• Indiens, Métis et Inuit : une conférence de Marc Langlois à Néré

    UN SURVOL DES INDIENS, INUIT ET MÉTIS DU QUÉBEC

    DE L’ÉPOQUE DE LA NOUVELLE-FRANCE À AUJOURD’HUI

    (Une conférence de Marc Langlois à Néré le 16 septembre 2010)

    Marc Langlois, de passage à Néré, a donné cette conférence pour fêter la naissance des Amis de la Maison des Deux France (AMADEF), association créée dans le but de gérer la donation de Monsieur Antoine Cano à la commune de Néré.

    Marc Langlois est passionné par les autochtones du Canada. Né à Lévis (juste en face de la ville de Québec, sur la rive droite du Saint-Laurent), il est lui-même métis, de mère montagnaise. Diplômé de l'Université Laval à Québec en sciences sociales et anthropologie, il est spécialiste et chercheur en généalogie indienne et métis aux Archives Nationales. Il travaille pour le Ministère des Affaires Indiennes et du Nord Canada.

    Symboliquement, il offre à Alexandre Aubanel, maire de Néré et président des AMADEF, deux cadeaux de chef :

    • La ceinture fléché est le symbole vestimentaire de la culture francophone d’Amérique. Le cœur de la ceinture représente le fleuve Saint-Laurent, les motifs d’éclairs les rivières et fjords qui le rejoignent. Placée à la verticale, la ceinture évoque l’épinette noire et ses épines, reine des forêts canadiennes et emblème du paysage québécois. Le tressage, constitué de brins de laine qui s’entrecroisent et se tiennent ensemble, forme un tout cohérent et représente l’idée de solidarité entre les individus. Les différentes couleurs de brin représentent la richesse culturelle de l’immigration qui n’a cessé de nourrir la nation québécoise et de la faire évoluer. Ce tressage rappelle aussi l’expérience collective de vivre ensemble.
       
    • La plume d’aigle, symbole de paix et de bravoure : chez les Indiens, la plume d'aigle n'est pas un ornement gratuit. Chaque plume d'aigle portée par un guerrier symbolise un acte de bravoure. Chez les Amérindiens, l'aigle, et plus particulièrement sa plume, symbolise la vérité et le courage. Lors d'un cercle de guérison, la tenir dans sa main tout en prenant la parole implique que l'on s'engage solennellement à dire la vérité. L'aigle étant l'oiseau qui vole le plus haut, on considère qu'il est celui qui est le plus près du Créateur, devenant ainsi un symbole d'élévation spirituelle. Pour cette raison, on utilise sa plume pour pousser la fumée du tabac, croyant qu'elle aide à faire parvenir les prières au Créateur. En donner une est la plus grande marque honorifique que l'on puisse faire à une personne. Chaque plume d'aigle portée par un guerrier symbolise un acte de bravoure.

    Marc Langlois nous propose un tour d’horizon des différentes populations autochtones, indiennes, métis et inuit du Canada :

    ·  Les Inuit vivent tout autour du pôle et ont des dialectes différents. Leurs origines sont floues.

    ·   Les Indiens, ou Autochtones, sont considérés comme les premiers habitants du continent américain. Leur arrivée remonte à la nuit des temps. Ils sont passés par le détroit de Béring.

    ·    Les Métis créent un lien entre les Français et les Indiens.

    Un peu de d’histoire et de géographie

    Un pays immense :

    Le Canada fait entre 18 et 19 fois la taille de la France ! La carte de la France ne recouvre qu’une infime partie de celle du Canada, qui peut par contre recouvrir la totalité ou presque de la carte de l’Europe, avec une longueur ouest-est de 5 940 km contre 5 500 km du nord au sud.

