• La francophonie du nord au sud

    Inauguration du festival dans la galerie Le Terme
    Les photos de Benjamin Caillaud dans la galerie Le Terme
    Benjamin Caillaud
    Un aperçu du Tintamare de Caraquet Benjamin Caillaud, le photographe
    Une artiste de l'île d'Orléans et le maire de Marennes dans la galerie Le Terme
    Inauguration du festival dans la galerie Le Terme

    Une artiste peintre venue de l'île d'Orléans, avec quelques autres artistes, et Mickaël Vallet, le maire de Marennes

    Christian Rouvreau (Pays Rochelais Québec), Pierre Janin (défenseur du plurilinguisme), Fred Leblanc (conteur)

    Le Nord, c'est le Canada avec le Québec, l'Acadie et les Amérindiens. Le Sud, c'est... l'Afrique.

    Vernissage de l'exposition photos de Benjamin Caillaud "Caraquet, d'est en ouest" dans la galerie municipale, rue Le Terme.

    Présentation, également, de l'installation, dans les rues et le jardin public de Marennes, des voiles triangulaires venues de l'île d'Orléans, peintes par un collectif d'artistes BLEU.

    L'art orléanais transposé sur des voiles

    Automne sur l'île d'Orléans
    Claud Michaud

    Au Centre d'animation et de loisirs, Claud Michaud, très à l'aise dans ce répertoire-là, a chanté des chansons de Félix Leclerc "Un Homme qui chante", et qui était chez lui dans cette île d'Orléans qu'on essaie de faire connaître à Marennes et... dans l'île d'Oléron.

    La conférence-débat sur la francophonie : "La langue française, instrument d'influence des collectivités, des acteurs locaux et des peuples."

    Hamidou Anne, Pierre Janin, Florence Gendrier
    La grande salle de la Maison des Initiatives et des Services
    Hamidou Anne, Pierre Janin, Florence Gendrier

    Des informations de base ont été données. Chacun des trois intervenants a fait part de ses expériences. Des échanges se sont instaurés entre ces trois-là d'une part, et le public d'autre part. Un patchwork. Vaste sujet que l'on pourrait diviser en plusieurs chapitres tout en s'interrogeant sur la notion "d'influence".

    (Un rappel : la différence entre la francophonie — le fait de parler le français — et la Francophonie — alliances politiques entre pays qui parlent français.)

    Fred Leblanc était "Sur les traces de Carcajou"

    Le carcajou
    Fred Leblanc

    Ce Carcajou-là est un carcajou surnaturel. On est juste en-dessous du cercle Arctique. Il y a des forêts, de la neige, et le silence de la neige. Les histoires datent du temps où les animaux étaient semblables aux humains.

    "Meshu-Kuekuatsheu, le Carcajou, le joueur de tours va devoir user de ses ruses et de son charme pour aider un enfant abandonné à retrouver les oiseaux de l’été perpétuel."

    C'est un carcajou étonnament sympathique !

    L'incontournable MOMMY de Xavier Dolan

    Ça brasse ! C'est fort, ce n'est pas racoleur. Il a fallu concevoir et sentir un sujet qui est tout dans la relation passionnelle d'êtres en déséquilibre : une mère, un fils, une voisine. A vingt-cinq ans Xavier Dolan a une sacrée maîtrise de l'image, du choix du son et du montage ; et il a choisi trois acteurs/actrices à la hauteur. Le prix spécial du jury à Cannes était justifié, comme l'aurait été la palme d'or.

    AlCaribou

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    Dans le cadre de la semaine de la langue française et de la francophonie, Laura Bethencourt, Camille Mathés et Luce Mignot, qui  préparent une licence professionnelle "Patrimoines, langues et tourismes" à La Rochelle, avaient organisé un "événement à vocation culturelle" gratuit et ouvert à tous.

    Le but était de "faire découvrir la diversité culturelle francophone sous ses différentes facettes, par des stands, animations musicales, initiation de danse, expositions et dégustations…"

    • Date Dimanche 16 mars : 14h à 19h

    • Lieu : Ecole Dor - rue Saint Jean du Pérot à La Rochelle

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    Un aperçu du programme :

    Animation parlée avec Christine Kunz de Slamalamer.

    Ici le slam était tout simplement, et agréablement, de la poésie à haute voix...

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    Animation musicale avec le groupe "Les Têtes en l'Air" : Joëlle Bonnevin et Romain Deruette.
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    Le but a été atteint.

    La publicité avait été bien faite : la cour de l'ancienne école Dor (à côté de La Coursive) a vu passer beaucoup de monde en ce dimanche après-midi.

    Allez sur le site du projet :

    Bout de la langue

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    L'association Pays Rochelais-Québec était là pour représenter la francophonie d'outre-atlantique.

    Il n'y avait pas de stand belge ou suisse pour évoquer la francophonie européenne.

    En revanche l'Afrique était très présente avec le Mali, la Côte d'Ivoire, le Bénin, la Guinée, le Congo...

    AlC

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  • "Viens voir !" Quand on est au centre de Marennes, on voit la banderole. Quand on est sur la route qui file vers l'île d'Oléron, on ne voit rien... Voyons voir s'il ne faudrait pas mettre une banderole et des panneaux le long de cette route-là !

    Viens voir l'Acadie à Marennes
    Mickaël Vallet, Daniel Thériault, Donat Lacroix, Emé Lacroix, Arnaud Develde

    Pour cette quatrième édition des journées consacrées à la francophonie, Demoiselle FM représentée par Arnaud Develde était là pour une entrevue avec Donat et Émé Lacroix. Il s'agissait de parler de l'Acadie, région géographique de l'est du Canada, avec drapeau mais sans statut administratif propre. (L'Acadie englobe essentiellement presque toute la Nouvelle Ecosse et l'île du Prince Edouard, une grande partie du Nouveau Brunswick, et une portion de Terre Neuve-Labrador.) Donat rappelle le peuplement français de cette région et puis la déportation de la population de 1755 à 1763 à cause des Anglais : le Grand Dérangement

    Emé Lacroix et Arnaud Develde
    Mickaël Vallet et Daniel Thériault
    Donat et Emé Lacroix

    Daniel Thériault, directeur général du festival acadien de Caraquet (la 51ème édition du 1er au 15 juillet dernier) complète les renseignements sur les Acadiens et parle du festival.

