• L'Acadie, de sa découverte au Grand Dérangement - Partie I : l'histoire

     

     L'Acadie, de sa découverte au Grand Dérangement 

     

    Première partie : L'histoire

    Découverte par Jean Cabot en 1497, elle doit son nom au navigateur Verrazano qui l'explora pour le compte de François 1er en 1524 et la nomma Arcadie.

     

     

     

     

     

     

     

    I : Situation géographique

    Aujourd'hui encore, peu de personnes s'entendent sur le territoire qu'elle recouvre. Dès sa colonisation la question fut posée : Nouvelle-Ecosse uniquement, pour les Anglais ; Nouvelle -Ecosse, île environnante et rives du continent, pour les Français. Toutefois, on peut, grosso modo, l'assimiler à l'ensemble des Provinces Maritimes du Canada.

    II : Les premiers habitants

    Il s'agit de trois tribus indiennes :

    3 à 4 000 Micmacs (Nouvelle Ecosse) 5 000 Malécites (Vallée du Saint-Jean, Nouveau-Brunswick) Abénakis, les plus nombreux dans le Madawaska (N.O du N.B)
     

    III : La première installation Française : Port Royal 1604-1613

     

    Le 7 avril 1604, sur deux navires et deux pataches, s'embarquent, du Havre de Grâce, Pierre de Guard, Sieur de Monts et gouverneur de Honfleur, nouvellement nommé « vice-roi et capitaine général, tant en mer qu'en la terre, au pays de la Cadie, du Canada et autres terres de Nouvelle-France, du 40ème au 46ème, avec mission de peupler, cultiver et fortifier les dites terres et en convertir les indigènes » par Henri IV.

     

    Il est accompagné du géographe du Roi, Samuel Champlain, du Sieur de Poutrincourt (gentilhomme Picard) et de cent-vingt « engagés » divers, tant catholiques que protestants « tous désireux de participer à la gloire d'une si belle et généreuse entreprise ».

    Ils s'installent, dès leur arrivée, dans une petite île baptisée Sainte-Croix. Après un hiver catastrophique les 45 survivants s'installent à Port-Royal, actuellement Annapolis (N.E) qui devient la première cité du Nord de l'Amérique).

    En juillet 1606, Jean de Biencourt, sieur de Poutrincourt, ramène de La Rochelle toute une équipe d'ouvriers et de laboureurs, un apothicaire de Paris, Louis Hébert,...

    ... ainsi qu'un avocat de la même ville Marc Lescarbot qui sera le premier historien de l'Amérique du Nord (histoire de la Nouvelle France-1609)
     

    IV : Le premier crépuscule acadien 1613-1632

    Dès 1607, une cabale de marchands enlève à Monts et Poutrincourt leur monopole de trafic de 10 ans. La réussite Acadienne commence à exercer des convoitises, notamment de la part de Samuel Argall qui ruine la colonie française de Port-Royal et celle de Saint Sauveur créée en 1608 par les Pères Biard et Massé sur les monts du désert de Pentagouëts. En 1613, profitant de ces dissensions, Jacques 1er d'Angleterre s'installe en Nouvelle Ecosse avec le concours du félon Charles Latour, la nomme Nova Scotia et y introduit les premiers colons Ecossais.

     

    V : La véritable colonisation 1632

    Après de traité de Saint-Germain, Richelieu nomme son cousin "commandeur de Malte " Isaac de Razilly « Lieutenant général du Roi et Gouverneur de l'Acadie ».

    Le 4 juillet 1632, part d'Auray la frégate royale « l'Espérance en Dieu » escortant deux transports avec à son bord : de Razilly, Champlain, Charles Menou d'Aulnay, Nicolas Denys (Marchand de Tours), trois pères Capucins, 285 engagés célibataires et 15 couples. Il établit ces engagés dans 40 concessions censitaires reparties dans la Baie Française (aujourd'hui baie de Fundy). Les engagés le sont pour 36 mois aux frais d'Isaac de Razilly : ce sont des artisans, des sauniers (ils créent les premiers aboiteaux). Peu d'entre-eux resteront.

    A la mort de Razilly, son cousin Charles Menou d'Aulnay-Charnizay, lui succède malgré les embûches des Anglais et de Charles Latour. C'est en réalité Charles Menou qui créera une véritable colonie en faisant venir à ses frais les premières familles en Acadie, ce qui lui coûtera sa fortune. A sa mort le 24 mai 1650, alors qu'il revenait d'une tournée d'inspection des travaux d'assèchement, il avait dépensé plus de 800 000 livres et avait dû hypothéquer toutes ses terres de France et d'Amérique. Son décès fut une perte irréparable pour l'Acadie et dès lors, et ce jusqu'au traité d'Utrecht en 1713, les luttes incessantes entre les Anglais et les Français seront le lot quotidien de la première Acadie.
     