    • Superficie de la France : 547 030 km²
    • Superficie du Canada : 9 984 670 km²
    • Superficie de l’Europe : 10 500 000 km2

    Par contre, avec 34 millions d’habitants, contre 62,8 millions d’habitants en France métropolitaine, l’espace peu utilisé est une grande richesse naturelle. On peut ainsi rouler pendant plusieurs heures à travers lacs et forêts sans rencontrer âme qui vive ! Enfin peut-être quand même des ours, des castors ou des mouffettes…

    Quelques grandes dates de l’histoire du Canada :

    ·   Les premières présences humaines semblent remonter à 40 000 ans, et la présence amérindienne à 11 000 ans. On trouve des traces de présence viking et basque il y a 10 000 ans.

    ·     Parti de Saint-Malo, le 20 avril, Jacques Cartier débarque dans la baie des chaleurs le 3 juillet 1534. C'est lui qui nomme la région Baie-des-Chaleurs en raison de son climat clément. Le 24 juillet, il atteint la baie de Gaspé et plante une croix attestant de l'occupation des terres par la France. Il poursuit l'exploration du Saint-Laurent.

    ·     Samuel Champlain fonde Québec en 1608. Il souhaite que l'« abitation » qu'il crée à la « pointe de Québec » serve de poste de douane entre l'Europe et la Chine.

     -   La bataille des plaines d'Abraham, ou première bataille de Québec, se déroula le 13 septembre 1759, durant la guerre de Sept Ans, à Québec. Elle opposa les Français défendant la ville assiégée à l’armée britannique attaquante et se solda par la victoire de cette dernière et la mort des deux généraux commandant la bataille, Montcalm et Wolfe. Elle marque le début de la conquête britannique et la fin du régime français en Nouvelle-France.

    Le 1er juillet 1867 est créé le Dominion du Canada par l'union de quatre coloniesde l'Empire britannique : l'Ontario et le Québec, anciennement Province du Canada (ou Canada-Uni), le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Le jour choisi pour l'entrée en vigueur de la nouvelle loi est devenue celle de la fête nationale du Canada.

    La Loi sur les Indiens de 1867 constitue l'une des premières tentatives du gouvernement fédéral en vue de protéger les intérêts des Autochtones. C’est la création des premières réserves, portion de territoire qui leur est accordée, la Loi disant que « Sa Majesté détient des réserves à l’usage et au profit des bandes respectives pour lesquelles elles furent mises de côté ».

    Les Amérindiennes qui épousent des non-Indiens perdent leur statut d'Indien, de même que leurs enfants. A l’inverse, la conjointe blanche est intégrée à la réserve et les enfants bénéficient des droits et privilèges de leur père indien ; toutefois, en cas de veuvage, elle perd ce statut.

    La Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975 constitue un règlement général québécois entre le gouvernement du Québec et les représentants des Cris et des Inuit du Nord-du-Québec sur les revendications territoriales de ces derniers. La Convention du Nord-Est québécois de 1978 a permis aux Naskapis, du village Kawawachikamach, de s’y joindre.

    Les deux conventions prévoient une large autonomie politique et administrative pour les communautés autochtones et leur accordent des droits exclusifs de chasse, de pêche et de piégeage sur des territoires de 170 000 km², ainsi que des compensations financières à court et à moyen termes d’environ 234 millions de dollars. En contrepartie, le gouvernement du Québec obtient le droit de développer les ressources hydrauliques, minérales et forestières du Nord du Québec.

    -   La Loi constitutionnelle de 1982a eu des retombées importantes sur la vie des Autochtones. Pour la première fois dans l'histoire canadienne, leurs droits ont été clairement définis :

    • Les droits ancestraux et les droits issus des traités sont reconnus et affirmés
    • Les Autochtones au Canada sont définis comme étant les Indiens, les Inuit, et les Métis
    • Les droits issus des traités sont définis, y compris les droits établis en vertu des revendications territoriales et les droits qui seront négociés à l'avenir
    • Les droits ancestraux et les droits issus des traités sont garantis également aux hommes et aux femmes
    • Les gouvernements fédéral, provincial et territorial s'engagent à inclure des représentants des Autochtones dans les futurs pourparlers sur la Constitution lorsque les modifications proposées les concerneront directement