    Donat Lacroix raconte sa vie et la résume en disant qu'il est d'abord un pêcheur et qu'autrement il est "un gars qui chante". (Il est natif de Caraquet et a choisi d'y vivre en pratiquant la pêche, comme son père.)

    Concert de Donat et Émé Lacroix

    Le piano
    Le drapeau acadien

    Préparation du concert et présentation par Mickaël Vallet, le maire de Marennes, et Daniel Thériault, le directeur général du festival acadien de Caraquet.

    Mickaël Vallet
    Daniel Thériault
    Emé Lacroix et Donat Lacroix
    Emé Lacroix et Donat Lacroix
    Emé Lacroix et Donat Lacroix
    Les musiciens

    Chansons et anecdotes : Donat faisait la première partie avant le film "Les Invasions Barbares". Sauf que... c'était un véritable concert, avant un véritable film. Autrement dit une double soirée !

    Donat et Emé sont bien différents. Si lui était un pêcheur-chanteur, Émé était professeur de français, professeur de chant et chanteuse classique.

    Le duo fonctionne bien et met une bonne ambiance dans le salle qui est bien remplie.

    Exposition de Nicole Haché

    Les oeuvres de Nicole Haché
    Les oeuvres de Nicole Haché

    Tout comme Donat Lacroix, Nicole Haché est originaire de Lamèque, une île proche de Caraquet. Elle expose à la galerie municipale.

    Simplicité des oeuvres dans une galerie dégagée de toute foule quand nous y étions !

    (Mais nous avons retrouvé l'artiste dans l'atelier linguistique au milieu de nombreux participants !)

    Les oeuvres de Nicole Haché

    Chœur Marine

    Le Choeur Marine
    Le Choeur Marine
    Le Choeur Marine

    "Chœur Marine" a animé les restaurants du centre-ville le samedi à l'heure du repas. (Ici à la brasserie de la Paix, place Victor Hugo.)

    Ils étaient à Caraquet en août dernier pour le Tintamare, la fête acadienne qui culmine au 15 août.

    Mais on les voit aussi aux festivités qui célèbrent les différentes étapes de la construction de la nouvelle Hermione à Rochefort !

    Donner sa langue au chat...

    L'atelier linguistique animé par Malangocha
    L'atelier linguistique animé par Malangocha
    L'atelier linguistique animé par Malangocha

    "Malangocha" ! Cette année l'atelier linguistique est animé conjointement par Maria Grazzini et Véronique Bagarry. Beaucoup de participants, inscrits ou non à l'atelier. il y avait de la lumière : ils sont entrés !

    Le jeu consiste à trouver l'équivalent d'une expression idiomatique dans une autre langue. Les langues concernées sont le français, l'anglais, l'allemand, l'italien, l'acadien.

    Quelques similitudes mais beaucoup de surprises. Il peut-être très difficile de trouver l'origine d'une expression. Toujours passionnant pour les amoureux des langues !

    Exemple : "To be as poor as a church mouse" (Etre aussi pauvre qu'une souris d'église.) Un équivalent pourrait être : "Il est si pauvre que les rats vont manger chez le voisin !" Et puis : "Il est si maigre qu'on voit les péchés sur sa conscience."

    La francophonie, instrument de la diversité culturelle ?

    La francophonie, instrument de diversité culturelle ?
    Jean-Marie Klinkenberg, Pierre Janin, Mickaël Vallet
    Jean-Marie Klinkenberg et Pierre Janin

    Dans la salle du cinéma l'Estran, relativement bien garnie, Pierre Janin sera l'interlocuteur de Jean-Marie Klinkenberg, président du Comité supérieur de la langue française en Belgique.

    Les enjeux de la francophonie en tant qu'identité culturelle. Unité artificielle ou unité réelle sous plusieurs aspects ?

    1. Introduction

    - qu'est-ce que la francophonie ? une langue en partage ? Des valeurs ?

    - un regard scientifique, un regard citoyen ?

    2. La construction de la francophonie :

    - une histoire en trois phases
    - une rhétorique complexe
    - le français et la globalisation
    - la diversité culturelle comme mission

    3. La question de la diversité et la francophonie.

    - labo européen : la diversité, c'est la doctrine officielle

    - mais la langue originelle de la rédaction des documents européens, c'est l'anglais !

    - la traduction pose d'énormes problèmes de retard

    Jean-Marie Klinkenberg

    4. Une vision réaliste de la diversité culturelle.

    - Babel peut ne pas être une malédiction.
    - dans le monde il y a deux langues : la mienne et l'anglais !

    • Diversité et économie : la diversité comme levier ; protection de la diversité culturelle à partir de l'exception culturelle, qui a commencé avec l'UNESCO
       
    • Francophonie et diversité : une conjecture et non une essence...
    Pierre Janin
    Jean-Marie Klinkenberg

    5. La francophonie : quatre mutations nécessaires.

    - une centralité repensée
    - une image nouvelle
    - une langue pour l'usager
    - un pacte de langue ?

    6. Et demain ? Le français pour le bonheur du citoyen ou pour autre chose ?

    A l'issue de la conférence, un extrait du spectacle "Bâton Rouge" de la troupe marennaise "la Ritournelle" nous ramène dans des sensations visuelles et furieusement auditives...

