne décolère pas et répète que le zonage est incohérent. « Les Boucholeurs, dont la partie noire date de plus de 200 ans, n'est pas situé dans une zone mortelle. Ce sera encore moins le cas lorsque nous aurons entrepris les protections individuelles et collectives, et que les mesures d'avertissement et d'évacuations seront mises en œuvre. Comment, au niveau risque, assimiler une tempête que l'on voit venir, à l'écroulement d'un barrage ou à un séisme qui sont, par essence, imprévisibles ? »

    Travaux en cours

    Son association, qui fait avec succès signer des pétitions, plaide pour la réalisation de protections, d'autant plus, souligne Michel Le Bozec, que les sommes nécessaires ne sont pas forcément colossales.

    Des travaux ont déjà été entrepris entre Yves et Châtelaillon pour quelque 120 000 euros et la protection du cordon dunaire jusqu'au rocher d'Yves qui va être prochainement entreprise coûtera autant.

    Et Michel Le Bozec de conclure : « Pour rehausser le mur au centre des Boucholeurs à 5,25 NGF [Nivellement général de la France, un réseau de repères altimétriques, NDLR], avec également une porte, il ne faudrait débourser que 32 000 euros. Ce n'est pas énorme. »

     

    Préserver l'environnement et le cadre de vie

     L'Association des propriétaires de Biscarrosse-Plage et du lac tenait son assemblée générale le 14 août.  Photo A. F.

    L'Association des propriétaires de Biscarrosse-Plage et du lac tenait son assemblée générale le 14 août. Photo A. F.

     

    C'est par un constat positif - « Nous sommes de plus en plus nombreux » - que Françoise Dupuy, présidente de l'Association des propriétaires de Biscarrosse Plage et du lac, débutait l'assemblée générale qui s'est tenue le 14 août au cinéma Atlantic. Une progression de plus de 50 % en deux ans, - le cap des 300 adhérents est en ligne de mire - et qui colle aux objectifs fixés : « Promouvoir l'association pour recruter de nouveaux adhérents et être un interlocuteur qui compte. »

    Depuis plus de 50 ans, l'association s'attache à défendre les intérêts des propriétaires, préserver la qualité de vie et l'environnement de la station balnéaire, en intervenant régulièrement auprès des élus.

    À la faveur de relations régulières et des échanges sans détour avec l'équipe municipale, plusieurs réalisations ont été saluées qui répondent aux attentes des adhérents : le fleurissement du boulevard de la Plage, la mise en place d'une liaison hors saison, les mercredis et vendredis, du Biscabus entre bourg, lac et plage, des lignes de la Régie départementale vers la gare de Facture toute l'année et celle d'Arcachon durant l'été.

    La présence d'une antenne de la police municipale toute l'année à la plage avec le détachement d'un effectif supplémentaire, le nettoyage du site du lac après le passage de Klaus et l'installation d'un portique empêchant l'accès des camping-cars sur une partie de ses rives ont également provoqué le satisfecit.

    Dune et océan

    L'environnement est une préoccupation de l'association qui adhère au comité de vigilance et relaye ses actions. Ici, le renoncement du clapage en mer des boues du port d'Arcachon est considéré comme une victoire et l'on attend toujours les résultats d'analyses, datant de 2008, sur les rejets des effluents du wharf de la Salie dans l'océan.

    Alain Dudon, maire de Biscarrosse, a répondu aux questions posées sur le phénomène de l'érosion dunaire et l'évaluation des risques sur le littoral après le passage de la tempête Xynthia.

    Si la végétalisation des dunes reste la meilleure protection, d'autres aménagements ont été réalisés : installation d'un géo-textile de 400 mètres par l'équipe précédente, l'enrochement, et le ré-ensablement, une fois par an, qui donne les résultats les plus durables.

    Le trophée de l'environnement a été remis à Emmanuelle Gallouët, présidente de l'association le Littoral à cheval, qui préserve et entretient les chemins de randonnée.