    -     La Loi fédérale sur les Cris et les Naskapis du Québec de 1984 remplace, pour tous les Cris et Naskapis du territoire conventionné du Nord-du-Québec, la Loi sur les Indiens. Au lieu d'une réserve indienne traditionnelle, les communautés cries sont localisées sur des Terres réservées de catégorie IA, telle que définie par la Convention de la Baie-James et du Nord québécois de 1975.

    -   Reconnaissance en 1990 du Traité de Longueil de Murray de 1760 sur les Huron. Le 5 septembre 1760, trois jours avant la capitulation de Montréal, le chef des Hurons de Lorette, qui a accompagné dans la région de Montréal l'armée française en retraite de Québec, aborde le général James Murray à Longueuil. Un traité de paix est conclu, en vertu duquel les Hurons passent sous la protection britannique. Le traité leur assure un sauf-conduit qui leur permet de regagner leur village de Lorette, près de Québec, sans qu'on leur fasse subir de mauvais traitements. Les gouvernements provinciaux et fédéral enfreignent les droits des Hurons, et ce jusqu'en mai 1990, lorsque la Cour suprême du Canada confirme la validité du traité.

    -    Le Nunavut est séparé des Territoires du Nord-Ouest le 1er avril 1999. C'est le plus jeune et le plus grand des territoires du Canada. C'est maintenant un territoire distinct.

    Nunavutsignifie notre terre en inuktitut, la langue des Inuit.

    -   Le 7 février 2002, le premier ministre Bernard Landry et le grand chef Ted Moses signent la Paix des braves, une entente dite historique. L'accord permet à la société d'État Hydro-Québec de construire le projet hydroélectrique Eastmain-Rupert près de la baie James.

     

    Les Nations autochtones

    Les autochtones du Québec se divisent en 11 nations amérindiennes et la nation des Inuit du Nunavik (au nord du Labrador) et en 54 communautés.

    Les dix nations amérindiennes appartiennent à deux familles linguistiques (algonquine et iroquoïenne).

    Les Inuit étaient autrefois appelés Eskimos, terme cri qui signifie « qui mange de la viande crue ».

     

    Statistiques des populations autochtones du Québec 2007

    Nations

    Communautés

    Résidents

    Non-résidents

    Total

    ABÉNAQUIS
    Odanak
    306
    1 558
    1 864
     
    Wôlinak
    70
    157
    227
     
     
    376
    1 715
    2 091
    ALGONQUINS
    Hunter's Point
    9
    200
    209
     
    Kebaowek
    274
    533
    807
     
    Kitcisakik
    368
    69
    437
     
    Kitigan Zibi
    1 536
    1 171
    2 707
     
    Lac-Rapide
    530
    120
    650
     
    Lac Simon
    1 318
    302
    1 620
     
    Pikogan
    570
    300
    870
     
    Timiskaming
    593
    1 037
    1 630
     
    Winneway
    377
    338
    715
     
     
    5 575
    4 070
    9 645
    ATTIKAMEKS
    Manawan
    2 029
    300
    2 329
     
    Obedjiwan
    2 034
    400
    2 434
     
    Wemotaci
    1 265
    293
    1 558
     
     
    5 328
    993
    6 321
    CRIS
    Chisasibi
    3 681
    132
    3 813
     
    Eastmain
    620
    36
    656
     
    Mistissini
    3 441
    541
    3 982
     
    Nemiscau
    608
    15
    623
     
    Oujé-Bougoumou
    611
    98
    709
     
    Waskaganish
    2 017
    379
    2 396
     
    Waswanipi
    1 386
    404
    1 790
     
    Wemindji
    1 248
    113
    1 361
     
    Whapmagoostui
    811
    10
    821
     
     
    14 423
    1 728
    16 151
    HURONS-WENDATS
    Wendake
    1 310
    1 696
    3 006
    INNUS-(MONTAGNAIS)
    Betsiamites
    2 795
    775
    3 570
     
