• Du maquereau à la morue ou le banc de pêche de Paspébiac en Gaspésie

    DU MAQUEREAU A LA MORUE

    Cliquez ci-après pour la google map de Paspébiac  et amusez-vous à regarder les photos satellite

    Jour 7 du circuit

    Nous quittons Carleton et les pêcheurs de maquereaux à marée montante pour nous diriger plus loin dans la baie des chaleurs, à Bonaventure, et plus précisément au site historique de Paspébiac.

    Le nom Paspébiac provient du mot micmac « ipsigiag », qui signifie barachois, faisant ainsi allusion au port naturel existant à cet endroit. Le barachois de Paspébiac, était l'endroit ou les canots qui montaient de Gaspé à Ristigouche faisaient halte. D'autres théories tentent par contre d'expliquer l'origine micmaque du nom, comme l'expression « papgeg ipsigiag », qui signifie batture fendue, ou que la signification du toponyme serait plutôt « qui brille à distance ». Nicolas Denys est le premier à mentionner Paspébiac en 1672 dans sa Description géographique et historique des costes de l'Amérique septentrionale: «un cap que l'on nomme le petit Paspec-biac : il y a une rivière où les chaloupes se mettent à l'abry lorsqu'ils viennent faire leur degrat du grand Paspec-biac qui est à quatre lieuës de là.» (Source : Wikipédia)

    Les habitants de Paspébiac sont les pasbébiaciens, mais on les surnomme les « paspéyas ». Ils sont d’origine basque, bretonne, normande. D’autres sont venus de Jersey pour suivre Charles Robin, homme d’affaire et pêcheur à Terre-Neuve qui découvrit dans la baie des chaleurs les conditions idéales pour la pêche et le séchage de la morue qu’il expédiait ensuite en Europe.

     La vedette de ce lieu est un poisson, la morue. Ce musée a pour vocation de rappeler l’importance de l’industrie poissonnière et comment une compagnie peut régner sur la vie de plusieurs générations d’être humains. Ici, les Robin et les Le Boutillier, venant de Jersey du milieu du XVIIIème siècle au milieu du XIXème siècle.

     Charles Robin , arrivé dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, s’assura la dépendance des petites gens qui lui étaient en fait liées corps et âmes, en leur fournissant le travail, le logement, les écoles, la religion, et surtout leur prêtaient en nature l’équipement, les provisions et le sel que les pêcheurs ne pouvaient rembourser et qui transmettaient leurs dettes à leurs héritiers.

     David Le Boutillier  commerçant et homme politique jersien, vint s’installer à Paspébiac au milieu du XIXème siècle comme commis de la Charles Robin and Compagny. Il y apprit la tenue des livres et le commerce de la morue séchée. Il y créera sa propre entreprise près des pêcheries Charles Robin et fera fortune grâce à la construction d’ateliers, de magasins et d’entrepôts.

    Nous y rencontrerons des acadiens à l’accent savoureux qui nous expliqueront les métiers liés à la pêche de la morue (tonnellerie, techniques de séchage et d’entreposage du poisson, forge, charpenterie de marine, fabrication des filets de pêche.

     Nous aurons également à une charmante scénette qui nous sensibilisera à la condition des gens qui travaillaient pour Charles Robin.

    Nous goûterons bien entendu au poisson vedette des lieux. Salé, très salé, comme il se doit.

    Nous découvrirons également que l’on peut faire du cuir avec la peau des poissons, et plus particulièrement ici avec la peau de saumon et de morue.

    Le caribou ayant perdu sa casquette équestre des Haras d’Hennebont, et le soleil gaspésien estival étant cuisant, il sera recoiffé à la mode de Paspébiac.

    L’entrepôt, qui serait le plus gros bâtiment à structure de bois construit à l’époque, abrite une exposition sur l’histoire de Paspébiac et la pêche en Gaspésie.

    Une autre exposition est consacrée à un visiteur de marque, Jacques Cartier le malouin en personne, qui accosta là le 6 juillet 1534 alors qu’il faisait un repérage en barque depuis Port-Daniel. Il y rencontra des Micmacs qui avaient surnommé l’endroit Epsegeneg. La présence des amérindiens en Gaspésie remonte à au moins 2500 ans. Ils y érigeaient des campements près de zones navigables. Le commerce des peaux entre les indiens et la France était né.

