• Histoire des Braud(s) Acadiens par Michel Braud

    Histoire des BRAUD(S) Acadiens<o:p></o:p>

    Par Michel Braud

    C’est à l’occasion d’un congrès international d’économistes ruraux qui se tenait à Banff, dans les Montagnes Rocheuses de l’Ouest canadien, en 1978, que j’ai appris que le patronyme Braud était très répandu au Québec de la façon suivante.<o:p></o:p>

    Après les formalités  d’inscription d’usage, je déambulais dans le hall du grand centre international qui nous accueillait, arborant mon badge tout neuf, lorsque je suis accosté par un collègue en français et nous avons cet échange :

    • Vous êtes bien M. Braud ? J’ai vu votre nom dans la liste des participants.

    • Oui, en effet ! (un peu surpris)

    • De quelle région du Québec êtes-vous ?<o:p></o:p>

    • Une région que vous ne connaissez sans doute pas. Vous partez de Tadoussac, descendez le St-Laurent, puis traversez cette grande mare que nous appelons l’Océan Atlantique, et, si vous débarquez à La Rochelle, vous allez découvrir une belle région où les Braud(s) sont très nombreux.

    Lors de notre premier séjour en Louisiane, en 1989, avec mon épouse nous nous sommes arrêtés à l’entrée de Lafayette dans un centre d’interprétation, l’équivalent de nos offices de tourisme. Là aussi, j’ai eu un échange tout aussi pittoresque avec mon interlocuteur :

    Comment vous appelez-vous ?<o:p></o:p>

    • Braud !<o:p></o:p>

    • Ah ! Ici, les Braud(s), c’est comme une poche à sucre. Quand on la secoue, il en sort de partout !

    Nous aurons l’occasion de le vérifier très rapidement : le président de l’association CODOFIL, association chargée de la promotion de la langue française en Louisiane,  était un Braud et la mère de la propriétaire du motel où nous avons passé la nuit était aussi une Braud.

    <o:p></o:p>

    En 1999, à l’occasion du beau séjour que nous avons fait avec les Charentais à New Ibéria, nous avons prolongé notre séjour ce qui nous a permis de participer au Congrès Mondial Acadien regroupant les Acadiens par grande famille. Nous avons été immergés parmi environ 450 Braud(s), relativement peu en regard des Hébert(s) qui étaient 2500. A cette occasion, j’ai pu acquérir un annuaire des Braud(s) qui venait d’être édité.

    <o:p></o:p>

    En 2006, lors de notre séjour à St-Sulpice du Québec, la consultation de l’annuaire de la région m’a fait trouver 59 Braud(s), principalement sur les paroisses de Lavaltrie (23) et Repentigny (14) et aucun sur St-Sulpice !

    <o:p></o:p> A l’occasion de la conférence que devait nous donner Gilbert Pilleul sur «les premiers Français au Québec », j’ai pensé intéressant de faire le montage de l’arbre généalogique des Braud(s) Acadiens à partir de l’annuaire récupéré en Louisiane. Il s’est avéré que ce travail, à partir d’un cas particulier, était une parfaite illustration de l’exposé que nous venions d’entendre. Comme cet «arbre » fait 7,2 m de long, il est assez difficile de vous le montrer comme tel, d’où une analyse de ces résultats plus facilement «lisible » que j’ai plaisir à vous présenter, limitée aux quatre premières générations.

    L’ancêtre de cette famille est Vincent Brault dont on sait qu’il a été baptisé le 29 juin 1629 à St-Jean de Sauves, situé au sud de Loudun. Recruté par le Seigneur d’Aulnay, près de La Chaussée et de Martaizé, il arrive au Québec en 1652. Il va épouser Marie Bourg, originaire de la même région (le père est de La Chaussée et la mère de Martaizé). Ils auront 11 enfants : 6 filles et 5 garçons.

    A propos de l’épellation du patronyme.

     Depuis le début et durant le cours de l’histoire, le nom de famille a vu une grande variété d’épellations : Brau, Braud, Brault, Breau, Breaud, Breaux, Bro, Brod, Brough, et Brow. Lors de la première visite de Louisianais de New Ibéria, une «cousine » Braud m’a expliqué que le x terminal de certains Braud(s) étaient le souvenir de l’époque, où les gens ne sachant pas écrire, signaient d’un x, qui est ensuite resté accolé à leur nom.