    Essipit
    179
    237
    416
     
    La Romaine
    1 004
    52
    1 056
     
    Mashteuiatsh
    2 055
    2 831
    4 886
     
    Matimekosh–Lac-John
    749
    97
    846
     
    Mingan
    517
    20
    537
     
    Natashquan
    874
    58
    932
     
    Pakuashipi
    301
    1
    302
     
    Uashat-Maliotenam
    2 970
    684
    3 654
     
     
    11 444
    4 755
    16 199
    MALÉCITES
    Cacouna et Whitworth
    0
    786
    786
    MICMACS
    Gespeg
    0
    506
    506
     
    Gesgapegiag
    578
    681
    1 259
     
    Listuguj
    1 962
    1 377
    3 339
     
     
    2 540
    2 564
    5 104
    MOHAWKS
    Akwesasne (Québec seulement)
    5 045
    87
    5 132
     
    Kahnawake
    7 446
    2 124
    9 570
     
    Kanesatake
    1 347
    678
    2 025
     
     
    13 838
    2 889
    16 727
    NASKAPIS
    Kawawachikamach
    627
    46
    673
    INDIENS INSCRITS ET
    NON ASSOCIÉS À UNE NATION
     
    1
    83
    84
    TOTAL
    POPULATION AMÉRINDIENNE
     
    55 462
    21 325
    76 787
     

    Nations

    Communautés

    Résidents

    Non-résidents

    Total

    INUIT
    Akulivik
    520
    25
    545
     
    Aupaluk
    164
    1
    165
     
    Chisasibi (partie inuite seulement)
    92
    27
    119
     
    Inukjuak
    1 324
    82
    1 406
     
    Ivujivik
    272
    15
    287
     
    Kangiqsualujjuaq
    717
    21
    738
     
    Kangiqsujuaq
    559
    32
    591
     
    Kangirsuk
    463
    62
    525
     
    Kuujjuaq
    1 617
    153
    1 770
     
    Kuujjuarapik
    475
    76
    551
     
    Puvirnituq
    1 401
    112
    1 513
     
    Quaqtaq
    309
    34
    343
     
    Salluit
    1 176
    74
    1 250
     
    Tasiujaq
    249
    4
    253
     
    Umiujaq
    376
    32
    408
    TOTAL
    POPULATION INUIT
     
    9 714
    750
    10 464
    TOTAL
    POPULATION AUTOCHTONE
    (AMÉRINDIENS ET INUIT)
     
    65 176
    22 075
    87 251

    Sources : Ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, Registre des Indiens, 31 décembre 2007.

    Les Nations amérindiennes

      Les Cris sont dispersés dans la région nord du Québec, entre la baie Saint-James, et la baie d’Hudson, région de Taïga et de forêt boréale. Ils sont d’excellents chasseurs, la région étant peu propice à l’agriculture. Dès 1670, la traite des fourrures a constitué pour eux une activité économique très importante. Dans les années 1970, ils se sont dotés d’une organisation politique structurée, le Grand Conseil des Cris du Québec, dans le contexte des projets hydroélectriques et de développement de la baie James.

    Le terme "cri" est probablement issu d'un nom français d'origine inconnue, "Kristeneaux", leur propre nom est Nehiyawak ou le "peuple exact".

    C’est une nation forte, répartie sur 9 communautés. Ils sont très grands et costauds. Ils mangent de l’orignal. Leur système digestif contient des enzymes particulières qui leurs permettent de digérer leur nourriture.

    Ils confectionnent des mocassins très reconnaissables à leur multitude de petits plis. Ils ont également mis au point un système de leurre, l’oiseau de mélèze, qui attire les bernaches du canada.