    Le conte de la Chasse-Galerie

    La compagnie du Beau Sauvage : Valérie Loomer et Polo Burguière
    La soirée de Noël dans le conte de la Chasse-Gallerie
    Alain Aymé, le conteur de la compagnie du Beau Sauvage

    La compagnie du Beau Sauvage a donné une belle version de ce conte qui vient de l'ouest de la France et qui a été adapté au Québec à l'aune de récits traditionnels amérindiens.

    Le thème : des bûcheux partis bûcher en forêt aimeraient revenir chez eux pour la soirée de Noël, mais ils sont très loin dans le froid et la neige. L'idée est de courir la Chasse-Galerie, c'est-à-dire de faire un pacte avec le diable...

    Alain Aymé : le conteur et les marionnettes d'ombre
    Valérie Loomer et Polo Burguière : musique et marionnettes d'ombre

    Le canot du conte de la Chasse-Gallerie
    Le canot du conte de la Chasse-Gallerie
     

    Nous n'avons pas tout vu ou entendu dans ces journées francophones :

    • la musique des Vishtèn et celle des Dièses
    • le chanteur Fredric Gary Comeau
    • les préparations culinaires et musicales de Sarah Savoy sur le marché

    Dans les films que nous avons vus ici ou précédemment on retiendra :

    • Les Invasions Barbares de Denys Arcand
    • Les Amours imaginaires de Xavier Dolan
    • le documentaire sur les Acadiens du Québec

    Alors, l'année prochaine, quel pays ?... la Suisse ?
    (Hum... le pendule semble pointer ailleurs... mais on peut soutenir l'idée !)

    AlCaribou


  • Jean-Marie Klinkenberg

    « Faire contrepoids »

    Dans le cadre du festival Cultures francophones, un débat traitera cet après-midi [samedi 9] de l’avenir de la francophonie.

    « Sud Ouest » : Qu’entend-on par francophonie ?

    Jean-Marie Klinkenberg : Il y a plusieurs sens car « le français en partage, ça ne veut pas dire grand-chose ». Dans un premier sens, c’est une langue parlée par des personnes qui ont été en contact avec le français parce qu’ils ont été colonisés (pays d’Afrique) ou alors le français est chez lui depuis longtemps (France, Belgique, Suisse, Québec). Le second sens du mot : c’est une organisation internationale qui rassemble des pays sans coïncider tout à fait avec l’usage de la langue. [...]

    Cliquez dans le titre pour lire l'article de David Briand


  • Marennes et la francophonie

    L'Acadie pour le premier festival, la Belgique pour le deuxième, ... "les accents francophones" pour le troisième. Nous l'avions annoncé éclectique, ce festival. En effet,  l'invité n'est pas une pays (la Belgique) ou une région (l'Acadie) mais un porteur d'accents. Est-ce en vue de s'orienter sur une nouvelle voie qui ne mettrait pas en avant un pays en particulier ? (En Europe il y a encore la Suisse et sa diversité de langues et de cultures qui mériterait son festival francophone.) La nouvelle voie semblerait aussi s'orienter vers des événements plus généralistes qu'universitaires : moins de conférences mais plus de spectacles et d'animations dans des lieux variés fréquentés par les Marennais ? A débattre sans doute. Il faudra préciser le concept et lancer la communication bien en amont du prochain festival.

    Quelques pages du festival :

    Alexandre Poulin, chanteur québécois

    Un concert avec Alexandre Poulin, jeune auteur-compositeur québécois, qui s'est fait connaître au Canada, en France et en Suisse.

    On l'écoute volontiers raconter ses histoires. Ses chansons sont la suite de ces histoires-là, avec des notes. (Pas besoin de les faire si fortes, les notes !)

    Il a le vent en poupe. Il fend les flots mais il regarde le sillage où il voit ses racines vivantes.

    Slimane vient de Kabylie. Il est installé en France et expose régulièrement à Paris et en province (notamment à Rochefort).

    On trouvera des femmes, voilées ou non dans ses tableaux, des ânes, des chats, des chiens, mais pas d'hommes...

    On parle français en Algérie, mais ce pays refuse encore d'adhérer à l'organisation de la Francophonie...
     

    Slimane Ould Mohand, peintre
    Véronique Bagarry
    "Malangocha" est représentée par Véronique Bagarry, une des fondatrices, qui remplace Maria Grazzini, la présidente de l'association, pour un atelier genre linguistique comparée. D'une langue à une autre les mots sont remplacés par d'autres mots, mais on peut buter sur une traduction littérale car il nous manque alors la connaissance d'un aspect civilisationnel pour expliquer un mot ou une expression. Quelle correspondance trouver pour je donne ma langue au chat dans d'autres langues ? Voilà qui est bien intéressant !

    Gérard Sournia a parlé de "la Francophonie entre réalité et idées reçues"

    Le propos était de tracer les grandes lignes de la Francophonie  institutionnelle (celle avec un F majuscule).

    Cette Francophonie-là a vu le jour après le processus de décolonisation et a poussé sur un socle d'Afrique de l'Ouest. Curieusement, plusieurs pays d'Europe du Centre et de l'Est l'ont enrichie. En Amérique du Nord ce sont les Québécois qui la défendent ardemment !

    Gérard Sournia, géographe
    Samir Marzouki, professeur de lettres et auteur tunisien

    Samir Marzouki devait traiter de "Francophonie et révolutions arabes".

    Il a surtout parlé de lui et de son rôle ou non rôle dans la révolution tunisienne. Il a aussi évoqué la situation de la langue française en Tunisie et le bilinguisme. Ce témoignage était bien intéressant au demeurant, mais le sujet reste à traiter par rapport aux autres pays où, révolution ou pas, la francophonie a pu avoir, ou non, une influence. Bref, est-ce que c'est parce que les gens parlent français (et sont imprégnés de culture française) qu'ils se révoltent, ou ne se révoltent pas ? Ah !