    Le nom du premier arrivant était donc Brault.  Mais dès la seconde génération, cette épellation est déjà considérablement modifiée puisque l’on trouve : Brot, Brau, et Brot.

    Les prénoms sont également très nombreux : 35. Les plus usuels sont :

    • pour les filles : Marie (101), Marguerite (41) et Anne (19), souvent composés comme Anne Marie

    • pour les garçons : Joseph (46), Jean (40) et Pierre (36), également parfois composé comme Jean Charles.

    • Certains ne manquent pas de pittoresque comme Scholastique ou Agricole. Ou bien on joue les Modeste(s) !

    Les grands moments de la vie familiale des Braud(s).

    Les conditions de vie de ces premiers Français et la rivalité avec les Anglais, beaucoup plus nombreux, ont eu des conséquences sur leurs grands moments de vie.

    Pour contrer la pression anglaise, une politique de peuplement a été conduite, en particulier par l’Intendant Talon : célibat combattu, mariage obligé pour les filles avant 16 ans et pour les garçons avant 20 ans, avoir le maximum d’enfants par famille. Les jeunes gens étaient incités à se marier tôt par des mesures comme le «présent du roi » (20 livres). Qu’en a-t-il était ? Le tableau suivant montre le nombre d’enfants par famille selon les générations :

     <o:p></o:p>

    Nombres d’enfants<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    Gén.<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

    8<o:p></o:p>

    9<o:p></o:p>

    10<o:p></o:p>

    11<o:p></o:p>

    12<o:p></o:p>

    13<o:p></o:p>

    14<o:p></o:p>

    15<o:p></o:p>

    16<o:p></o:p>

    17<o:p></o:p>

    18<o:p></o:p>

    19<o:p></o:p>

    20<o:p></o:p>

    Tot.<o:p></o:p>

    Méd<o:p></o:p>

     

    1ère<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

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     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    11<o:p></o:p>

     

    2ème<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

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     <o:p></o:p>

    45<o:p></o:p>

    11<o:p></o:p>

     

    3ème<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    144<o:p></o:p>

    8<o:p></o:p>

     

    4ème<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    327<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

     

    5ème<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

    14<o:p></o:p>

    12<o:p></o:p>

    10<o:p></o:p>

    5<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    8<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    671<o:p></o:p>

    8<o:p></o:p>

     

    6ème<o:p></o:p>

    16<o:p></o:p>

    12<o:p></o:p>

    18<o:p></o:p>

    22<o:p></o:p>

    18<o:p></o:p>

    17<o:p></o:p>

    25<o:p></o:p>

    23<o:p></o:p>

    15<o:p></o:p>

    13<o:p></o:p>

    16<o:p></o:p>

    11<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    4<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    2<o:p></o:p>

    1548<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

     

    7ème<o:p></o:p>

    49<o:p></o:p>

    29<o:p></o:p>

    43<o:p></o:p>

    32<o:p></o:p>

    29<o:p></o:p>

    27<o:p></o:p>

    36<o:p></o:p>

    34<o:p></o:p>

    31<o:p></o:p>

    32<o:p></o:p>

    31<o:p></o:p>

    16<o:p></o:p>

    15<o:p></o:p>

    11<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    3<o:p></o:p>

     3<o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

    1<o:p></o:p>

    2691<o:p></o:p>

    7<o:p></o:p>

     

                                                       

    On peut être assez stupéfait de voir que 166 familles ont eu plus de 10 enfants, dont trois 20 ! A titre d’exemple, voici le cas d’un couple avec 20 enfants (7ème génération) : Damase Breault, né en 1837, marié à Julie Roireau-Laliberté en 1846 (elle a 17 ans). Elle a son premier enfant à 18 ans et le dernier à 45 ans ! Gilbert Pilleul, dans sa conférence, nous a rappelé que le nombre de Français partis pour le Québec a été de 30 000, dont 14 000 s’y sont fixés définitivement. Aujourd’hui, la population du Québec est d’environ 7,5 millions, soit un coefficient de multiplication supérieur à 500. On est en droit de parler d’explosion démographique. Le cas particulier des Braud(s) le confirme : la 7ème génération, après Vincent Brault, a donc comporté près de 2 700 individus ! C’est ce qu’on a appelé «la revanche des berceaux ».