     

     

  • Biscarrosse · Landes · tempête Xynthia
  • Un expert : « Il y aura d'autres Xynthia en France»

    Freddy Vinet : « Il faut agir sur les vulnérabilités humaines ».  Freddy Vinet : « Il faut agir sur les vulnérabilités humaines ».

    Freddy Vinet a visité les sites submergés par la tempête Xynthia. Il pense que, dans la prévention du risque, on a sous-estimé la vulnérabilité du bâti.


    Freddy Vinet, originaire de la Vendée, est agrégé de géographie, professeur à l'université de Montpellier et chercheur au laboratoire Gestion des territoires et des risques (Gester). Ses travaux portent sur la prévention du risque inondation.


    Depuis le 28 février, vous vous êtes déplacé trois fois dans les communes sinistrées par la tempête Xynthia. Qu'y avez-vous observé ?

    J'ai relevé l'extrême vulnérabilité du bâti. Sur les 29 victimes de La Faute-sur-Mer, 24 ont péri dans des maisons de plain-pied qui ne disposaient d'aucun refuge à l'étage. D'où mon idée qu' il faut davantage agir sur cette vulnérabilité quand il y a danger de submersion.

    Ne s'est-on pas trop concentré sur les digues, en croyant qu'elles étaient incassables ?

    Je ne dis pas qu'il ne faut pas s'occuper des digues. Mais en France, on a trop vu la protection des personnes par ce seul angle. En oubliant que le destin d'une digue, je le dis de manière provocante à dessein, est de casser. Ce faisant, on a oublié d'agir sur les vulnérabilités humaines : le manque de conscience du risque ou un bâti exposé, surtout lorsqu'il est occupé par des personnes âgées.

    L'État a tiré un trait sur une carte et défini « des zones noires », puis « de solidarité », où les maisons devaient être rasées. Que pensez-vous de la méthode ?

    Je ne mets pas en cause l'idée de délocalisation de maisons. Mais ces reconstructions, il faut les préparer. Or l'État, c'est pour le moins une maladresse, a agi à la serpe là où il fallait faire dans la dentelle. Car sur place, les situations par rapport au risque sont très hétérogènes. Du fait d'une microtopographie, il y a des maisons qui, à 50 m de distance, ont eu 1,50 m d'eau et d'autres pas. J'observe que l'État, depuis, corrige sa première approche.

    Xynthia a-t-elle fait progresser la conscience du risque de submersion marine ? Et met-elle la France à l'abri de drames semblables ?

    Les scientifiques connaissaient ce risque. Mais il y a un gouffre entre les connaissances scientifiques et la représentation mentale de cette réalité qui peut occasionner d'immenses dégâts. Ne nous méprenons pas, il y aura d'autres Xynthia, c'est probable. Car en France, bien des secteurs sont menacés : l'estuaire de la Gironde, l'île de Noirmoutier, plusieurs endroits du littoral méditerranéen...

    Comment prévenir, alors ?

    Pour prévenir, il ne faut pas s'arrêter à la seule question de la digue. Car une digue protège d'événements moyens, mais pas d'inondations gravissimes. Il faut améliorer les plans de secours, renforcer les habitations, construire des zones refuges...

    Avec l'appétit croissant pour le littoral, comment mettre les maires à l'abri de la pression immobilière ?

    L'État doit jouer son rôle de protection, de régulation, à travers les Plans de prévention des risques d'inondation (PPRI). Parce qu'on voit bien que la démocratie locale a des limites lorsqu'il s'agit de protéger les personnes dans des circonstances extrêmes.

    Recueilli par Gaspard NORRITO.


    « Le risque inondation » : tel est le titre de l'ouvrage écrit par Freddy Vinet, récemment publié aux éditions Lavoisier. 320 pages denses, abondamment illustrées de photos et de cartes. Prix : 85 €. Un ouvrage de référence en vente dans les librairies spécialisées. Disponible aussi sur commande, accompagnée du règlement, auprès de la librairie Lavoisier, 14 rue Provigny, 94236 Cachan cedex. Tél. 01 47 40 67 00. Internet : www.lavoisier.fr Mail : info@lavoisier.fr


    Ouest-France

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