       Les Algonquins vivent près de Montréal ou d’Ottawa ou en Ontario. On les a d’abord appelés « Algouméquins » mais ils préfèrent qu’on les nomme « Anishnabes » (les « vrais hommes »). Ils occupaient un vaste territoire situé au nord du fleuve Saint-Laurent allant du lac des Deux-Montagnes aux Grands Lacs avant d’êtres sédentarisés dans des réserves citadines. Ils sont restés très traditionnels et vivent en forêt ; ils confectionnent des vêtements en peau et poil d’orignal, des paniers en écorce de bouleau et des broderies de perles, et les femmes continuent à porter leurs bébés dans le traditionnel tikinagan.

      Les Atikamekw, appelés « têtes de boule » à cause de leurs coiffes rondes vivent dans le sud. Leur nom signifie « poissons blancs » du fait de leur alimentation essentiellement piscivore. Ils ont dû se faire une place entre les territoires des Algonquins, des Cris et des Montagnais. Ils ont été décimés à la fin du XVIIème siècle par une épidémie de petite vérole.

    L'économie actuelle des Atikamekw est basée sur la coupe de bois, qui représente la principale source d'emplois. L'artisanat offre un revenu d'appoint surtout pour les femmes, qui fabriquent des paniers d'écorce de bouleau. Ils sont les inventeurs du sirop d’érable.

    ►  Les Mohawks (« mangeurs d’hommes » dans la langue des Algonquins, leurs ennemis héréditaires) vivent dans la vallée du Saint-Laurent. Une grosse communauté est installée près de Montréal. Ils ont un saint canonisé par l’église catholique (Lily of the Mohawks). Ils appartiennent à la communauté des cinq nations iroquoises. Après avoir été agriculteurs, ils ont développé des petites entreprises de service public. Ils sont sculpteurs ou peintres, et ornent leurs vêtements de perles ou de bijoux en argent. Ils sont très colorés. C’est une nation fière. Ils figurent sur l’emblème de la ville de New-York (Wall Street était, avant d’être le quartier de la bourse, un mur construit pour se protéger contre les Mohawks).

    Ils sont très différents des autres indiens. C’est un peuple de guerriers ; ils sont fiers. Ils tolèrent dans leur communauté une blanche qui épouse l’un des leurs, mais, en cas de veuvage, elle doit vite repartir.

      Les Hurons (nom donné par les français à cause de la coiffure des hommes qui rappelait la hure du sanglier), de leur vrai nom Wendat (« les gens de l’île »), furent les alliés des français contre les Micmacs alliés aux Hollandais puis avec les Anglais. Les Wendats disposaient d’un territoire au Canada et aux États-Unis délimité par la rivière Niagara à l’est, la rivière Sainte-Claire à l’ouest, le lac Érié au sud. Après leur défaite face aux Iroquois en 1649, un groupe d'environ 300 Hurons catholiques s'installe près de Québec, à Wendake.

    Ils ont un petit territoire. Ils ont perdu leur langue. Ils vivent à Wendake et sont commerçants.

      Les Malécites, ou Etchemins, préfèrent qu’on les appelle Wulust'agooga'wiks (« le peuple de la Belle Rivière »). Ils ont été déportés en même temps que les Acadiens. Ils vivent en Gaspésie, à la frontière du Nouveau-Brunswick. Peuple d’agriculteurs pêcheurs et chasseurs, ils furent décimés par la peste. Le Traité de Londres signé en novembre 1794 accorda aux Malécites le droit de voyager librement entre les États-Unis et le Canada. Actuellement, il y a deux réserves malécites au Québec, celle de Viger à Cacouna et celle de Withworth.