    L’âge imposé du mariage était-il respecté ? Pas tout à fait comme le montre ce tableau :

    Tranches d’âge (ans) :<o:p></o:p>

    < 15<o:p></o:p>

    15-18<o:p></o:p>

    19-20<o:p></o:p>

    21-22<o:p></o:p>

    23-25<o:p></o:p>

    26-30<o:p></o:p>

    31-40<o:p></o:p>

    41-50<o:p></o:p>

    >51<o:p></o:p>

    Nombre de mariages :<o:p></o:p>

    6<o:p></o:p>

    44<o:p></o:p>

    54<o:p></o:p>

    69<o:p></o:p>

    75<o:p></o:p>

    66<o:p></o:p>

    56<o:p></o:p>

    22<o:p></o:p>

    13<o:p></o:p>

    Les âges de mariages parfois importants s’expliquent par le fait qu’il s’agit d’un 2ème, voir d’un 3ème mariage.

    Surtout pour les premières générations, la mort est une compagne familière liée aux accouchements, à la grippe, à la petite vérole, au typhus à la rougeole ou bien le choléra. On note certaines tragédies familiales comme ce décès en mer d’une femme et de cinq enfants, en 1758. D’autres vont mourir quelques jours après leur débarquement à St-Malo. Cela donne une idée de ce que pouvaient être ces traversées de l’Atlantique à cette époque, car on ne disposait pas du confort et de la technologie des bateaux actuels.

    Comme pour les mariages, le tableau suivant donne l’âge des décès :

    Tranches d’âge (ans) :<o:p></o:p>

    > 1<o:p></o:p>

    1-9<o:p></o:p>

    10-19<o:p></o:p>

    20-29<o:p></o:p>

    30-39<o:p></o:p>

    40-49<o:p></o:p>

    50-59<o:p></o:p>

    60-69<o:p></o:p>

    70-79<o:p></o:p>

    >80<o:p></o:p>

    Nombre de décès :<o:p></o:p>

    17<o:p></o:p>

    50<o:p></o:p>

    10<o:p></o:p>

    25<o:p></o:p>

    36<o:p></o:p>

    32<o:p></o:p>

    32<o:p></o:p>

    31<o:p></o:p>

    22<o:p></o:p>

    10<o:p></o:p>

    On note le nombre relativement important de décès d’enfants en bas âge, parfois quelques jours après la naissance. A contrario, l’ancêtre Vincent Brault, est mort à 101 ans !

    Le «Grand Dérangement » et les Braud(s).<o:p></o:p>

    Le gouverneur anglais Charles Lawrence décide, le 28 juillet 1755, de déporter la population acadienne qui a refusé de porter allégeance à la Couronne britannique. La population des Braud(s) va vivre cette terrible épreuve avec pratiquement tous les cas de figures :

    Déportation dans différents états des Etats-Unis :<o:p></o:p>

    En Caroline du Sud :<o:p></o:p>

    • Jean Baptiste Bro (né à Port Royal en 1707) et ses 6 enfants. Ils rejoindront Haïti ;

    Au Connecticut :<o:p></o:p>

    • Pierre Brault (né à Port Royal en 1712) et Antoine Breau (né à Port Royal en 1717) qui s’installera à Chambly (Québec).

    Au Maryland :<o:p></o:p>

    • Pierre Braud (né à Pisiguit en 1707) et son épouse Marguerite Gautreau,  Charles Brault (né à Pisiguit en 1708) et son épouse Claire Trahan et Alexis Braud (né à Pisiguit en 1730) et son épouse Anna Trahan. Ils rejoindront La Nouvelle Orléans le 4/02/1768, sur le vaisseau Guinea. Charles et Alexis et leurs épouses iront s’installer à Natchez ;

    • Jean-Baptiste Brot (né à Pisiguit en 1699) et son épouse Elizabeth Henry, Amand Braux (né à Pisiguit en 1721) et son épouse Marie Josephe Landry, Jean Baptiste Brot (né à Pisiguit en 1726) et son épouse Marie Rose Landry et Pierre Valentin Braux ((né à Pisiguit) et son épouse Marguerite Leblanc. Ils rejoindront la Louisiane entre 1767 et 1768 ;

