• Xynthia, revue de presse du 23 juin 2010

    Une nouvelle carte des zones noires en 2011

    Après le Var et Xynthia, l'État souhaite revoir la carte des zones à risque

    Chantal Jouanno souhaite redéfinir les zones à risque. Photo X. 
Leoty

    Chantal Jouanno souhaite redéfinir les zones à risque. Photo X. Leoty

     

    L'État va élaborer une nouvelle cartographie des « zones très dangereuses » en France, où toute nouvelle construction sera interdite, et qui devrait intégrer de nouveaux risques, comme ceux liés au changement climatique.
    « On va cartographier dans l'ensemble de la France les zones très dangereuses, on va définir des zones rouges dans lesquelles on ne pourra plus construire », a déclaré hier la secrétaire d'État à l'Écologie, Chantal Jouanno.
    Cette nouvelle carte, réalisée par l'État, « sera prête à partir de 2011 », a-t-elle ajouté. Mme Jouanno s'exprimait au lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy à Draguignan (Var), où ce dernier a assuré que l'État n'autoriserait aucune construction d'habitation dans les zones dangereuses « tant que je serai président ». Il a assuré que cette règle ne souffrirait « aucune exception ». « C'est un problème de vie ou de mort », a-t-il déclaré.
    Sous-estimation du risque
    La secrétaire d'État à l'Écologie a justifié cette nouvelle cartographie par le fait que les actuels plans de prévention des risques (PPR) « sous-estiment le risque ».
    Ils ont été « un peu trop négociés sur le terrain », a-t-elle lancé. Lundi déjà, Nicolas Sarkozy avait ouvertement déploré la mise en œuvre des PPR, affirmant que « cela fait des décennies que, dans notre pays, en vérité, on a joué avec la vie de victimes potentielles ».
    Mais « surtout, on n'a pas intégré certains risques, les changements climatiques qui font que, par exemple, en bord de mer, il va y avoir une élévation du niveau de l'eau », a poursuivi Mme Jouanno.
    Le niveau des océans pourrait s'élever de quelque 50 centimètres d'ici à la fin du siècle, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, voire d'un mètre, selon des études récentes.
    « Si on veut le faire de manière parfaitement rigoureuse, c'est un travail titanesque », estime Stéphane Hallegatte, chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement.
    Mme Jouanno souhaite également intégrer le « risque de ruissellement », ces précipitations qui ne s'infiltrent pas dans le sol.
    « C'est ce qui s'est passé à Draguignan, c'est-à-dire une montée extrêmement rapide des eaux », a-t-elle expliqué.

    Xynthia : un chèque pour les sinistrés

    Le produit d'un bric-à-brac a été donné au maire de Charron.

     Remise du chèque de 700 euros.  Photo Jean-François Crespin

    Remise du chèque de 700 euros. Photo Jean-François Crespin

     

    Samedi, Serge Pinaud, président du comité de quartier Saint- Cybard, assisté d'une délégation de résidents du quartier, est venu remettre au maire de Charron Jean-François Faget, un chèque de 700 €, produit d'un bric-à-brac qu'ils avaient organisé au profit des sinistrés de Xynthia.

    Ayant une amie à Esnandes, Serge Pinaud lui a demandé où adresser leur chèque, cette dame leur a conseillé Charron.

    Ce samedi, ils sont donc venus accomplir ce geste généreux de solidarité. Le maire les a chaleureusement remerciés et les a assuré s que cet argent sera très bien utilisé, la détresse étant encore très présente dans le village.

    Après Xynthia :comment panser les plaies de la terre ?

    Des solutions existent pour les terres agricoles mais elles sont souvent lentes et toujours très coûteuses

     Claude Chataigner suit de près le troupeau de maraîchines.  PHOTO
 K.C.

    Claude Chataigner suit de près le troupeau de maraîchines. PHOTO K.C.

    « Le moteur des solutions, c'est l'eau douce », martèle Claude Chataigner.

    Les canaux devront attendre l'hiver et le souhaiter pluvieux pour se nettoyer et diluer le taux de sel afin de le rendre supportable. « En prairie, les légumineuses pourront revenir, mais pas forcément tout de suite. D'une part, il doit y avoir un stock suffisant de graines dans le sol, d'autre part, il faut qu'elles germent. Tout ça est à voir. Du coup, il faudra peut-être semer des légumineuses pour compenser. Et c'est encore un surcoût. »

    Eau douce et gypse

    Idem pour les cultures : elles ont besoin d'eau douce qui éliminera la salinité du sol. Ainsi, les plantes pourront se réhydrater. S'il pleut, le phénomène peut être rapide.