      Les Abénakis, tels que les Mohicans, les Micmac, les Sokokis entre autres, font partie de la grande famille appelée Waban Aki (" Peuple de l’Aurore, du côté où le soleil se lève"). Ils vivaient autrefois sur la côte Est américaine dans l’État du Maine qui fait partie de la Nouvelle Angleterre aux USA. Ils sont décrits dans les Journaux Jésuites en tant que "non cannibales" et dociles, ingénieux, pas profanes, et modérés quand il s'agit de la consommation d'alcool. C’est un peuple d’agriculteurs.

    Ils travaillent le frêne noir (foin d’odeur), mais 50% de la population abénakis tient les mêmes emplois que les québécois d’origine européenne.

      Les Micmacs n’ont pas de territoire. Ils vivent à l’embouchure du Saint-Laurent, en Gaspésie. Ils furent les premiers interlocuteurs des européens au XVIème siècle dans la Baie des Chaleurs et participèrent à la bataille de la Restigouche. Ils sont restés très attachés à leur histoire et travaillent dans l’exploitation des ressources naturelles. Ils fabriquent des petites boîtes en écorce de bouleau et piquants de porc épics, des paniers en frêne et foin et confectionnent des vêtements en peaux ornées de perle. Ils avaient inventé un système d’écriture hiéroglyphique. Ils mangent du porc épic, qu’ils considèrent comme une bonne nourriture qui peut être consommée crue sans être toxique.

      Les Innus, également connus sous le nom de Montagnais, sont les plus nombreux. Les Montagnais tiennent leur nom des Européens qui désignaient ainsi ces habitants des petites montagnes de la Côte-Nord, avec lesquels ils entretenaient de nombreux échanges. Mais, entre eux, les Montagnais se sont toujours appelés Innus, ce qui signifie « hommes véritables ». Avant la colonisation, ils occupaient un immense territoire longeant la Côte-Nord et le Saguenay, englobant les terres jusqu'à la hauteur de Schefferville. Ils côtoyaient les Inuit de façon plus ou moins harmonieuse jusqu'à ce que ces derniers se replient au nord, en 1760, et ont établi dès le XVème siècle des contacts avec des baleiniers et des morutiers européens en nouant avec eux des relations autour du commerce des fourrures. On raconte par exemple que les Montagnais et les Français avaient conclu une entente permettant à ces derniers d'occuper certaines terres en échange de farine, afin de prémunir les Montagnais contre les famines chroniques. Ainsi, dans les récits, il est souvent question de l'époque pré-farine. Ils vivent actuellement essentiellement de l’industrie de la pêche au saumon.

    Les Innus vénèrent la vierge Marie depuis quatre siècles. Ils sont reconnaissables à leur chapeau traditionnel (akuanashkuun) et aux couleurs vives de leurs vêtements (pour apporter de la couleur dans leur environnement qui en manque).

    Ils transportaient dans l’atiukpashtewuiash (sac en jarret de caribou) de la poudre de viande séchée qui leur permet de survivre en économie de moyens. Ils n’ont d’ailleurs pas d’heure précise pour manger, pas de règle. Leurs raquettes sont très différentes de celles que l’on voit actuellement.

    Les Naskapis (« le peuple chasseur de caribous ») étaient un peuple nomade. L’agriculture étant impossible à cette latitude, ils se déplaçaient du sud de la Baie d'Ungava jusqu'au Labrador pour chasser le caribou, le phoque, le petit gibier et les oiseaux migrateurs. Aujourd'hui, environ 800 Naskapis habitent à Kawawachikamach, la seule réserve naskapie au Canada. Elle est située à une vingtaine de kilomètres au nord de Schefferville. Récemment, en collaboration avec les Montagnais, les Naskapis ont obtenu le contrat d'entretien et de maintenance de l'aéroport de Schefferville et projettent maintenant d'acquérir le barrage de la compagnie Iron Ore.

    Leur vrai nom est « kawawachikamach », qu’ils préfèrent à « Naskapis », qu’ils considèrent comme péjoratif et qui est devenu synonyme de « mal habillé ». Ils sont restés très traditionnels.

