• La BD envahit Angoulême !

    SUD-OUEST Dimanche 25 Janvier 2009 <script language="javascript" type="text/javascript"></script><script src="http://memorix.sdv.fr/RealMedia/ads/Creatives/TFSMflashobject.js" type="text/javascript" id="extFlashLeft1"></script><script language="JavaScript"></script>


    BANDE DESSINEE. Le Festival d'Angoulême, du jeudi 29 janvier au dimanche 1er février, cible non plus un public général, mais des publics de genre, aux goûts très différents, de Dupuy-Berberian à Winshluss en passant par Roba

    La BD envahit Angoulême

    Pour Angoulême, se transformer quatre jours durant en capitale de la bande dessinée revient à devenir un sujet de polémique entre amoureux du genre. Entre ceux qui attendent du festival de référence des choix innovants en matière d'expositions et la présence d'auteurs pointus, et ceux qui reprochent à Angoulême depuis des années d'ignorer les goûts du grand public, ce n'est pas cette année que s'arrêtera le débat. Car le Festival fait à nouveau le choix de ne pas trancher, estimant de sa mission de représenter tous les territoires de la bande dessinée.

    Du jeudi 29 janvier au dimanche 1er février, la 36e édition offrira donc à chacun de ces publics si différents un choix qui peut lui correspondre (voir ci-contre).

    On fêtera ainsi les 50 ans de « Boule et Bill » avec une exposition place de l'Hôtel-de-Ville et la reconstitution du jardin imaginé par Roba au Pôle jeunesse, le tout sur fond de goûter géant et de lâcher de ballons, aussi bien qu'on pourra se régaler à l'exposition conçue par Winshluss, en forme de jeu, sur la rétrospective de quinze ans de son oeuvre, film de zombies à l'appui et album en compétition à la clé.

    Pour Winshluss, « l'intéressant, c'est le livre ». Se contenter d'accrocher des planches originales tentait donc très modérément l'auteur de « Pinocchio », qui a préféré transformer les ateliers Magelis en crypte. « Cette exposition continue d'être un vrai travail artistique, une création. On s'amuse à faire de la mise en abyme autour de Ferraille. » C'est cela, Angoulême 2009, une addition de territoires où les festivaliers ne se rencontrent pas forcément.

    « Manga Building »

    Ainsi, les amateurs de mangas disposent depuis plusieurs années d'un territoire bien à eux. Il ne s'agit plus pour le Festival d'affirmer la percée, puis la présence du manga dans sa programmation, mais bien de faire saisir aux néophytes toute la diversité du genre derrière les stéréotypes, tout comme d'offrir aux fans des rencontres pointues.

    C'est tout l'objet du « Manga Building », alias le traditionnel espace Franquin, relooké aux couleurs du quartier de Tokyo fief de la culture manga. Une exposition y sera consacrée à Shigeru Mizuki, popularisé il y a deux ans par le prix du meilleur album décerné pour la première fois à un manga, « Non non ba », chez Cornélius. L'oeuvre abondante du maître octogénaire (87 ans cette année) commence à être traduite en France, notamment chez Cornélius. Shigeru Mizuki ne fera pas le voyage, mais un autre vénérable mangaka, Hiroshi Hirata, sera présent.

    Ce virtuose du récit de samouraïs transforme les dédicaces en véritables cérémonies, avec prélude au sabre, exercice de calligraphie et costume traditionnel. Hirashi Hirata, 71 ans, est l'une des dernières figures de la bande dessinée japonaise traditionnelle. Dessin réaliste, documentation historique rigoureuse, Hirata reconstitue l'univers des samouraïs, n'hésitant pas à le démystifier, comme a pu le faire Kobayashi dans son chef-d'oeuvre, « Hara-Kiri », mais en conservant, au contraire du cinéaste, foi dans le code d'honneur des guerriers nippons.

    Le Manga Building explore aussi des oeuvres plus récentes en invitant notamment les jeunes femmes auteurs Junko Kawakami et Raf-Chan, ou le designer Murata Range, initiateur du collectif Robot, qui propose de rompre avec les contraintes de format et de pagination du manga classique de studio pour publier un dessin plus personnel. Le Manga Building accueillera également un événement, l'avant-première du nouveau long-métrage d'animation de Miyazaki, « Ponyo sur une falaise », annoncé sur les écrans français en avril.

    Invités anglophones

    Autre actualité, celle des Rencontres internationales, qui, pour leur sixième année, proposent un plateau à majorité anglophone, avec traduction, évidemment.

    L'Américain Daniel Clowes, l'auteur de « Ice Haven », y participe pour la première fois, et retrouvera ses compatriotes Chris Ware (prix du meilleur album en 2003 pour « Jimmy Corrigan »), Adrian Tomine, David Heatley ou James Kochalka, dont l'oeuvre commence à être traduite chez l'éditeur angoumoisin Ego comme X, et que l'on retrouve également dans la sélection officielle. Très attendues également les Anglaises Melinda Gebbie et Posy Simmonds, ou la première participation d'auteurs sud-africains.

    Auteur : Haude Giret
    h.giret@sudouest.com