    En revanche, le problème de la sodicité sera plus long à régler. Car avec un système de drainage du sol, les pluies feront diminuer le taux, mais de façon très lente. « Pour accélérer le phénomène, une solution est connue : l'épandage de gypse. L'inconvénient, c'est qu'il en faut beaucoup - 10 tonnes par hectares - et qu'il en coûte 50 euros la tonne ! »

    Aides, fonds, exonérations

    Effectivement, la dépense fait réfléchir. Bien sûr, les assurances classiques peuvent prendre en charge la perte de récolte, équivalente à 100 % pour certains paysans, mais c'est un dispositif récent auquel peu d'exploitants ont souscrit et il ne vaut que pour cette année.

    La Chambre d'agriculture a tout mis en œuvre pour actionner le fonds de calamités agricoles. Et tout un travail a été mené pour que de dispositif soit adapté à la situation. Par exemple, d'habitude, il intervient à 35 % du préjudice ; pour Xynthia, il pourrait aller jusqu'à 45 %. Enfin, le fonds d'allégement des charges peut prendre à son compte, tout ou partie des intérêts d'emprunts contractés. Il existe aussi des exonérations de tout ou partie des cotisations sociales.

    Dans tous les cas, l'après-Xynthia, c'est souvent pour les agriculteurs, une grosse trésorerie à sortir, des négociations avec la banque, des terres et des bêtes qui elles n'attendent pas et le moral dans les chaussettes.

    Après Xynthia : la terre n'est pas prête à se remettre

    Dans la Charente-Maritime, 32.000 hectares ont été inondés, dont 23.000 de terres agricoles. Le point sur les conséquences pour les agriculteurs et les façons d'y remédier avec l'Inra de Saint-Laurent-de-la-Prée.

     Claude Chataigner dans un champ d'orge. La plante lui arrive aux 
mollets alors qu'elle devrait atteindre sa taille.  PHOTO K.C.

    Claude Chataigner dans un champ d'orge. La plante lui arrive aux mollets alors qu'elle devrait atteindre sa taille. PHOTO K.C.

    Xynthia, c'est une tempête bien sûr, mais ce sont surtout des vies humaines emportées, des maisons éventrées, des habitants délogés, des entreprises paralysées. C'est aussi une réaction en chaîne dans le monde agricole qui n'avait déjà pas besoin d'une telle catastrophe pour souffrir. En Charente-Maritime, la vague du 28 février aura inondé 32 000 hectares de terres, dont 23 000 sont des terres agricoles, la moitié en culture et l'autre en prairie.

    600 exploitations

    Cela représente 600 exploitations, de petite ou de grande taille. Si le degré de sinistre varie de 1 % à 100 %, il va sans dire que les terres les plus proches du littoral ont été les plus touchées à Charron, Esnandes, Villedoux, Port-des-Barques, Marans, Brouage ou Saint-Nazaire-sur-Charente par exemple, sans oublier les rives de l'estuaire de la Gironde.

    L'exploitation agricole que gère l'antenne de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) à Saint-Laurent-de-la-Prée, n'a pas fait exception. Situés en plein marais rochefortais, les 200 hectares de terre - 160 en prairie et 40 en culture - ont été inondés à 75 %. Mais ici comme ailleurs, les parcelles, qui accueillent un troupeau de maraîchines de 150 têtes, n'ont pas réagi de la même façon.

    Inondations de 5 à 12 jours

    Claude Chataigner, technicien agronome et chef d'exploitation, explique : « Nous avons assisté à deux réactions à l'évacuation. Les prairies sont aménagées pour que l'eau circule en surface. Et grâce à la brèche de la Parpagnolle qui avait cédé, l'eau a pu partir vite, en cinq jours. Mais sur les parcelles en cultures drainées, habituellement, l'eau passe par le sol et s'évacue par des drains en dessous. Ensuite, elle est pompée et évacuée par les canaux. Ici, l'eau circule moins vite qu'en prairie et en plus, avec Xynthia, les moteurs ont grillé. Du coup, l'eau a stagné pendant dix à douze jours. »

    L'eau est partie certes, mais les terres sont loin d'avoir retrouvé la santé. « Le gros problème ici, c'est l'eau salée. » Et le sel va dégrader à plusieurs niveaux. D'abord, les végétaux vivants brûlent : le blé n'a pas résisté, ni les légumineuses.