     Voici un extrait de ce que Jacques Cartier a écrit après son passage à Paspébiac :

    « Et pendant que nous fûmes dedans ladite anse (Port-Daniel), allâmes le lundi seizième (06 juillet), après avoir ouï la messe, avec une de nos barques, pour découvrir un cap et pointe de terre (Pointe de paspébiac), qui était à sept ou huit lieues à l'ouest de nous, pour voir comment ladite terre était orientée. Et alors que nous étions à demi-lieue de ladite pointe, aperçûmes deux bandes de barques de sauvages, qui traversaient d'une terre à l'autre, où ils étaient plus de quarante ou cinquante barques; et dont l'une desdites bandes de barques arrivait à ladite pointe, dont ils sautèrent et descendirent à terre en grand nombre, ceux-ci faisaient un grand bruit, et nous faisaient plusieurs signes d'aller à terre, nous montrant des peaux sur des bâtons. Et parce que nous n'avions qu'une seule barque, nous ne voulûmes point y aller, et ramâmes vers l'autre bande qui était à la mer. Et eux, voyant que nous fuyions, équipèrent deux de leurs plus grandes barques, pour venir auprès de nous, avec lesquelles se groupèrent cinq autres parmi celles qui venaient de la mer, et vinrent jusqu'auprès de notre dite barque, dansant et fesant plusieurs signes de joie et manifestant le désir de vouloir notre amitié, nous disant en leur language: Napou tout daman asurtat (nous voulons avoir votre amitié) et autres paroles que n'entendions. Et parce que nous n'avions qu'une de nos barques, nous ne voulûmes pas nous fier à leurs signes, et leurs fîmes signe qu'ils se retirassent; ce qu'ils ne voulurent pas, et ramèrent de si grande force environnèrent incontinent notre dite barque, avec leurs sept barques. Et voyant que malgré les signes que nous leurs faisions, ils ne voulaient pas se retirer, nous leur tirâmes deux coups de passe-volants par dessus eux. Et alors, ils se mirent à retourner vers ladite pointe, et firent un bruit merveilleusement grand, après lequel ils commencèrent à revenir vers nous, comme avant. Et eux, étant près de notre dite barque, leur lâchâmes deux lance à feu, qui passèrent parmi eux, qui les étonna fort, tellement qu'ils prirent la fuite, à très grande hâte, et ne nous suivirent plus.

    Le lendemain, partie desdits sauvages vinrent avec neuf barques à la pointe et l'entrée de l'anse, où nos navires étaient posés. Et nous, étant avertis de leur venue, allâmes avec nos deux barques à ladite pointe et entrée, où ils étaient. Et dès qu'ils nous aperçurent, ils se mirent à fuir, nous faisant signes qu'ils étaient venus pour trafiquer avec nous; et nous montrèrent des peaux de peu de valeurs, desquelles ils se vêtent. Nous fîmes pareillement signe que nous ne leur voulions nul mal, et descendîmes deux hommes à terre, pour aller à eux, leur porter des couteaux et autres objets de fer, et un chapeau rouge pour donner à leur capitaine. Et partie d'entre eux, voyant cela, descendirent à terre, avec lesdites peaux, et trafiquèrent ensemble; et démontrèrent une grande et merveilleuse joie d'avoir et d'obtenir desdits objets de fer et autres choses, dansant et faisant plusieurs cérémonies, en jetant de l'eau de mer sur leur tête, avec leurs main. Et nous baillèrent tout ce qu'ils avaient tellement qu'ils s'en retournèrent tout nus, sans rien avoir sur eux; et nous firent signes, que le lendemain, reviendraient avec d'autres peaux. »

    Et voici comment on passe du maquereau… à la morue…

    ... dans ce bout du bout du monde qu’est la Gaspésie. La prochaine étape sera symbolique, car nous continuons notre route vers le rocher Percé, à l’extrême est de l’Amérique du Nord.

    Flonigogne


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