    Pierre Janin a fait ce qu'il a pu pour recadrer l'intervention ; il était là comme animateur, poseur de questions. Son domaine est celui de l'action culturelle ; il est chargé de mission pour le plurilinguisme aussi bien que pour le français dans le monde, spécialement dans l'Union Européenne. Il a rappelé que la Francophonie est une organisation étatique et non un concept populaire. Il a fait remarquer que ce n'est pas la langue qui porte les valeurs. Les valeurs sont ailleurs. Il regrette au passage que les Français soient masochistes avec leur langue. 

    Pierre Janin, inspecteur général de l'action culturelle
    Une fleur de lys au cinéma
    Un sculpteur sur glace, Sébastien Dieu,  passait par là et, avec une fleur de lys et un buste de Champlain, a matérialisé le lien francophone en Amérique du Nord. Cela fait penser au jumelage entre Caraquet et Marennes, dont le quarantième anniversaire sera fêté en 2013 (même si Caraquet est dans la province du Nouveau-Brunswick, et non celle du Québec !)

    Sylvaine Dampierre est venue elle-même présenter son film "Le Pays à l'envers".

    Elle a enquêté pour retrouver ses origines, lesquelles remontent au temps des installations d'esclaves venus d'Afrique pour travailler dans les grands plantations coloniales.

    La langue française s'était installée elle aussi. Comme les gens, celle-ci a connu beaucoup de mélanges !

    Sylvaine Dampierre, réalisatrice du film Le Pays à l'envers

  • La Belgique a fait trois petits tours à Marennes, de façon plutôt confidentielle : sans étendards (rupture de stocks ?), sans fanfare d'outre-Quiévrain. Dommage pour ceux qui ne savaient pas et n'ont donc pas assisté aux trois conférences (la bière, Simenon, la politique), vu les cinq films, mangé les frites (pas les moules), entendu le remarquable hommage à Jacques Brel. Les 20 000 visiteurs envisagés par un journaliste, ce n'était pas pour cette édition du 2ème festival des cultures francophones : 20 fois trop en comptant large ! Mais comme nous avons été des fidèles dudit festival, nous vous proposons trois articles sur les trois conférences :

    La Belgique a fait trois petits tours à Marennes
    La Belgique a fait trois petits tours à Marennes
    La Belgique a fait trois petits tours à Marennes
    La Belgique a fait trois petits tours à Marennes

  • La bière : conférence et dégustation

    Au premier étage de la halle aux vivres de Brouage, et présenté par Alain Gardrat, président du comité de jumelage de Marennes, Robert Dutin, auteur de l'Annuaire des Brasseries françaises, nous raconte l'histoire de la bière, des hommes préhistoriques à nos jours.

    annuaire-2011

    Blé, orge, maïs, riz, sorgho, millet et banane peuvent servir à faire de la bière. Mésopotamie, Egypte, pour les premières recettes ; Allemagne, Belgique, France, Suisse, Canada, etc, de nos jours.

    Sucelius, le patron des tonneliers, acceptait aussi bien la bière que le vin ! Mais pourquoi diable, en 92, Domitien avait-il fait arracher, en Gaule, les vignes là où poussaient les céréales ? Déjà l'envie de monopole pour les vins italiens ! Les Gaulois se sont rabattus sur la cervoise et ils ont paru satisfaits ! La cervoise (la "cervisia" des Romains mais sans doute la potion magique de nos Irréductibles) a, en fait, précédé la bière (la "bier" des Germains), caractérisée par l'adjonction de houblon au VIIIème siècle.

    La première brasserie française date de 711. Charlemagne avait eu la bonne idée de décréter que chaque abbaye devait avoir sa brasserie pour fabriquer un "pain liquide" de qualité. (On retrouve la notion de monopole).

    En 947 Othon II accorde le droit de brasser à l'évêque de la ville de Liège : la bière belge prend forme avant que la Belgique n'existe !

    La bonne idée du houblon, remplaçant le gruyt pour aromatiser la bière, avait été appuyée par Hildegarde de Bingen qui avait trouvé quatre grande vertus dans le humulus lupulus, que nous nommerions antiseptique, apéritif, digestif, antidépresseur avec nos mots modernes.

    1268 : les cervoisiers de Paris obtiennent un statut.
    1397 : dans l'imagerie, on voit l'étoile des brasseurs au-dessus des cuves.
    1435 : sous Jean-sans-Peur, duc de Bourgogne, première apparition du mot "bière" en Bourgogne.
    1516 : loi de pureté pour la fabrication de la bière : de l'eau et du grain.

    1810 : un bond dans le temps pour saluer la première Oktober Fest à Munich !
    1815 : la science arrive avec Louis Joseph Gay-Lussac qui va analyser et décrire ce que contient la bière : de l'eau à +/-  90 %, de l'alcool à +/- 5 %, du gaz carbonique et plein d'autres choses (en petites quantités, mais c'est là que se font les différences avec d'autres breuvages !)

    1856 : première installation réfrigérée. Avant il y avait des puits de glace [des installations que l'on trouvait dans beaucoup de châteaux et d'abbayes].

    1859 : révolution : le train ! On pouvait dorénavant exporter la bière alsacienne. De 1859 à 1869, en 10 ans, le trafic fut multiplié par six.

    1867 : premier sous-bock.

    1870 : catastrophe : guerre avec l'Allemagne et annexion de l'Alsace. Résultat : nombre de brasseurs, qui ne pouvaient plus faire ce qu'ils voulaient, sont partis s'installer dans d'autres régions de France. Cela jusqu'en 1885.

    1876 : Louis Pasteur s'est intéressé de près à la bière en voulant en produire une meilleure que ce que buvait son boit-sans-soif de gendre !

    1891 : apparition du bouchon-couronne dans cette période faste pour la bière due à l'attaque du méchant puceron phylloxéra sur la vigne en 1866. Ce fut l'apothéose de la production de bière française en cette fin de XIXème siècle.