    Le problème, c'est le sel

    Ensuite, sur le sol même, Xynthia laisse des traces. « Ici, le sol se compose d'argile et d'eau. Quand cette dernière est en contact avec de l'eau salée, elle devient salée aussi, c'est ce que l'on appelle la salinité du sol. Du coup, les plantes programmées pour boire de l'eau douce, ne peuvent plus s'hydrater. Voilà pourquoi le maïs, le tournesol et l'orge que nous avons plantés en avril, ne se sont que très peu développés », poursuit Claude Chataigner.

    La dernière conséquence porte sur le sol : une fois qu'il baigne dans l'eau salée, le sel s'accroche aux argiles, et le sol devient sodique. Cela signifie qu'il est plus imperméable, il a donc moins d'air et, du coup, les racines des plantes ne peuvent plus respirer. « D'habitude, nos sols sont non-salés ou faiblement salés. Actuellement, selon nos prélèvements, leur taux de salinité et de sodicité va bien au-delà du fortement salé. »

    La santé du cheptel

    Globalement, la prairie s'en sort un peu mieux que les terres en culture où il n'y a littéralement plus rien. Pour autant, la production de légumineuses - qui fournissent les protéines végétales au bétail - a baissé de moitié et c'est la réaction en chaîne. « Toute l'organisation de l'exploitation est chamboulée : on a moins de légumineuses pour les bêtes, moins de foin, de même qu'on aura moins de paille après la moisson. Du coup, le manque de matières premières va nous obliger à en acheter dans un marché tendu où la rareté aura fait augmenter les prix. »

    Outre le surcoût pour les agriculteurs, il reste encore un point sensible, toujours lié à Xynthia, à surveiller de près : les canaux ont été noyés par l'eau salée au moment de la tempête. Malgré l'évacuation de l'eau, il y reste toujours du sel, or, c'est l'eau de boisson des vaches. « Les bêtes mangent moins bien, ont davantage de diarrhées, pour des animaux qui doivent faire du muscle pour produire de la viande, ça tombe mal ! », poursuit le chef d'exploitation.

    En matière agricole, Xynthia prouve encore que le moindre déséquilibre et le plus petit grain de sable mettent la nature fragile en péril.

    Aytré a reçu les documents qui ont présidé au zonage

    L'association des sinistrés d'Aytré en avait fait la demande par voie de justice.

     Marie-Olivia Rocca et l'avocat Bernard Macera.  photo vincent 
buche

    Marie-Olivia Rocca et l'avocat Bernard Macera. photo vincent buche

    Il a donc fallu qu'ils s'organisent, créent une association, en fassent la demande auprès du tribunal administratif en déposant une requête mesures utiles pour que les documents ayant présidé au zonage soient fournis aux sinistrés d'Aytré. Comme s'il n'était pas naturel de savoir dans le détail pourquoi l'on doit quitter la maison dans laquelle on avait choisi de faire sa vie.

    Hier donc, Marie-Olivia Rocca, présidente de l'association des victimes de la tempête Xynthia dans la commune d'Aytré a reçu, comme décidé par le tribunal, les éléments écrits à partir desquels l'État a décidé de classer en zone noire ou de solidarité toute la route de la plage et en zone jaune le reste des quartiers inondés le 28 février (Les Avocettes, la cité Aristide-Rondeau).

    Bientôt les Boucholeurs

    Communiqué par le préfet, le document réalisé par la Dreac (1) comporte une cartographie détaillée, des généralités sur la définition des zones de danger et une fiche par maison (ou groupe de maisons) « expertisée ». « Tout a été fait en une seule journée : le 19 mars. C'est du moins ce qui est écrit sur le document. Une seule journée pour près de 400 maisons. A titre d'exemple, nous avons fait venir un expert à titre privé chez nous au 30, route de la plage. Il a mis quatre heures pour notre seule maison », note Marie-Olivia Rocca pour souligner la rapidité, voire la légèreté, avec laquelle l'État a traité cet épisode essentiel de l'après-tempête.

