• Un renard dans les rues de Saint-Jean-d'Angély

    Un renard tué en ville

    Mercredi 04 Février 2009

    SAINT-JEAN-D'ANGÉLY.

    Un renard gisait, ce week-end, en contrebas du rond-point de la D 150 qui traverse Saint-Jean. (PHOTO ALBAN BOIGEOL)

    La dépouille d'un renard, aperçue ce week-end au sud de Saint-Jean, suscite quelques légitimes interrogations. « On constate, sur l'ensemble de la Charente-Maritime, une prolifération des renards », explique Jean-Michel Dapvril, directeur de la Fédération départementale des chasseurs, sise à Saint-Julien-de-l'Escap. Saint-Julien où un autre renard accidenté a été vu ce dimanche.

    Marc Perrot est technicien cynégétique à la fédération des chasseurs. Bon connaisseur du milieu, il est moniteur de piégeage. « L'empoisonnement des ragondins par des appâts truffés d'anticoagulant est désormais interdit. Or, cette technique touchait aussi le renard. Mais il ne s'agit pas pour nous d'éradiquer cette espèce ». Car le renard est un prédateur qui s'attaque en priorité aux animaux faibles ou malades. C'est aussi un « équarrisseur », c'est-à-dire qu'il se nourrit des cadavres d'autres animaux.

    Les poubelles qui débordent

    Il y a peu, son appétit s'aiguisait grâce aux tas de fumier des exploitations agricoles où l'on avait coutume d'abandonner les bêtes mortes. Or le ramassage, devenu obligatoire, de ces dépouilles prive le renard d'une partie de sa nourriture, d'où son déplacement vers la ville et ses poubelles qui débordent et offrent un repas facile.

    « Car l'animal est opportuniste. Comme les poulaillers se font plus rares en campagne, la ville offre d'autres avantages. À Londres par exemple, ils prolifèrent car les habitants déposent de la nourriture pour les animaux sauvages dans les parcs », poursuit Marc Perrot.

    Pour effectuer un comptage, la fédération des chasseurs réalise des relevés à la lueur des phares et établit un indice kilométrique (IK) d'abondance : pour éviter la surpopulation, il faut un IK de moins de 0,5 pour les renards, ce chiffre étant approché mais rarement dépassé dans notre département.

    Car, s'il est considéré comme nuisible, ce n'est pas comme vecteur de propagation de la rage en France - qui a disparu grâce à une politique de vaccination orale des renards, menée durant quinze ans par le Ministère de l'agriculture. Reste l'échinococcose, une maladie transmise par parasite qui vit dans l'intestin grêle du renard (mais aussi de quelques chiens ou chats).

    Transportés avec les fèces, les oeufs du parasite se trouvent par la suite dans l'environnement. Dans de rares cas, les oeufs sont ingérés par l'être humain (par exemple, en mangeant des mûres souillées d'urine de renard), ce qui provoque une maladie hépatique.

    Mais, d'après les études, les goupils qui fréquentent la ville ne sont quasiment pas porteurs de ce germe car ils y mangent moins de campagnols. Donc, pas de panique : même si certains renards s'approchent de Saint-Jean, comme à Lyon, Nantes ou Marseille, ils sont discrets, fuient l'homme et restent tout aussi inoffensifs qu'un gros chat.

    Auteur : Alban Boigeol