    VI : D'Utrecht au Grand Dérangement 1713-1755

     

    Le traité d'Utrecht donne à l'Angleterre, l'Acadie péninsulaire, la France garde le Cap Breton, l'ile Saint-Jean (aujourd'hui Ile du Prince-Edouard) et le Nouveau-Brunswick.

    Dès lors un nouveau peuplement de l'Acadie verra son essor de l'Acadie péninsulaire vers l'Acadie insulaire et continentale. 

    Dès 1713, on met en œuvre un peuplement conçu dès 1709 par les Intendants Raudot père et fils sous l'impulsion de l'ex-gouverneur de Terre-Neuve et de Saint-Pierre. En 1714, une trentaine de familles sera ainsi installée, à Louisbourg en particulier. On songe à faire partir les Acadiens puisqu'une clause additionnelle au traité d'Utrecht établie le 23 juin  par la Reine Anne d'Angleterre autorisait les Acadiens à partir des terres nouvellement devenues britanniques. De plus, le 23 septembre, les Acadiens déclaraient : « Nous ne prêterons jamais le serment de fidélité à la Reine de Grande-Bretagne aux dépens de ce que nous devons à notre pays et à notre religion, et, si l'on s'efforce d'attenter à l'un ou à l'autre des ces deux articles de notre fidélité, nous sommes prêts à tout quitter plutôt que de violer en quoi que ce soit un de ces articles. »

     

    Toutefois, le gouverneur Nicholson leur refuse l'exeat nécessaire. Tous les Acadiens n'en optèrent pas moins  publiquement pour le départ, ce à quoi le Gouverneur répondit en confisquant leur barque. L'on va alors avoir une double vie acadienne : celle de ceux restés sous la domination anglaise soumis à toutes vexations, et à la neutralité et ceux qui purent rejoindre les territoires français et peuplèrent plus particulièrement l'Ile-Royale, puis l'Ile Saint-Jean et le Nouveau Brunswick. 

    Pour venir à bout des Acadiens restant sur leur territoire et sur les meilleures terres, dès 1745, les Anglais prépareront un plan de déportation en faisant venir d'Europe plus de 2 500 émigrants pour fonder Halifax. Ce fut le Général Charles Lawrence qui, dès 1753, mit en œuvre ce plan. Ainsi, écrit-il aux lords du commerce à leur propos «  .... Comme ils possèdent les plus vastes et les meilleures terres de la province, je suis d'avis que, s'ils refusent le serment, mieux vaut qu'ils disparaissent ». Sur quoi, après avis du juge Belcher, qui consiste à légaliser leur expulsion, « Les Acadiens n'ont pas plus le droit de prêter serment que de rester dans la province », et il décide le grand dérangement.

    VII : Le Grand Dérangement 1755

    En juillet 1755, une centaine de délégués du peuple acadiens refusant de prêter serment sont jetés en prison avec les trois derniers prêtres français. Alors,  "il fut décidé à l'unanimité que, pour prévenir le retour des habitants français et les empêcher de nuire aux autres colons, il fallait les disperser dans les diverses colonies du continent et affréter au plus tôt les vaisseaux nécessaire à ce transport". Une agence maritime de Boston est chargée de cette mission.

    Le Colonel Winslow écrit « pour la future histoire » : "nous formons le noble et grand projet de chasser les Français neutres de cette province, si nous pouvons accomplir cette expulsion, ce sera une des plus grandes actions qu'aient jamais accomplies les Anglais en Amérique car, entre autres considérations, la partie du pays qu'ils occupent contient les meilleurs terres qui soient au monde et nous pourrions installer quelques bons fermiers anglais dans leurs habitations."

     

    Le 9 août 1755 à Beaubassin, 400 habitants sont emprisonnées et dépossédés de leurs biens et en octobre 1 100 prisonniers sont jetés pêle-mêle dans 7 transports. Aux mines, 2 743 victimes dont 182 en surnombre furent mis à fond de cale, le 10 septembre. A Cobeguit, 1 100 et enfin le 27 octobre 24 navires emportèrent un peuple de 3 700 âmes tandis que de Port-Royal en partirent de même 1 664.

    On estime à 14 000 le nombre d'Acadiens ainsi déportés...

    A suivre...

    Texte Cyrille Grancamp

    Iconographie et mise en page FloN


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