    Au début du XXème siècle, ce fut le début du déclin. Le nombre des brasseries diminua inexorablement :

    • 1903 : 3360
    • 1910 : 2666
    • 1926 : 1752
    • 1939 : 1000
    • 1947 : 670
    • 1980 : 22

    Entre 1950 et 1960 il y eut une concentration des brasseries, et ensuite une reconstruction des entreprises.

    Etonnant : la France est le premier exportateur de malt. (Rappelons que le malt, c'est du grain - ici de l'orge -  germé, séché au four et réduit en farine.)

    • 2011 : on est remonté à 390 brasseries. (On dépassera les 400 en 2012. Cependant une brasserie sur deux disparaît en cinq ans.)

    Info sur les bières spéciales :

    • la bière de Noël était à l'origine un cadeau traditionnel des brasseurs à leurs clients
    • la bère de mars est faite avec les dernières récoltes d'orge

    En bref, pour faire un litre de bière, il faut :

    • 200 grammes de malt
    • 2 grammes de houblon
    • 1 centilitre de levure
    • 5 à 10 litres d'eau

    Après la conférence, ce fut le moment de la dégustation grâce à Hedwig Beernaert, Belge d’Ostende, désormais installé à Rochefort pour produire la bière Fort Boyard. Ce lundi il y avait aussi une surprise avec une bière spéciale Brouage-Champlain au sirop d'érable ! Explications données à Jean-Marie Petit, maire de Hiers-Brouage et à Mickaël Vallet, maire de Marennes.

    brouage_conférence sur la bière 012 (copier)
       

    Après l'apéritif à la bière, un repas suivait avec... oui, oui des frites pour accompagner la carbonade flamande (une sorte de bœuf bourguignon à la bière), et finir par une gaufre. C'était une bonne mise en bouche pour la suite de la semaine des cultures francophones, version belge, à Marennes !

    AlCaribou


  • Marennes, l'Acadie

    et les cultures francophones

    Jeudi 16 septembre :

    Les « autorités civiles et militaires » et les autres se sont donné rendez-vous sur la place des halles. Il y en avait du monde ! Mickaël Vallet, maire de Marennes, le député Didier Quentin,  des élus de toutes sortes, le président du comité de jumelage avec Caraquet, Alain Gardrat, des administrateurs d'autres associations, des représentants de la gendarmerie localeet puis Antoine Landry, maire de Caraquet, la ville acadienne jumelle.

    La foule, qui était encore en vrac quelques minutes auparavant, s'est rassemblée au sifflet et au son du tambour  pour écouter l'annonce du  garde-champêtre de circonstance en la personne de Bilout, (conteur oléronnais bien connu par ailleurs).

    La ville de Marennes a ainsi lancé ainsi son premier « Festival International des Cultures Francophones ». C’est une bonne idée de mettre la langue française et la culture dans la même bourriche. La culture ? En fait non : les cultures. La différence est de taille. Avec l’expression « cultures francophones » il faut entendre "culture" dans la définition proposée par Marcel Mauss en 1923 : « Ensemble des formes acquises de comportements dans les sociétés humaines ». C’est donc plutôt la façon de vivre que la connaissance et la langue. Ceci est explicité dans le paragraphe « Langue et culture » sur le site de l’Institut Marcel Mauss :

    « Un nouveau champ se dessine aujourd’hui à la croisée de l’anthropologie et de la linguistique, celui de l'anthropologie linguistique (et son complément la sociolinguistique). On y envisage la langue comme ressource culturelle et sociale, on y étudie la parole en tant qu'elle est située dans une réalité ethnographique donnée. Plutôt que de se centrer sur les seules propriétés formelles du langage, les recherches proposent de se centrer sur la diversité des langues et des pratiques langagières et communicatives ethnographiquement situées. »

    Inauguration de la place de la francophonie

     
    - Accueil du maire de Caraquet par le maire de Marennes sur la place de la francophonie -

    La déambulation jusqu’à la « Place de la Francophonie », nouvellement baptisée, a permis de repérer quelques façades pittoresques. Cette place était décorée, pour l'occasion, de drapeaux acadiens. [L'Acadie, de sa découverte au Grand Dérangement ; Les Acadiens - Partie II ; A écouter : l'Acadie]

    Le garde-champêtre présente, avec un esprit facétieux, les deux maires qui prendront à leur tour la parole. Allocution du jeune maire de Marennes qui rappelle les liens avec Caraquet. [Il y a des huîtres à Marennes ; il y a aussi des huîtres sur les bords du Golfe du Saint-Laurent !] Contre-allocution du maire de Caraquet qui en étonne plus d'un quand il parle du budget culture de sa ville d'environ 4 200 habitants. Celle-ci accueille plusieurs festivals par an : Caraquet a des atouts qui autorisent les investissements.

    - A partir de la gauche, M. Bernard Dorin, ambassadeur de France ; Mme Laura Faxas, ambassadrice de la République Dominicaine en France ; M. Didier Quentin, maire de Royan et député de la Charente-Maritime ; au pupitre Mickaël Vallet ; Bilout au tambour ; entre les deux, Antoine Landry (et les deux autres ?) -

    Vendredi 17 septembre :

    La francophonie dans tous ses Etats

    Journée de rencontres et débats sur la francophonie

    Cette riche journée a commencé, au "Café de la Paix",  par un petit déjeuner offert aux participants.

    Mickaël Vallet présente le journée et Thierry Sauzeau (maître de conférence en histoire moderne à l’université de Poitiers) préside la première table ronde.

     
    - De gauche à droite : Mickaël Vallet, Jacques Peret, Thierry Sauzeau, André Magord -

    La francophonie atlantique d'hier et d'aujourd'hui
    [= l'Acadie]

    C'est le sujet de la première table ronde dont va parler Jacques Peret, historien, directeur du groupe d'études et de recherches historiques du Centre-Ouest atlantique.