    Au Massachusetts :<o:p></o:p>

    • Pierre Brau (né à Port Royal en 1670) et son épouse Anne Leblanc, René Brau (né à Port Royal en 1683) et Simon Breau (né à Port Royal en 1721) ;

    • Jean Charles Protais Breault (né à Port Royal en 1728) et son épouse Marie Osiste Célestin. Ils rejoindront Trois Rivières en 1767 ;

    • Joseph Brau (né à Rivières aux Canards en 1706) et son épouse Isabelle Thibodeaux et Jean Pierre Brau (né à Rivières aux Canards en 1714) et son épouse Marie Dupuis. Ils reviendront à l’Assomption (Québec) en 1767 ;

    • Paul Breau (né à Rivières aux Canards en 1717) et son épouse Marie Josephe Landry. Ils reviendront à St-Jacques de l’Achigan le 18/08/1766 ;

    • Aman Bro (né à Rivières aux Canards en 1721) et son épouse Madeleine Leblanc. Ils reviendront à St-Ours (Richelieu) en 1766 ;

    • Alexis Breau (né à Rivières aux Canards en 1721) et son épouse Marguerite Barillot. Ils reviendront au Québec en 1767.

    En Pennsylvanie :<o:p></o:p>

    • Pierre Brau (né à Port Royal en 1697) et son épouse Anne Dupuis ;

    • Simon Bro (né à Cobequid en 1728) et son épouse Marguerite Lavache sont déportés à Philadelphie.

    En Virginie :

    • Séraphin Brault (né à Rivières aux Canards en 1715) et son épouse Brigitte Martin. Mais ils sont refusés par les habitants de cet état et expulsés vers l’Angleterre, à Bristol où ils se marieront ;
    • Joseph à François Braud (né à Grand Pré en 1725) et son épouse Marie Madeleine Vincent. Celle-ci, devenue veuve, débarque à St-Malo le 23/05/1763, à bord de La Dorothée. Remariée à Pierre Dugast, ils s’installent à St-Suliac et vont suivre l’itinéraire d’un certain nombre d’Acadiens : Chatellerault puis Nantes.


    Déportation en France :<o:p></o:p>

    • Félix Bros (né à Pisiguit en 1739) et son épouse Perrine Thomas arrivent à St-Malo le 23/01/1759. Félix, embarqué sur le Duc de Choiseul, est fait prisonnier par les Anglais. Il est relâché après le Traité de Paris (10/02/1763) et retourne à St-Malo le 1/05/1763 pour s’installer à St-Servan. Avec sa famille, il s’installe sur la Ligne Acadienne pour ensuite regagner Nantes en novembre 1775.

    <o:p></o:p>

     <o:p></o:p>

               D’autres familles vont vivre des situations différentes. Certaines vont rester dans des situations plus ou moins privilégiées :

    • Chérubin Breaux (né à Rivières aux Canards en 1711) et Joseph Brault né à Cobequid en 1712 et son épouse Ursule Bourg sont prisonniers des Anglais à l’Ile St-Jean. En 1758,  au cours de son retour en France, Chérubin et ses 5 enfants vont mourir. Son épouse débarque à St-Malo le 25/01/1759 et va s’installer à Pleurtuit (Ile et Vilaine). Joseph et sa famille sont déportés en France  où ils arrivent à St-Malo le 1/11/1758 à bord du Duc Guillaume. Ils s’installent à St-Servan, puis Plouer, Châtellerault et finalement Nantes qu’ils quittent le 10/05/1785 à bord du Bon Papa pour arriver en Louisiane le 29/07/1785. Notez la durée de la traversée ;

    • Sylvain Brault (né à Rivières aux Canards en 1713) et son épouse Isabelle Darois s’installe dans la péninsule de Gaspé avant de partir pour Saint-Domingue et enfin la Louisiane où ils arrivent en 1765 ;

    • Amand Braud (né à Cobequid en 1728) et son épouse Marie Josephe Guédry sont prisonniers sur l’Ile Royale, puis déportés en France où ils arrivent le 23/01/1759. Amand et ses 5 enfants vont décéder pendant le voyage.