    Les Inuit

       Les Inuit (un Inuk des Inuit…) vivent dans région du Nunavik (« l’endroit où vivre »), au nord du Québec. Ils sont très différents des Indiens. Contrairement aux autres communautés autochtones, ils ne vivent pas dans des réserves. Les Inuit ne sont pas des Indiens. Leurs ancêtres sont arrivés d’Alaska et de Sibérie, en suivant leur gibier (mammifères marins et caribous). Leurs premiers contacts commerciaux avec les européens remontent au  XVème siècle. Après la convention du grand nord canadien, ils ont obtenu une certaine autonomie de gestion de leur territoire.

    Les missionnaires leur ont inventé un alphabet reprenant les 23 phonèmes de leur langue pour pouvoir écrire les prières catholiques. Leur taille (ils sont petits) et leurs phonèmes (langue très gutturale) sont adaptés à leurs conditions climatiques (il faut éviter toute déperdition de chaleur).

    Ils ont un sens de l’orientation unique, comme un 6ème sens (ou un GPS dans la tête !).

    Ils ont un bel imaginaire.

    Les Métis

       Dès les débuts de la traite des fourrures au Canada, quelque 400 hommes devinrent chaque année coureurs des bois. Ils étaient fort mal perçus par le clergé, parce qu'ils vivaient dans le concubinage, voire l'adultère (ils eurent en effet très tôt des enfants avec les femmes amérindiennes). Vivant parmi les autochtones, ils en adoptaient les mœurs. Ils découvrirent des territoires inconnus des blancs, et c’est grâce à eux que le français devint la langue des Métis, tous bilingues ou polyglottes, et demeura la « langue de la fourrure » jusqu'au milieu du XIXe siècle. Les coureurs des bois propagèrent ainsi la langue française dans les forêts de l'Amérique du Nord, en plus de servir parfois d'interprètes auprès des autorités françaises. On peut les considérer comme la clé de voûte permettant aux expéditions d’entrer dans les territoires, les femmes servant de garantie.

    On les appelle « Métis blancs », « Indiens blancs », « Métis », « Sang-mêlé », « Squaw Men », « White Indians », « Bois brûlés », « Free Men », etc. Ils sont très résistants aux grands écarts de température.

    Le jugement Powley de 2003, rendu par la Cour Suprême du Canada concernant l'existence d'une communauté Métis dans la région de Sault-Ste-Marie, a précisé les critères appropriés quant à l'existence même de cette communauté et reconnaît les droits des Métis et des communautés Métis au Canada.

    L'article 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 « reconnaît et confirme » les « droits existants — ancestraux ou issus de traités — des peuples autochtones du Canada. » Ceci inclut les « Indiens, les Inuit et les Métis du Canada ».

    Le gouvernement canadien tente de reconnaître la position particulière des Métis dans le cadre des traités en leur accordant des indemnités pour leur part d'ascendance autochtone sous forme de certificats. Ceux-ci, connus aussi sous le nom de scrip, avaient une valeur monétaire et leur permettaient d'acheter des terres. Malheureusement, les efforts déployés dans l'application de ce programme sont souvent sapés par les activités frauduleuses des revendeurs qui réussissent à s'approprier la majeure partie des ressources destinées aux communautés Métis.

    Les Métis ont toutefois de grandes difficultés à retrouver les noms de leurs ancêtres Indiens, remplacés par la mention « sauvage » dans les actes d’état civil, leurs patronymes étant trop compliqués à comprendre et à retranscrire en langue française.

    Quelques grands métis :

    o   François Lucée

    o   Gabriel Dumont (1837-1906)

    o   Louis Riel (1844-1896)

     

    Cet article a été écrit à partir de la conférence de Marc Langlois à Néré le 16 septembre 2010

    Flonigogne

     
    Ci-dessous quelques photos d'objets apportés par Marc Langlois

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