    « Quand on regarde les fiches maison dans le détail, elles sont truffées d'erreurs. Chez nous, il est indiqué 60 cm d'eau à l'extérieur alors qu'il y a eu jusqu'à 2 mètres à l'intérieur. Comment ont-ils pu donner un tel chiffre alors que les simples marques de l'eau stagnante sur les murs, c'est-à-dire plusieurs jours après Xynthia, atteignent 1,20 mètre ? », s'interroge la jeune présidente de l'association. Sur la cartographie, Marie-Olivia note une autre erreur : « Il est indiqué que le courant allait nord-sud route de la plage, alors que c'est exactement l'inverse ».

    Tels quels, ces éléments seront transmis à l'avocat de l'association, Bernard Macera, pour étayer son recours pour annulation.

    Et d'ici quelques jours, l'association des sinistrés des Boucholeurs devrait recevoir le même type de document puisque la requête mesures utiles a également été validée au tribunal de Poitiers. La justice d'après-Xynthia suit donc son cours cependant que dans le Var, on en est encore au traumatisme. J'ai reçu des coups de téléphone de sinistrés de là-bas qui me demandent des conseils. Je suis de tout cœur avec eux, même si je ne sais pas comment les aider. Ou plutôt si : comme la Région va nous aider pour les frais de justice, nous pourrons leur envoyer un peu d'argent », conclut Marie-Olivia Rocca.

    (1) Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement

    Comment se prémunir après Xynthia ?

    Digues Le Smiddest et l'état ont réuni vendredi les maires de la rive droite de l'estuaire pour engager la concertation

     Philippe Plisson montrant les dégâts de la tempête sur la digue 
des Callonges.  PHOTO M. M.

    Philippe Plisson montrant les dégâts de la tempête sur la digue des Callonges.PHOTO M. M.

     

    « Il est nécessaire de s'organiser car ce qui se passe dans le Var peut très bien nous arriver », témoigne Philippe Plisson, vice-président du Syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde (SMIDDEST). Après une réunion analogue le 17 mai dernier à Lesparre avec les élus de la rive gauche de l'estuaire, c'était au tour des maires de la rive droite d'être réunis vendredi à Braud pour engager une discussion sur la prévention de leur territoire. Le Programme d'actions de prévention des inondations (PAPI) leur a été présenté. « Le Smiddest a accepté de porter ce programme sur l'estuaire mais ce n'est pas lui qui en sera le maître d'ouvrage et d'entretien », a néanmoins prévenu Philippe Plisson. Construire et entretenir des digues coûte cher. C'est toute la question du financement qui s'est posée aux élus. Christophe Lotigie, le sous-préfet, a assuré que « l'implication et la solidarité de l'État n'étaient pas mises en cause » dans ce dossier.

    RIG, un outil précieux

    Afin de faire place aux débats et pour donner un maximum d'informations aux élus, le Référentiel de protection contre les inondations de la Gironde (RIG) a aussi été présenté. Cet outil a montré, entre autres, que sur 314 kilomètres de digues analysés, 81 kilomètres présentent un risque de défaillance fort à très fort. Grâce à cet outil de modélisation, les élus peuvent désormais savoir où se situent les priorités de leur territoire. Charge à eux de faire remonter leur desiderata. Par la suite des choix seront à effectuer. Et pour représenter les élus de la rive droite lors des prochaines réunions, le principe de l'intercommunalité a été choisi.

    Une nouvelle carte des zones noires en 2011

    Après le Var et Xynthia, l'État souhaite revoir la carte des zones à risque.

     Chantal Jouanno souhaite redéfinir les zones à risque.  Photo X. 
Leoty

    Chantal Jouanno souhaite redéfinir les zones à risque. Photo X. Leoty

    L'État va élaborer une nouvelle cartographie des « zones très dangereuses » en France, où toute nouvelle construction sera interdite, et qui devrait intégrer de nouveaux risques, comme ceux liés au changement climatique.

    « On va cartographier dans l'ensemble de la France les zones très dangereuses, on va définir des zones rouges dans lesquelles on ne pourra plus construire », a déclaré hier la secrétaire d'État à l'Écologie, Chantal Jouanno.