    Beaucoup d’enfants vont suivre le sort de leurs parents. Ainsi :

    Déportation dans différents états des Etats-Unis : <o:p></o:p>

    En Caroline du Sud :

    • Amand Brau (né à Port Royal en 1733) ;

     Au Maryland :

    • Joseph Paul Braud (né à Pisiguit en 1745) est déporté à Portabaco puis rejoindra la Louisiane en 1769 pour s’installer à l’Ascension.

    Au Massachusetts :

    • Joseph Bro (né à Petitcoudiac en 1739) revient à l’Assomption (Québec) en 1769 ;

    • Amand Brault (né à Rivière aux Canards en 1740) et Joseph Brault (né à Rivière aux Canards en 1747) reviennent à la Prairie (Québec) en 1767 ;

    • Jean Anselme Brault (né à Rivière aux Canards en 1742) revient à Chambly (Québec) ;

    • Pierre Braud (né à Grand Pré en 1738) va s’installer à St-James (Louisiane) ;

    • Joseph Brost (né à Grand Pré en 1743) revient à St-Jacques de l’Achigan (Québec) le 18/08/1766 ;

    • Jean baptiste Brault (né à Grand Pré en 1748) et Joseph Richard Brault (né à Grand Pré en 1750) reviennent à St-Ours (Québec) ;

    • Pierre Firmin Breaux (né à Rivière aux Canards en 1749) est déporté à Boston puis va s’installer à Bayou Tortue où il arrive le 25/04/1766 ;

    • François Breau (né à Port Royal en 1750). Il partira à Freetown (Antilles Britanniques)

    Déportation en France :<o:p></o:p>

    • Joseph Braud (né à Bristol le 28/02/1761) arrive à St-Malo le 23/05/1763 à bord de La Dorothée. Après des séjours à St-Suliac, la Ligne Acadienne et Chantenay, il rejoint la Louisiane le 19/08/1785 sur Le Beaunom pour s’installer à Baton Rouge ;

    D’autres vont vivre une situation toute différente. Ainsi, quatre familles vont se réfugier prés de la rivière Miramichi pour éviter la déportation :

    • Joseph Brau (né à Port Royal en 1727), pour, ensuite, aller à Richibouctou, Fort Edward (Nouvelle Ecosse), de 1768 à 1770 et, finalement, à Memrancook de 1770 à 1811, au Nouveau Brunswick ;

    • Athanase Brau (né à Chipoudy en 1733). Il rejoint la Nouvelle Orléans en 1765

    • Anselme Bro (né à Chipoudy en 1736) et Jean Victor Brau (né à Chipoudy en 1750) iront s’installer à Néguac, Nouveau Brunswick ;

    • Jean Baptiste Brau (né à Chipoudy en 1746) rejoindra la France.

             Cette énumération, peut-être un peu fastidieuse, a pour but de montrer que la quasi-totalité des Braud(s) a souffert du Grand Dérangement dans pratiquement tous les cas de figure :

    • déportation dans différents états des Etats-Unis, pas encore indépendants ;

    • déportation en France et en Angleterre (Bristol) avec des événements heureux (mariages) ou tristes (décès) ;

    • au passage, expérience de la Ligne Acadienne, sans grand succès ;

    • fuite en avant, à l’intérieur du Québec,

    • prisonniers des Anglais dans différentes situations.

     Ces différentes situations vont être déterminantes pour la suite de l’histoire des Braud(s).

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                Les Braud(s), colonisateurs et développeurs !<o:p></o:p>

                   Les moyens de communication et d’information, à cette époque, n’étaient pas ce qu’ils sont devenus. Mais le bouche à oreille a néanmoins fonctionné et les informations en provenance de la Louisiane ont présenté ce pays un peu comme l’eldorado, devenu une sorte de miroir aux alouettes, avec un climat plus favorable que celui du Québec. Si bien que, de diverses façons, à des dates différentes, nombre de familles Braud se sont retrouvées sur les bords des bayous de la Louisiane pour recommencer une autre vie.