    Voir taille réelle

    Qui part et qui revient ? Profils des migrants partis outre-atlantique :

    1. Partir

    Nombre :

    • 100 000 sont passés par là (entre les XVIIème et XVIIIème siècles)
    • 30 000 sont restés plus d'un hiver (entre le début du XVIIème et la fin du XVIIIème - début de la guerre de 7 ans)
    • 15 000 sont restés quelques années
    • 7 000 ont fait souche
    Catégories :
    • 17 000 militaires
    • 5 000 engagés sous contrat de travail de 36 mois
    • ceux qui partent librement (davantage de citadins que de paysans)
    • des émigrants forcés :
    1 000 filles du Roy
    des prisonniers (souvent des faux-sauniers)
    • des religieux
    • des cadres
    • des pêcheurs (qui ne faisaient que passer en Gaspésie et à Terre-Neuve)

    Origines et motivations :

    • 25 % viennnent du Centre-Ouest
    • La Rochelle est l'aboutissement des trajets avant l'embarquement
    • Axes des trajets : la vallée de la Charente et la route Poitiers - Niort - La Rochelle
    • Les migrants sont pauvres mais pas misérables
    • Ils sont mobiles : ils ont déjà beaucoup bougé auparavant
    • Ils ont le désir de mieux vivre
    • Attirance de la terre pour les futurs colons : ils auront une concession de terres sans impôt royal mais avec un impôt seigneurial léger
    • Se constituer un pécule avec l'idée de revenir en France

    2. Revenir

    Les retours de la réussite :

    • Avec un bon pécule
    • Dans un cursus militaire on monte en grade
    • Le contrat de 36 mois s'achève
    • On a eu des réussites marchandes

    Les retours de l'échec :

    • Le premier hiver dur à passer
    • Il faut défricher
    • Pas de femmes ; solitude
    • Retours forcés : la perte du Canada au bout de la Guerre de 7 Ans
    • A partir de l'Acadie 13 000 à 14 000 personnes vont se retrouver éparpillées

    3. Errances atlantiques

    • Voyages de marins et de pêcheurs (300 navires de pêche à la morue à Terre-Neuve)
    • Acadiens déportés en 1755

    Il y a donc un sens multiple dans ces migrations atlantiques et une construction particulière de la francophonie

     
    André Magord va poursuivre. Civilisationniste, directeur de l'institut d'études canadiennes et québécoises de l'université de Poitiers et membre du MIMMOC (Mémoires, Identités, Marginalités dans le Monde Occidental Contemporain).
     

    Le fait acadien en France et en Poitou

    Le Poitou est pauvre. La déportation de 1755 se déroule sur 8 années.

    • 1/2 y échappe
    • 1/4 meurt en déportation
    • 1/4 est en prison

    Pourquoi vouloir aller en Louisiane ? C'est dans l'espoir de retrouver de l'indépendance ! Seulement 10 % se retrouve sur la ligne acadienne (en Poitou).
    90 % repartent.

    Il y a une communauté de mémoire. La généalogie, c'est important. Puis les échanges. Il y a un phénomène d'identité subjective. En 1982 création de l'institut acadien. Le 400ème anniversaire de la fondation de l'Acadie, en 2004, a vu beaucoup d'actions.

    En Acadie même il y a deux associations : la SNA (Société Nationale de l'Acadie) et la SANB (Société de l'Acadie du Nouveau Brunswick)

    En France : les Amitiés acadiennes sont actives, notamment au festival interceltique de Lorient. En 2011 il y aura un grand festival entre Nantes et Poitiers, "un espace identitaire acadien en France".

    A Moncton en 2009, se sont réunies 50 000 personnes pour le Congrès Mondial Acadien (qui a lieu tous les cinq ans). Il y a toujours une très forte mobilisation de la population. pour ces congrès. Les retrouvailles familiales fonctionnent bien. Par exemple les "Leblanc" avaient rassemblé 5000 personnes. L'Acadie de la diaspora retrouve l'Acadie du centre. Ces retrouvailles sont-elles ancrées dans un mythe ?

    Il y a une différence entre la politique québécoise et le fait acadien ; et il y a un problème de renouvellement dans les associations. Alors il est envisagé un office franco-acadien pour la jeunesse.

    Questions :

    —    Y a-t-il des mouvements de solidarité [entre Acadiens] ?
    —    Oui, répond le maire de Caraquet, Antoine Landry (descendant des fondateurs de Caraquet). Il y a de la peur par rapport aux Anglais. Jusqu’en 1950 on ne parlait pas de l’Acadie et on éduquait en anglais. « L’Acadie est dans les cœurs : il n’y a pas de frontière administrative ». Rôle de Facebook pour que les familles se retrouvent.

    —    Comment prolonger les liens transatlantiques ? (André Magord)
    —    Les écoles acadiennes enseignent maintenant le français et les Anglais apprennent le français… (Antoine Landry.
    —    Connaître une autre culture, c’est s’enrichir (André Magord)
    —    On a la francophonie comme valeur ajoutée (Thierry Sauzeau, au micro )
     
     
     - De Gauche à droite : Jacques Peret, Thierry Sauzeau, André Magord, Antoine Landry -



    Deuxième table ronde. Présidence des débats : Sylvain Cottin de Sud-Ouest et Arnaud Develde de Demoiselle FM.

    Existe-t-il des solidarités francophones ?
    L’exemple haïtien.

    La République Dominicaine et la République d’Haïti

    Avec Laura Faxas, ambassadrice de la République Dominicaine en France.

    Ce pays est candidat à rejoindre la francophonie. Pourquoi ?