    Cette nouvelle carte, réalisée par l'État, « sera prête à partir de 2011 », a-t-elle ajouté. Mme Jouanno s'exprimait au lendemain de la visite de Nicolas Sarkozy à Draguignan (Var), où ce dernier a assuré que l'État n'autoriserait aucune construction d'habitation dans les zones dangereuses « tant que je serai président ». Il a assuré que cette règle ne souffrirait « aucune exception ». « C'est un problème de vie ou de mort », a-t-il déclaré.

    Sous-estimation du risque

    La secrétaire d'État à l'Écologie a justifié cette nouvelle cartographie par le fait que les actuels plans de prévention des risques (PPR) « sous-estiment le risque ».

    Ils ont été « un peu trop négociés sur le terrain », a-t-elle lancé. Lundi déjà, Nicolas Sarkozy avait ouvertement déploré la mise en œuvre des PPR, affirmant que « cela fait des décennies que, dans notre pays, en vérité, on a joué avec la vie de victimes potentielles ».

    Mais « surtout, on n'a pas intégré certains risques, les changements climatiques qui font que, par exemple, en bord de mer, il va y avoir une élévation du niveau de l'eau », a poursuivi Mme Jouanno.

    Le niveau des océans pourrait s'élever de quelque 50 centimètres d'ici à la fin du siècle, selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat, voire d'un mètre, selon des études récentes.

    « Si on veut le faire de manière parfaitement rigoureuse, c'est un travail titanesque », estime Stéphane Hallegatte, chercheur au Centre international de recherche sur l'environnement et le développement.

    Mme Jouanno souhaite également intégrer le « risque de ruissellement », ces précipitations qui ne s'infiltrent pas dans le sol.

    « C'est ce qui s'est passé à Draguignan, c'est-à-dire une montée extrêmement rapide des eaux », a-t-elle expliqué.

     

    Carte des zones inconstructibles : « d'abord un choix politique »

    © Photo Ouest-France

    Tracer une nouvelle carte des zones dangereuses en France où toute nouvelle construction sera interdite est « d'abord un choix politique », souligne le climatologue Stéphane Hallegatte.

    « Il ne faut pas donner l'impression que les scientifiques seuls feront ce travail », met en garde cet ingénieur du Centre international de recherche sur l'environnement et le développement (Cired).

    Question : Le gouvernement a annoncé son intention d'établir une nouvelle cartographie des « zones très dangereuses » en France d'ici 2011 en prenant en particulier en compte le changement climatique. Est-ce réaliste ?

    Réponse : Il faut garder à l'esprit que faire ces cartes de risques est quelque chose de très difficile. On parle d'événements qui sont extrêmes, rares, et qu'on ne connaît donc pas très bien. Quand on rajoute le changement climatique là-dedans, la complexité explose.

    On ne peut pas définir une zone inondable en imaginant qu'en faisant quatre pas, on en sorte. L'endroit où l'on trace cette ligne dépend du niveau de risque que l'on est prêt à accepter.

    L'information scientifique est nécessaire mais il ne faut pas donner l'impression que les scientifiques seuls vont pouvoir faire ce travail là. Cela demande des choix politiques et de la concertation. La façon dont cela a été fait avec les zones noires dans le cadre de Xynthia - très vite, à partir d'un point de vue d'experts, sans concertation - le montre bien.

    Q : Est-on capables aujourd'hui de tracer une carte précise des risques liés au changement climatique - que ce soit en bord de mer ou près des fleuves - à l'échelle d'une région française ?

    R : Sur les zones côtières, on sait qu'à l'horizon 2100 il va y avoir une montée du niveau de la mer. Le chiffre d'un mètre de hausse, parfois évoqué, est considéré comme un scénario pessimiste. Sur les côtes ouest de la France, des travaux sont en cours sur les zones jugées sûres aujourd'hui et qui pourraient devenir à risque à l'avenir.

    Mais, au total, sur la montée du niveau de la mer, c'est plutôt plus simple que sur des événements comme ceux du Var.

    Aujourd'hui, il n'y a pas de consensus des modèles pour dire que les précipitations extrêmes vont augmenter dans la zone (sud de la France), même si la tendance est plutôt vers une augmentation.
    Evaluer les zones qui peuvent être touchées par des crues éclairs demande des travaux extrêmement détaillés, lourds et coûteux.