                A partir de l’étude menée seulement pour les quatre premières générations, une première représentation en est donnée par les déplacements des lieux  des événements importants de la vie d’un individu. Ainsi, 70 Braud(s) nés au Québec se sont mariés en Louisiane et 58 y sont déclarés décédés. Quelques autres (2) nés en France se sont aussi mariés en Louisiane. 16 nés au Québec se sont mariés en France. Tous ces derniers sont déclarés morts en Louisiane.

               L’étude des mouvements de la 7ème génération, plus récente (ce sont les arrière-grands-parents de la génération actuelle) est plus intéressante. Elle est présentée en 5 parties. Mais étudier une population de  près de 2 700 individus est un gros travail. Dans un premier temps, je me suis limité à la 1ere  partie (929 individus). Et, oh ! surprise : tous sont nés, se sont mariés ou sont décédés en Louisiane, avec quelques lieux plus importants que d’autres : 

    -         Lockport (ouest de La Nouvelle Orléans) : 60 naissances, 54 mariages et 27 décès ;

    -         Gonzalès (au sud-est de Baton-Rouge) : 54 naissances, 20 mariages et 16 décès ;

    -         Plattenville (au sud de Baton-Rouge) : 41 naissances, 7 mariages et 7 décès

    -         New Iberia (jumelée avec St-Jean d’Angély) : 18 naissances, 8 mariages et 1 décès.

             A la vue des ces résultats, question : où sont passés les Braud(s) du Québec. Pour le savoir, j’ai étudié la 2ème partie (836 individus). Le résultat est tout différent et la dispersion est beaucoup plus importante. Beaucoup sont encore au Québec, mais un certain nombre sont localisés dans différents états des Etats-Unis, plus ou moins limitrophes du Canada et, bien sur, en Louisiane. Voici les principaux lieux :

    -         Coleman (Wisconsin) :56 naissances, 7 mariages et 5 décès ;

    -         Donaldsonville (au sud de Baton-Rouge) : 45 naissances, 22 mariages et 23 décès

    -         Au total, pour les U.S.A. : 169 naissances, 59 mariages et 52 décès.

    -         Au Québec, St-Alexandre (Iberville), St-Liguori et Ste-Rosalie sont les lieux les plus cités.

              Donc,  les Braud(s), en raison principalement du Grand Dérangement subi par leurs parents, ont véritablement joué un rôle de colonisateurs et de développeurs, non seulement au Québec mais aussi aux Etats-Unis et, bien sûr, principalement en Louisiane.

              En conclusion,

          comme je l’ai brièvement présenté lors de notre soirée du 22 août dernier, l’histoire des Braud(s) Acadiens est un bon reflet du vécu de nos «cousins » de Louisiane et du Québec. Mais loin de moi la pensée de présenter ce récit comme un fait unique. Nombreuses sont les familles, comme les Blanchet(s), les Fortin(s), les Guilbault(s), tous aussi nombreux dans l’annuaire consulté à St-Sulpice qui pourraient écrire la même histoire, sous réserve d’avoir l’information. Au passage, je rends hommage à Clarence Breaux et à Robert Brault qui ont fait un énorme travail de compilation pour arriver à publier cet annuaire, source principale de mes informations. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Clarence en 1999, lors du Congrès acadien, homme infiniment sympathique. Parfaitement bilingue, il a été interprète dans l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, puis a continué la même activité dans différentes ambassades américaines.

            Mais quid des Braud(s) en Charente-Maritime ? Un rapide comptage dans l’annuaire téléphonique m’en a fait trouver 288, avec deux dominantes assez évidentes : Rochefort (18) et La Rochelle (21). Les épellations sont aussi variées : les deux plus fréquentes sont Braud (172) et Brault (57), mais on trouve aussi des Brau, Braut, Braux, Breau, Breaud et Bro.

          Cette grande dispersion des Braud(s) fera que j’aurai l’occasion d’en rencontrer quelques-uns uns lors de mes tours de planète. Ainsi, en transit à Libreville, entre deux avions, j’ai failli payer la note d’hôtel d’un autre Michel Braud qui venait de passer plusieurs jours au Gabon. A Niamey, au moment d’embarquer, l’hôtesse d’accueil s’est exclamée : moi aussi, je m’appelle Braud ! La largeur du comptoir m’a empêché de lui faire la bise. Dommage, car, comme toutes les hôtesses des compagnies aériennes, elle était jolie !


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