    La même grande île [Hispaniola] est partagée entre Saint-Domingue et Haïti où l’on parle français. La République Dominicaine est proche des Antilles françaises et de la Guyane française. Création de l’Alliance française à Saint-Domingue en 1914. Depuis 1997 le français est obligatoire dans les écoles primaires. On pourrait renforcer la coopération avec la France ; et il y a des valeurs au-delà de l’argent…

    Il est vrai que la République Dominicaine s’était séparée d’Haïti [en 1844]. En Haïti l’état est faible, cependant une communication bilatérale est relancée entre ces deux pays. (La République Dominicaine est intervenue rapidement après le séisme qui a ravagé la République haïtienne.) Il y a le projet du nouveau président de la République Dominicaine, Leonel Fernandez, de construire [avec quel argent ?] un campus universitaire en 2012 dans le nord d’Haïti. (« Seule l’éducation pourra éradiquer la pauvreté et donc réduire l’émigration qui empoisonne encore les relations bilatérales » avait-il déclaré.)

    La situation du français en Haïti et ailleurs

    Avec Bernard Dorin, ancien ambassadeur de France à Haïti, président des Amitiés acadiennes.

    Malgré son étiquette francophone, en Haïti 10 % de la population seulement peut s’exprimer en français ; 90 % ne le comprennent pas et s’expriment en créole.

    Comment le créole s’est-il formé ?

    Exemple des plantations haïtiennes de cannes à sucre. Les esclaves noirs venaient de l’Angola, du Sénégal. On les achetait par lots (un mélange de valides, de vieux, de femmes). Comment communiquaient-ils avec les autres ? Les hommes, qui travaillaient surtout à l’extérieur et dormaient dans des dortoirs, tentaient leur chance avec le wolof, langue parlée au Sénégal. Mais ce n’était pas valable pour tous car il y avait de nombreuses autres langues parlées dans ces mêmes régions de l’ouest africain. Les femmes qui, elles, travaillaient plutôt dans l’habitation principales et y dormaient, entendaient la langue des maîtres qui était le français. C’est par les femmes que s’est créé le créole.

    Les ethnies noires ne sachant pas communiquer entre elles, c’est la langue française qui a servi de langue de communication mais c’est la syntaxe des langues africaines qui est dans leur tête. Par exemple, en créole, « le mur » c’est « mila », sachant que le « u » français devient « i », que le « r » ne se prononce pas et que le déterminant se met après le nom.

    Le créole s’écrit en phonétique, malheureusement pas en étymologique, ce qui le rend difficile à transposer. Exemple :

    « Caki miol selavi » c’est en français « Chat qui miaule, c’est la vie »

    Evolution du français dans le monde ?

    Il y a une progression du nombre de francophones dans l’Afrique sub-saharienne. (Du faut que la démographie africaine est galopante : en moins de 30 ans on est passé de 600 millions à un milliard d’individus…) Mais il y a une diminution pour les classes cultivées des pays non francophones ; et une créolisation du français en Afrique. (Le créole est une rupture.) En revanche le français est la deuxième langue de travail à l’ONU après l’anglais.

    Questions :

    •  La francophonie et le néo-colonialisme ? (Sylvain Cottin)
    •  On a adopté la langue du colonisateur comme langue nationale parce qu’il y a beaucoup de langues différentes dans les régions ou les territoires africains : cela a été fait par commodité par les nouveaux gouvernants eux-mêmes. (Bernard Dorin)

    • Et la Belgique ?
    • Elle va dans le mur ! Il y a une nationalité flamande mais pas de nationalité wallonne. (Cependant la Belgique est une monarchie parlementaire fédérale.) Aux débuts de la Belgique, on parlait français, notamment dans la classe dirigeante, même flamande ; plus maintenant.
    • Le bilinguisme ?
    • Le français sera maintenu si on va vers une multiplicité linguistique en Europe

     

    Le combat de la francophonie se limite-t-il
    à la défense du français ?

    Troisième table ronde : présentation par Bernard Cassen, professeur émerite de l’université de Paris 8, ancien directeur général du Monde Diplomatique et secrétaire général de Mémoire des Luttes.

     
    - De gauche à droite : Pierre Janin, Bernard Cassen, Xavier North -

    Avec Xavier North, délégué général à la langue française et aux langues de France (ministère de la culture et de la communication)

    La francophonie des peuples ?

    Un monde avec uniquement l’anglais serait un enfer. Ce serait un monde d’une extrême solitude. On ne dit jamais la même chose d’une langue à une autre. Il faut cultiver sa langue pour parler avec ses ancêtres (Cf. la fable du vieil iroquois…)

    Ce n’est pas une vision angélique : les langues sont prises dans des rapports de force. Et on est tenté d’apprendre la langue du plus fort. Mais on ne pourra pas toujours parler avec ses ancêtres car la langue évolue.

    Une idée de la fonction de la langue ?

    Les langues ne sont pas uniquement des codes. Elles disent des choses sur le monde que les autres langues ne disent pas.

    Coexistence pacifique des langues dans le monde ?

    § « Si le français n’est plus la langue d’un pouvoir, il pourrait être une langue de contre-pouvoir » et ainsi une « résistance à l’uniformité du monde. » (Lionel Jospin au 10e congrès international de la FIPF, en 2000)

    §   Au travers de la défense du français nous défendons toutes les langues

     

    Comprendre la langue de l’autre avant de la parler soi-même.

    Avec Pierre Janin, chargé de mission à la Délégation Générale à la Langue Française et aux Langues de France.

    L’anglais est une langue remarquable qui a beaucoup emprunté au français. Le français peut utiliser la force du faible : comme au judo on s’appuie sur la force de l’adversaire.

    Un gène bilingue au Canada ?

    Peut-être pas car le Canada génère de 20 à 25% du flot de toutes les traductions mondiales. [Mais c’est l’Europe qui est le plus grand consommateur de traductions.] Au Canada il y a une industrie de la traduction. Ce pays a instauré un modèle. Les francophones canadiens sont devenus bilingues mais les anglophones canadiens n’ont pas forcément suivi le même chemin...