    Q : Cela signifie-t-il qu'il est impossible d'intégrer le changement climatique dans ces cartes de risque ?

    R : Non, ce n'est pas parce que nous n'avons pas tous les outils que nous sommes complètement paralysés. Pour les décisions que l'on prend sur l'urbanisme aujourd'hui - et on prend beaucoup dans le sud de la France - on a besoin d'une perspective de long terme. La prise en compte du changement climatique est donc une priorité.

    propos recueillis par Jérôme Cartillier, AFP

    Contre les inondations, la Hollande joue l'alerte

    mercredi 23 juin 2010
    • Avec un réseau de grands fleuves comme la Meuse et le Rhin, qui 
pénètrent loin à l'intérieur du pays, les Pays-Bas ont fait de l'alerte 
anti-tempête une priorité nationale.

      Avec un réseau de grands fleuves comme la Meuse et le Rhin, qui pénètrent loin à l'intérieur du pays, les Pays-Bas ont fait de l'alerte anti-tempête une priorité nationale.

      Archives AFP
     

    Avec un territoire inondable pour plus de la moitié, les Pays-Bas n'ont pas droit à l'erreur. La Francepourrait y prendre exemple, pour éviter de nouveaux drames comme celui de Xynthia.

    PAYS-BAS (de notre envoyé spécial). ¯ Avec un tiers du pays sous le niveau de la mer et 55 % du territoire inondable, les Hollandais vivent avec la conscience du risque d'inondation chevillée au corps. Depuis les premiers polders gagnés sur la mer du Nord, au Moyen-Âge, ils livrent une lutte sans fin contre les éléments. « La mer est à la fois leur meilleure amie et leur pire ennemi », résume un diplomate en poste à La Haye.

    Les habitants restent traumatisés par l'inondation de février 1953, qui avait noyé près de 2 000 personnes. L'alerte d'un coup de tabac sur la mer du Nord avait été envoyée aux maires par de simples télégrammes. On les avait retrouvés dans les boîtes aux lettres emportées par les flots...

    Tirant les leçons, le Rijkswaerstaat, l'agence nationale de l'eau, a mis en place un dispositif qui repose sur deux piliers : l'évaluation permanente des 3 500 kilomètres de digues et la rapidité de l'alerte. En cas de prévision de forte marée, les données sont envoyées, au moins douze heures à l'avance, par téléphone, aux vingt-six agences provinciales qui veillent sur l'état des digues. Tous les médias sont alertés dans le même temps.

    1 000 personnes alertées

    Si le niveau rouge (maximal) est atteint, les barrières anti-tempête aux embouchures du Rhin et de la Meuse sont fermées. Des barrages mobiles sont déployés. Maires, police, pompiers, armée, commissaires locaux de la Reine sont sur le pied de guerre, ainsi que ceux qu'on appelle « l'Armée des digues » : une centaine de bénévoles qui surveillent les points faibles. « En tout, plus de 1 000 personnes sont alertées », résume un haut responsable du Rijskwaterstaat.

    Un tel système aurait-il pu sauver des vies lors de la tempête Xynthia en Vendée et Charente-Maritime, en février ? Le souhait du gouvernement français est de mettre en place, dès l'été 2011, un dispositif plus performant en cas de submersion. Météo France, Service hydrographique et océanographique de la marine (shom), Centre d'études techniques maritimes et fluviales (Cetmef) : tout le monde est prié de mieux croiser ses données en temps utile.

    Restera à revoir, tout le monde en convient, la chaîne de l'information jusqu'aux préfets et maires des zones menacées. Sur ce point, l'exemple hollandais peut inspirer un modèle français encore à inventer.

    Marc LAMBRECHTS.

    La Roche-sur-Yon

    Indemnisations des agriculteurs sinistrés : feu vert de la commission européenne

    Agriculture mercredi 23 juin 2010

    Selon Philippe de Villiers, président du conseil général de la Vendée, « la commission européenne vient de donner son feu vert au versement des indemnisations attendues par les agriculteurs victimes de la tempête Xynthia». Philippe de Villiers « se félicite de cette décision qui va enfin permettre d'indemniser de façon complète les agriculteurs vendéens». «La décision de la commission européenne ouvre également la voie au versement des aides que le conseil général a voté à hauteur de 1,5 million d'euros, afin de compléter les aides de l'Etat », insiste le député européen.

     


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