• Tragique Grande Traversée pour Motus

    ATLANTIQUE. --Victime d'un accident lors de la Grande traversée, en juin, Michel Clair est aujourd'hui tétraplégique

    Tragique traversée

    :Frédéric Zabalza

    Couché dans sa chambre du centre médical de rééducation à Cerbère (66), Michel Clair peut répondre au téléphone. C'est l'une des rares choses qu'il peut faire, en dehors des séances quotidiennes de kiné. Depuis trois mois, jour pour jour, ce Toulousain de 70 ans est tétraplégique. Il ne ressent plus aucune sensation dans son corps, ou presque. « J'ai encore beaucoup de douleurs à l'épaule », explique Michel Clair, victime d'un grave accident le 23 juin, au cours de la Grande traversée de l'Atlantique, organisée dans le cadre du 400e anniversaire de la fondation de Québec.
    Le septuagénaire s'était embarqué sur le « Motus », un voilier appartenant au Rochelais Jean-Pierre Muet, lui-même engagé dans l'événement en tant que skipper avec son épouse Monique et un ami rétais, Gérard Dupeux.
    « M. Clair devait partir sur un autre bateau, avec un de ses amis, qui était notre voisin de ponton. Mais cet ami s'est désisté. Il nous a demandé si nous pouvions l'emmener, nous avons accepté », raconte Jean-Pierre Muet. Ce qui devait être une aventure et une fête a tourné au cauchemar pour l'équipage du « Motus », à 500 milles des côtes canadiennes.

    « M. Clair ne respirait plus. » « Vers 5 h 30 du matin, il faisait déjà jour, j'ai reçu un violent coup de l'écoute de grand-voile [qui tient la bôme] au niveau de l'épaule et du cou. J'ai perdu connaissance », se souvient Michel Clair.
    « Les conditions en mer étaient difficiles. Il y avait des creux de dix mètres. Quand je me suis porté à son secours, j'ai moi aussi été frappé par l'écoute, poursuit Jean-Pierre Muet. Je suis resté groggy pendant un quart d'heure. Mais M. Clair, lui, ne respirait plus. Ma femme lui a fait du bouche-à-bouche. »
    Alertés par le directeur de traversée, Denis Hugues, le Centre opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez et les coast gards canadiens détournent un cargo pour secourir Michel Clair. Les autres membres seront hélitreuillés, le lendemain, vers la terre ferme.

    Un geste de la Ville de La Rochelle. Hospitalisé à Halifax, au Canada, Michel Clair subit deux opérations : l'une pour sa double fracture à une épaule, l'autre aux vertèbres cervicales. Une double embolie pulmonaire aggrave son état. « Il a d'abord fallu soigner son embolie avant de soigner ses blessures », souligne Denis Hugues, qui ajoute : « C'est malheureusement une fortune de mer comme il peut y en avoir parfois. »
    La fille du Toulousain, âgée de 19 ans, s'est retrouvée seule au chevet de son père, avant que l'ex-femme de ce dernier ne puisse se rendre au Canada. Michel Clair a finalement pu être rapatrié à Toulouse au début de l'été. Les élus rochelais ont souhaité apporter leur soutien à la famille en remboursant les frais de voyage de la fille et de sa mère. « C'était la moindre des choses de faire un geste en leur faveur après cet accident, qui a malheureusement gâché la fête », estime Jack Dillenbourg, adjoint au maire de La Rochelle chargé des sports.

    Paru dans Sud Ouest le 23 septembre 2008


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