    —    En anglais on ne sait pas quand on ne comprend pas, au contraire d’autres langues comme l’allemand ! (Bernard Cassen)

    —    Beaucoup de chercheurs ne sont pas à l’aise dans une autre langue que la leur (Xavier North)

    Questions :

    • Quel est le rôle de la Délégation Générale à la Langue Française ?
    • Il y a environ 75 langues parlées sur le sol français et on s’en préoccupe (Xavier North)
    • Il y a plusieurs langues françaises. Existe-t-il des moyens pour diffuser ces langues ?
    • Il y a une langue française avec des diversités d’expression mais les diversités vont faire évoluer la langue française (Pierre Janin)
    • Les élites parlaient le français autrefois…
    • La langue française a changé de statut : de prétention universelle à… autre chose. (Cf. « Quand l’Europe parlait français » par Marc Fumaroli.)  C’était effectivement les élites, alors que les 2/3 de la population française parlaient des langues régionales.
    • Heureusement qu’il y a encore des intellectuels !
    • Chacun doit pouvoir intervenir dans sa langue dans un colloque international donc il faut des sous pour des traducteurs en anglais !

    Conclusion :

    • C’est dans une situation extraordinaire qu’on peut voir la solidité d’un dispositif.
    • On ne veut pas la défense du français par-dessus tout mais le plurilinguisme.
    • Les déclarations officielles vont dans ce sens [Cf. « En défendant la Francophonie, ne nous y trompons pas, c’est la diversité culturelle et linguistique du monde que nous défendons : se battre pour la Francophonie, ce n’est pas se battre conte l’anglais, c’est se battre pour la diversité, par opposition au monolinguisme et au « prêt-à-porter culturel ». (Nicolas Sarkozy)]
    • Mais il y a souvent hiatus entre les déclarations officielles et les faits.
    • Les Anglo-Saxons ne font vraiment confiance qu’aux Anglo-Saxons. Ils font de l’anglophonie sans le dire. Les Français parlent de la francophonie sans la faire !
     
    De gauche à droite (erreur rectifiée !) : Thierry Sauzeau, Bernard Dorin, Bernard Cassen, Pierre Janin, André Magord, Xavier North et Mickaël Vallet

    Post-scriptum :

    Qu'est-ce que la F/francophonie?

    "Le terme de francophonie apparut pour la première fois en 1880. C’est le géographe français Onésime Reclus (1837-1916) qui l’a employé pour désigner les espaces géographiques où la langue française était parlée. Il s’agit de l'ouvrage France, Algérie et colonies. On entend aujourd’hui par francophonie (avec une minuscule initiale) l’ensemble des PEUPLES ou des groupes de locuteurs qui utilisent partiellement ou entièrement la langue française dans leur vie quotidienne ou leurs communications. Le terme Francophonie (avec une capitale initiale) désigne plutôt l’ensemble des GOUVERNEMENTS, pays ou instances officielles qui ont en commun l’usage du français dans leurs travaux ou leurs échanges. Donc, on parle de deux réalités différentes selon qu’on écrit francophonie (peuples ou locuteurs) ou Francophonie (gouvernements ou pays). Dans ce dernier cas, la Francophonie est associée à l'Organisation internationale de la Francophonie."

    (Allez voir ici !)

    Quelques réflexions...

    Le fait de parler la même langue ne garantit rien sur l'entente entre les peuples. Les guerres civiles et les guerres de religions sont là pour donner le mauvais exemple au sein d'un même peuple ; alors quand il y a plusieurs peuples ! On va certes se comprendre, mais, quant à s'entendre, c'est une autre histoire. A quoi donc peut servir de parler une même langue ?

    • à se comprendre sans intermédiaires (et donc économiser des batteries d'interprètes et de traducteurs...)
    • à marquer un territoire au-delà ou en-deçà des frontières géographiques et administratives ...
    • à se vanter si c'est une langue dominante...
    • à se faire plaindre si c'est une langue minoritaire...

    A quoi peut donc servir de parler plusieurs langues ?

    • à deviner ce que souhaitent ceux qui parlent d'autres langues et leur vendre une marchandise que l'on fabrique alors pour eux...
    • à faire douter les Anglais sur l'omniprésence de leur idiome...

    A quoi peut donc servir le militantisme francophone ?

    • à se faire plaisir... (l'esthétique... la culture...)
    • à demander de l'argent de poche...
    • à se faire comprendre des Anglais qui n'ont toujours pas appris le français...

     

     


    Et pour finir...

    Samedi 18 septembre :

    de 14 heures à 16 heures 30 à la médiathèque de Marennes, rue Champlain
    (également le dimanche 19 de 10h à 12h30 à Hiers-Brouage, salle du jeu de paume)

     

    Ateliers sur l'intercompréhension

    Le principe est le suivant : "Je comprends la langue des autres, sans être en mesure de la parler. C'est pourquoi, quand j'échange avec eux, je leur parle ma langue et je comprends la leur." Cela peut fonctionner avec des langues apparentées, tout en possédant bien sa propre langue maternelle.

    Ces ateliers portent sur les langues romanes, lesquelles partagent les mêmes origines que le français. On s'entraîne d'abord avec l'écrit. Il nous est proposé un texte en portugais ou espagnol ou catalan ou italien ou occitan ou roumain. On arrive plus ou moins vite à comprendre la formation du vocabulaire et la construction des phrases pour pouvoir donner un sens au texte en français. (On peut bien sûr se tromper ! Mais il faut persévérer.)

    Les ateliers étaient animés par Françoise Ploquin et Pierre Janin, de l'Association pour la Promotion et l'Intercompréhension (APIC)

    AlCaribou

     

     


  • Ces vaches maraîchines n'ont pas assisté au festival des cultures francophones de Marennes mais vous pouvez, comme elles, aller consulter  la revue de presse Marennes et la francophonie, avant de lire notre prochain article...

    Le Traversier

    Vaches maraîchines en transhumance